CONTRADICTION AND COHERENCE
Within a interpretative paradigm, both significance units that determine
rituals are described through metaphors by interested ones, the metaphor
special emphasis is to possess a broad range of meanings as, for example,
agriculture, meteorology, body, blood and moods, etc. Or a second
interpretative path is opened up. We may consider, as Daniel de Coppet did,
these analogies refer back in the conscience of the persons to an underlying
experience that would be "what goes without saying, what all the members
of the society share together". In
Melanesia, the relation people have with this share background is not of the
nature of what we call faith in the religions of book. And this shared
background is described through comparative metaphors such chosen as to make it
more obvious, more general. In that respect, to move forward, we may and must
reconsider the metaphors used by D. de Coppet conditioned by the notion of
conservation, renewal and flow of life (the ritual "revives the
society", "allows to maintain its existence" or to "renew
it"), but it seems imperative to take account of at least three
comparative progresses that this author exploited to analyze rituals :
inseparability of religious, political and economic areas in rituals, the
relative indistinction of subjects and objects when circulating (being given or
received) and consequently, the fact that human beings, as animals, things, and
the supernatural beings are all made of the same components that form the cosmos,
and that is not things that present as concrete but rather as various
relationships.
Contradiction and Coherence - However
logical contradiction through words, rituals or heterogeneous facts is spelled
out by a society, is not necessarily the sign of lack of coherence for the
members of this society. Sometimes contradiction shows a change in level value.
What is true of one reference value will not necessarily be for a reference to
another value. Yet one could conceive contradiction as apparent, as a result of
social prejudices and that is only needed to be lift away to show that for the
studied society there is no termination but continuity between both concepts.
Melanesians regard relationships as manufacturing things and more
broadly the world, such as we think work manufactures things. Hence, as a
consequence, they assume that earth is the product of relationships that made
it appear: kinships, policies, wars, etc. But simultaneously they are owners of
their lands with interest of promoting its products through negotiating rules
covering trade with foreign companies (mines, rare essences of noble plants,
etc). They also assume that earth is an object that produces things to benefit
the human beings. Therefore there is an apparent contradiction between both
points of view. Yet in Melanesian mind, the producing aspect of earth is not a
bar to the dimension of its cosmological universe. Both are source of life. In
the first meaning, in cosmological universe, earth is intangible and can be
thought of a trademark for the presence of one clan on earth. By contrast, in
the second meaning, earth is alienable :
"Trees and earth from which they originated, are tangible and one
can possess them. In fact, trademarks are "things-in-action" : rights
that in contrast to rights of possession, may only be claimed by a legal
action. They belong to this intellectual property category generally described
as tangible."
On Melanesian lands one protects signs of ancestral limits. These
borders function as "things-in-action" in no other way than when
enabled by the clan in their entireties. In Melanesia working is about
fabricating relationships, create them, modify them, dissolve them. The work of
earth is similar to this work with relationships. It is fabricating groups.
Earth fabricates human beings in relation to each other, these human beings
bear names and also plants which as soon as being part of exchanges will be
associated to these same names. Named plants and named humans become
consequently extensions of land and the clan includes all past and future
generations and all the products earth can generate. Translated by myself, author Andre Iteanu, in "La Cohérence"
Contradiction et coherence
Au sein d'un paradigme interprétatif, on dira que chacun des blocs de
signification qui compose les rituels est décrit par les intéressés à l’aide
d’une métaphore qui a pour particularité de posséder un spectre large de
signification comme, par exemple, l’agriculture, la météorologie, le corps, le
sang, les humeurs corporelles, etc.
Ou bien une seconde voie interprétative est ouverte. On peut considérer,
comme Daniel de Coppet, que ces analogies renvoient dans la conscience des
intéressés à une sorte d’épure sous-jacente qui serait « ce qui va de soi,
ce que les membres de toute société partagent entre eux ». En Mélanésie,
le rapport que les sujets entretiennent avec ce fond partagé n’est pas de
l’ordre ce que nous appelons la foi dans les religions du livre. Et ce fond
partagé est décrit à l’aide de métaphores comparatives choisies de manière à le
rendre manifeste et général. Dans cette voie, pour aller de l’avant, on peut,
et on doit, reconsidérer les métaphores que Daniel de Coppet a retenues et qui
sont sous-tendues par l’idée de conservation, de renouvellement et de
circulation de la vie (le rituel « relance la société »,
« permet de la perpétuer », ou de la « renouveler »), mais
il me semble impératif de prendre en compte au moins trois avancées
comparatives que cet auteur a l’analyse
des rituels : l’inséparabilité des domaines religieux, politique et
économique dans les rituels, l’indistinction relative des sujets et des objets
lorsqu’ils sont en train de circuler (être donnés ou reçus) et en conséquence,
le fait que les êtres humains, comme les animaux, les choses et les êtres
surnaturels sont tous composés des mêmes éléments qui forment le cosmos,
c’est-à-dire, non pas des choses qui se présentent comme des matières, mais
comme une diversité de relations.
Contradiction et cohérence
Qu’une
société énonce une contradiction logique, par la parole, dans les rituels ou
dans des faits qui semblent hétérogènes, n’est pas nécessairement le signe
d’une absence de cohérence pour les membres de cette société. Parfois, la
contradiction marque un changement de niveau de valeur. Ce qui est vrai en
référence à l’une des valeurs ne l’est plus en référence à une autre. Mais on
peut concevoir aussi que la contradiction n’est qu’apparente, qu’elle relève de
nos préjugés sociaux qu’il suffit de lever pour montrer qu’au regard de la société étudiée, il n’y a
pas rupture, mais continuité.
Les Mélanésiens considèrent que les relations produisent les choses et plus
généralement le monde, tout comme nous pensons que le travail fabrique des
produits. En conséquence, ils considèrent que la terre a été produite par les
relations sociales qui l’ont fait advenir : parenté, politiques, guerres,
etc. Mais simultanément, ils sont les possesseurs de leurs terres et
s’intéressent à en valoriser les produits, en négociant les droits, par
exemple, avec des firmes étrangères (mines, commerce d’essences rares, etc.).
Ils considèrent donc aussi que la terre est un objet qui produit des ressources
pour le bénéfice des hommes.
Il y a donc une contradiction apparente entre ces deux points de vue. Et
pourtant, dans l’esprit des Mélanésiens, l’aspect producteur de la terre ne
s’oppose pas à sa dimension cosmologique. Les deux sont source de vie au sens
large. Dans son premier sens, cosmologique, la terre est intangible, elle
pourrait donc être pensée comme une marque déposée de la présence d’un clan sur
une terre. Par contre, dans son second sens, elle est aliénable.
« Les arbres, comme la terre dont
ils sont issus, sont tangibles et on peut les posséder. Par contraste, les
marques déposées, comme le disent les juristes, sont des chose-en-action :
des droits qui, par opposition aux droits de possession, ne peuvent être
revendiqués que par une action légale. Ils appartiennent à cette classe de
propriété intellectuelle généralement décrite comme intangible »
Sur la terre mélanésienne, on protège les limites des marques ancestrales.
Ces frontières fonctionnent comme des choses-en-action car elles n’ont pas d’autre
manière de se manifester que quand elles sont activées par les clans dans leur
ensemble. En Mélanésie, le travail consiste avant tout à s’occuper des
relations, à les créer, à les modifier, à les dissoudre. Le travail que la
terre fournit est à l’image de ce travail sur les relations. Il produit des
groupes. La terre produit en effet des êtres en relation, c’est-à-dire des
hommes porteurs d’un nom et en même temps des plantes qui seront associés à ces
noms dès qu’elles circuleront dans les échanges. Les hommes et les plantes
nommés sont donc considérés comme des extensions de la terre, et le clan comprend
toutes les générations passées et futures ainsi que tous les produits que la
terre a le potentiel de générer. André Itéanu in "La cohérence"
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