Social
Justice & Democratization Space - The simple but revolutionary fact
tirelessly put forward by Henri Lefebvre radically transformed any approach
concerning space issues on social sciences and humanities: space is a social
production. Because this statement is a supported fundamental asset we will
keep its perspective. This means there is a strong direct interrelatedness
between social production and democratization space. It is therefore possible
to intervene on space production to ensure it is going to benefit all, or at
the contrary, it is going to be exclusive and controlled by few. Hence, space
as a production with a possible relative fair value can have fair or unfair
retroactive effect on human society. Discussions on spatial justice has therefore
to be seen within a general reflection of overall definition of justice. It is
equally obvious that social inequalities do exist and that they are generally
spatialized (from the intimacy of domestic space to global level). They can be
dealt with as such, without reference to the justice concept. But the debate on
justice or injustice as focus of our democratic societies, on all levels, how
could we mobilize it in such a way that works on space will operate in social
issues? While post-modern deconstructivism gets some to talk about justice in relative
terms, "justice", polysemous
word, remains an essential political leverage, mobilizing, understood and
experienced in all people's daily life. This process was increased by various
social movements (feminist, ecologist, anti-racist...) and by the development
of multiculturalism : on the same place and at the same moment actors with
different concepts, often contradictory and divisive about justice and
injustice, confront each other. The great diversity of definitions of justice
(and the potential social contracts of their justifications) and its objectives
can be different and disruptive. We can consider the concepts of justice
between two segments. John Rawls gives the definition of justice as equity: it
is not through egalitarianism, but looking at the equal intrinsic value of the
persons will become the focus of the promotion of those classes with the lowest
incomes. This understanding of justice, independently of real life situations,
is focused on the individual. Contrary to that, 'communitarians' give
definitions of social justice based on the rights of communities that take
precedence over the individual rights. All these debates until the years '90,
consider socio-economic equality or inequality: justice ensures the reduction
or the abolition of socio-economic inequalities or makes them acceptable.
- Exploitation means the oppression of underprivileged social classes
excluding them from decision making, individual lifestyle choices and the recognition
for their collective identity.
- Marginalization affects excluded of social life (elders, single
mothers, homeless, unemployed without hope for a future work) who lose self
esteem even in the case of receiving financial assistance to survive.
- Powerlessness refers to excluded oppression from any decision
making on their workplace and any other citizen's immediate environment.
- Cultural Imperialism differs from the three first forms of
oppression for it is not directly related to work. It is the process according
to which a group is made invisible due to " a dominant group
universalization of experience and culture that become the one standard". The
group being discriminated and defined by externally specificities is both
regarded as invisible and stereotyped ( which is a paradox).
-
Violence which is not here about individual violence but done to a group, and
first of all that this specific violence becomes a social practice against
certain groups often considered as an acceptable practice (against women or
ethnic minorities) because it is a consequence of belonging to a certain group.
Interactions between social and
spatial articulate with each other this way: social injustice operates in space,
and conversely social organization of space produces injustice. There is no
mechanical link here, but it is about dynamic processes, often complicated, springing
up seriously and urgently needed to be
enlightened and on which it is still possible to interact. http://books.openedition.org/pupo/407
Philippe Gervais-Lambony et Frédéric Dufaux
STAND-SPEAK-ACT |
Espace et
justice : ouverture et ouvertures - L'idée simple mais révolutionnaire
énoncée par Henri Lefebvre, inlassablement, a transformé en profondeur
l’ensemble des approches des questions spatiales dans les sciences sociales et
humaines : l’espace est un produit social. Il faut repartir de là car
c’est un acquis fondamental et qui semble partagé. Admettons en effet que
l’espace est un produit social et qu’il est produit politiquement (au sens le
plus large du terme). Cela signifie qu’il y a une interrelation directe et
forte entre le social et le spatial. Il est donc possible d’agir sur l’espace pour
faire en sorte que cette production soit plus ou moins favorable à tous, ou au
contraire qu’elle soit exclusive et contrôlée par quelques-uns. Ainsi, la
production de l’espace peut être plus ou moins juste et, réciproquement,
l’espace tel qu’il est produit peut avoir des « effets » rétroactifs
justes ou injustes sur la société. La mise en débat de la justice spatiale doit
être replacée dans une réflexion d’ordre général sur les grandes définitions de
la justice. Il est évident que les inégalités sociales existent et qu’elles
sont en général spatialisées (de l’intimité de l’espace domestique à l’échelle
planétaire). Elles peuvent être traitées comme telles, sans référence au
concept de justice. Mais le débat sur la justice et l’injustice étant central
dans les sociétés démocratiques, à toutes les échelles, comment le mobiliser de
manière à ce que les travaux sur l’espace s’inscrivent dans des débats de
société ? La « justice », terme polysémique, reste un levier
politique essentiel, mobilisateur, compris et vécu par les citoyens dans leur
quotidien alors même le déconstructivisme postmoderne poussent à relativiser tout
discours sur la justice. Ce processus a été renforcé par l’émergence de divers
mouvements sociaux (féministes, écologistes, antiracistes…), comme par le
développement du multiculturalisme : en un même lieu et au même moment se
confrontent des acteurs qui ont des conceptions différentes, souvent
contradictoires, voire conflictuelles, du « juste » et de
« l’injuste ». La diversité des définitions de la
« justice » (et des possibles « contrats sociaux » qui les
légitiment) est grande et les objectifs poursuivis sont variés, voire opposés.
On peut considérer que les conceptions de la justice entre deux pôles. John
Rawls définit la justice comme équité : c’est non pas
l’égalitarisme, mais, une fois posée, l’égale valeur intrinsèque des personnes sera
mise au centre de la promotion maximale des plus modestes. Cette conception de
la justice, indépendante des situations réelles, est centrée sur la personne. À
l’opposé, les « communautaristes » donnent de la justice sociale des
définitions centrées sur les droits des communautés, ceux-ci primant sur les
droits des individus. Dans tous ces débats, jusqu’aux années 1990, c’est avant
tout d’égalité ou d’inégalité socioéconomiques qu’il est question : la
justice vise d’abord à réduire, abolir, ou rendre acceptables les inégalités
socio-économiques.
·
L’Exploitation
correspond à l’oppression des classes sociales défavorisées par leur exclusion
des processus de prise de décision, des choix individuels de vie et de la
reconnaissance de leur identité collective.
·
La Marginalisation
affecte les exclus de la vie sociale (les personnes âgées, les mères
célibataires, les sans-logis, les chômeurs sans espoir de trouver un emploi),
qui perdent l’estime de soi, même s’ils bénéficient d’une redistribution
économique qui leur permet de survivre.
·
L’Absence de
pouvoir – Powerlessness – désigne l’oppression des exclus de
toute prise de décision, sur leur lieu de travail, ou dans leur espace de vie
en général.
·
L’Impérialisme
culturel diffère des trois premières formes d’oppression car il n’est pas
directement lié aux rapports au travail ou dans le travail. C’est le processus
par lequel un groupe est rendu invisible du fait de « l’universalisation
de l’expérience et de la culture d’un groupe dominant et son instauration comme
norme ». Le groupe qui subit cette oppression est donc défini de
l’extérieur, dans le même temps qu’il est rendu invisible et stéréotypé (ce qui
est un paradoxe).
·
La Violence.
Il ne s’agit pas de la violence individuelle, mais de celle faite à un groupe,
c'est le fait qu’elle devienne une « pratique sociale » envers
certains groupes, pratique éventuellement considérée comme acceptable (dans le
cas des femmes tout particulièrement, mais aussi bien sûr des minorités
ethniques) parce qu’elle est simplement la conséquence de l’appartenance au
groupe.
Ainsi s'articulent les interactions entre le
spatial et le social : l’injustice sociale se traduit dans l’espace, mais
réciproquement l’organisation sociale de l’espace est productrice d’injustice.
Il n’y a pas ici de lien mécanique, mais bien des processus dynamiques, souvent
complexes, qui se déploient dans l’espace et dans le temps, qu’il est urgent
d’éclairer et sur lesquels il est possible d’agir.
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