Empathy
is a major force driving an author to translation.
Lawrence
spent much of his life travelling and this condition of voluntary
exile, which is reflected in his literary production, brought him
into contact with the Other. That “alien quality” which makes any
place unique is what he called “the spirit of place.”
The
spirit of place should not be understood as something superficial,
external, or natural, that is as something simply defining the
territory of a given place. Rather, it is the very soul of the place,
what differentiates it from all the other places on earth and has
influenced behaviour, attitudes, beliefs, the practices of the people
inhabiting it. In the essay “The Spirit of Place,” which
opens Studies
in Classic American Literature (1923),
Lawrence defines the concept of spirit of place in terms of a
polarity man/environment. In his view, not only does a community
permeate a given place by settling there, it is also influenced by
that place in the process of building its own identity, its customs,
its traditions. The relation Lawrence is talking about is the complex
web of connections a man establishes with everyone and everything
surrounding him and the novelist’s task is to reveal these
relationships, since the novel is to be “the highest example of
subtle inter-relatedness that man has discovered”. In other words,
literature can be seen as a direct emanation of the spirit of place.
Language
and culture are strictly interwoven since language reflects the
nature and temperament of the people speaking it. Lawrence’s
interest in foreign languages and literatures made him extremely
curious as regards literary production outside the English-speaking
world, with the result that he engaged, directly or indirectly, in
the translation of Russian and Italian authors. His activity as a
translator includes All
Things are Possible (1920)
by Leo Shestov, The
Gentleman from San Francisco (1922)
by Ivan Bunin, Mastro-Don
Gesualdo (1923), Little
Novels of Sicily (1925), Cavalleria
Rusticana and Other Stories (1928)
by Giovanni Verga, and The
Story of Doctor Manente (1929)
by Francesco Grazzini.
Lawrence’s
interest in Verga, which dates back to 1916, seems to be due to a
sort of empathy he felt for the Sicilian author.
Empathy
is a major force driving an author to translation; writers translate
other people’s works because those are the works they would have
liked to write themselves and their translation practice is,
therefore, only a part of the continuum of a writer’s life.
It
is highly probable, therefore, that Lawrence’s interest in Verga
was strictly linked to the former’s conviction that human beings
are tied and conditioned by the nature of their homeland. Verga’s
works are rooted in the “spirit of place” and his characters are
perfect emanations of the spirit of Sicily.
According
to Lawrence, it is the link between Verga and his homeland that
enabled him to write such great works; Verga’s early works, those
he wrote when he lived in Milan, are minor works since “the man had
not found himself. He was in his wrong element”.
Verga’s
language is very complex also for an Italian native-speaker and,
therefore, extremely difficult to translate. Lawrence was aware of
the hard task inherent in translating Verga. Yet, Verga’s language
is not a real mimesis of the language spoken in “the lanes among
the fields” of Sicily, where people are very likely to speak
dialect, it is rather a blend of Italian and Sicilian, a sort of
mental projection and reinterpretation of the Sicilian dialect..
It is an artful simulation which produces the effect of a direct
transcription of the language really spoken in Sicily at the time
Verga lived. This, on the one hand, roots the characters in their
place of origin and, on the other hand, fits the author’s poetics
of realism. “Stand[ing] face to face with the naked, honest fact”
implies the absence of the author’s voice from the page and the
elimination of the omniscient narrator. This leaves the narration to
an anonymous narrator belonging to the same reality as the
characters, sharing their ethics, beliefs, superstitions, and
prejudices (Tellini xxii). This stylistic choice makes it necessary
to abandon the traditional literary language and to adopt a new
style: Verga’s language is highly colloquial, it follows the syntax
of Southern Italian with several idioms, proverbs, sayings, cultural
connotations and references, particularly religious, enriched by
archaisms and tuscanisms.
Maria
Cristina Consiglio
L'art
et l'esprit du lieu : D.H. Lawrence traduit Giovanni Verga
D.H.
Lawrence va passer une grande partie de sa vie à voyager, une
attitude d'exil volontaire que l'on retrouve dans la production
littéraire qui l'amène à une réflexion sur l'Autre. Cette
'spécificité étrangère' qui exprime la particularité de chaque
localité, il appelle cela 'l'esprit du lieu'. L'esprit du lieu ne
saurait être perçu comme quelque chose de superficiel, extérieur
ou naturel, c'est à dire quelque chose qui se définirait simplement
par le territoire d'un lieu déterminé. Mais bien plutôt comme
l'âme même du lieu, ce qui le singularise des autres endroits sur
terre et qui va influencer le comportement, les attitudes, les
croyances et les coutumes de ses habitants. Dans son essai 'L'Esprit
du Lieu' Lawrence définit le concept en termes de polarité
homme/environnement. Selon lui, au-delà de l'imprégnation de la
population humaine par le lieu où elle s'est fixée, la communauté
va être influencée par ce lieu au cours de la construction de son
identité, de ses coutumes et de ses traditions. Cette relation
étroite dont D.H. Lawrence parle se définit par un réseau complexe
de connections que l'homme va établir entre lui et ses congénères
et tout son environnement, aussi la tâche de l'écrivain
consiste-t-elle à révéler ces relations puisque le roman doit être
la meilleure illustration de l'interdépendance subtile que l'homme
découvre. On peut alors considérer la littérature comme une
émanation directe de l'esprit du lieu. Langue et culture
s'imbriquent de manière systématique puisqu'une langue reproduit
précisément la nature et le tempérament des gens qui la parlent.
L'intérêt de D.H. Lawrence pour les langues et la littérature
étrangères a façonné sa curiosité à l'égard des productions
littéraires hors de la sphère anglophone, et par conséquent il va
s'engager de manière plus ou moins directe dans la traduction
d'auteurs russes et italiens. En tant que traducteur il va explorer
entre autres : All
Things are Possible (1920)
by Leo Shestov, The
Gentleman from San Francisco (1922)
by Ivan Bunin, Mastro-Don
Gesualdo (1923), Little
Novels of Sicily (1925), Cavalleria
Rusticana and Other Stories (1928)
by Giovanni Verga, and The
Story of Doctor Manente (1929)
by Francesco Grazzini.
L'intérêt
de D. H. Lawrence pour G. Verga remonte à 1916 et semble être du à
une sorte d'empathie que l'auteur ressentait pour l'auteur sicilien.
L'empathie est la principale impulsion nécessaire à l'auteur de la
traduction ; les écrivains traduisent les travaux d'autres
auteurs qu'ils auraient aimé écrire eux-mêmes, ainsi la traduction
devient le continuum de leur vie d'auteurs. Ainsi, il est plus que
probable que l'attention portée par D.H. Lawrence pour G. Verga
était rigoureusement associée à sa conviction que les êtres
humains sont liés et conditionnés par la nature de leur pays
d'origine. Les travaux de G. Verga sont ancrés dans 'l'esprit du
lieu' et ses personnages sont les émanations parfaites de l'esprit
de la Sicile. Selon D. H. Lawrence, le lien entre G. Verga et sa
patrie lui a permis d'écrire des travaux admirables révélateurs de
cet esprit ; les premières romans de G. Verga, qu'il a écrits
quand il habitait à Milan, sont d'ordre mineur : « l'homme
ne s'était pas encore trouvé. Il était dans un environnement
inapproprié. ».
Le
langage utilisé par G. Verga est tout aussi compliqué peut-être
pour un Italien locuteur natif et par conséquent très difficile à
traduire. D. H. Lawrence était conscient de l'ampleur de la tâche
qu'il s'était donnée en traduisant G. Verga. Cependant la langue
utilisée par G. Verga dans ses romans n'est pas une mimêsis de
celle parlée par les paysans dans les champs de Sicile où la
population utilise un dialecte qu'on ne retrouve pas dans les romans.
G. Verga emploie un brassage de Sicilien et d'Italien, une sorte de
projection mentale et de réinterprétation du dialecte sicilien. Ce
déguisement ingénieux produit l'effet d'une transcription directe
de la langue sicilienne parlée au moment où G. Verga y résidait.
Ainsi, les personnages trouvaient d'une part leur lieu d'origine et
de l'autre cela servait tout aussi bien la poésie et le réalisme de
l'auteur. « Etre debout, confronté à la nudité et
l'honnêteté des faits » implique l'absence sur la page de la
voix de l'auteur et la disparition de son omniscience. Le récit est
alors entre les mains d'un narrateur appartenant à la même réalité
que celle de ses personnages, partageant leur convictions éthiques,
leurs croyances, leurs superstitions et leurs préjugés. Ce choix
stylistique nécessite l'abandon du langage de la littérature
traditionnelle pour adopter un style nouveau. G. Verga utilise un
langage populaire conforme à la syntaxe de l'Italie du Sud, des
expressions et proverbes variés, des dictons, des connotations et
références culturelles principalement religieuses enrichis par des
archaïsmes et expressions de Toscane. Maria
Cristina Consiglio
Giovanni Verga |
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