3/31/2014

Orta Asya Göçmenler - Türkiye'de ve Rusya'da Siyaset: karşılaştırma - Gülen hareketi, Pan-Türkizm gruplar, sovyetler birliği'nin parçalanması - göç, tehcir sonuçları

How might moving abroad for work influence your political ideas and ideals? How might migrating from Central Asia to Turkey or Russia in particular, change a person’s ideas about political leadership, nationalism or religion? This January, a group of distinguished scholars, activists and migrants met in Istanbul to find answers. Russia and Turkey are popular destinations for citizens of the ex-Soviet Central Asian republics; as elsewhere, migration figures are hotly debated. It is clear however that several million Central Asians temporarily or permanently settle in Russia, while Turkey is sought out by a few hundred thousand. It is not only the critical mass of mobile people that makes the comparison of Turkey and Russia compelling. As successors to empires, both claim a long history of engagement with Central Asia and different kinds of ‘brotherhood’ – ‘Turkic’ or ‘Soviet’. Both countries recently shifted from being regions ‘exporting’ workers to ‘importing’ them. Each has recently enjoyed an economic upswing and developed increasingly muscular nationalism. At the same time, Russia and Turkey steer very different political courses, for example in relation to political Islam. The so-called ‘migration problem’ also plays a very different role in public: the 2013 Moscow mayoral election saw candidates across the political spectrum instrumentalizing the issue, fostering much xenophobia in the Russian press. What do Central Asians living in Turkey and Russia make of all this? Have their experiences abroad made people change their ideas about freedom, styles of political leadership or relations between religion and State? At some level, migration is likely to be a politicizing experience, because it allows you to compare what you know with another way of doing politics. Newcomers might find a new kind of police to admire or fear, a different way of accessing health-care or finding a job. Central Asians might suddenly find it necessary to struggle for rights, or find it more opportune to keep a low profile. From bases in Turkey, religious organizations such as the Gülen movement, but also Pan-Turkic sensibilities strongly influence interactions in Central Asia. Foreign workers in both states face murky, fast-changing and “Catch 22”-type regulations that make it very hard to feel safe as a ‘legal’ resident. New cultural practices are being hatched by mass migration: Tajiks attending their father’s funeral service via Skype, middle-class Turks referring to stereotyped hierarchies of prestige and price in choosing between Turkmen and Moldovan home-helps. While such painful phenomena are part of new mass movements, it is not true that labour migration was unknown before the collapse of the Soviet Union: by 1989 there were already a quarter of a million Central Asians living in Russia. Central Asians living in late-Soviet Russia tell very polarized stories about their experiences: some remember comfort, rule of law and full acceptance by fellow Soviet citizens, while others tell tales of discrimination and corruption. A hundred years earlier, Central Asians could sometimes successfully call on the Ottoman sultan (in the role of caliph) for protection. But the Ottoman state also tried to stop poorer Central Asians from attempting the hajj because they feared the costs of supporting them, if they became destitute.

Nowadays there is also palpable absence of solidarity between migrant organizations of different ethnic groups. Here scholars and others could certainly put their networks to use in helping such organizations bridge political divides and work more effectively against exploitation, and prevent them from being treated like third class citizens of the world. Although the migration topic is widely discussed in Central Asia, we found little is known of how relocation affects Central Asians’ political ideas and activities. İn the future, will we see political parties that specialize in catering to migrants and their families in Central Asia, as they do in the Caribbean? Or will we see the establishment of ‘diaspora ministries’, as in Armenia and Georgia?  by Jeanne Féaux de La Croix
http://cesmi.info/wp/?p=921
Etude comparative de l'expérience des migrants d'Asie Centrale face aux politiques de la Turquie et de la Russie.
Se rendre à l'étranger pour le travail a-t-il une influence sur les idéaux et idéologies politiques ?  Comment les personnes migrant  d'Asie Centrale vers la Turquie et la Russie changent-elles d'avis sur la politique, le nationalisme ou la religion ? En janvier 2013 un groupe d'éminents experts, d'activistes et de migrants se sont rencontrés à Istanbul pour débattre sur ce thème et trouver des réponses. La Russie et la Turquie sont des destinations populaires pour les citoyens des ex-Républiques d'Asie Centrale ; comme ailleurs les données sur les migrations nourrissent chaudement les débats. On voit que la Russie accueille quelques millions de migrants d'Asie Centrale et quelques centaines de milliers en Turquie. Ce n'est pas seulement l'ampleur inquiétante de la population migrante qui rend la comparaison entre la Turquie et la Russie pertinente. En tant que successeurs d'empires, ces deux pays possèdent une histoire d'engagements séculaires en Asie Centrale par le biais de confréries, 'Turkic' ou 'Soviet', sont récemment passées de régions qui exportent les travailleurs à régions qui importent. Chacun de ces deux pays ont bénéficié d'un regain économique et développé  un nationalisme musclé grandissant. La Russie et la Turquie ne possèdent  pas les mêmes approches politiques, par exemple en matière de relation entre religion musulmane et politique. La question répandue du problème migratoire joue également un rôle très différent en public : au cours des élections municipales de Moscou en 2013 on a vu des candidats, toutes formations politiques confondues, instrumentaliser la question encourageant la xénophobie dans la presse Russe. Quelles sont les réactions des populations d'Asie Centrale vivant en Turquie et en Russie face à ça ? Leurs vies de migrant vivant à l'étranger a-t-elle changé leur manière de concevoir la liberté, les différents systèmes de gouvernance, les relations entre la religion et l'Etat ? D'une certaine manière, le fait de migrer donne une expérience qui permet de comparer les approches politiques d'avec le pays d'origine. Les nouveaux arrivants sont confrontés à une police différente qu'on admire ou que l'on craint, un nouvel accès à la protection de la santé ou de nouveaux  moyens pour trouver du travail. Du coup les populations d'Asie Centrale peuvent soit recourir aux droits humains, soit préférer rester discrets. Depuis la Turquie, des organisations religieuses tels que le mouvement Gülen ou des groupes plus vigoureux de sensibilité 'pan-Türk' influencent fortement les interactions en Asie Centrale. Quoiqu'il en soit les travailleurs étrangers dans les deux pays affrontent un avenir sombre et incertain, des changements rapides et des règlements dignes de Catch-22 qui rendent difficile le fait de se sentir en sécurité en tant que résident 'légal'. Des pratiques culturelle nouvelles voient le jour : les Tadjiks se rendent aux funérailles de leurs parents via Skype, pour les turcs de classe moyenne, avoir une aide ménagère d'origine Turkmen ou Moldave est une signe de prestige qui renvoie à l'échelle hiérarchique. Ces phénomènes actuels accompagnent ces nouvelles exodes populaires existaient avant l'effondrement de l'Union Soviétique : en 1989 déjà un quart de millions d'habitants étaient d'origine d'Asie Centrale et vivaient en Russie. Leurs expériences en Russie post-Soviétique sont souvent contradictoires : certains se rappellent le confort, l'état de droit et l'acceptation par les citoyens soviétiques alors que d'autres témoignent de discrimination et de corruption. Un siècle plus tôt les populations d'Asie Centrale pouvaient faire appel au Sultan Ottoman (dans son rôle de calife) avec succès pour chercher protection. Mais l'Etat Ottoman a également empêché les plus pauvres d'atteindre le pèlerinage Hajj à la Mecque par crainte d'avoir à en supporter les coûts.
De nos jours, il existe une absence palpable de solidarité entre les organisations de migrants et les différents groupes ethniques. Les experts pourraient tenir à la disposition des organisations concernées leurs réseaux pour les aider à résoudre les problèmes de division politique et d'exploitation par le travail ainsi que de leur rendre une dignité perdue puisqu'ils sont considérés comme un classe de rang inférieur. Bien que le problème de migration soit largement débattu en Asie Centrale, on trouve peu d'informations sur les conséquences de relocalisation des populations sur leur conception des idées et activités politiques. Verrons-nous dans le future des partis politiques 'spécialisés' dans la défense des droits des peuples d'Asie Centrales comme dans les Caraïbes ? Ou bien l'émergence, comme en Arménie et en Géorgie de 'ministères de la diaspora' ? by Jeanne Féaux de La Croix

3/24/2014

Yargı gücü, demokrasi ve halkın katılımı - Çağdaş sosyal çatışmalar : dünya çapında (kara para aklama, insan kaçakçılığı, organ mafyası) - Uluslararası Adalet

Judicial power, democracy and public participation
Studying the idea of participation, first explored by contemporary researchers and present in national or international legal norms and standards, will serve to further analysis of the options of action for judicial power to monitor public participation to public policies. The recognition of participation as crucial element of democracy concept  and the fact that it has to be a direct involvement  of the people in shaping governmental measures seem obvious. This enthusiasm for an active role of the people in producing laws and governmental policies is primarily because political representation has revealed itself as inadequate to express as closely as possible the will of the people and to achieve their interest. Yet it must be acknowledged that the ongoing ideological force of a person, who from passive actor of public action become an active agent as reflected by inclusion of new participating spaces, or by the requirement of public policies established and implemented with people's participation.
A quick glance on the theoretical evolution of the subject shows that researchers on democratic theory are redefining proceduralism (procedures system) more likely to face representativeness limitations. As the XXth century dawned democracy imposed itself like a socio-historical form of relation between the State and the people and two models of democracies struggle on the theoretical field dominance : representative democracy and participating democracy.  The establishment of deliberative political issues does not depend on the citizens collective action but on the institutionalization of the procedure and on the conditions of communicating. Procedural democracy thus involves the respect of social pluralism in a decentralized society. This willingness to incorporate the whole nation into monitoring mechanisms of governmental decisions can be found in XXIst century constitutional reforms as well as in UN documents. In 2004, French Constitution gave a new emphasis to the referendum : "Sovereignty belongs to the people exercised through the Nation representatives and by way of referendum." (Const. art. 3, followed by articles 11, 89 et 60). Similarly, in 1991 in Colombia the Constitution states being organized as a participative Republic (Art.1) with facilitating the participation of all as essential purposes to adequate decisions and to economic, administrative, social and cultural life of the Nation(Art.2). This right to participate freely in the formation, exercise and control of political power means quite simply to elect the government representatives (Art. 3), being part of elections, plebiscite, referendum, public consultations, and other forms of public participations; revoke the mandates of elected officials; create public inquiries for court proceedings to defend the Constitution and laws (Art. 40, 2, 4 and 6, 103, 104, and 105). And international documents include this participatory fervor. That is the case for instance of the Optional Protocol to the International Covenant on economic, social and cultural rights which shall enter into force in May 2013. It provides that the Committee on economic, social and cultural rights may examine communications submitted by individuals or groups of individuals (NGO's, Trade Unions) claiming to be victims of a violation of the Covenant. The high degree of interest for participating to public affairs management is contemporary: capitalistic economy globalization with the belief in the ability of the markets to regulate themselves as main features, a reinforcement of the deregulation of economic activities with suspension of social rights, erosion of sovereignty and the State capacity of decision, declining ability of the State to answer to contemporary social conflicts in increasingly global dimensions ( terrorism, narcotics trafficking, money laundering, environmental degradation, human and organ trafficking) while States remain within national territory boundaries.

Sueli Gandolfi Dallari, « Démocratie participative : le rôle du pouvoir judiciaire »,La Revue des droits de l’homme [En ligne], 3 | 2013, mis en ligne le 01 juin 2013, consulté le 24 mars 2014. URL : http://revdh.revues.org/429

Étudier la notion de participation tout d’abord adoptée par quelques chercheurs contemporains, et présente dans les normes juridiques nationales ou internationales, sera ainsi utile pour analyser les possibilités d’action laissées au pouvoir judiciaire pour contrôler la participation populaire dans les politiques publiques. La reconnaissance de la participation comme élément essentiel du concept de démocratie et le fait qu’elle exige la participation directe et personnelle du peuple à la formation des actes gouvernementaux semblent évidents. Cet enthousiasme pour l’intervention directe du peuple dans la production des lois et des politiques gouvernementales est dû, surtout, à la reconnaissance de ce que la représentation politique s’est révélée inadéquate pour exprimer fidèlement la volonté du peuple et pour réaliser leurs intérêts. Mais il faut reconnaître la force idéologique de la transformation de l’individu, qui d’objet de l’action publique se transforme en agent, reflété soit par l’inclusion des nouveaux espaces de participation, soit par l’exigence que les politiques publiques soient élaborées et mis en œuvre avec la participation du peuple.
Un survol rapide de l’évolution théorique du thème permet d’observer que les chercheurs sur la théorie démocratique sont en train de redéfinir un « procéduralisme », tout particulièrement pour faire face aux limitations de la représentativité. À l’aube du XXe siècle, il est clair que la démocratie s’impose comme une forme socio-historique de relation entre l’État et la société et que deux modèles de démocratie se disputent l’hégémonie théorico-pratique : la démocratie représentative et la démocratie participative. L’accomplissement d’une politique délibérative ne dépend pas de l’action collective des citoyens mais de l’institutionnalisation d’une procédure et de conditions de communication. La démocratie procédurale implique ainsi le respect du pluralisme social dans une société décentralisée. Ce désir d’incorporation de l’ensemble du peuple dans les mécanismes de contrôle des décisions gouvernementales peut être rencontré dans les réformes constitutionnelles du dernier quart du XXe siècle et à l’aurore du XXIe siècle, mais aussi dans les documents onusiens. La Constitution française, par exemple, en 2004, a donné une nouvelle emphase au referendum : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. » (Const. art. 3, suivi des articles 11, 89 et 60, qui l’organisent]. Dans la même vaine, la Constitution de la Colombie de 1991, affirme s’être organisé comme une République […] participative (art. 1), ses objectifs essentiels […] (étant)... de faciliter la participation de tous aux décisions qui leur correspondent et à la vie économique, administrative et culturelle de la Nation (art. 2). Ce droit de participer à la formation, à l’exercice et au contrôle du pouvoir politique signifie uniquement élire ses représentants (art. 3), faire partie des élections, plébiscite, referendum, consultation populaire et autres formes de participation populaire ; révoquer le mandat des élus ; former des « actions publiques » en justice pour défendre la Constitution et les lois (art. 40, 2, 4 et 6 et 103, 104 et 105). Et les documents internationaux reprennent cette ferveur participative. C’est le cas, par exemple, du Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels qui entrera en vigueur en mai 2013. Il prévoit que le Comité des droits économiques sociaux et culturels est compétent pour recevoir et examiner les « communications » déposées par des particuliers, des groupes de particuliers ou des organisations les représentant (ONG, syndicats…), qui se considèrent victimes d’une violation du Pacte. L' engouement pour la participation à la gestion des affaires publiques est contemporain : de la globalisation de l’économie capitaliste, dont les caractéristiques les plus marquantes comprennent le ré-avivement de la croyance dans les vertus autorégulatrices des mécanismes du marché ; d’un renforcement de la dérégulation des activités économiques avec destitution des droits sociaux ; d’une érosion de la souveraineté et de la capacité de décision de l’État, d’une diminution de la capacité de l’État à répondre aux conflits sociaux contemporains à une dimension de plus en plus globale (terrorisme, narcotrafic, blanchiment d’argent, dégradation environnementale, trafic de personnes ou d’organes), pendant que les États restent confinés aux limites du territoire national.

3/22/2014

Temel hak ve özgürlükler - uluslararası medeni sosyal ve kültürel haklar sözleşmesi - eğitim ve sosyal refah ; hükümetin rolü

Fundamental freedoms doctrine looking for social rights
To classify, divide, in groups, types : what could be more natural in an ordinary daily intellectual activity ? Classification is a common work for a legal expert including when specialized in the right of fundamental freedoms. Confronted with a constant enrichment of the rights, the legal expert understandable ambition is to classify, to list them in a laudable concern of clarification. Thus various typologies of Human Rights based on different criteria have been put forward. apart from the criticisms opposed to these classifications - any classification comprising naturally a degree of arbitrariness, and therefore can never fully be satisfying - it should be kept in mind that such a task even if routine, is never innocuous. Thus insidiously classifications between Human Rights lead to their hierarchical order allowing to distinguish essential rights to others that would be less important. The study of fundamental freedoms confirms this analysis. Human Rights various categorizations put forward will be immediately debated in discussions that imperceptibly lead to a hierarchical order of Human Rights. Concerning specifically the role assigned to the social rights in these classification, a clear line appears following doctrine expression media. Textbook writers retain the idea, for the vast majority, of a dichotomous presentation of Human Rights and maintain the binary version of the rights, while many articles purpose or incidental effect to address the issue of this dual acceptance of Human Rights. These two means of expression notwithstanding their approach differences, agree to say that social rights, for the fundamental freedoms a real legal subject. By outlining it can be argued that the representations of social rights on least exhaustive level benefits from the largest broadcasting. Textbooks indeed are weak on the social rights matter and more generally on the classifications effectiveness assuming that it is a non questionable acquired matter due to the educational purpose the writers have assigned. The dichotomous apprehension of Human Rights lead to first establish social rights in categories  and then implying their second rank characteristics.  
However beyond this clear consensus differences between authors emerge. First all of them don't maintain the same working position regarding Human Rights, diversity prompted by the emergence of social rights: in opposition to the criticism of possible dilution, normalization and thus weakening of Human Rights, positive analysis underlines the enrichment of Human Rights. A number of writers, while maintaining a binary analysis of the rights, show criticism about categorizations. Some of them underline the simplistic characteristics of the generational distinction of the rights to explain the gradual stratification of the Human Rights. Yet the difference is maintained just like the distinction from the internationalist doctrine on which it leans by opposing civil and political rights to economic and social rights. The relation to the State confirms the two-fold division of Human Rights between civil and political rights legally binding the State, in other words to protect the person from state arbitrary, and the economic, social and cultural rights required of the State, assuming it will intervene in order to guarantee education and social welfare. The role of the State also serves as basis of the rights division.

Tatiana Gründler, « Chapitre 3. La doctrine des libertés fondamentales à la recherche des droits sociaux », La Revue des droits de l’homme [En ligne], 1 | 2012, mis en ligne le 30 juin 2012, consulté le 21 mars 2014. URL : http://revdh.revues.org/122

Classer, diviser, en groupes, en "types" : quoi de plus naturel dans l’activité intellectuelle ordinaire ? L’activité de classification est une entreprise communément pratiquée par le juriste, y compris celui spécialisé dans le droit des libertés fondamentales. Confronté à un enrichissement constant des droits, le juriste a pour ambition compréhensible de les classer et de les répertorier, dans un souci louable de clarification. Aussi de nombreuses typologies des droits de l’Homme, fondées sur divers critères, ont-elles été proposées. Au-delà des critiques qui peuvent être opposées à ces classifications - toute classification comportant une part d’arbitraire et ne pouvant, dès lors, être pleinement satisfaisante - il convient de garder à l’esprit qu’une telle tâche, bien que courante, n’est jamais anodine. Ainsi, de manière sans doute insidieuse, les classifications opérées entre les droits de l’Homme conduisent à hiérarchiser ces droits, en permettant de distinguer ceux qui seraient essentiels de ceux qui le seraient moins. L’étude de la doctrine des libertés fondamentales confirme cette analyse. Diverses catégorisations de droits de l’Homme sont proposées, puis, immédiatement débattues et conduisent imperceptiblement à une hiérarchisation des droits de l’Homme. Concernant plus spécifiquement la place conférée aux droits sociaux dans ces classifications, une ligne de partage apparaît selon le media d’expression de la doctrine. Tandis que les auteurs de manuels retiennent, dans leur très grande majorité, une présentation dichotomique des droits de l’Homme et pérennisent ainsi la vision binaire des droits, nombre d’articles ont pour objet ou pour effet incident d’interroger l’acception duale des droits de l’Homme. Ces deux modes d’expression, par delà leurs différences d’approche, se rejoignent toutefois dans le fait que les droits sociaux ne sont pas, pour la doctrine des libertés fondamentales un objet juridique certain. En schématisant quelque peu le propos, on peut affirmer que c’est la présentation des droits sociaux la moins approfondie qui bénéficie de la plus large diffusion. Les manuels sont en effet assez indigents sur la question des droits sociaux et, plus généralement, sur la pertinence des classifications, partant de l’idée qu’il s’agit d’une chose acquise et non discutable, du moins, au regard de la prétention pédagogique que se sont assignée leurs auteurs. L’appréhension dichotomique des droits de l’Homme conduit, tout d’abord, à établir les droits sociaux en catégorie (A) et, ensuite, à en déduire leur caractère de droits de second rang (B).
Toutefois, au-delà de cet apparent consensus, des différences apparaissent entre les auteurs. D’abord, tous n’adoptent pas la même posture face à cette diversité des droits de l’Homme, diversité à laquelle contribue l’émergence des droits sociaux : à la critique portant sur le risque de dilution, de banalisation et donc d’affaiblissement des droits de l’Homme s’oppose l’analyse positive qui souligne l’enrichissement des droits de l’Homme. Un certain nombre d’auteurs, tout en conservant une analyse binaire des droits, se montrent critiques à l’égard de certaines catégorisations. D’aucuns soulignent ainsi le caractère simplificateur de la distinction générationnelle des droits pour relater la stratification progressive des droits de l’Homme. La différence est pourtant conservée tout comme la distinction issue de la doctrine internationaliste sur laquelle elle s’adosse opposant les droits civils et politiques aux droits économiques et sociaux. Le rapport à l’État confirmerait la bipartition des droits de l’Homme entre droits civils et politiques opposables à l’État, c’est-à-dire destinés à préserver l’individu de l’arbitraire étatique et les droits économiques, sociaux et culturels exigibles de l’État, donc supposant de celui-ci une intervention destinée à garantir l’éducation ou la sécurité sociale. Le rôle de l’État ou plus généralement le rôle des pouvoirs publics sert également d’assise à la division des droits.

3/21/2014

Yargı gücü : İnsan hakları yenileme - yeni anayasacılık - mali uygulamalar - temel haklar güvenliği - kamu yararı

Judiciary nowadays : Human Rights renewal and neo-constitutionalism
Current historical experience reveals an enhancement of law as an instrument of achievement of social peace internal to States as well as between contemporary States. Dissemination of human rights becomes an argument to create international organizations, or even for trade negotiations that witness the expansion of constitutionalism that not only establishes primarily rules of sociability but also works to their effective achievement and to the recognition of judiciary political role. It is clear that evolution towards necessary links between law and its enforcement has not been linear;  human rights discussions review during the Covenants of 1966 elaboration is an overwhelming evidence of the great obstacle to understanding interdependence of civil and political rights and economic, cultural and social rights. The time between (1950 onto 1976) initial idealization of unitary rights and the need to finally introduce them as two separated propositions onto their entry into force shows encountered difficulties. Yet this evolution became complete with the Declaration of Vienna adopted June 25th 1993 by the World Conference on Human Rights reaffirming :" all human rights are universal, indivisible, interdependent and interrelated ... It is the duty of States, regardless of their political, economic and cultural systems, to promote and protect all human rights and fundamental freedoms." and  "that democracy, development and respect for human rights and fundamental freedoms are interdependent and mutually reinforcing. Democracy is based on the freely expressed will of the people,  who determine their own political, economic, social and cultural system, and on their full involvement in all aspects of the life of society."(Art. 5 and 8) Therefore it is possible to state that according to this, human rights are a form of 'moral right' different of others in that they are rights of all persons living, of all times and of all situations : a human right is something no one can be deprived without severely offending justice. Human rights are intrinsic, essential, natural and inalienable to a person to invoke for any act or omission which violates of threats to violate their physical and mental integrity and dignity or which deprive from their physical, psychological, developmental or spiritual needs. The incorporation of the Declaration of 1948 text and the mechanisms provided by the 1966 Covenants resulted in the development of 'neo-constitutionalism' which led to oust the limits of juridical formalism to the extent that the affirmation of a personality on the ladder of values must be materially achieved. These political debates were transferred to the legal field. References to legal standards and to legality are a condition of the power legitimacy whether facing internal public opinion or international community.
Thus, neo-constitutionalism not only administer constituent power legitimacy but also seeks to ensure equitable social relations taking into account the great variability in financial conditions, cultural characteristics, ethic, juridical and social features of each people. Constitution is not only limited to urge the legislator to demonstrate public benefits, the common good, improvement of quality of life, based on vague guidelines as the concepts of justice, solidarity of law. Also it lays down in relative details the State objectives, the financial principle that maintain the lead of its achievement and the tasks of the State bodies. The Constitution provides a dense material content divided in values, principles, fundamental rights, directives for public authorities, etc, in such a way that it is difficult to identify a legal problem of moderate seriousness without referring to the constitutional text.  

Sueli Gandolfi Dallari, « Démocratie participative : le rôle du pouvoir judiciaire »,La Revue des droits de l’homme [En ligne], 3 | 2013, mis en ligne le 02 janvier 2014, consulté le 20 mars 2014. URL : http://revdh.revues.org/429
L’expérience historique actuelle donne à voir une revalorisation du droit comme instrument de conquête de la paix social interne aux États, mais aussi entre les États contemporains. La dissémination des droits humains comme argument pour la création des organisations internationales ou, même, pour les négociations commerciales est un symptôme de ce tableau, comme le sont également l’expansion d’un constitutionalisme qui, en plus d’établir les règles fondamentales de sociabilité, s’occupe aussi de leur réalisation effective, et de la reconnaissance du rôle politique du pouvoir judiciaire. Il est évident que l’évolution vers l’affirmation du lien nécessaire entre l’affirmation du droit et sa réalisation n’a pas été linéaire ; l’examen des discussions lors de l’élaboration des Pactes de 1966 sur les droits de l’homme est une preuve accablante des énormes obstacles à la compréhension de l’interdépendance des droits civils et politiques et de ceux économiques, culturels et sociaux. Le temps écoulé (de 1950 à 1976) entre l’idéalisation initiale de droits unitaires, le besoin de les présenter finalement en deux propositions séparées, et leur entrée en vigueur, suffit à comprendre les difficultés rencontrées. Mais l’évolution ne serait pas complète sans la Déclaration de Vienne, adopté le 25 juin 1993 par la Conférence mondiale sur les droits de l’homme, qui réaffirme que « tous les droits de l’Homme sont universels, indissociables, interdépendants et intimement liés. …. il est du devoir des États, quel qu’en soit le système politique, économique et culturel, de promouvoir et de protéger tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales » et que « la démocratie, le développement et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales sont interdépendants et se renforcent mutuellement. La démocratie est fondée sur la volonté, librement exprimée, du peuple qui détermine le système politique, économique, social et culturel qui sera le sien et sur sa pleine participation à tous les aspects de la vie de la société. … » (Articles 5 et 8) Ainsi, il est possible d’affirmer que, dans cette conception, les droits humains sont une forme de « droit moral » différents des autres car ils sont des droits de toutes le personnes, par tous les temps et toutes les situations : un droit humain est une chose dont personne ne peut être dépossédé sans faire une sévère offense à la justice. Les droits Humains sont des attributs naturels, essentiels et inaliénables de la personne, que celle-ci peut opposer à n’importe quelle action ou omission qui offense ou menace d’offenser son intégrité physique et mentale et sa dignité, ou qui empêche la satisfaction de ses besoins essentiels, physiques, intellectuels, affectifs et spirituels ainsi que le libre développement de sa personnalité. L’incorporation du texte de la Déclaration de 1948 et des dispositifs prévus par les Pactes de 1966 a abouti au développement du « néo-constitutionalisme », qui a fini par évincer les limites du formalisme juridique dans la mesure où l’affirmation de la suprématie de la personne dans l’échelle des valeurs doit être matériellement réalisée.  Ces débats politiques ont été transférés dans le champ juridique. Les références aux normes juridiques et à la légalité sont une condition de légitimité du pouvoir, que ce soit face à l’opinion publique interne ou à la communauté internationale.
Ainsi, non seulement le néo-constitutionalisme s’occupe de la légitimité du pouvoir constituant mais il cherche aussi à garantir des relations sociales justes fondées sur la suprématie de la dignité de la personne, en tenant compte de l’extrême variabilité des conditions matérielles, des caractéristiques culturelles, des particularités éthiques, juridiques et sociales de chaque peuple. La Constitution ne se limite plus à « charger le législateur à rechercher l'intérêt public”, le “bien commun”, l’amélioration de la “qualité de vie”, fondée sur des directives aussi vagues que l’idée de “justice”, de “solidarité”, ou de “droit”. Elle définit dorénavant, avec plus ou moins de détail, les fins de l’État, les principes matériaux qui donnent le “la” de sa réalisation et des tâches des organes de l’État. La Constitution offre un dense contenu matériel décomposé en valeurs, principes, droits fondamentaux, directives pour les pouvoirs publiques, etc., de façon qu’il est difficile de concevoir un problème juridique d’une gravité même moyenne qui ne rencontre pas quelque orientation dans le texte constitutionnel.

3/19/2014

İnanma ve bilim - gazetede haberler bilim değildir - bağımsız yöneyler, kişisel deneyimler : bu bir gerçeklik değildir -

Belief and science - It has become quite common to assert the prominence of knowledge in contemporary western countries. On the economic front many public representatives affirm it is the engine of growth, while politicians acknowledge it as an essential lever for action even if they rarely explore it with as much ambition as they assert. On the social front, analysts of media report an unprecedented broadcast within the population, debating the breadth of the disrupted social patterns to expect, while sociologists believe in the outbreak of a expert-citizen society, reactivating the 'People's science' former utopia. It is indeed true that new communication technologies have generated an unprecedented increase in the flow of knowledge, so much improved its accessibility, and in many respects revolutionized the ways to broadcast and to use it. Nowadays it is everywhere and the concept of 'Knowledge Society' encounters a similar success as ten years ago 'Information Society'. Against this background, what obscure phenomenon might seem more anachronistic than belief, once we conceive it as antagonistic for knowledge ? How does it become possible to believe in a society where information has never before been so large and accessible ? We recognize the research theme of men of science concerns taking great care of the acceptance of their work. Bronner focuses on showing how our contemporary time paradoxically is conductive to beliefs, describing some modification of the mechanisms that diffuse rumours through the widespread use of Internet. Information is transmitted almost instantly free from oral proceedings constraints, allowing to rely on argumentations with cumulative impact particularly convincing to external eyes. We can find in the abandonment of sectarian beliefs components that explain how can people accept beliefs refuted by facts and evidences : instead of conceiving a system (of which incoherence out of line with reality would necessarily appear), people apportion the facts in a range of independent proposals each based on personal experiences (viewing their emotions as substantive evidence). Men of Science think about increasing difficulties (or at least felt this way) to make their voices with people with no prior knowledge and some researchers condemn creationist determination in France and the United States. The doctor A. Grimfeld suggests a number of strategies to improve the broadcast of medical scientific information, one is to create a system of labelling health dedicated websites while Michel de Pracontal, scientific journalist looks at his profession responsibilities in the evolution of some scientific controversies through examples like the dispute of climate change and the harmlessness of GMO's.
What leads people to believe in distorting stories ? Three crucial elements have an influential role : trust, evidence and belief. Trust is based upon a customary cognitive framework, through images more likely provocative combined to a simple vocabulary easily recognizable, a body of knowledge, standards and values referred to, which serves as examination of issues and introduces the 'evidence'. To definitive acceptance after finalization, factual denials of the contrary of the first statement alone is enough to show the evidence, to make believe. Doubts generated by contradictions stored in the memory can stall the level of certainty established by direct evidence but are very much likely to be eclipsed by trust. Thus belief is a combination of this trust and evidence. All this to say if scientists fail to find audible communication to all, mass media will carry out, as they already do, information broadcast margin knowledge, which can be used for less scrupulous purposes.

Maël Dieudonné, « « Croyance et connaissance », Raison présente, n°188 », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, 2014, mis en ligne le 11 mars 2014, consulté le 19 mars 2014. URL : http://lectures.revues.org/13902
Il est devenu courant d'affirmer la prééminence de la connaissance dans les sociétés occidentales contemporaines. Sur le plan économique, nombre d'experts publics la présentent comme le moteur de la croissance future, tandis qu'hommes et femmes politiques la reconnaissent comme un levier d'action essentiel quoiqu'ils l'exploitent rarement avec autant d'ambition qu'ils l'affirment. Sur le plan social, les analystes médiatiques soulignent sa diffusion inédite au sein de la population, débattant de l'ampleur des bouleversements sociaux qu'il faut en attendre, tandis que des sociologues croient observer l'apparition d'une société de citoyens-experts, réactivant la vieille utopie de la science populaire. Il est certes vrai que les nouvelles technologies de communication ont entraîné une accélération sans précédent de la circulation de la connaissance, amélioré de beaucoup son accessibilité, et à de nombreux égards révolutionné les manières de la produire et de l'utiliser. On peut désormais la reconnaître partout, et la notion de « société de la connaissance » rencontre un succès similaire à celui dont avait bénéficié, une décennie avant elle, celle de « société de l'information ». Dans un tel contexte, quel phénomène pourrait paraître plus anachronique que la croyance, dès lors qu'on la conçoit comme antagoniste à la connaissance ? Comment est-il possible de croire dans une société où l'information n'a jamais été si nombreuse et si accessible ? On aura reconnu le thème de recherche sur les préoccupations d'hommes de sciences soucieux de la réception de leurs travaux. Bronner s'attache à montrer comment l'époque actuelle est paradoxalement très propice à la croyance, en décrivant certaines modifications apportées aux mécanismes de diffusion des rumeurs par la généralisation du recours à Internet. Les informations se propagent désormais quasi-instantanément, affranchies des contraintes de l'oralité, en leur permettant de s'appuyer sur des argumentations cumulatives particulièrement convaincantes aux yeux des profanes. On trouve dans l'abandon de croyances sectaires des éléments pour expliquer comment des individus peuvent maintenir leur adhésion à des croyances réfutées par les faits : c'est qu'au lieu de les considérer comme un système (dont l'incohérence et l'inadéquation avec la réalité leur apparaîtrait nécessairement), ils les morcellent en une série de propositions indépendantes et appuyées chacune sur leur expérience personnelle (percevant leurs émotions comme des preuves incontestables). Les hommes de science s'interrogent sur leurs difficultés croissantes (ou ressenties comme telles) à se faire entendre des profanes, et certains chercheurs dénoncent ainsi les menées créationnistes en France et aux États-Unis. Le médecin Alain Grimfeld propose différentes stratégies pour améliorer l'information scientifique en matière médicale comme un système de labellisation des sites Internet consacrés à la santé, tandis que Michel de Pracontal, journaliste scientifique, s'interroge sur la responsabilité de sa profession dans le développement de certaines controverses scientifiques à travers les exemples de la contestation de la réalité du changement climatique et de l'innocuité des OGM.
Qu'est-ce qui conduit les individus à accepter des croyances invraisemblables ? Trois éléments déterminants influent : la confiance, la preuve et la croyance. La confiance se base sur un cadre cognitif  habituel, au moyen d'images plus ou moins provocatrices et d'un vocabulaire facile aisément reconnaissable, un ensemble de connaissances, normes et valeurs auquel on se réfère, qui sert de mise en perspective et annonce la preuve. Pour la finalisation de l'acceptation de cette dernière, un démenti factuel du contraire de la proposition suffit en règle générale à faire admettre, à faire croire. Les doutes générés par les contradictions stockés dans la mémoire peuvent faire vaciller l'état de certitude établi par la preuve ; ainsi la croyance est l'amalgame de cette confiance et de la preuve. Autant dire que si les scientifiques ne réussissent pas à trouver une communication audible, les média se chargeront, ce qu'ils font déjà, de transmettre des informations, à la marge de la connaissance, pouvant servir des desseins plus ou moins scrupuleux.


İnsani yardım çalışmaları : İyilik tiyatro değil - korumak, sürdürmek ve onarmak - gösterişsizlik, sükut ; yardımcı olmak için.

Irrigation-sulama Kazakhdarya
The work of humanitarian aid - The 'care' concept, in other words 'concern for others', covers the fields of psychology, moral philosophy, sociology and prescribe, more recently, projects supporters of policy reforms. The writer anchors her message in the real nature of this work, area of which she is specialized that she studies through the psychodynamic perspective on the work. This theoretical frame presents studies on 'care', sociology of work and raises a double issue : studying the work through 'care' theory and studying the 'care' as a practice, a work. It shows  a debate combining interests of empiricism and theoretical requirement driven by the will of making visible the lower level executives' work, those who effectively 'care'.
In the first chapter dedicated to work, Pascale Molinier shows the political and theoretical consequences of the work of 'care' analyze that she defines following Joan Tronto's pragmatic proposal :"At the most general level we suggest that 'care' is considered as a generic activity which includes all we do to maintain, perpetuate and repair our 'world' so that we may live as well as possible. This world consists of our bodies, ourselves and our environment, all of which we seek to interweave in a complex, life-sustaining web." Caregiving work comprises material practices (sweeping, do the laundry ...) and others ore emotional (to introspect and empathize with a view to adopting proper and suitable behavior to the person's best interest). From the viewpoint of caregiving work theory, the prime concern is to focus on marginalized practices regarded as thankless tasks ; geriatric care and domestic work, looking after children for example. The remarkable feat of caregiving work theory is to show how these concealed practices mostly at the bottom of the ladder of values, are essential to legitimate tasks and work. For example, carrying out domestic work by some allows others to Promethean activities and to exercise socially valued responsibilities. The work of caregiving meets essential human beings needs (caring, cleaning up, creating favorable conditions to emerging creative tasks) and is something which may be regarded as peripheral but becomes central, and in the light of this, the subordinates that perform their work become important persons developing specific know-how. Thus this work is a practical knowledge which escapes any objective assessment and of which the value inheres in the fact that it does not have any value : "how much does a smile cost? "
Joan Tronto makes a strong call to move beyond the “counting games” of a “world without limits”. Much of the marginalization of care, she argued, is due to the belief in unlimited wealth creation and constant gains in efficiency, deeply rooted in contemporary economic thinking. Within this framework, care is conceived as an expensive and dilemma-inducing endeavour, because it tends to run up against the limits of frail human bodies and relationships. In a world without limits, care suffers from “cost disease” due to its resistance to productivity increase, and provokes a “nice-person dilemma”, according to which those who provide care lose out in an economic structure that rewards participation in the paid economy but offers little or no compensation for care. On a global level, the commodification of care reinforces divisions, as many poor countries ‘export’ care to countries which can afford to pay a higher price.

Thomas Le Guennic, « Pascale Molinier, Le travail du care », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, 2013, mis en ligne le 28 mars 2012, consulté le 18 mars 2014. URL : http://lectures.revues.org/11078

La notion de care, c’est-à-dire de « souci des autres », couvre tout à la fois les champs de la psychologie, de la philosophie morale, de la sociologie, et désigne, plus récemment, des projets partisans de réforme politique. L’auteure ancre son propos dans la réalité du travail, domaine dont elle est spécialiste et qu’elle étudie au travers de la psycho-dynamique du travail. Ce cadre théorique soumet  des études sur le care, de la sociologie du travail et pose une double problématique : étudier le travail à partir de la théorie du care et étudier le care comme une pratique, comme un travail. En ressort un propos mariant souci de l’empirie et exigence théorique, porté par la volonté de rendre visible le travail occulté des subalternes, ceux qui font le care.
Dans le premier chapitre consacré au travail, Pascale Molinier montre quelles sont les conséquences théoriques et politiques de l’analyse du travail de care qu’elle définit à partir de la proposition paradigmatique de Joan Tronto : « au niveau le plus général, nous suggérons que le care soit considéré́ comme une activité́ générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre « monde », de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible. Ce monde comprend nos corps, nous-mêmes et notre environnement, tous éléments que nous cherchons à relier en un réseau complexe, en soutien à la vie ». Le travail du care englobe des pratiques matérielles (passer le balai, laver le linge) et d’autres plus « émotionnelles » (entrer en empathie afin d’adopter le comportement adéquat et adapté au sujet concerné). Sur le plan de la théorie du travail, étudier le care revient à s’intéresser aux pratiques marginalisées, considérées comme ingrates (le « sale boulot ») ou insignifiantes ; il s’agit du travail gériatrique, domestique ou de la garde d’enfants par exemple. Le tour de force de la théorie du care consiste à montrer en quoi ces pratiques reléguées à l’arrière-plan, placées en bas de l’échelle des valeurs, sont indispensables aux tâches et travaux jugés légitimes. Par exemple, c’est parce que certaines personnes s’acquittent des tâches domestiques que d’autres peuvent s’adonner à des professions prométhéennes et exercer des responsabilités socialement valorisées. Le travail de care répond à un besoin essentiel des êtres humains (prendre soin, nettoyer, créer les conditions favorables à l’émergence de tâches créatives) et ce qui est considéré comme périphérique devient central et, à ce titre, les subalternes qui accomplissent ce travail deviennent des personnes « importantes » et développent un véritable savoir-faire. Ainsi ce travail est un savoir pratique qui se dérobe à l’évaluation et dont la valeur consiste justement en ce qu’elle n’en a pas : « Ça vaut combien un sourire ? ».
Dans son exposé, Joan Tronto a vigoureusement plaidé pour que l’on dépasse les “jeux de calcul” d’un “monde sans limites”. La marginalisation des soins et de l’assistance aux personnes, a-elle estimé, est due pour une large part à la croyance, profondément ancrée dans la pensée économique contemporaine, qu’il n’y a pas de limites à la création des richesses et que l’on peut toujours gagner en efficacité. Ce cadre tracé, les soins sont conçus comme une entreprise coûteuse et créatrice de dilemmes parce qu’elle a tendance à se heurter aux limites et à la fragilité des corps humains et des relations humaines. Dans un monde sans limites, les soins souffrent de la “maladie des coûts” du fait de leur résistance à une hausse de la productivité et provoquent le “dilemme de la bonne âme”, selon lequel ceux qui aident et assistent sont perdants dans une structure économique qui rétribue la participation à l’économie rémunérée mais offre un dédommagement dérisoire ou nul pour les soins et l’assistance aux personnes.

3/17/2014

Toprak sessiz nefessiz kalıyor zamanda : sözlü gelenek ve doğal, sirkadiyen, ay, yıllık çevrimleri / yazı ve uzay ve zaman arasında kırılma

How earth has fallen silent. - The author presents a characteristic thesis, based on clearly identified and described philosophical and anthropological foundation, stating that we must learn a lot from the relation civilizations based on oral traditions maintain with the environment (land, air, waters, animals, plants). This relation ceased when 'earth has fallen silent' for most human beings who still search understanding when, how and why this relation stopped ; let us imagine what would be gained if we would reestablish this bond.                                      In Bali, Nepal, in natural and cultural environments that connect one to condors, spiders, rocks, plants, one can experiment a man-nature dichotomy feeling that completely dissolves in line with the perception of a 'all' ; earth speaks. However, this feeling disappears when back to the Western world, one ceases hearing and feeling those overwhelming presences, finding oneself locked in a world of human beings disconnected from the rest of the universe.
David Abram achieves the presentation, the decoding, the understanding of the participatory nature of perception. Both following extracts reflect the quality of his work : "the real duty  of phenomenology, as conceived by E. Husserl at the end of his career, is the thorough demonstration of how each theoretical and scientific practice emerged from the forgotten earth yet nourishing our experience directly felt and lived, and has no other value and signification than when referred to this first reality.". Then about Merleau-Ponty : "Ultimately recognizing life and the demonstration of our solidarity to this physical form, is like recognizing our existence as similar to that of an animal among others on earth and thus regain and reactivate the basis of our thoughts.". David Abram shows that most oral tradition cultures have a totally different way of thinking the world around us. Time is perceived as cyclical, past and future often having the same value oral tradition stories were linked to natural, circadian, lunar, annual cycles. Furthermore, in many cases time and space were not so different. The meanings of tails and stories were inextricably bound to the places, and this anchoring was necessary to the explanation and the transmission. When human communities grew in size and complexity, writing came into being, first as ideographic symbols which were representations of the natural world (Egyptian hieroglyphs, Chinese ideograms and others). at that stage the link between the signs of writing and their images to the real world was maintained.
The author then shows how the invention of alphabetical writing announced a new human kind era during which time became a flow. Written and fixed, oral tradition stories were separated to their places and writing became a human artifact, filter between mankind and its sensitive environment. The 'Sacred Breath' remained because the lack of vowels in this first alphabetical writing required the reader to fill the gasps with personal interpretation. The adoption of alphabetical writing by the Greeks and the addition of vowels amplified this severance between men and their sensitive planet. At the time of Homer's Odyssey, the Greeks of before the writing considered that the word for soul was referring to the breath, the air that holds the universe, that gives life. From the time of Socrates the soul was imprisoned in human skulls, privatized, leaving the man separated from his earthly body.
 Martin Guillemot, « David Abram, Comment la terre s’est tue. Pour une écologie des sens  », Lectures [Online], Reviews, 2014, Online since 20 January 2014, connection on 17 March 2014. URL : http://lectures.revues.org/13295



L’auteur présente une thèse originale, basée sur un socle philosophique et anthropologique clairement identifié et décrit, et affirme que nous avons beaucoup à apprendre de la relation qu’entretiennent les civilisations de tradition orale avec leur environnement (terre, air, eaux, animaux, végétaux…). Cette relation a cessé quand « la terre s’est tue » pour la plupart des humains qui cherchent encore à comprendre quand, comment, et pourquoi cette relation a cessé ; imaginons ce que nous gagnerions à retrouver ce lien.                                               A Bali et au Népal dans des cultures et des milieux naturels qui font entrer en relation avec des condors, des araignées, des rochers ou des herbes, on peut vivre une expérience pendant laquelle son sentiment de dichotomie entre l’homme et son environnement se dissout totalement dans la perception d’un tout ; la Terre lui parle. Cependant, en rentrant en Occident, il cesse rapidement d’entendre et de sentir ces présences qui l’avaient bouleversé, se retrouvant enfermé dans un monde humain détaché du reste de l’univers.
David Abram parvient à présenter, à décrypter et rendre lumineux les concepts sur la nature participative de la perception. Les deux extraits suivants nous semblent témoigner de la qualité de ce travail de vulgarisation : « La véritable tâche de la phénoménologie, telle que E Husserl l’a conçue à la fin de sa carrière, est la démonstration méticuleuse de la manière dont chaque pratique théorique et scientifique naît du sol oublié et pourtant nourricier de notre expérience sentie et vécue de manière directe, et n’a de valeur et de signification qu’en référence à cette réalité primordiale et ouverte ». Puis, au sujet de Merleau-Ponty : « En fin de compte, reconnaître la vie du corps et affirmer notre solidarité avec cette forme physique, c’est reconnaître notre existence comme celle d’un animal parmi les autres sur terre, et ainsi retrouver et réactiver la base de nos pensées.». David Abram montre que la plupart des cultures de tradition orale considéraient le monde qui nous entoure d’une manière radicalement différente à la notre. Le temps y était considéré comme cyclique, le passé et le futur ayant souvent la même valeur, et les récits de tradition orale étaient liés aux cycles naturels circadiens, lunaires ou annuels. De plus, le temps et l’espace n’étaient pas distincts dans beaucoup de cas. Le sens des contes et des histoires était indissociablement lié aux lieux, et cet ancrage était fondamental pour l’explication et la transmission du sens. Quand les sociétés humaines ont grandi en taille et en complexité, l’écriture est apparue d’abord sous forme de symboles qui étaient une représentation du monde naturel (hiéroglyphes égyptiens, idéogrammes chinois entre autres). À ce stade, le lien entre les signes de l’écriture et leurs images dans le monde réel était en partie conservé.
L’auteur montre alors que l’invention de l’écriture alphabétique a ouvert une nouvelle période de l’humanité durant laquelle le temps est devenu un flux. Écrits et figés, les récits issus de la tradition orale se sont trouvés séparés des lieux, et l’écriture est devenue un artéfact humain, filtre entre l’homme et son environnement sensible. Le souffle du sacré restait cependant présent, car l’absence de voyelles dans cette première écriture alphabétique imposait au lecteur de combler ces vides par son interprétation personnelle. L’adoption par les Grecs de l’écriture alphabétique, et l’adjonction des voyelles remplissant ce dernier espace pour l’environnement sensible ont amplifié cette séparation entre l’homme et la planète sensitive. À l’époque d’Homère, les Grecs d’avant l’écriture considéraient que le terme « âme » se référait au souffle, l’air qui tient l’univers et lui donne vie. Au temps de Socrate, l’âme fut emprisonnée à l’intérieur du crâne des humains, privatisée, laissant l’homme séparé de son enveloppe sensuelle. 


Kurumsallık : ortak havuz kaynakları - Sosyal-Ekolojik Sistemler - kolektif hakları - Biyolojik Çeşitlilik Sözleşmesi

Part of Ostrom’s contribution is still underestimated : her methodological institutionalism, beyond her well-known work on the commons.  Usefulness, interest and gain vocabulary is quite usual and, to E. Ostrom, means a critical dimension, not because it would be the only individual motivation - what mainstream economy entails - but rather because the material effectiveness of a social group forms a test for its organization sustainability or existence. Furthermore, trying to realize gain is a ground behavior among others unlike the homo oeconomicus model which has a limited validity best allowing to attain competitive situations.  International conventions, national laws and sustainable development policies are increasingly giving a role to indigenous peoples regarding the management of biodiversity by recognizing that they have collective rights over natural resources. These collective rights are assumed to establish the influence of these peoples in the implementation of participative management plans which they need in order to access and use the resources. These obligatory tools are requested in a large number of states (especially in the Amazon) and by institutions working in the field of sustainable development. Their goal is to integrate all environmental, economic, social and cultural aspects of the problem, and to establish rules allocating the rights and duties of each stakeholder. The purpose of this paper is to question the concept of collective rights, i.e. who holds them, and their importance, i.e. to what extent can these peoples influence the making of the norms. In order to do that, we attempted to produce a definition of “collective rights” which acknowledges their mutual dependence with individual rights. We also tried to propose a method for the making of management plans, which builds on the already existing rights of indigenous peoples in order to specify, in each context, the rights and duties of each stakeholder.                                                                                         The apprehension of legal right relating to sustainable management of renewable resources is not easy. First the content is developed on a local level even when informed, covered and generated by international and national rules of law under very various fields and objectives (economic, environmental, social and cultural). Furthermore, multiple actors, in one way or another, have jurisdiction in order to create and enforce this law. In line with decentralized governance notion, current political and legal arenas, like the Convention on Biological Diversity of 1992 and many international and national texts, call for acknowledgment, for the benefit of 'indigenous peoples and communities', of collective rights to renewable resources found on the lands they traditionally occupy, with a view to sustainable management. However,  important conceptual and operational problems remain. First, the notion of 'collective rights' subjected to many controversial topics, at academic and political level, raises the question of granting to non-State collectives a coercive power over individuals of the social group. Secondly, it is often difficult to determine, when reading legal texts, respective competences of the State and each community concerned  with the definition and realizing, on the ground, of the content of these collective rights. If the States legislations recognize the rights to land to indigenous peoples, their rights to renewable resources are not a priori determined, apart from standards establishing strict prohibitions (protected species) and granted authorizations (subsistence fishing and hunting).  

L’apport méthodologique d’Ostrom est encore mal connu malgré la popularité de ses travaux sur les communs.  Le vocabulaire de l’utilité, de l’intérêt ou des gains est fréquent et signifie pour E. Ostrom une dimension critique des situations d’action, non pas parce qu’il s’agirait de l’unique motivation des individus – ce que suppose l’économie mainstream – mais parce que l’efficacité matérielle d’un groupe social constitue tôt ou tard une épreuve pour la pérennité de son organisation. En outre, la recherche de gains n’est qu’un motif de comportement parmi d’autres, à la différence du modèle de l’homo œconomicus, qui n’a pour elle qu’une validité très restreinte permettant au mieux d’approcher certaines situations concurrentielles. Les conventions internationales, les droits nationaux et les politiques de développement durable confèrent un rôle aux sociétés autochtones en matière de gestion de la biodiversité, en leur reconnaissant des droits collectifs sur les ressources renouvelables. Ces droits collectifs sont censés prévoir l'influence de ces sociétés lors de la mise en place des plans de gestion participative dont elles doivent se doter pour pouvoir s'approprier et utiliser les ressources, dans la majorité des États du bassin amazonien. Mais le concept même de "collectifs" fait l'objet d'importantes controverses, et les textes n'établissent pas comment les plans doivent être élaborés. Cet article poursuit dès lors deux objectifs. Il cherche à construire une définition de la notion de droits collectifs qui ne se réduise pas à opposer ceux-ci aux droits individuels, mais qui rende compte de leur détermination mutuelle. Il tente ensuite de proposer une méthode d'élaboration des plans de gestion qui s'appuie sur les droits déjà existants des communautés autochtones pour préciser, dans chaque contexte, les droits et obligations de toutes les parties prenantes à l'égard des ressources renouvelables.                                 Le droit relatif à la gestion durable des ressources renouvelables ne se laisse pas facilement appréhender. D’abord, son contenu est souvent élaboré à un niveau local, bien qu’informé, encadré ou suscité par des règles juridiques internationales et nationales relevant de champs et d’objectifs (économiques, environnementaux, sociaux et culturels) bien différents. Ensuite, il existe une pluralité d’acteurs ayant, à un titre ou à un autre, compétence pour le créer et pour l’appliquer. Dans le sillage de la notion de gouvernance décentralisée, les scènes politiques et juridiques contemporaines, comme la Convention sur la diversité biologique de 1992 ainsi qu’une multitude de textes internationaux et nationaux, appellent à la reconnaissance, au profit des « peuples et communautés autochtones », de droits collectifs relatifs aux ressources renouvelables situées sur les terres qu’ils occupent, en vue de leur gestion durable. Toutefois, d’importants problèmes conceptuels et opérationnels se posent. Premièrement, la notion même de « droits collectifs » est sujette à d’importantes controverses, tant au niveau académique que politique, qui interrogent le fait d’octroyer à des collectifs non étatiques un pouvoir de coercition sur les individus qui les composent. Deuxièmement, il est souvent très difficile de déterminer, à la lecture des textes juridiques, les compétences respectives de l’État et de chaque communauté en ce qui concerne la précision et la concrétisation, sur le terrain, du contenu de ces droits collectifs. Si les législations des États reconnaissent bien les droits à la terre des populations autochtones, leurs droits relatifs aux ressources renouvelables ne sont pas déterminés a priori, hormis quelques normes établissant des interdictions strictes (espèces protégées) ou des autorisations conditionnées (chasse et pêche de subsistance).
Photo Duncan Mc Leod