5/29/2014

Moğolistan - Ölü insan fotoğraflar (burhan) rötuş - güçlü kopya olarak - ölmek - atalara üretmek (burhan bolo) - ritüel ipek kumaş (hadag) : ölü kişi üzerinde ve portre fotoğraf üzerinde

Retouch the photos of the dead, magical purposes of photos in Mongolia
The belief of the possibility to physically act on a person through a picture is largely widespread. In other words, magic would operate through things that look alike those on which one wishes to act - images, figurines, corporal movements imitation - or that have had contact with - hair, nails, cloths, etc. In Mongolia people know photography since a long time, probably since the end of the nineteenth century, although its practice remained for quite a while only intended to members of aristocracy and eminent religious dignitaries. Mongolian people also use photography as cosmological content. When someone dies, no matter the age or the sex, a specific portrait is fabricated from an enlarged and colorized ID photography. This framed portrait topped by a ceremonial blue cloth (hadag) will be carried by a child during the funerals, at the head of the procession. It will be later shown in the dwelling of the dead close to the home family pictures where it will be submitted to regular offerings incense, drinks and various food - tea, milk, alcohol, fat meat and sweets. Mongolians did not wait the invention of photography to display anthropomorphic figures in their houses. The survival of an ancient tradition shows that at the turn of the twentieth century one could find in Mongolian dwellings (mainly in Northern Buryat homes) wooden or felt figurines, or human shapes painted on cloths, expected to draw up spirits and used to feed them. These figurines are called ongon in the Khanate-Mongol world, a term as well for material support (its etymology links it to the idea of 'container' or 'containing') as for the spirit it is meant to host.  According to different sources, ongon  host hungry spirits, put into them by the shaman, in order to stop the trouble in the negatively impacted house. When through this mean regularly fed with blood and fat meat, the evil-doers spirits are expected to calm down and give up eating the flesh of the dwelling members who right away regain their health. Inevitably, following the adoption of a Soviet inspiration regime in 1924 and the consecutive violently anti-religious policy icons themselves were banned. Nowadays, funerary portraits are framed and exhibited hung on the Yurt roof rods, set among other family shots on large chests at the back of the dwelling or suspended on the living room walls. As before, the chests surface provides an altar upon which offerings are laid in front of the funerary portraits and sometimes icons - but paradoxically less often now than during the years 60's. Icons and portraits are clearly place on a continuity plan : both are set on the same place at the back of the dwelling, and very often the same way inside individual frames above or beside the family shots. The continuity is being such that the word « icon » (burhan) is also used to designate a funerary portrait. This is not only due to the fact that both  images obtain the same offerings on the chests - one can give offerings to deities set them in front of the funerary portrait and conversely. On the forefront of cosmology one could assume that the deceased will be remembered by analogy to the deities. Indeed, although it is agreed in Mongolia that people "reborn" after death and despite an ontological distinction usually done between the dead ant the displayed on icons deities of the  Bhuddist pantheon, one way of say 'to die ' in Mongolian could literally be translated by to "become a deity"(burhan bolo-).
Funerary portraits are made of an almost always enlarged identity photograph, colorized and sometimes retouched done with the image retouching software Photoshop. Enlarging a photo, colorizing and showing the dead as an icon allow the Mongolians to adorn the deceased with a new, more glorious body. In effect, all indicates that retouching the deceased photography, making his/her funerary portrait is the first step in the process of ancestralisation that is carried out along with the end of mourning rituals, forty nine days after the funerals. During all this days, offerings in front of the deceased portrait are intended to him individually ; they are to be given during commemorative luncheons(budaalga) seven and twenty one days after the funerals. Those offerings are expected to accumulate merits (buyan) for the deceased in order to ensure a good renaissance (closer to an human being, further from an animal). Instead of a direct action on the dead body, Mongolians use photography, a powerful duplicate that holds something from the deceased and at the same time is very alike. It will be possible to measure how here, one thing is concretely considered by saying that the portrait often is topped by the same ceremonial silk cloth (hadag) that was set on the mouth and nose of the deceased to receive his last breath.


http://terrain.revues.org/15390

Retoucher les morts, les usages magiques de la photographie en Mongolie
La croyance en la possibilité d’agir physiquement sur une personne à travers une image qui la figure est largement répandue. Autrement dit, la magie opérerait à travers des choses qui ressemblent à celles sur lesquelles on veut agir – images, figurines ou imitations gestuelles – ou qui ont été en contact avec elles – cheveux, ongles, vêtements, etc. La photographie est connue en Mongolie de longue date, probablement depuis la fin du xixe siècle, bien que sa pratique soit longtemps restée réservée aux membres de l’aristocratie et aux plus hauts dignitaires religieux. Les Mongols font aussi de la photographie un usage cosmologique. Lorsqu’une personne meurt, quel que soit son âge ou son sexe, un portrait particulier est fabriqué à partir de sa photographie d’identité agrandie et colorisée. Ce portrait, encadré et surmonté d’un tissu cérémoniel de soie bleue (hadag), sera porté par un enfant le jour des funérailles, en tête de cortège. Il sera ensuite exposé dans le foyer du défunt, auprès des photos de famille de la maisonnée, où il recevra des offrandes régulières d’encens, de boissons et de nourritures diverses – notamment du thé au lait, de l’alcool, de la viande grasse et des sucreries. Les Mongols n’ont pas attendu l’invention de la photographie pour exposer des figurations anthropomorphes dans leurs foyers. La survivance d'un tradition vieille de quelques siècles montre qu'au tournant du xxe siècle, on trouvait dans les foyers mongols (surtout chez les Bouriates septentrionaux) des figurines de bois ou de feutre, ou des formes humaines peintes sur un tissu, censées figurer  des esprits et utilisées pour les nourrir. Ces figurines sont appelées ongon à travers le monde sibéro-mongol, un terme qui désigne à la fois le support matériel (son étymologie le lie à la notion de « récipient » ou de « contenant ») et l’esprit qu’il est supposé accueillir. D’après les sources, les ongon servent de supports à des esprits affamés, qui y sont introduits par un chamane afin qu’ils cessent de semer le trouble dans un foyer affecté. Nourris régulièrement de sang et de viande grasse par cet intermédiaire, les esprits fauteurs de trouble sont censés s’apaiser et renoncer à dévorer la chair des membres de la maisonnée, qui dès lors recouvrent la santé. Bien entendu, avec l’adoption d’un régime d’inspiration soviétique en 1924 et la politique violemment antireligieuse qui s’en est suivie, les icônes elles-mêmes ont été bannies.  Aujourd’hui, les portraits funéraires sont exposés dans des cadres individuels suspendus aux perches du toit des yourtes, posés au milieu des vitrines de photos de famille sur les larges coffres qui occupent généralement le fond des habitations, ou accrochés aux murs du salon. La surface de ces coffres sert comme auparavant d’autel, des offrandes y étant déposées devant les portraits funéraires et devant les icônes qui les accompagnent parfois – mais paradoxalement moins souvent à présent qu’à la fin des années 1960. Icônes et portraits funéraires, au demeurant, sont clairement placés sur un plan de continuité : tous deux sont exposés au même endroit, dans le fond des habitations, mais souvent aussi de la même manière, dans des cadres individuels installés au-dessus ou à côté des vitrines de photos de famille. La continuité est telle que le terme « icône » (burhan) sert aussi à désigner les portraits funéraires. Cela n'est pas seulement dû au fait que les deux images reçoivent indifféremment les mêmes offrandes sur les coffres – on peut adresser des offrandes aux divinités en les disposant devant les portraits funéraires, et inversement. Sur le plan cosmologique, il pourrait sembler que les défunts sont pensés par analogie à des divinités. En effet, bien qu’il soit généralement admis en Mongolie qu’une personne « renaît » après sa mort, et malgré une distinction ontologique nette faite habituellement entre les morts et les divinités du panthéon bouddhique figurées sur les icônes, l’une des expressions pour dire « mourir » en mongol peut se traduire littéralement par « devenir divinité » (burhan bolo-).
Les portraits funéraires sont fabriqués à partir d’une photographie d’identité presque toujours agrandie, souvent colorisée, et parfois retouché à l’aide du logiciel de retouche d’images Photoshop. En agrandissant une photographie d’identité, en la colorisant et en présentant le mort sous la forme d’une « icône », les Mongols le parent d’un corps nouveau, un corps glorieux. En réalité, tout porte à croire que la retouche de la photographie du défunt, la fabrique de son portrait funéraire, n’est que la première étape d’un processus d’ancestralisation qui s’accomplit avec la fin des rituels de deuil, quarante-neuf jours après les funérailles proprement dites. Pendant toute cette période, les offrandes déposées devant son portrait lui sont spécifiquement destinées ; elles sont principalement réalisées à l’occasion de repas commémoratifs (budaalga), sept et vingt et un jours après les funérailles. Ces offrandes sont censées permettre d’accumuler des « mérites » (buyan) pour le compte du défunt, de manière à lui garantir une « bonne renaissance » (plus près d’un humain, plus loin d’un animal). Plutôt que d’agir sur le cadavre pour accomplir cette transmutation, les Mongols utilisent sa photographie, un double puissant qui retient quelque chose du défunt en même temps qu’il lui ressemble. On pourra mesurer à quel point ce quelque chose est envisagé ici de manière concrète en mentionnant que le portrait est souvent surmonté du tissu cérémoniel de soie (hadag) qui a été posé sur la bouche et le nez du défunt immédiatement après sa mort, pour recueillir son dernier souffle.

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