Religiosity and Spirituality in Turkey
The
geographic exposure of Asia Minor has not only influenced the art,
literature, politics and lifestyles of the Ottoman Empire and Turkey,
but also the particular nature of their religious landscape. Turkey’s
religious pluralism and diversity comprise “Intra-Islam”
pluralism as well as historic and (post-)modern non-Muslim currents.
Intra-Islam pluralism covers all shades of Islam, from
state-controlled Islam and Islamic mysticism (tasavvuf)
to minorities located both inside and outside the Muslim
community—depending on the perspective—such as Alevis,
Sabbateans or
Baha’is. Islam dominates the religious field by far; according
to a KONDA survey from 2006, ninety-nine percent of Turkish citizens
are Muslims. Contrary
to common perceptions in non-Muslim countries, ‘orthodox’ Islam
and mysticism are not necessarily mutually
exclusive categories.
Mystical orders were a constitutive part of Ottoman religious history
and while some of them postulate absolute obedience to shari‘a,
others combine obedience with particular mystical practices. Only
some orders linger at the margins of shari‘a when it comes to their
rituals and interpretation of Muslim belief. The ‘Extra-Islamic’
religious pluralism encompasses a broad variety of non-Muslim
religious or spiritual collectives and movements such as different
denominations of Judaism and Christianity, and people interested in
Buddhism. Finally, collectives and individuals who base their
religious identity on an
imaginary
‘Shamanistic heritage,’ belief in UFOs, spiritualistic practices,
etc.,
or
a combination of several elements, are not necessarily affiliated
with one of the aforementioned religions. In the most cases, however,
these practices are embedded and interpreted as a part of an
‘umbrella religion’ like Islam or Christianity. The expression
“beyond state Islam” points to tendencies in Turkey’s religious
field which result from the state’s religious policies. Whereas one
part of the field could be entitled ‘state-approved orthodox
Islam’, another part can be located outside of state-controlled
institutions, being much more in flux and producing creative
solutions to changing circumstances. The split between these parts of
the field is on no account absolute; rather, a distinctive feature of
communities positioned ‘beyond state-control’ is that they
negotiate their relation with state-controlled institutions instead
of taking the relation for granted. The legality of some of the
so-labelled communities or practices is a different question, in some
cases not easily answered.
The
laws and reforms implemented in the first years of the Turkish
Republic brought an end to certain Islamic institutions like the
Caliphate or the religious schools (the medrese, abolished
in 1924), and rendered religious affiliation and rank invisible by
banning religious attire in public. According to its
constitution Turkey
is a laik country,
which implies that state and religious institutions do not get
involved in each others’ affairs. In the Turkish case, however, it
rather means “the subordination of Islam to state objectives, and
active management of religious institutions and affairs by the state”
(Saatci 2005: 234). A decisive step in controlling Islam was the
foundation of the Presidency of Religious Affairs (Diyanet
İşleri Reisliği [nowBaşkanlığı],
Diyanet) in 1924; the Presidency coordinates the religious learning
and training inside Turkey and in the diaspora communities, prepares
the Friday sermons, and enforces the state-sanctioned conduct of all
its employees. Subject to several legal changes throughout the years,
it took its current structure in 2010 and is directly connected to
the Ministry of the Prime Minister. But
whatever measures were taken, no formula has ever been created that
would be able to reconcile the different approaches in the society of
Turkey towards the nature of the relation between religion and state,
or to depoliticize religious discourse.
So,
where in this complex picture should we locate religiosity and
spirituality beyond state control in Turkey?
A
good example of the crossing of several boundaries (religious,
ethnic, and linguistic) and of the emergence of new
religious-spiritual communities is the relation between Freemasonry
and Sufism in the Ottoman Empire and later. Due to some common
elements—e.g., the initiation, the system of adepts and masters,
the possession of a secret,
and the free spirit—in the Ottoman Empire, Masons and Sufis,
particularly Bektashis, developed close personal relationships.
Outsiders often confused and equated both communities, while the
word tarikat,
the Sufi way and order, was finally used for Freemasonry, too. At the
same time, the story of Freemasonry in the Ottoman Empire reveals the
relation between socio-economic change and change in the religious
field. For sure, had there not been the thousands of European
adventurers who flocked to the Ottoman eldorado from
the 1850s onwards, Ottoman freemasonry would have developed on a much
lower scale. Another, very recent, example of this Masonic-Sufic
relation would be the Yunus Emre Lodge
in Cologne, founded in 1997.
Religiosité
et Spiritualité dans la Turquie Contemporaine.
Au-delà
des influences sur l'art, la littérature, la politique et les modes
de vie de l'Empire Ottoman et de la Turquie, la position géographique
de l'Asie mineure a influencé la spécificité du paysage religieux.
Le pluralisme religieux Turc et sa diversité s'organisent autour
d'un pluralisme intra-islamique et de courants historiques
(post)modernes non-islamiques. Le courant intra-islamique couvre
toutes les nuances de l'Islam, en partant de l'Islam étatique et de
la mystique musulmane (tasavvuf) jusqu'aux minorités locales
à l'intérieur comme à l'extérieur de la communauté musulmane –
en fonction de la trame de leur perspective – telles que les
Alevis, les Sabbatéens et les Baha'is. La religion Musulmane domine
le champ religieux de la Turquie ; selon une enquête du groupe
KONDA 90 % des citoyens Turcs sont musulmans. Contrairement aux
idées préconçues que se font les pays non-musulmans, l'Islam
Orthodoxe et le mysticisme ne sont pas des catégories mutuellement
exclusives. Les ordres mystiques sont des composantes de l'histoire
Ottomane des religions, alors que certains d'entre eux prônent
l'obéissance absolue à la Sharia, d'autres l'associent à des
pratiques mystiques. Seuls quelques uns d'entre eux restent en marge
la la sharia lorsqu'il s'agit des rituels et de l'interprétation
spirituelle des croyances musulmanes. Les courants extra-islamiques
offrent une diversité importante de religions non-musulmanes, de
mouvements et de groupes religieux, les Juifs, les Chrétiens et des
adeptes du Bouddhisme. Enfin on trouve des groupes et des individus
qui fondent leurs croyances religieuses sur un héritage Shamanique
imaginaire, la croyance des OVNIS, des pratiques spiritualistes
...etc parfois entremêlés de différents éléments qui ne sont pas
nécessairement liés aux religions mentionnées ci-dessus. Dans la
plupart des cas cependant, ces pratiques sont enracinées et
interprétées comme faisant partie de d'une religion à plus grande
envergure telle la religion musulmane ou chrétienne. L'expression
'au-delà de l'Islam étatique' renvoie aux tendances dans le champ
religieux de la Turquie à chercher les origines et la foi
religieuses dans les discours politiques de religion d’État. Alors
qu'une partie du domaine religieux pourrait s'intituler l''Islam
orthodoxe approuvée par l’État', une autre partie de ce domaine
se trouve en dehors des institutions contrôlées par l’État et
bien plutôt dans un courant qui produit des solutions créatives en
réponse aux modalités des changements. La séparation entre ces
deux parties du domaine religieux n'est en aucun cas absolue ;
plutôt un élément distinctif des communautés établies dans cette
perspective d''au-delà de l'Islam étatique' qui négocient leur
relation avec les institutions sous contrôle de l’État au lieu de
les tenir pour acquises. La légalité et les pratiques de ces
communautés restent dans le flou et par conséquent sont difficiles
à définir. Les lois et réformes appliquées pendant les premières
années de la République Turque ont mis fin à des institutions
islamiques telles que le Califat et les écoles religieuses (les
medrese abolies en 1924) et ont empêcher de se développer
l'appartenance religieuse et ses prérogatives en bannissant le port
de vêtement religieux en public. Selon les institutions la Turquie
est un pays laïc où l'état et les affaires religieuses devraient
rester parfaitement indépendants l'un de l'autre. Dans le cas de la
Turquie, il s'agit plus précisément d'une 'soumission de l'Islam
aux objectifs de l’État et d'un contrôle agissant au niveau des
institutions et affaires religieuses par l'état (Saatci 2005: 234).
Une étape décisive du contrôle de la religion par l'état fut la
mise en place du ministère des affaires religieuses (Diyanet
İşleri Reisliği [de nos jours Başkanlığı],
Diyanet) en 1924 ; le ministère coordonne les formations et
l'éducation religieuses dans le pays et les communautés de la
diaspora, prépare les sermons du Vendredi et impose des sanctions
officielles pour ses employés en cas de mauvaise conduite. Soumise à
de nombreuses modifications juridiques au cours des années, en 2010
le ministère a adopter sa structure actuelle directement lié au
cabinet du premier ministre. Cependant quelles que soient les mesure
prises, jamais aucun précepte n'a été créé afin de réconcilier
les différentes opinions de la société turque concernant la nature
des relations entre la religion et l'état ni pour dépolitiser le
discours religieux.
Ainsi,
dans ce tableau complexe comment pouvons-nous déterminer la
religiosité et spiritualité au-delà du contrôle de l'état en
Turquie ?
Le
dépassement
des multiples limites du pays (religieuses, ethniques et
linguistiques) et l'émergence de
communautés religieuses et spirituelles se reconnaît dans le
mouvement particulier de la Franc-Maçonnerie et du Soufisme de
l'époque ottomane et jusqu'à nos jours. En raison de certains
éléments communs - l'initiation, le système d'adeptes et maîtres,
la possession d'un secret et la détention d'un esprit libre –
apparus sous la domination de l'empire ottoman, la Franc-Maçonnerie
et le Soufisme, plus particulièrement Bektashis,
ont développé des relations étroites. Les gens de l'extérieur
confondent souvent les deux communautés, le mot tarikat,
qui signifie le cheminement et l'ordre Soufi était également
utilisé par les Franc-Maçons. L'histoire de la Franc-Maçonnerie au
cours de la période de l'empire ottoman montre une relation ténue
entre les changements
socio-économiques
et les
changements dans le domaine religieux. Certes, des milliers
d'européens se sont portés en grand nombre vers l'eldorado ottoman
depuis 1850 et postérieurement à cette date permettant ainsi à la
Franc-Maçonnerie de se développer en Turquie. Un exemple moderne de
la relation entre la Franc-Maçonnerie et le Soufisme est
l'établissement de la loge Yunus Emre en 1997 à Cologne.
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