Mithra |
Transfers of magical knowledges and practices, from Eastern Roman empire
to Central Asia , IIIrd-IXth c.
Despite
the well-known fact that the Magi (Zoroastrian priests) have left their name to
magics, Zoroastrian writings continuously condemn pratices they qualify as jādūgīh(usually translated
“sorcery”), assimilated to dēw-ēzišnīh “demon worship”. This category,
however, does not include medical charms of a preventive or curative character
which invoke Frēdōn (Pers. Farīdūn), one of the “first men” in the Avesta.
Arterfacts
which were only recently gathered systematically (publications by Joseph Naveh,
Shaul Shaked, Rika Gyselen) reveal a very different reality. Sasanian
Mesopotamia has provided a large quantity of ceramic bowls carrying spiral
inscriptions in various scripts and languages (Hebrew, Syriac, Mandaean, more
rarely Pahlavi), aiming at exorcizing a demon sometimes depicted in fetters. In
Sasanian Iran
as a whole, a mass of seals and amulets belong to perinatal magics; the god
invoked, Sesen, is not Zoroastrian but originally West Semitic. Though the
names of the owners of these seals indicate that most of them were
Zoroastrians, their makers and the practitioners of rituals mentioned in their
inscriptions are sometimes qualified as Christians or Jews. One can also notice
that part of the associated iconography is Greco-Roman in origin: the Capitolian
she-wolf is shown nourishing a baby and a little wolf-man hybrid, who could be
Sesen and his demonic alter ego; the lion-headed demon of Mithraic Mysteries
and of magic Greco-Egyptian amulets is changed into a fettered “archedemon”;
the riding Saint George, borrowed by Jewish magics as Salomon or Sissinios
(< Sesen) trampling on a Lilith, is also attested on Iranian amulets; the
motif of the “suffering eye” attacked by various weapons is also borrowed from
Byzantine amulets.
In the
absence of a systematic inquiry in excavations material and museums in Central Asia , one cannot decide yet whether or not the
area was included in this continuum of religious praxis. At the moment on can
only rely on isolated indications: imported Sasanian magic seals belonging to
mass production (schematic images of the “archedemon”, sometimes called
“Gayōmard“ in publications); among the Rōb manuscripts (Afghanistan), an image
comparable to a magic bowl, with a pseudo-Bactrian spiral inscription; near
Termez, a magic bowl (unpublished) with a Syriac inscription, hence probably of
Christian manufacture. In addition, it is quite possible that the production of
magical and astrological texts was a social niche of Manichaean communities, a
fact attested at Kellis (Egypt )
and a reputation attached to Manichaeans in China , but we are still lacking
material evidence of the Bactrian and Sogdian Manichaeans.
At
Panjikent, the archaeologically best known Sogdian town, no properly magic
object seems to have been identified yet, but wall paintings include a rich
pandemonium inspired by Indian rather than Eastern Roman models. Scholars at
the Hermitage Museum have repeatedly assumed the existence from the
Hindukush to Sogdiana of a cult to the dragon-king Dahāg (Pers. Zahhāq), but
the only convincing document is a terracotta statue of probable Sogdian
provenance and unknown use context (apotropaic ot just burlesque?). The only
magic Sogdian text which has come down to us, the long text P.3 (ca IXth c.), combines in an eclectic way a Turkish
rain-making ritual, an Avesta-like invocation to the Wind god, curative stone
magics common to Iran and India, Indian astrology and demonology, while
apparently sharing no element with what is known of Sasanian magics except the
use of gems. Objects used in medical magics, if they were to be found in the
extant material, would perhaps allow for more precise comparisons. Frantz Grenet
Transferts de savoirs
et pratiques magiques, de l'Orient romain à l'Asie centrale, IIIes -
IXe s.
Malgré le fait bien connu que
les Mages (prêtres zoroastriens) sont à l’origine du nom occidental de la
magie, les écrits zoroastriens condamnent de manière continuelle des pratiques
qu’ils qualifient de jādūgīh (traduit habituellement
“sorcellerie”), assimilées à la dēw-ēzišnīh “adoration des démons”. Dans cette
catégorie ne sont toutefois pas englobés des charmes médicaux à caractère
préventif ou curatif pour lesquels on invoque Frēdōn (en pers. Farīdūn), l’un
des “premiers hommes” de l’Avesta.
Des artefacts qui n’ont été
qu’assez récemment rassemblés de manière systématique (publications de Joseph
Naveh et Shaul Shaked, de Rika Gyselen) révèlent toutefois une réalité toute
autre : on a pour la Mésopotamie sassanide de très nombreux bols en
céramique portant des inscriptions en spirale en diverses langues et écritures
(hébraïque, syriaque, mandéenne, plus rarement pehlevie), destinées à conjurer
un démon parfois figuré enserré dans des liens, et pour l’Iran sassanide en
général une masse de sceaux et amulettes relevant de la magie périnatale et où
le dieu invoqué, Sesen, n’est pas zoroastrien mais originellement
ouest-sémitique. Les propriétaires de ces sceaux étaient pour la plupart
zoroastriens (à en juger par leur nom), mais leurs fabricants et les praticiens
du rituel mentionnés dans leurs inscriptions sont parfois désignés comme
chrétiens ou comme juifs. On constate aussi qu’une partie de l’iconographie
associée est d’origine gréco-romaine : la louve du Capitole est
réinterprétée comme nourrissant un bébé et un petit hybride homme-loup, qui
pourraient être Sesen et son alter ego démoniaque; le démon léontocéphale des
Mystères de Mithra et des amulettes magiques juives gréco-égyptiennes est
transformé en un ”archédémon” entravé, tandis que Saint Georges à cheval,
devenu dans la magie juive Salomon ou Sisinnios piétinant une Lilith, est connu
aussi sur des amulettes iraniennes ; le thème de l’”oeil souffrant”
attaqué par diverses armes est lui aussi emprunté aux amulettes byzantines.
En l’absence d’une enquête
systématique dans le matériel des fouilles et musées d’Asie centrale, on ne
peut pas actuellement déterminer si la région se trouvait incluse ou non dans
ce continuum de praxis religieuse. Pour le moment on ne peut invoquer que des
indices isolés: des sceaux magiques sassanides importés relevant plutôt de la
production de masse (images schématiques de l'"archédémon", parfois
appelé "Gayōmard" dans les publications) ; près de Termez, un
bol magique (inédit) à inscription syriaque, donc de fabrication sans doute
chrétienne ; parmi les manuscrits de Rōb (Afghanistan) une image
comparable aux bols magiques, avec une inscription pseudo-bactrienne en
spirale. Il est par ailleurs fort possible que la fabrication de textes
magiques et astrologiques ait constitué une niche sociale des communautés
manichéennes, comme cela est avéré à Kellis en Egypte et comme les Manichéens
de Chine en avaient la réputation, mais on manque encore d'attestations
matérielles des Manichéens de Bactriane et de Sogdiane.
À Pendjikent, la ville sogdienne
la mieux connue du point de vue archéologique, on n'a semble-t-il pas encore
identifié d'objet proprement magique, mais les peintures offrent un riche
pandémonium dont les modèles viennent de l'Inde plutôt que de l'Orient romain.
Les savants du Musée de l'Ermitage ont de manière récurrente supposé
l'existence de l'Hindukush à la Sogdiane d'un culte au roi-dragon Dahāg (pers.
Zahhāq), mais le seul document convaincant est une statue de terre cuite de
provenance probablement sogdienne, dont le contexte nous reste inconnu (un
usage apotropaïque ou simplement burlesque ?). Le seul texte magique
sogdien qui nous soit parvenu, le long texte P 3 (c. IXe s.), combine de manière
éclectique le rituel turc de l'appel à la pluie, une invocation de type
avestique au dieu du Vent, une magie curative des pierres commune à l'Iran et à
l'Inde, une astrologie et une démonologique indiennes, sans qu'apparaissent des
éléments communs avec ce qu'on connaît de la magie sassanide, sinon le recours
aux gemmes. Des objets relevant de la magie médicale, qui seraient à rechercher
dans le matériel existant, permettraient peut-être des comparaisons plus
poussées. Frantz Grenet
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