Uyghur nationalism in
Xinjiang: identity and political expressions of suffering. During
the last twenty years, political turmoil was on the increase along with Uighur nationalist
feelings. Connected to China in the middle of the 18th century, the Xinjiang
(Eastern Turkestan) is largely inhabited by Muslims Turkish speaking people
among whom a great majority of Uyghurs. Despite a long tradition of exchanges
with China, these peoples culture and religion relate them first of all to the
Central Asian world. During the first half of the 20th century, passed on by
the local elites in touch with Turkey and Russian Tatars, reformism from
Pan-Turkism paved the first ideological way of anti-colonial movements in
Xinjiang. China, shared between the need to open its borders to economic flows
and the desire to isolate Uyghur opposition from any external support nor
subversive influences, has set a combination of political governance in
economic development through strengthening security cooperation with its
neighbors, the ongoing process of demographic colonization and the toughening
of turmoil repression against political and religious activities considered as
illegal. Colonization and its economic consequences are heavy on Uyghur people:
they are the foundations of turmoil grievances. Indeed, colonization leads in
Xinjiang, through a complex process, to exclude national minorities from the distribution of new wealth created by the
development of the region. As the national minorities grow poor on
socio-economical level in Xinjiang, the tenuous living conditions are
compounded by the near non-existence of a system of social protection. Young
Uyghur underemployment led to increase in criminality and consumption of drugs
very badly experienced in this Muslim community. When submitted to colonial
administrations or perceived as such, socio-economic stratification phenomenon
along ethnic lines in the outskirts of certain regions are likely to encourage
identity revitalizing with the rise of nationalism. Uyghur elites more numerous
have to compete with the Han Chinese and increasingly find it difficult to
become better integrated. The moving of this fault line in the area of Uyghur
elites inclusion is to some extent Uyghur nationalism 'potentiometer'. After
the dark years of the cultural Revolution, the relative openness following Deng
Xiaoping coming to power provided an open road with a vast movement of revitalizing local
cultures. The 1980 saw a going back to traditions and Uyghur identity 'imagined
cornerstones'. The revitalization of Uyghur culture and Islamic identity, in
1980's, led to the creation of students
associations aimed at promoting Uyghur culture and rights: Tengritakh
(Tianshan) association, Eastern Turkestan (Sinkiang) Youth Association,
Students Cultural and Scientific association. Off campus, reinvigorating the meshreps (cultural Uyghur associations)
is consistent with this determination of revitalizing Uyghur culture and
identity. The cultural ties linking Uyghur people to the populations of the
newly 'independent' Republics and also the presence of Uyghur diaspora in these
countries raised concerns from the Chinese government about solidarities
emerged among the Uyghur separatists and these States (or some Uyghur
organizations on their territories). The essential part of the Uyghur diaspora
has taken refuge in Central Asia where live according to the 1989 Census, 180
000 in Kazakhstan (500 000 according to Uyghur associations), 40 000 in
Kirghizstan (250 000 according to associations), 5 000 in Turkmenistan (20 000
according to associations) and headcount hard to estimate in Uzbekistan (many
Uyghur there got registered as Uzbek people). Further some of them are in
Turkey (around 10 000) and to limited extend in Germany, Australia, Saudi
Arabia, Sweden, Canada, United States, India and Pakistan. Rémi Castets
http://perspectiveschinoises.revues.org/156
Le nationalisme ouïghour au
Xinjiang : expressions identitaires et politiques d’un mal-être.
Au cours des vingt dernières années, les troubles au
Xinjiang se sont multipliés et le sentiment national ouïghour s’est renforcé. Rattaché
à la Chine au milieu du XVIIIe siècle, le Xinjiang (Turkestan oriental)
est essentiellement peuplé de turcophones musulmans au sein desquels les Ouïghours sont majoritaires. En dépit d’une
longue tradition d’échanges avec la Chine, la culture et la religion de ces
populations les rattachent avant tout au monde centre-asiatique. Durant la
première moitié du XXe siècle, véhiculé par les élites locales
en contact avec la Turquie et les Tatars de Russie, le réformisme panturquiste a posé les premiers jalons
idéologiques des mouvements anticoloniaux au Xinjiang. La Chine, partagée entre
la nécessité d’ouvrir les frontières aux flux économiques et la volonté
d’isoler l’opposition ouïghour de tout soutien extérieur ou influence
« subversive », a alors couplé sa politique de développement
économique de la région avec un renforcement de la coopération sécuritaire avec
ses voisins, la poursuite du processus de colonisation démographique et un
durcissement de la répression contre les activités politiques et religieuses
considérées comme illégales. La colonisation et ses conséquences
socio-économiques sont mal vécues par les Ouïghours : elles constituent le
principal grief des mouvements de protestation. En effet, la colonisation tend
par un processus complexe à exclure les minorités nationales du Xinjiang du
partage des nouvelles richesses générées par la mise en valeur de la région. Le
déclassement socio-économique des minorités nationales au Xinjiang se traduit
par des conditions de vie précaires aggravées par la quasi-inexistence de
système de protection sociale en Chine. Le sous-emploi chez les jeunes
Ouïghours a conduit à une augmentation de la criminalité et de la consommation
de drogues très mal vécues par cette société musulmane. Sous des
administrations coloniales ou perçues comme telles, les phénomènes de
stratification socio-économique le long de lignes ethniques dans la périphérie
de certains Etats sont susceptibles d’encourager des phénomènes de
revitalisation identitaire et de montée du nationalisme. Les élites ouïghour,
plus nombreuses et mises en concurrence avec les Hans, ont de plus en plus de
mal à s’insérer dans le système. Le déplacement de cette ligne de fracture en
matière d’insertion des élites ouïghour constitue en quelque sorte le
« potentiomètre » du nationalisme ouïghour. Après les années noires
de la Révolution culturelle, la relative ouverture qui a suivi l’arrivée au
pouvoir de Deng Xiaoping a laissé la voie ouverte à un vaste mouvement de
revitalisation des cultures locales. Les années 1980 ont vu un retour vers les
traditions et les « fondements imaginés » de l’identité ouïghour. La
revitalisation de la culture et de l’identité islamique des Ouïghours a aussi
débouché dans les années 1980 sur la création d’associations étudiantes visant
à promouvoir les droits et la culture des Ouïghours : Association Tengritakh
(Tianshan), Association des jeunesses du Turkestan oriental, Association
culturelle et scientifique des étudiants. Hors des campus, la
revigoration des meshrep s’inscrit dans cette volonté de
revitaliser la culture et l’identité ouïghour. Les liens culturels qui unissent
les Ouïghours aux populations des nouvelles Républiques mais aussi la présence
de diasporas ouïghour dans ces pays font
craindre que des solidarités émergent entre les séparatistes ouïghours et ces
Etats (ou certaines organisations présentes sur leur sol). L’essentiel de la
diaspora ouïghour est réfugiée en Asie centrale où elle compte selon le
recensement de 1989 au Kazakhstan 180 000 membres (500 000 selon
les associations ouïghour), 40 000 personnes au Kirghizstan (250 000
selon les associations), 5 000 au Turkménistan (20 000 pour les
associations) et des effectifs difficiles à évaluer en Ouzbékistan (beaucoup
d’Ouïghours s’étant fait enregistrer comme Ouzbeks). Le reste de la diaspora
est installé en Turquie (environ 10 000 personnes) et, dans des
proportions plus restreintes, en Allemagne, en Australie, en Arabie Saoudite,
en Suède, au Canada, aux Etats-Unis, en Inde et au Pakistan.
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