5/30/2014

Ölüm gösterimi - medyada : ölüm her yerde, ölüm hiçbir yerde - ötenazi, açlık, savaş konuşma hakkında var - ölüm değiştirilemez, tersinmez algılanış olarak tabu

Re-presentation of death
As days go by, the dead, death, feature prominently in 'international pages', through tragedies evocation that crush entire populations (natural disasters, genocides, wars, mafias or armed groups crimes), in 'national pages' in the context of death of prominent personalities from the artistic or political world. However, while death is pervasive in press columns or on television this subject remain very little dealt by media analysts as if the 'taboo' surrounding death would propagate to research field. Contemporary re-presentations of death in information media, in information and communication sciences articles, history, language sciences, sociology often describe the paradox of both pervasive and absent death that correspond to some speeches about death focusing on the announcement. The hyphen we use to speak about re-presentation stresses that this concept is to be thought of as an active process since this speech making forms part to the event construction rather than passive because this representation is not solely considered as a true and fair image of the event. Death in media is everywhere and nowhere, "obscene and ab-scene". 'Everywhere' and 'nowhere' because dead people are 'everywhere' and it is rather death that is 'nowhere', indeed, because complacent and voyeuristic  images of dead people are obscene in fictions that media make large use. In principle, we wish to recognize the tensions from the paradox between omnipresence of death and its 'out of reach' re-presentation, insofar as emphasis on violent accidental death is a easy way to consider a death from which one can easily escape for statistically it remains a minority.

In La Mort (1977), Vladimir Jankélévitch, philosopher and musicologist, distinguishes three timeframes of evolutionary relationship with death. First 'death below death', which one can meditate, prepare but that is not death; it is such an abstract concept of death that one thinks one can outrun since one does not know the precise place and time of its occurrence. Within this concept of 'death below' three successive punctuations : the first considers death as an abstract possibility (mortalis), the second a possible close death (moriturus) and the third impending death (moribundus). After 'death below death' comes 'death in mortal moment' irreversible and irrevocable phenomenon through which one dies and becomes absent of oneself : "one can't experience death without instantly dying !". Finally, "death beyond death" considered as eschatological experience that gives space to meditation on infinity and beyond, fear and hope.                                                                  Nowadays, the types of writings that deal with death in media focus on its announcement more than on its evocation. Debates on euthanasia, the link between suicide and work, genocide of Jewish and Gypsies under Nazism, famine and other conflicts, fill newspapers columns. Phenomena related to social network functioning like Facebook , the layouts, the communication of maintaining the page after someone's death, commemorating following death linked to tragedies (disasters, crimes, disease) show emotional and symbolic issues on these digital socialization places, that bring together people all sharing one suffering, one grief but distancing them from death by reducing their sense of death to formal structures. Summary and translation of articles from  Alain Rabatel and Marie-Laure Florea. 

Re-présentation de la mort
Au fil des jours, les morts, la mort, figurent en bonne place dans les « pages internationales », à travers l’évocation des drames qui frappent des populations entières (catastrophes naturelles, famines, génocides, guerre, exactions des maffias ou des bandes armées), dans les « pages nationales », à l’occasion du décès de personnalités de premier plan dans le monde des arts, de la politique notamment. Toutefois, malgré l’omniprésence de la mort dans les colonnes de la presse ou sur les écrans de télévision, le sujet reste très peu abordé par les analystes des médias, comme si le « tabou » qui entoure la mort se propageait jusqu’au domaine de la recherche. Les re-présentations contemporaines de la mort dans les médias d’information, les articles de sciences de l’information et de la communication, d’histoire, de sciences du langage, de sociologie décrivent souvent plutôt le paradoxe d’une mort à la fois omniprésente et absente dans les médias qui correspond à certains discours sur la mort centré autour de son annonce. Le trait d’union avec lequel nous évoquons la re-présentation met l’accent sur le fait que cette notion est à envisager comme un procédé actif, puisque la mise en discours participe à la construction de l’événement, et non pas passif – car la représentation n’est pas simplement considérée comme une image plus ou moins fidèle de l’événement. La mort dans les médias est partout et nulle part, « obscène et ab-scène ». Partout et nulle part,  car ce sont les morts qui sont partout, et c’est plutôt la mort qui est nulle part, en effet, ce sont les images complaisantes et voyeuristes des morts qui sont obscènes, tout particulièrement dans les fictions, dont les médias font un large usage. Fondamentalement, il existe un paradoxe dont on voudrait cerner les tensions, aujourd’hui, entre une omniprésence de la mort et sa re-présentation « déréalisante », dans la mesure où la focalisation sur les morts accidentelles, violentes, est une façon somme toute commode d’envisager une mort « à laquelle on peut échapper et qui statistiquement reste de loin minoritaire ».
Dans La mort (1977), Vladimir Jankélévitch distingue trois temporalités qui scandent un rapport évolutif à la mort. D’abord, « la mort en-deçà de la mort », celle que l’on médite, que l’on prépare, et qui n’est pas la mort ; c’est une mort si abstraite qu’on peut penser pouvoir lui échapper, puisqu’on ne sait ni le lieu ni l’heure de sa mort. Au sein de cette première expérience de la mort en-deçà de la mort, existent trois scansions successives : la première la considère comme une éventualité abstraite (c’est l’état du mortalis), la deuxième envisage une mort probable qui se rapproche (moriturus), la troisième étant celle de la mort imminente (moribundus). Après « la mort en-deçà de la mort » vient « la mort dans l’instant mortel », phénomène irréversible, irrévocable, par lequel on meurt et on devient d’emblée absent à soi-même : « on ne peut vivre la mort sans aussitôt en mourir !».   Enfin, « la mort au-delà de la mort » est celle qui est appréhendée sous une forme eschatologique, faisant place à la méditation sur l’au-delà, avec ses angoisses et ses espérances.            Aujourd’hui, les genres qui traitent directement de la mort dans les médias sont davantage centrés sur l’annonce de la mort que sur son évocation. Ainsi de nombreux débats sur l’euthanasie, sur les rapports entre le suicide et le travail, sur tel ou tel génocide, extermination des Juifs et des Tziganes sous le nazisme, sur les famines ou sur tel ou tel conflit, se retrouvent dans les médias. Les phénomènes liés au fonctionnement du réseau social qu’est Facebook, les faire-part, les échanges consécutifs au maintien de la page de quelqu’un qui est décédé, ainsi que les commémorations de décès liés à des drames (catastrophes, crimes, maladies, etc.) montrent les enjeux affectifs et symboliques qui traversent ces lieux de socialisation numérique, qui rassemblent des personnes autour d'une même souffrance, d'un même chagrin tout en les éloignant de la mort  et en réduisant la perception de la mort à des structures formelles. Résumé des articles d'Alain Rabatel et Marie-Laure Florea. 

5/29/2014

Moğolistan - Ölü insan fotoğraflar (burhan) rötuş - güçlü kopya olarak - ölmek - atalara üretmek (burhan bolo) - ritüel ipek kumaş (hadag) : ölü kişi üzerinde ve portre fotoğraf üzerinde

Retouch the photos of the dead, magical purposes of photos in Mongolia
The belief of the possibility to physically act on a person through a picture is largely widespread. In other words, magic would operate through things that look alike those on which one wishes to act - images, figurines, corporal movements imitation - or that have had contact with - hair, nails, cloths, etc. In Mongolia people know photography since a long time, probably since the end of the nineteenth century, although its practice remained for quite a while only intended to members of aristocracy and eminent religious dignitaries. Mongolian people also use photography as cosmological content. When someone dies, no matter the age or the sex, a specific portrait is fabricated from an enlarged and colorized ID photography. This framed portrait topped by a ceremonial blue cloth (hadag) will be carried by a child during the funerals, at the head of the procession. It will be later shown in the dwelling of the dead close to the home family pictures where it will be submitted to regular offerings incense, drinks and various food - tea, milk, alcohol, fat meat and sweets. Mongolians did not wait the invention of photography to display anthropomorphic figures in their houses. The survival of an ancient tradition shows that at the turn of the twentieth century one could find in Mongolian dwellings (mainly in Northern Buryat homes) wooden or felt figurines, or human shapes painted on cloths, expected to draw up spirits and used to feed them. These figurines are called ongon in the Khanate-Mongol world, a term as well for material support (its etymology links it to the idea of 'container' or 'containing') as for the spirit it is meant to host.  According to different sources, ongon  host hungry spirits, put into them by the shaman, in order to stop the trouble in the negatively impacted house. When through this mean regularly fed with blood and fat meat, the evil-doers spirits are expected to calm down and give up eating the flesh of the dwelling members who right away regain their health. Inevitably, following the adoption of a Soviet inspiration regime in 1924 and the consecutive violently anti-religious policy icons themselves were banned. Nowadays, funerary portraits are framed and exhibited hung on the Yurt roof rods, set among other family shots on large chests at the back of the dwelling or suspended on the living room walls. As before, the chests surface provides an altar upon which offerings are laid in front of the funerary portraits and sometimes icons - but paradoxically less often now than during the years 60's. Icons and portraits are clearly place on a continuity plan : both are set on the same place at the back of the dwelling, and very often the same way inside individual frames above or beside the family shots. The continuity is being such that the word « icon » (burhan) is also used to designate a funerary portrait. This is not only due to the fact that both  images obtain the same offerings on the chests - one can give offerings to deities set them in front of the funerary portrait and conversely. On the forefront of cosmology one could assume that the deceased will be remembered by analogy to the deities. Indeed, although it is agreed in Mongolia that people "reborn" after death and despite an ontological distinction usually done between the dead ant the displayed on icons deities of the  Bhuddist pantheon, one way of say 'to die ' in Mongolian could literally be translated by to "become a deity"(burhan bolo-).
Funerary portraits are made of an almost always enlarged identity photograph, colorized and sometimes retouched done with the image retouching software Photoshop. Enlarging a photo, colorizing and showing the dead as an icon allow the Mongolians to adorn the deceased with a new, more glorious body. In effect, all indicates that retouching the deceased photography, making his/her funerary portrait is the first step in the process of ancestralisation that is carried out along with the end of mourning rituals, forty nine days after the funerals. During all this days, offerings in front of the deceased portrait are intended to him individually ; they are to be given during commemorative luncheons(budaalga) seven and twenty one days after the funerals. Those offerings are expected to accumulate merits (buyan) for the deceased in order to ensure a good renaissance (closer to an human being, further from an animal). Instead of a direct action on the dead body, Mongolians use photography, a powerful duplicate that holds something from the deceased and at the same time is very alike. It will be possible to measure how here, one thing is concretely considered by saying that the portrait often is topped by the same ceremonial silk cloth (hadag) that was set on the mouth and nose of the deceased to receive his last breath.


http://terrain.revues.org/15390

Retoucher les morts, les usages magiques de la photographie en Mongolie
La croyance en la possibilité d’agir physiquement sur une personne à travers une image qui la figure est largement répandue. Autrement dit, la magie opérerait à travers des choses qui ressemblent à celles sur lesquelles on veut agir – images, figurines ou imitations gestuelles – ou qui ont été en contact avec elles – cheveux, ongles, vêtements, etc. La photographie est connue en Mongolie de longue date, probablement depuis la fin du xixe siècle, bien que sa pratique soit longtemps restée réservée aux membres de l’aristocratie et aux plus hauts dignitaires religieux. Les Mongols font aussi de la photographie un usage cosmologique. Lorsqu’une personne meurt, quel que soit son âge ou son sexe, un portrait particulier est fabriqué à partir de sa photographie d’identité agrandie et colorisée. Ce portrait, encadré et surmonté d’un tissu cérémoniel de soie bleue (hadag), sera porté par un enfant le jour des funérailles, en tête de cortège. Il sera ensuite exposé dans le foyer du défunt, auprès des photos de famille de la maisonnée, où il recevra des offrandes régulières d’encens, de boissons et de nourritures diverses – notamment du thé au lait, de l’alcool, de la viande grasse et des sucreries. Les Mongols n’ont pas attendu l’invention de la photographie pour exposer des figurations anthropomorphes dans leurs foyers. La survivance d'un tradition vieille de quelques siècles montre qu'au tournant du xxe siècle, on trouvait dans les foyers mongols (surtout chez les Bouriates septentrionaux) des figurines de bois ou de feutre, ou des formes humaines peintes sur un tissu, censées figurer  des esprits et utilisées pour les nourrir. Ces figurines sont appelées ongon à travers le monde sibéro-mongol, un terme qui désigne à la fois le support matériel (son étymologie le lie à la notion de « récipient » ou de « contenant ») et l’esprit qu’il est supposé accueillir. D’après les sources, les ongon servent de supports à des esprits affamés, qui y sont introduits par un chamane afin qu’ils cessent de semer le trouble dans un foyer affecté. Nourris régulièrement de sang et de viande grasse par cet intermédiaire, les esprits fauteurs de trouble sont censés s’apaiser et renoncer à dévorer la chair des membres de la maisonnée, qui dès lors recouvrent la santé. Bien entendu, avec l’adoption d’un régime d’inspiration soviétique en 1924 et la politique violemment antireligieuse qui s’en est suivie, les icônes elles-mêmes ont été bannies.  Aujourd’hui, les portraits funéraires sont exposés dans des cadres individuels suspendus aux perches du toit des yourtes, posés au milieu des vitrines de photos de famille sur les larges coffres qui occupent généralement le fond des habitations, ou accrochés aux murs du salon. La surface de ces coffres sert comme auparavant d’autel, des offrandes y étant déposées devant les portraits funéraires et devant les icônes qui les accompagnent parfois – mais paradoxalement moins souvent à présent qu’à la fin des années 1960. Icônes et portraits funéraires, au demeurant, sont clairement placés sur un plan de continuité : tous deux sont exposés au même endroit, dans le fond des habitations, mais souvent aussi de la même manière, dans des cadres individuels installés au-dessus ou à côté des vitrines de photos de famille. La continuité est telle que le terme « icône » (burhan) sert aussi à désigner les portraits funéraires. Cela n'est pas seulement dû au fait que les deux images reçoivent indifféremment les mêmes offrandes sur les coffres – on peut adresser des offrandes aux divinités en les disposant devant les portraits funéraires, et inversement. Sur le plan cosmologique, il pourrait sembler que les défunts sont pensés par analogie à des divinités. En effet, bien qu’il soit généralement admis en Mongolie qu’une personne « renaît » après sa mort, et malgré une distinction ontologique nette faite habituellement entre les morts et les divinités du panthéon bouddhique figurées sur les icônes, l’une des expressions pour dire « mourir » en mongol peut se traduire littéralement par « devenir divinité » (burhan bolo-).
Les portraits funéraires sont fabriqués à partir d’une photographie d’identité presque toujours agrandie, souvent colorisée, et parfois retouché à l’aide du logiciel de retouche d’images Photoshop. En agrandissant une photographie d’identité, en la colorisant et en présentant le mort sous la forme d’une « icône », les Mongols le parent d’un corps nouveau, un corps glorieux. En réalité, tout porte à croire que la retouche de la photographie du défunt, la fabrique de son portrait funéraire, n’est que la première étape d’un processus d’ancestralisation qui s’accomplit avec la fin des rituels de deuil, quarante-neuf jours après les funérailles proprement dites. Pendant toute cette période, les offrandes déposées devant son portrait lui sont spécifiquement destinées ; elles sont principalement réalisées à l’occasion de repas commémoratifs (budaalga), sept et vingt et un jours après les funérailles. Ces offrandes sont censées permettre d’accumuler des « mérites » (buyan) pour le compte du défunt, de manière à lui garantir une « bonne renaissance » (plus près d’un humain, plus loin d’un animal). Plutôt que d’agir sur le cadavre pour accomplir cette transmutation, les Mongols utilisent sa photographie, un double puissant qui retient quelque chose du défunt en même temps qu’il lui ressemble. On pourra mesurer à quel point ce quelque chose est envisagé ici de manière concrète en mentionnant que le portrait est souvent surmonté du tissu cérémoniel de soie (hadag) qui a été posé sur la bouche et le nez du défunt immédiatement après sa mort, pour recueillir son dernier souffle.

5/28/2014

Kültürel özgünlük'den turistik ürün'e - faydasız ve verimsiz mit - nasil ? - Tuareg, Orta Asya göçebe ve şamanlar, vb - yanlış büyülü dansı, yanlış mit - etnografik edebiyat, turizm profesyonelleri, sanatçılar, göçmenler.

From cultural authenticity to tourist product

What is the nature of the process leading to convert costume or dance into tourist promoting ? How do some cultures become tourist products ? When working on the first tourist sites a team of researchers reports on the importance of the gaze of the artist as well as of the scientist. In order to have the sea and the mountain to become  areas of tourist recreation, 'the sites need to be invented, that is to say a different gaze towards them than the former prevalent one until now with new meanings. Two glances have played an essential role, of the scientist that streamlines the landscape and of the artist that esthetizes it. The 'tourist implementation' of far and exotic destinations comes from these very same glances: in the nineteenth century, painters and authors as archeologists and historians make their contemporaries discover the East, in 1869, Egypt entered in the catalogue of the Thomas Cook agency (British Transport Commission). The touristic valorization of regional or ethnic cultures appeared as well at the nineteenth century, first in Europe then onto the United States and the countries of the South. Demonstrations of regional cultures and tourist advertisements describing the ways of life come from the scientist gaze supported by the one of the artist. In order to understand the way scientific knowledge (of the ethnologist, anthropologist or folklorist) became the basis of a tourist product, we looked at the North as well as the South and the settings of 'tourist implementation'  are often alike as far as the tourist are from the Western world. Ethnic discovery is not the root of tourism nor an explanation to part of its progress in Bretagne region while ethnographic literature has clearly transformed Dogon, Tuareg and Central Asia nomads in 'peoples to see'. A comparative study allows us to point out common characteristics to develop a better understanding of how ethnographic knowledge become a tourist product.  In Bretagne the Celtic myth  has been used by tourism stakeholders from the start of the second half of the nineteenth century, Bali hosts the firs tourists in 1920 interested by the island and in French speaking Louisiana 'folk production' and tourism development occurred at the same time. In Africa, tourism appeared clearly only at the beginning of the year 1970's and takes up the Touareg myth. While ethnographic knowledge makes progress, tourist products do not involve scientific changes. Hence, the Celts that nourished the myth are not the 'real' Celts archeologists work with. They are historical ghosts with slippery and elusive characters.  Whether they are officials responsible for touristic development or private contractors, outside the region or not, all tourism professionals have an essential role in the development of a scientist know-how of touristic stereotypes.  In Bretagne, images from ethnographic literature are distributed as much by tour guides, private contractors (restaurants, souvenirs shops, bed and breakfast owners, etc) as by local politicians. One of the UNESCO's objectives is to encourage ' the populations to create associations in order to redevelop abandoned traditional practices so that the cultural characteristics of villages will become tourist resources'.  In Bali, the State has been one of the leading players of the appropriation by tourism of orientalist knowledge since the colonial era as from 1967 when Suharto came to power. In Central Asia, since the USSR collapse, very colorful figures of shamans perform 'magical dances' that will be used to collect donations for an American pseudo-association of anthropology and cultural technology. If tourism professionals play a major role in using images from ethnographic literature, in this, three other types of actors do alike: artists, activists for 'cultural forming identity' associations and emigrants.  Because of his aesthetic intervention the artist, what was of scientific interest worthy also become beautiful to look at. Activists and emigrants have taken their culture identity up as well to promote it as an image of tourist product. For touristic discovering of different ways of life, of different so called ethnic or regional cultures, a scholarly knowledge that of the ethnologist has at first built the otherness making serve as a study field. For that otherness becomes tourist product other actors of professionals of tourist sector need to intervene: artists, professionals, activists and migrants. Résumé d'un article de Anne Gaugue.
An american tourist plays the role of the shaman
 De l'authenticité culturelle au produit touristique
Quel est le processus conduisant à faire du costume ou de la danse un élément de promotion touristique ? Comment certaines cultures deviennent-elles des produits touristiques ? Travaillant sur la naissance des lieux touristiques, des chercheurs  rendent compte de l’importance du regard de l’artiste mais aussi de celui du scientifique. Pour que la mer et la montagne deviennent des lieux de recréation touristique, « il a fallu qu’ils soient inventés, c’est-à-dire que soit porté sur eux un autre regard que celui qui dominait jusqu’alors et qu’ils soient investis de nouvelles significations. Deux regards ont joué un rôle essentiel, celui du scientifique qui rationalise le paysage, celui de l’artiste qui l’esthétise. La mise en tourisme de contrées lointaines et exotiques est issue de ces mêmes regards : au XIXe siècle, ce sont les peintres et les écrivains mais aussi les archéologues et les historiens qui font découvrir l’Orient à leurs contemporains, et en 1869, l’Égypte est inscrite au catalogue de l’agence de voyage Cook. La valorisation touristique des cultures dites régionales ou ethniques apparaît également au XIXe siècle, d’abord en Europe, puis se diffuse au cours du XXe siècle aux États-Unis ainsi que dans les pays du Sud. Démonstrations de cultures régionales et publicités touristiques décrivant les modes de vie sont issues d’un regard, celui du savant, relayé par celui de l’artiste. Pour comprendre la façon dont un savoir scientifique (celui de l’ethnologue, de l’anthropologue ou du folkloriste notamment) est devenu le support d’un produit touristique, nous nous sommes appuyés sur des exemples du Nord comme du Sud et les ressorts de la mise en tourisme sont souvent semblables, dès lors que les touristes sont occidentaux.  La découverte ethnique n’est pas à l’origine du tourisme et n’explique qu’en partie son développement en Bretagne alors que la littérature ethnographique a véritablement transformé les Dogon, les Touareg, les nomades d'Asie Centrale en « peuples à voir ». Une étude comparée nous permet cependant de faire ressortir des caractéristiques communes et de mieux comprendre comment un savoir ethnographique devient un produit touristique. En Bretagne, le mythe celtique est utilisé par les acteurs du tourisme dès la seconde moitié du XIXe siècle, Bali reçoit les premiers touristes attirés par la culture de l’île dans les années 1920 et en Louisiane francophone, la production folklorique et le développement du tourisme culturel ont lieu de façon presque concomitante. En Afrique, le tourisme n’apparaît réellement qu’au début des années 1970 et s’empare dès ses débuts du mythe touareg. Alors que les savoirs ethnographiques évoluent, les produits touristiques n’intègrent pas les nouveautés scientifiques. Ainsi ces Celtes qui « nourrissent le mythe ne sont en rien les ’vrais’ Celtes sur lesquels travaillent les archéologues. Ce sont des fantômes historiques à la personnalité fuyante et insaisissable ". Des responsables des politiques touristiques aux entrepreneurs privés, extérieurs ou non à la région, l’ensemble des professionnels du tourisme jouent un rôle essentiel dans la transformation d’un savoir savant en stéréotypes touristiques. En Bretagne, les images issues de la littérature ethnographique sont diffusées tout autant par les guides touristiques, les entrepreneurs privés (faïencerie, hôteliers soutenant l’organisation des fêtes folkloriques) ou encore les collectivités locales, de la commune à la région. En Louisiane, le développement d’un tourisme axé sur la découverte de la culture cadienne a été activement soutenu par l’État ainsi que par des entrepreneurs privés (restaurateurs, vendeurs de souvenirs, propriétaires de bed and breakfast, etc.) et des hommes politiques locaux. L’un des objectifs de l'UNESCO est d’encourager « les populations à créer des associations remettant en valeur des pratiques abandonnées, avec l’intention de transformer les spécificités ’culturelles’ des villages en ressources touristiques ».  À Bali, l’État a été l’un des principaux acteurs de l’appropriation par le tourisme du savoir orientaliste, que ce soit à l’époque coloniale ou depuis 1967, date de l’arrivée au pouvoir de Suharto. En Asie Centrale, depuis l'effondrement de l'URSS, l'onirisme de shamans hauts en couleurs, qui effectuent des danses 'magiques', servira pour récolter des dons qui deviendront subventions pour une 'pseudo-association' anthropologique américaine spécialisée en technologie culturelle . Si les professionnels du tourisme jouent un rôle majeur dans l’utilisation touristique d’une image issue de la littérature ethnographique, ils sont cependant aidés dans ce sens par trois autres types d’acteurs : les artistes, les militants d’associations « culturo-identitaires » et les émigrés. Grâce à l'intervention esthétique de l'artiste, ce qui était digne d’intérêt d’un point de vue scientifique devient également beau à voir. Militants régionalistes et émigrés se sont également approprié l’image de leur culture issue de la littérature ethnographique et ont favorisé son utilisation par le tourisme. Pour la découverte touristique des modes de vie, des cultures dites ethniques ou régionales, c’est un savoir savant, celui de l’ethnologue, qui dans un premier temps construit l’altérité en en faisant un objet d’étude. Pour que l’altérité devienne produit touristique, il faut également qu’interviennent d’autres acteurs, artistes, professionnels du secteur touristique ou encore migrants et militants régionalistes. Résumé d'un article de Anne Gaugue.

5/27/2014

Antropoloji ve bilim-kurgu 2 - Üstün ırk - totipotent hücreler araştırma - kök hücreleri - Genetik Olarak İnsan Irkının Islahı Bilimi

Anthropology and science-fiction 2 -
By the end of the novel 'Mutation' from Robin Cook, Victor Franck Junior, VJ embodies on his own a totalitarian system seeking the total control of reproduction of the species, as Nazis and Neo-Nazis do. Furthermore, he physically personifies  the specific ideal of Aryan Race as imagined by the Third Reich theorists : while his parents have brown hair, his eyes are surprisingly blue and cold. The same applies for the gifted children from implant, in a surrogate mother, of embryos produced by in vitro fertilization from Marsha's and Victor's ova. It is a recurring phenomenon in Science-fiction novels  : children embodying a new human race, superior to the former, are almost always blond with blue eyes and an inhuman coldness. This being the case of the children from mysterious implant of the women in "Village of the Damned" (Rilla 1960, Carpenter 1995). Idem in the movie godsend (Beaumont, 1980) a family obligingly hosts an unknown woman who is just going to give birth. As soon as she gave birth, she disappears fading without trace. The little girl, blond with blue eyes like her mother, is going to kill member after member the four children of her foster family. These movies suggest that those children which came from elsewhere belong to a more advanced race that lost the capacity for reproduction. They have an upper intelligence and extraordinary capabilities but, like VJ, they lack all emotions and are very cruel, sometimes pervert. Their aim: to use earthly human female as surrogate mother to finally supplant this inferior human kind they feel justified to exploit. Like the cuckoo, these species lay their eggs into others' nests and destroy those which were already there. We have here an excellent illustration of the complexity of racialisation ideological process: the old climate theory (Aristotle and Montesquieu) continues to operate without us knowing and is integrated to Malthusian and Darwinian theories. On one side, the lower categories of humans (classes and races) are expected to be most prolific while the upper categories would tend to be infertile, That's why those last need to find ways to control reproduction to their benefit. On the other side, one tends to oppose northern white races superiority, rational, strong and domineering to the inferiority of the southern regions 'races' emotional and soft and hence more doomed to enslaving. The first being blond with blue eyes while the other with brown, black or darkly pigmented skin which is often perceived as in substitution for the foregoing species on the evolution scale, of which the Northern races have moved away before. But there is another theory, mostly forgotten by anthropologists, likely to explain the Northern like human kind granted to the human species that should supplant ours in fictional imaginary. It creeps constantly into contemporary ideology without any one taking reference to it. It is the neoteny theory proposed by Block. To him, the characteristic of human body, depigmentation, absence of pelage, ovoid skull with a big brain, the face with juvenile appearance by reducing the jaw size, the teeth, the eye brow arch and the nasal line - would be the result of the emergence in human beings of an inhibiting factor of morphological structures differentiation so that it does not progress onto a completed adult phase as in other mammal species. On the one side, human would be born neotenic, that is prematurely, and the late closing of the skull bones joints, the fontanels, was to have enabled the continuation of the cerebral development and the related  intellectual skills, far beyond those of other primates. On the other side, this human being adult would retain the physical characteristics belonging to primates fetus. It should soon be possible of mankind superiority to be directly correlated to his physical characteristics. Hence, to Gould, "juvenile characteristics are a potential adaptations tank". It will be noted in which extent this discourse about maintaining totipotency resonates with the actual discourse over stem cells: the least an organism, or one of its elements, is being differentiated in its embryological development, the more it is likely to be perceived as the bearer of a endless future or infinitely reproduced. This idea when used in popular culture representations led undoubtedly to describe the species likely to overtake human kind in the fields of technology and intelligence - extraterrestrial beings travelling from one galaxy to another - as transparent fetus: a big ovoid head with big eyes on a small body and/or elongated shape looking like an embryo (ET for Steven Spielberg, the Asgards in the American tv show Stargate). Access to reproduction has ceased to be the first 'raison d'être' of maturation of individuals, as it is the case for other species much more prolific than mankind. Marika Moiseeff in "La Cohérence" 


 ANTHROPOLOGIE ET SCIENCE 2
De plus, il personnifie physiquement l'idéal type de la race aryenne tel que fantasmé par les théoriciens du troisième Reich : alors que ses parents sont bruns, il est blond et ses yeux sont d'un bleu surprenant et froid. Il en est de même des autres enfants surdoués issus de l'implantation dans une mère porteuse des embryons obtenus par fécondation in vitro des ovules de Marsha et de Victor. C'est un phénomène récurrent dans la science-fiction : les enfants incarnant une nouvelle espèce humaine, supérieure à la précédente, sont presque toujours blonds aux yeux bleus et d'une froideur quasi inhumaine. C'est le cas des enfants issus de l'insémination mystérieuse des femmes dans Le village des Damnés (Rilla 1960, Carpenter 1995). Idem dans le film Godsend (Beaumont, 1980) où une famille accueille obligeamment une inconnue sur le point d'accoucher. A peine a-t-elle mis au monde son bébé qu'elle disparaît sans laisser de traces. La petite fille, blonde aux yeux bleus comme sa mère, va tuer l'un après l'autre les quatre enfants de sa famille d'accueil. Dans ces films, on nous laisse subodorer que ces enfants venus d'ailleurs appartiennent à une espèce plus évoluée ayant perdu la capacité de se reproduire seule. Ils ont une intelligence supérieure et des capacités extraordinaires mais, comme VJ, ils sont dépourvus d'affects et d'une grande cruauté, parfois perverse. Leur objectif : utiliser les femelles humaines terriennes comme mères de substitution pour supplanter, à terme, une humanité qu'ils jugent très inférieure à eux et qu'ils estiment donc en droit d'exploiter. A l'instar du coucou, cette espèce dépose ses œufs dans le nid des autres et suppriment ceux qui s'y trouvaient déjà. Nous avons là l'illustration de la complexification du processus idéologique de racialisation : la vieille théorie des climats (d'Aristote à Montesquieu) continue à opérer à notre insu (Bourdieu 1980), et elle est intégrée aux théories malthusiennes et darwiniennes. D'une part, les catégories inférieures (classes, puis races) sont censées être plus prolifiques que les supérieures qui auraient, au contraire, une propension à l'hypofertilité, d'où la nécessité pour ces dernières de trouver les moyens de contrôler la reproduction à leur profit. D'autre part, on tend à opposer la supériorité des « races » nordiques, rationnelles, dures et « naturellement » dominatrices, à l'infériorité des « races » méridionales, émotionnellement chaudes et molles et, par là, vouées à l'asservissement. Les unes sont blondes aux yeux bleus, les autres brunes voire noires, une pigmentation foncée qui est souvent  perçue comme substitutive de l'espèce qui les précède tout juste sur l'échelle de l'évolution, dont les races nordiques se sont déjà éloignées plus avant. Mais il est une autre théorie, généralement négligée par les ethnologues, susceptible d'expliciter le type nordique conféré à l'espèce humaine qui devrait supplanter la nôtre dans les représentations fictionnelles. Elle infiltre l'idéologie raciale contemporaine constamment sans qu'on s'y réfère jamais directement. Il s'agit de la théorie de la fœtalisation ou de la néoténie proposée par Bolk. Pour celui-ci, la particularité de la morphologie du corps humain – dépigmentation, absence de pelage, boîte crânienne ovoïde contenant un gros cerveau, visage d'aspect juvénile par réduction de la taille des mâchoires, des dents, des arcades sourcilières et de la projection nasale – serait la résultante de l'apparition chez l'homme d'un facteur inhibant la différenciation des structures morphologiques de sorte qu'elles n'évoluent pas vers un stade adulte achevé comme chez les autres mammifères. D'une part, l'homme naîtrait néotène, c'est-à-dire avant terme, et la fermeture tardive consécutive des jointures des os de son crâne, des fontanelles, aurait permis la poursuite du développement cérébral et des capacités intellectuelles afférentes, bien au-delà de ceux des autres primates. D'autre part, il conserverait, une fois devenu adulte, les caractéristiques physiques propres aux fœtus des primates. La supériorité intellectuelle de l'homme va donc pouvoir être directement corrélée à son aspect physique si spécifique. De fait, pour Gould, « les caractéristiques juvéniles sont un réservoir d'adaptations potentielles ». On remarquera combien ce discours sur le maintien d'une totipotence rejoint le discours actuel sur les cellules souches : moins un organisme ou un de ses éléments est différencié sur le plan embryologique, plus il est perçu comme porteur d'un devenir sinon infini du moins infiniment démultiplié. Cette idée reprise au niveau des représentations populaires a sans doute conduit à dépeindre les espèces censées dépasser l'homme sur les plans de la technologie et de l'intelligence – les extra-terrestres voyageant d'une galaxie à l'autre – comme des fœtus translucides : une grosse tête ovoïde avec de grands yeux sur un corps petit et/ou longiligne ayant parfois l'apparence d'un embryon (cf. E.T., l'extra-terrestre de Spielberg, les Asgards de la série américaine Stargate). L'accession à la reproduction ne constitue plus la raison d'être première de la maturation des individus, comme c'est habituellement le cas dans les autres espèces inférieures qui sont beaucoup plus prolifiques que lui. Marika Moiseeff in "La Cohérence" 


5/26/2014

Antropoloji ve bilim-kurgu - Evrimcilik, türlerin gelecek, insan üreme kontrolü, totaliter sistem - Neonaziliği

Anthropology and Science-Fiction - Evolutionism, future of the species, control of human reproduction, totalitarian system, Neo-Nazism.
By the end of the novel 'Mutation' from Robin Cook, Victor Franck Junior, VJ, the ten years old central figure invites his parents to visit he laboratory he succeeded to get built for him in secret and without their knowledge through his tremendous skills. His mother had to have a hysterectomy after she gave birth to his older brother therefore he has been conceived by in vitro fertilization from gametes donated by his parents implanted into the womb of a surrogate mother who was driven out as soon as she gave birth to him. His father, Viktor, obstetrician became a Gene researcher, he achieved without a word and by transgressing all rules of deontology a genetic manipulation on the fertilized egg prior to the implantation : he inserted in the genome a neurological growth factor. It is thus VJ could develop a phenomenal intelligence that comes with a total absence of emotion and moral instinct. Marsha, his mother is a psychiatrist and discovered he killed five persons including his older brother.
VJ discloses his parents about the origin his brothers and sisters and their children, their evolution, a new unique kind of human procreation, asexual reproduction and totally mechanized, through artificial womb of which he is the developer and of which he fully understand the mechanisms. As in the novel 'Brave New World' (Huxley 1937), human reproduction mechanization using exclusively artificial wombs is associated with the emergence of a new biological hierarchy between upper and lower beings : here between VJ and his brothers and sisters, in Huxley's novel between on one side the Alphas and the Betas, produced by in vitro fertilization of only one egg and, on the other side, the Deltas and the Epsilons produced by cloning (Bokanovsky's Process) of the same egg. According to a more simplified Darwinian perspective, the "strong ones" embodied by the new species eliminate the "biological weak ones" (the ancient ones, the outdated, the obsolete ones) in order to create a new species to enslave them. This would have happened with the sapiens sapiens that would have eradicated ancient species to shape others, domestic animals or pets, to subject them and impose their will. A new jump in the evolution is expected to be accompanied by an increase of intelligence and a resulting decrease of emotions and moral instinct.
In this novel, everything happens as if judged male personality traits were directly transmitted from matter and genome while female characteristics could only be transmitted through touch whit the mother that would be relevant if initiated during pregnancy : the skill to love would be transmitted on a much more subtle level than intellectual skills. In this contemporary fictional perspective, the hard core of transmission, intellectual skills, go through the father. Being entitled to identify, of altruism and reflexivity that is to say what is underlying the concept of 'soul' or sensitivity could be only transmitted through the 'real' mother. The eviction of the biological or surrogate mother led Viktor to generate another himself immune to any feminine influence : Viktor Junior is a distinctive result of masculinity. He can then take over his father's task, the manufacturing of the living while streamlining : VJ is free of all needs from woman body for the making of body-machines lacking intelligence. He is the designer of the machinery that made his brothers and sisters fabricated starting from raw materials he can shape as he sees fit.
In the Western world, science became the engine of acquisition of knowledge and of technical advancement both meant to be limitless. Its operating system is enabling extrapolation and future species identification. Victor, the father, unscrupulous man of science propelled the future in present time. Through his affection to his wife he conducts a step backwards by killing his creation. By doing so, he embodies, to his son view, the past. However, once forces of progress have been set in motion, nothing can stop this movement. In this fiction, the new species emerges indeed from human former species, but in an artificial way, and for that very reason supposedly reflects no emotions but a mechanical way of thinking as an extension of the technique on which it is founded. VJ embodies on his own a totalitarian system seeking the total control of reproduction of the species, as Nazis and Neo-Nazis do. Marika Moiseeff in "La Cohérence" 


ANTHROPOLOGIE ET SCIENCE-FICTION  

Vers la fin du roman 'Mutation' de Cook, Victor Franck Junior, VJ, le personnage central, alors âgé de dix ans, convie ses parents à visiter le laboratoire qu'il a réussi à se faire construire, dans le plus grand secret et à leur insu, grâce à ses facultés inouïes. Sa mère ayant dû subir une hystérectomie à la suite de l'accouchement de son frère aîné, il a été conçu par fécondation in vitro à partir des gamètes de ses parents, et implanté dans une mère porteuse évincée dès sa mise au monde. Son père, Victor, médecin obstétricien devenu chercheur en génétique, a effectué, sans en dire mot à quiconque et en transgressant toute règle déontologique, une manipulation génétique sur l'ovule fécondé préalablement à son implantation : il a inséré dans le génome un facteur de croissance neurologique. VJ a ainsi pu développer une intelligence phénoménale allant de pair avec une absence totale d'affects et de sens moral. Marsha, sa mère qui est psychiatre, vient de découvrir qu'il a tué cinq personnes dont son frère aîné.
VJ révèle à ses parents l'origine du développement de ses frères et sœurs, leurs enfants, une procréation humaine d'un genre nouveau, asexuée et totalement mécanisée, via utérus artificiels dont il est le concepteur et dont il maîtrise entièrement les rouages. Comme dans Le Meilleur des mondes (Huxley, 1932), la mécanisation de la reproduction humaine au moyen exclusif d'utérus artificiels est associée à l'émergence d'une nouvelle hiérarchisation biologique entre supérieurs et inférieurs : entre VJ et ses frères et sœurs, et, chez Huxley, entre, d'un côté, les Alphas et les Bêtas, produits chacun par fécondation in vitro d'un seul ovule, et, de l'autre, les Gammas, les Deltas et les Epsilons, produits par clonage (« bokanovskification ») d'un même œuf. Selon une perspective darwinienne simplifiée, les « forts », incarnés par la nouvelle espèce, éliminent les « naturellement » faibles (les anciens, périmés, obsolètes) pour en créer d'autres de manière à les asservir. Il en aurait été ainsi des sapiens sapiens qui auraient éradiqué d’anciennes espèces et en auraient façonné d’autres, animaux domestiques ou de compagnie, pour les soumettre à leur bon vouloir. Un bond sur l'échelle de l'évolution est censé s'accompagner d'une augmentation de l'intelligence et d'une diminution concomitante de la sensibilité et du sens moral.
Dans cette histoire, tout se passe comme si les traits de personnalité qualifiés de masculins étaient directement transmis à partir de la matière et du génome, tandis que les caractéristiques dites féminines ne pouvaient être transmises que par un contact charnel avec la mère qui ne serait efficace qu'à condition d'être initié lors de la grossesse : la capacité à aimer se transmettrait d'une façon bien plus subtile que les capacités intellectuelles. Dans cette perspective fictionnelle contemporaine, le noyau dur de la transmission, les aptitudes intellectuelles, passe par le père. La faculté d'identification et d'attention à l'autre et la réflexivité, c'est-à-dire ce qui sous-tend les notions d'âme ou de sensibilité, ne pourraient être transmises, quant à elles, que par une « vraie » mère. En évinçant la mère biologique et la mère porteuse, Victor a engendré un autre lui-même immunisé contre toute influence féminine : Victor junior est un pur produit masculin. Il peut alors reprendre la tache paternelle, la fabrication du vivant, en la peaufinant : VJ se passe de tout corps féminin pour fabriquer des corps-machines dépourvus d'intelligence. Il est le concepteur de la machinerie dont ses frères et sœurs sont les produits, fabriqués à partir de matières premières, des embryons congelés, qu'il peut façonner à sa guise.
En Occident, la science est devenue le moteur de l'acquisition des connaissances et du progrès technologique, tous deux supposés sans limites. Son mode de fonctionnement permet d'extrapoler et de déterminer l'avenir de l'espèce. Victor, le père, en homme de science sans scrupules, a propulsé le futur dans le présent. Grâce à l'affection qu'il porte à sa femme, il effectue un retour en arrière en tuant sa créature. Ce faisant, il incarne le passé aux yeux de son fils. Mais, une fois qu'on les a mises en branle, on ne peut arrêter les forces du « progrès ». Dans cette fiction, la nouvelle espèce émane bien d'une espèce humaine antérieure mais de façon artificielle et, pour cette raison même, elle est censée être dépourvue de tout affect et n'avoir qu'une pensée opératoire, à l'image de la technique dont elle est issue. VJ incarne à lui tout seul un système totalitaire cherchant à maîtriser entièrement la reproduction, à l'exemple des nazis. Marika Moiseeff in "La Cohérence" 


5/25/2014

Palme d'Or Nuri Bilge Ceylan "Winter Sleep" film için


Nuri Bilge Ceylan : "Ödülümü son 1 yılda hayatını kaybeden Türk gençlerine ve Soma'da hayatını kaybeden madencilere adıyorum"

5/14/2014

Bilim Kurgu - genetik ve biyoteknoloji ilerleme - evrim teorisi - savaş nesiller arasında - biyolojik ya da ideolojik?


"40 000 years ago, the predominant species on earth [homo sapiens neandertalensis] was annihilated by a most powerful form of life [homo sapiens sapiens]. Ours. Today new species appeared ... Stronger, with a higher intelligence, its sole purpose: exterminate us ... Once again, it is the strong who survive. But this time we became prey" From the American tv show "Prey".


In a magazine, a short article reported that for every generation, children became more intelligent than their parents. Therefore, what will happen with the relations between generations in the future ? This question is all the more relevant as technological progress, on one side, seem to increase indefinitely in acceleration, on the other side, they became determining factor in assessing the degree of the evolution of the differential between cultures, civilizations, populations. Everything happens as if technology adaptation of children, sign of greater intelligence, in some extent was counterbalancing by a lower sensitivity to moral values that "high culture", and specifically literature, would be the unique position to instill. The opposition between intelligence and spirituality, intellectual reason and emotional sensitivity in all contemporary representations of social life will be focused with the ideology underlying relations between generations. This ideology constitutes a fundamental importance upon evolutionism and biological theories. Indeed, biology has profoundly modified the ways in which one conceives and intervenes regarding human reproduction and one must take into account the disruptions resulted which have a direct impact on the way to consider intergenerational relations. Yet history reminds us that differences lead almost inevitably to forms of hierarchy : the members of premium categories attempt to subordinate, and even to enslave the others. In this perspective, the new children would be likely to become masters of their parents. In contemporary fiction, this eventuality plays on ambivalent feelings between generations in Western contemporary societies, in particular among the middle and upper class.
Western countries societies after Second World War have developed a significant issue in films and popular novels : the transformation of the teenage child into a predator, the mutation of the teenager into werewolves, vampires and other creatures.  Stephen King is on of the master in this field, Carrie (1974) and moreover The Children of the Corn (1977) where in a small American town children carefully massacre their relatives and any adult within their grasp. Possessed by the vengeful spirit of the corn, they claim to wash out the sins accumulated by their ancestors who killed and deprived Indians. Baby boomers although privileged in their relations with their parents, have been, when teenagers and young adults, brutally confronted with atrocities perpetrated by the previous generation, the Jewish people genocide, Hiroshima and Nagasaki, the independence wars of former colonies, and the struggle for oppressed ethnic minorities civil rights? The massacre of parent by their children is the metaphor of the resentment of the young of that time against their parents. Nowadays science fiction describes a generation born in the context of genetics and biotechnology amazing progress. Authors continue along the lines set out by Huxley's Brand New World, by integrating much more directly the evolution theory; the resulting war between generations is therefore first biological instead of ideological. The central motif is the begetting of gifted children threatening the future of humankind; from genetic manipulations or dissemination of a foreign DNA (viral or alien), from evil incarnation or a more or less malefic spirit. In popular fiction, extrapolation of biotechnological consequences implied by the emergence of the modern scientific area, genetics, affected the way one conceives the reproducing of children (its possible delinkage from sexuality), the specific role of women in that issue (pregnancy) and more broadly the relationship between men and women, mothers and fathers, parents and children. Marika Moiseeff in "La Cohérence" translated by myself.



« Il y a 40 000 ans, l'espèce prédominante sur terre [homo sapiens neandertalensis] fut anéantie par une nouvelle forme de vie plus puissante [homo sapiens sapiens]. La nôtre.  Aujourd'hui une nouvelle espèce est apparue... Plus forte, d'une intelligence supérieure, son seul but : nous anéantir. ... A nouveau, ce sont les plus forts qui survivront. Mais cette fois nous sommes devenus les proies. » Générique de la série américaine Prey, sous son titre français ADN Menace immédiate


Un court article du magazine Metro signalait qu'à chaque génération, les enfants devenaient plus intelligents que leurs parents.  Alors, qu'en sera-t-il des relations entre générations, dans le futur ? Question d'autant plus pertinente que les progrès technologiques, d'un côté, paraissent pouvoir s'accélérer de façon infini et que, de l'autre, ils sont devenus un facteur déterminant pour évaluer le degré d' « évolution » différentiel entre « cultures », « civilisations » ou « populations ». Tout se passe comme si l'adaptation des enfants à la technologie, signe d'une plus grande intelligence, était en quelque sorte contrebalancée par une moindre sensibilité aux valeurs morales que la haute culture, et notamment la littérature, serait seule à même d'inculquer. C'est l'opposition entre intelligence et spiritualité, entre raison intellectuelle et sensibilité affective, dans les représentations contemporaines sera mise en perspective de l'idéologie sous-tendant aujourd'hui les rapports entre générations. Cette idéologie confère aux théories biologiques, et plus précisément à l'évolutionnisme, une importance fondamentale. De fait, la biologie a profondément modifié nos modes de conception et d'intervention concernant la reproduction humaine et on doit supposer que les bouleversements qu’ils ont entraînés a une incidence directe sur la façon d’envisager le rapport entre les générations.  Or l'histoire nous apprend que les différences conduisent quasi inéluctablement à des formes de hiérarchisation : les membres des catégories jugées supérieures tendent à subordonner, voire à asservir, les autres. Dans cette perspective, les « nouveaux » enfants seraient susceptibles de devenir les maîtres de leurs parents. Dans la fiction contemporaine, cette éventualité joue sur l'ambivalence des sentiments entre générations dans les sociétés occidentales actuelles, notamment dans les classes moyennes et supérieures. 
Les sociétés occidentales ont au décours de la deuxième guerre mondiale, développé un élément significatif dans les films et les romans populaires : la transformation de l'enfant en prédateur aux alentours de la puberté figurée, par exemple, par la métamorphose de l'adolescent en loup-garou, vampires, ou en d'autres créatures. Stephen King est l’un des maîtres en la matière : cf. Carrie [1974], et plus encore Les enfants du maïs [1977] où les adolescents d'une petite ville américaine massacrent consciencieusement leurs parents et tout autre adulte à leur portée. Possédés par l'esprit vengeur du maïs, ils déclarent devoir laver les péchés perpétrés par leurs ancêtres qui ont tué et spolié les Indiens. Les baby-boomers, bien que matériellement privilégiés par rapport à leurs parents, furent, à l'adolescence ou au début de l'âge adulte, brutalement confrontés aux atrocités perpétrées par la génération précédente – le génocide des juifs, Hiroshima et Nagasaki –, aux guerres d'indépendance des ex-colonies, et au combat pour leurs droits civiques des minorités ethniques opprimées. Le massacre des parents par leurs enfants est une métaphore du ressentiment des jeunes de cette époque contre leurs parents. De nos jours la science-fiction décrit la génération née dans le contexte des progrès fulgurants de la génétique et de la biotechnologie. Les auteurs y poursuivent le sillon tracé par Huxley dans Le Meilleur des mondes, en intégrant beaucoup plus directement la théorie de l'évolution ; la guerre entre générations qui en découle est donc d'abord biologique avant d'être idéologique. Le motif central est l'engendrement d'enfants surdoués menaçant l'avenir de l'humanité ; ils sont issus d'une manipulation génétique ou de la dissémination d'un ADN étranger (viral ou extraterrestre), de l'incarnation du diable ou d'un esprit plus ou moins maléfique. L'extrapolation dans la fiction populaire des conséquences de la biotechnologie sous-tendue par l'émergence d'une nouvelle discipline scientifique, la génétique, a modifié la façon de concevoir la reproduction (sa possible dissociation d'avec la sexualité), le rôle spécifique des femmes en ce domaine (la gestation) et, plus généralement, le rapport entre hommes et femmes, pères et mères, parents et enfants. Marika Moiseeff in "La Cohérence" 

5/13/2014

Çelişki ve bağdaşım - görünür ve görünmez - toprak üretiyor, değiştiriyor, eritiyor ilişkileri - toprak somut - ilişkileri soyut - insanlar somut - isimler soyut - hakkı mülkiyet - hakkı mülkiyet.

CONTRADICTION AND COHERENCE
Within a interpretative paradigm, both significance units that determine rituals are described through metaphors by interested ones, the metaphor special emphasis is to possess a broad range of meanings as, for example, agriculture, meteorology, body, blood and moods, etc. Or a second interpretative path is opened up. We may consider, as Daniel de Coppet did, these analogies refer back in the conscience of the persons to an underlying experience that would be "what goes without saying, what all the members of the society share together".  In Melanesia, the relation people have with this share background is not of the nature of what we call faith in the religions of book. And this shared background is described through comparative metaphors such chosen as to make it more obvious, more general. In that respect, to move forward, we may and must reconsider the metaphors used by D. de Coppet conditioned by the notion of conservation, renewal and flow of life (the ritual "revives the society", "allows to maintain its existence" or to "renew it"), but it seems imperative to take account of at least three comparative progresses that this author exploited to analyze rituals : inseparability of religious, political and economic areas in rituals, the relative indistinction of subjects and objects when circulating (being given or received) and consequently, the fact that human beings, as animals, things, and the supernatural beings are all made of the same components that form the cosmos, and that is not things that present as concrete but rather as various relationships.
Contradiction and Coherence - However logical contradiction through words, rituals or heterogeneous facts is spelled out by a society, is not necessarily the sign of lack of coherence for the members of this society. Sometimes contradiction shows a change in level value. What is true of one reference value will not necessarily be for a reference to another value. Yet one could conceive contradiction as apparent, as a result of social prejudices and that is only needed to be lift away to show that for the studied society there is no termination but continuity between both concepts.
Melanesians regard relationships as manufacturing things and more broadly the world, such as we think work manufactures things. Hence, as a consequence, they assume that earth is the product of relationships that made it appear: kinships, policies, wars, etc. But simultaneously they are owners of their lands with interest of promoting its products through negotiating rules covering trade with foreign companies (mines, rare essences of noble plants, etc). They also assume that earth is an object that produces things to benefit the human beings. Therefore there is an apparent contradiction between both points of view. Yet in Melanesian mind, the producing aspect of earth is not a bar to the dimension of its cosmological universe. Both are source of life. In the first meaning, in cosmological universe, earth is intangible and can be thought of a trademark for the presence of one clan on earth. By contrast, in the second meaning, earth is alienable :
"Trees and earth from which they originated, are tangible and one can possess them. In fact, trademarks are "things-in-action" : rights that in contrast to rights of possession, may only be claimed by a legal action. They belong to this intellectual property category generally described as tangible."
On Melanesian lands one protects signs of ancestral limits. These borders function as "things-in-action" in no other way than when enabled by the clan in their entireties. In Melanesia working is about fabricating relationships, create them, modify them, dissolve them. The work of earth is similar to this work with relationships. It is fabricating groups. Earth fabricates human beings in relation to each other, these human beings bear names and also plants which as soon as being part of exchanges will be associated to these same names. Named plants and named humans become consequently extensions of land and the clan includes all past and future generations and all the products earth can generate. Translated by myself, author Andre Iteanu, in "La Cohérence"


 Contradiction et coherence
Au sein d'un paradigme interprétatif, on dira que chacun des blocs de signification qui compose les rituels est décrit par les intéressés à l’aide d’une métaphore qui a pour particularité de posséder un spectre large de signification comme, par exemple, l’agriculture, la météorologie, le corps, le sang, les humeurs corporelles, etc.
Ou bien une seconde voie interprétative est ouverte. On peut considérer, comme Daniel de Coppet, que ces analogies renvoient dans la conscience des intéressés à une sorte d’épure sous-jacente qui serait « ce qui va de soi, ce que les membres de toute société partagent entre eux ». En Mélanésie, le rapport que les sujets entretiennent avec ce fond partagé n’est pas de l’ordre ce que nous appelons la foi dans les religions du livre. Et ce fond partagé est décrit à l’aide de métaphores comparatives choisies de manière à le rendre manifeste et général. Dans cette voie, pour aller de l’avant, on peut, et on doit, reconsidérer les métaphores que Daniel de Coppet a retenues et qui sont sous-tendues par l’idée de conservation, de renouvellement et de circulation de la vie (le rituel « relance la société », « permet de la perpétuer », ou de la « renouveler »), mais il me semble impératif de prendre en compte au moins trois avancées comparatives que cet auteur a  l’analyse des rituels : l’inséparabilité des domaines religieux, politique et économique dans les rituels, l’indistinction relative des sujets et des objets lorsqu’ils sont en train de circuler (être donnés ou reçus) et en conséquence, le fait que les êtres humains, comme les animaux, les choses et les êtres surnaturels sont tous composés des mêmes éléments qui forment le cosmos, c’est-à-dire, non pas des choses qui se présentent comme des matières, mais comme une diversité de relations.

Contradiction et cohérence

 Qu’une société énonce une contradiction logique, par la parole, dans les rituels ou dans des faits qui semblent hétérogènes, n’est pas nécessairement le signe d’une absence de cohérence pour les membres de cette société. Parfois, la contradiction marque un changement de niveau de valeur. Ce qui est vrai en référence à l’une des valeurs ne l’est plus en référence à une autre. Mais on peut concevoir aussi que la contradiction n’est qu’apparente, qu’elle relève de nos préjugés sociaux qu’il suffit de lever pour montrer  qu’au regard de la société étudiée, il n’y a pas rupture, mais continuité.

Les Mélanésiens considèrent que les relations produisent les choses et plus généralement le monde, tout comme nous pensons que le travail fabrique des produits. En conséquence, ils considèrent que la terre a été produite par les relations sociales qui l’ont fait advenir : parenté, politiques, guerres, etc. Mais simultanément, ils sont les possesseurs de leurs terres et s’intéressent à en valoriser les produits, en négociant les droits, par exemple, avec des firmes étrangères (mines, commerce d’essences rares, etc.). Ils considèrent donc aussi que la terre est un objet qui produit des ressources pour le bénéfice des hommes.
Il y a donc une contradiction apparente entre ces deux points de vue. Et pourtant, dans l’esprit des Mélanésiens, l’aspect producteur de la terre ne s’oppose pas à sa dimension cosmologique. Les deux sont source de vie au sens large. Dans son premier sens, cosmologique, la terre est intangible, elle pourrait donc être pensée comme une marque déposée de la présence d’un clan sur une terre. Par contre, dans son second sens, elle est aliénable.
« Les arbres, comme la terre dont ils sont issus, sont tangibles et on peut les posséder. Par contraste, les marques déposées, comme le disent les juristes, sont des chose-en-action : des droits qui, par opposition aux droits de possession, ne peuvent être revendiqués que par une action légale. Ils appartiennent à cette classe de propriété intellectuelle généralement décrite comme intangible »
Sur la terre mélanésienne, on protège les limites des marques ancestrales. Ces frontières fonctionnent comme des choses-en-action car elles n’ont pas d’autre manière de se manifester que quand elles sont activées par les clans dans leur ensemble. En Mélanésie, le travail consiste avant tout à s’occuper des relations, à les créer, à les modifier, à les dissoudre. Le travail que la terre fournit est à l’image de ce travail sur les relations. Il produit des groupes. La terre produit en effet des êtres en relation, c’est-à-dire des hommes porteurs d’un nom et en même temps des plantes qui seront associés à ces noms dès qu’elles circuleront dans les échanges. Les hommes et les plantes nommés sont donc considérés comme des extensions de la terre, et le clan comprend toutes les générations passées et futures ainsi que tous les produits que la terre a le potentiel de générer. André Itéanu in "La cohérence"