5/08/2014

Doğu Roma imparatorluğu'ndan Orta Asya'ya - üçüncü yüzyıldan dokuzuncu yüzyıla - bilgi transferleri : Sasani ve Soğd büyü - Magiler (Zerdüşt ve Mazda rahipleri)

Mithra
Transfers of magical knowledges and practices, from Eastern Roman empire to Central Asia, IIIrd-IXth c.
Despite the well-known fact that the Magi (Zoroastrian priests) have left their name to magics, Zoroastrian writings continuously condemn pratices they qualify as jādūgīh(usually translated “sorcery”), assimilated to dēw-ēzišnīh “demon worship”. This category, however, does not include medical charms of a preventive or curative character which invoke Frēdōn (Pers. Farīdūn), one of the “first men” in the Avesta.
Arterfacts which were only recently gathered systematically (publications by Joseph Naveh, Shaul Shaked, Rika Gyselen) reveal a very different reality. Sasanian Mesopotamia has provided a large quantity of ceramic bowls carrying spiral inscriptions in various scripts and languages (Hebrew, Syriac, Mandaean, more rarely Pahlavi), aiming at exorcizing a demon sometimes depicted in fetters. In Sasanian Iran as a whole, a mass of seals and amulets belong to perinatal magics; the god invoked, Sesen, is not Zoroastrian but originally West Semitic. Though the names of the owners of these seals indicate that most of them were Zoroastrians, their makers and the practitioners of rituals mentioned in their inscriptions are sometimes qualified as Christians or Jews. One can also notice that part of the associated iconography is Greco-Roman in origin: the Capitolian she-wolf is shown nourishing a baby and a little wolf-man hybrid, who could be Sesen and his demonic alter ego; the lion-headed demon of Mithraic Mysteries and of magic Greco-Egyptian amulets is changed into a fettered “archedemon”; the riding Saint George, borrowed by Jewish magics as Salomon or Sissinios (< Sesen) trampling on a Lilith, is also attested on Iranian amulets; the motif of the “suffering eye” attacked by various weapons is also borrowed from Byzantine amulets.
In the absence of a systematic inquiry in excavations material and museums in Central Asia, one cannot decide yet whether or not the area was included in this continuum of religious praxis. At the moment on can only rely on isolated indications: imported Sasanian magic seals belonging to mass production (schematic images of the “archedemon”, sometimes called “Gayōmard“ in publications); among the Rōb manuscripts (Afghanistan), an image comparable to a magic bowl, with a pseudo-Bactrian spiral inscription; near Termez, a magic bowl (unpublished) with a Syriac inscription, hence probably of Christian manufacture. In addition, it is quite possible that the production of magical and astrological texts was a social niche of Manichaean communities, a fact attested at Kellis (Egypt) and a reputation attached to Manichaeans in China, but we are still lacking material evidence of the Bactrian and Sogdian Manichaeans.

At Panjikent, the archaeologically best known Sogdian town, no properly magic object seems to have been identified yet, but wall paintings include a rich pandemonium inspired by Indian rather than Eastern Roman models. Scholars at the Hermitage Museum have   repeatedly assumed the existence from the Hindukush to Sogdiana of a cult to the dragon-king Dahāg (Pers. Zahhāq), but the only convincing document is a terracotta statue of probable Sogdian provenance and unknown use context (apotropaic ot just burlesque?). The only magic Sogdian text which has come down to us, the long text P.3 (ca IXth c.), combines in an eclectic way a Turkish rain-making ritual, an Avesta-like invocation to the Wind god, curative stone magics common to Iran and India, Indian astrology and demonology, while apparently sharing no element with what is known of Sasanian magics except the use of gems. Objects used in medical magics, if they were to be found in the extant material, would perhaps allow for more precise comparisons. Frantz Grenet

Transferts de savoirs et pratiques magiques, de l'Orient romain à l'Asie centrale, IIIes - IXe s.
Malgré le fait bien connu que les Mages (prêtres zoroastriens) sont à l’origine du nom occidental de la magie, les écrits zoroastriens condamnent de manière continuelle des pratiques qu’ils qualifient de jādūgīh (traduit habituellement “sorcellerie”), assimilées à la dēw-ēzišnīh “adoration des démons”. Dans cette catégorie ne sont toutefois pas englobés des charmes médicaux à caractère préventif ou curatif pour lesquels on invoque Frēdōn (en pers. Farīdūn), l’un des “premiers hommes” de l’Avesta.
Des artefacts qui n’ont été qu’assez récemment rassemblés de manière systématique (publications de Joseph Naveh et Shaul Shaked, de Rika Gyselen) révèlent toutefois une réalité toute autre : on a pour la Mésopotamie sassanide de très nombreux bols en céramique portant des inscriptions en spirale en diverses langues et écritures (hébraïque, syriaque, mandéenne, plus rarement pehlevie), destinées à conjurer un démon parfois figuré enserré dans des liens, et pour l’Iran sassanide en général une masse de sceaux et amulettes relevant de la magie périnatale et où le dieu invoqué, Sesen, n’est pas zoroastrien mais originellement ouest-sémitique. Les propriétaires de ces sceaux étaient pour la plupart zoroastriens (à en juger par leur nom), mais leurs fabricants et les praticiens du rituel mentionnés dans leurs inscriptions sont parfois désignés comme chrétiens ou comme juifs. On constate aussi qu’une partie de l’iconographie associée est d’origine gréco-romaine : la louve du Capitole est réinterprétée comme nourrissant un bébé et un petit hybride homme-loup, qui pourraient être Sesen et son alter ego démoniaque; le démon léontocéphale des Mystères de Mithra et des amulettes magiques juives gréco-égyptiennes est transformé en un ”archédémon” entravé, tandis que Saint Georges à cheval, devenu dans la magie juive Salomon ou Sisinnios piétinant une Lilith, est connu aussi sur des amulettes iraniennes ; le thème de l’”oeil souffrant” attaqué par diverses armes est lui aussi emprunté aux amulettes byzantines.
En l’absence d’une enquête systématique dans le matériel des fouilles et musées d’Asie centrale, on ne peut pas actuellement déterminer si la région se trouvait incluse ou non dans ce continuum de praxis religieuse. Pour le moment on ne peut invoquer que des indices isolés: des sceaux magiques sassanides importés relevant plutôt de la production de masse (images schématiques de l'"archédémon", parfois appelé "Gayōmard" dans les publications) ; près de Termez, un bol magique (inédit) à inscription syriaque, donc de fabrication sans doute chrétienne ; parmi les manuscrits de Rōb (Afghanistan) une image comparable aux bols magiques, avec une inscription pseudo-bactrienne en spirale. Il est par ailleurs fort possible que la fabrication de textes magiques et astrologiques ait constitué une niche sociale des communautés manichéennes, comme cela est avéré à Kellis en Egypte et comme les Manichéens de Chine en avaient la réputation, mais on manque encore d'attestations matérielles des Manichéens de Bactriane et de Sogdiane.
À Pendjikent, la ville sogdienne la mieux connue du point de vue archéologique, on n'a semble-t-il pas encore identifié d'objet proprement magique, mais les peintures offrent un riche pandémonium dont les modèles viennent de l'Inde plutôt que de l'Orient romain. Les savants du Musée de l'Ermitage ont de manière récurrente supposé l'existence de l'Hindukush à la Sogdiane d'un culte au roi-dragon Dahāg (pers. Zahhāq), mais le seul document convaincant est une statue de terre cuite de provenance probablement sogdienne, dont le contexte nous reste inconnu (un usage apotropaïque ou simplement burlesque ?). Le seul texte magique sogdien qui nous soit parvenu, le long texte P 3 (c. IXe s.), combine de manière éclectique le rituel turc de l'appel à la pluie, une invocation de type avestique au dieu du Vent, une magie curative des pierres commune à l'Iran et à l'Inde, une astrologie et une démonologique indiennes, sans qu'apparaissent des éléments communs avec ce qu'on connaît de la magie sassanide, sinon le recours aux gemmes. Des objets relevant de la magie médicale, qui seraient à rechercher dans le matériel existant, permettraient peut-être des comparaisons plus poussées. Frantz Grenet

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