9/08/2015

Türkiye. Dindarlık ve ruhanilik - devlet ve din: Diyanet İşleri Reisliği-Yahudilik, Hristiyanlık, hayali Şamanik miras - Masonluk ve Tasavvuf arasındaki ilişki

Religiosity and Spirituality in Turkey

The geographic exposure of Asia Minor has not only influenced the art, literature, politics and lifestyles of the Ottoman Empire and Turkey, but also the particular nature of their religious landscape. Turkey’s religious pluralism and diversity comprise “Intra-Islam” pluralism as well as historic and (post-)modern non-Muslim currents. Intra-Islam pluralism covers all shades of Islam, from state-controlled Islam and Islamic mysticism (tasavvuf) to minorities located both inside and outside the Muslim community—depending on the perspective—such as Alevis, Sabbateans or Baha’is. Islam dominates the religious field by far; according to a KONDA survey from 2006, ninety-nine percent of Turkish citizens are Muslims. Contrary to common perceptions in non-Muslim countries, ‘orthodox’ Islam and mysticism are not necessarily mutually exclusive categories. Mystical orders were a constitutive part of Ottoman religious history and while some of them postulate absolute obedience to shari‘a, others combine obedience with particular mystical practices. Only some orders linger at the margins of shari‘a when it comes to their rituals and interpretation of Muslim belief. The ‘Extra-Islamic’ religious pluralism encompasses a broad variety of non-Muslim religious or spiritual collectives and movements such as different denominations of Judaism and Christianity, and people interested in Buddhism. Finally, collectives and individuals who base their religious identity on an imaginary ‘Shamanistic heritage,’ belief in UFOs, spiritualistic practices, etc., or a combination of several elements, are not necessarily affiliated with one of the aforementioned religions. In the most cases, however, these practices are embedded and interpreted as a part of an ‘umbrella religion’ like Islam or Christianity. The expression “beyond state Islam” points to tendencies in Turkey’s religious field which result from the state’s religious policies. Whereas one part of the field could be entitled ‘state-approved orthodox Islam’, another part can be located outside of state-controlled institutions, being much more in flux and producing creative solutions to changing circumstances. The split between these parts of the field is on no account absolute; rather, a distinctive feature of communities positioned ‘beyond state-control’ is that they negotiate their relation with state-controlled institutions instead of taking the relation for granted. The legality of some of the so-labelled communities or practices is a different question, in some cases not easily answered. The laws and reforms implemented in the first years of the Turkish Republic brought an end to certain Islamic institutions like the Caliphate or the religious schools (the medrese, abolished in 1924), and rendered religious affiliation and rank invisible by banning  religious attire in public. According to its constitution Turkey is a laik country, which implies that state and religious institutions do not get involved in each others’ affairs. In the Turkish case, however, it rather means “the subordination of Islam to state objectives, and active management of religious institutions and affairs by the state” (Saatci 2005: 234). A decisive step in controlling Islam was the foundation of the Presidency of Religious Affairs (Diyanet İşleri Reisliği [nowBaşkanlığı], Diyanet) in 1924; the Presidency coordinates the religious learning and training inside Turkey and in the diaspora communities, prepares the Friday sermons, and enforces the state-sanctioned conduct of all its employees. Subject to several legal changes throughout the years, it took its current structure in 2010 and is directly connected to the Ministry of the Prime Minister. But whatever measures were taken, no formula has ever been created that would be able to reconcile the different approaches in the society of Turkey towards the nature of the relation between religion and state, or to depoliticize religious discourse.
So, where in this complex picture should we locate religiosity and spirituality beyond state control in Turkey?
A good example of the crossing of several boundaries (religious, ethnic, and linguistic) and of the emergence of new religious-spiritual communities is the relation between Freemasonry and Sufism in the Ottoman Empire and later. Due to some common elements—e.g., the initiation, the system of adepts and masters, the possession of a secret, and the free spirit—in the Ottoman Empire, Masons and Sufis, particularly Bektashis, developed close personal relationships. Outsiders often confused and equated both communities, while the word tarikat, the Sufi way and order, was finally used for Freemasonry, too. At the same time, the story of Freemasonry in the Ottoman Empire reveals the relation between socio-economic change and change in the religious field. For sure, had there not been the thousands of European adventurers who flocked to the Ottoman eldorado from the 1850s onwards, Ottoman freemasonry would have developed on a much lower scale. Another, very recent, example of this Masonic-Sufic relation would be the Yunus Emre Lodge in Cologne, founded in 1997.


Religiosité et Spiritualité dans la Turquie Contemporaine.
Au-delà des influences sur l'art, la littérature, la politique et les modes de vie de l'Empire Ottoman et de la Turquie, la position géographique de l'Asie mineure a influencé la spécificité du paysage religieux. Le pluralisme religieux Turc et sa diversité s'organisent autour d'un pluralisme intra-islamique et de courants historiques (post)modernes non-islamiques. Le courant intra-islamique couvre toutes les nuances de l'Islam, en partant de l'Islam étatique et de la mystique musulmane (tasavvuf) jusqu'aux minorités locales à l'intérieur comme à l'extérieur de la communauté musulmane – en fonction de la trame de leur perspective – telles que les Alevis, les Sabbatéens et les Baha'is. La religion Musulmane domine le champ religieux de la Turquie ; selon une enquête du groupe KONDA 90 % des citoyens Turcs sont musulmans. Contrairement aux idées préconçues que se font les pays non-musulmans, l'Islam Orthodoxe et le mysticisme ne sont pas des catégories mutuellement exclusives. Les ordres mystiques sont des composantes de l'histoire Ottomane des religions, alors que certains d'entre eux prônent l'obéissance absolue à la Sharia, d'autres l'associent à des pratiques mystiques. Seuls quelques uns d'entre eux restent en marge la la sharia lorsqu'il s'agit des rituels et de l'interprétation spirituelle des croyances musulmanes. Les courants extra-islamiques offrent une diversité importante de religions non-musulmanes, de mouvements et de groupes religieux, les Juifs, les Chrétiens et des adeptes du Bouddhisme. Enfin on trouve des groupes et des individus qui fondent leurs croyances religieuses sur un héritage Shamanique imaginaire, la croyance des OVNIS, des pratiques spiritualistes ...etc parfois entremêlés de différents éléments qui ne sont pas nécessairement liés aux religions mentionnées ci-dessus. Dans la plupart des cas cependant, ces pratiques sont enracinées et interprétées comme faisant partie de d'une religion à plus grande envergure telle la religion musulmane ou chrétienne. L'expression 'au-delà de l'Islam étatique' renvoie aux tendances dans le champ religieux de la Turquie à chercher les origines et la foi religieuses dans les discours politiques de religion d’État. Alors qu'une partie du domaine religieux pourrait s'intituler l''Islam orthodoxe approuvée par l’État', une autre partie de ce domaine se trouve en dehors des institutions contrôlées par l’État et bien plutôt dans un courant qui produit des solutions créatives en réponse aux modalités des changements. La séparation entre ces deux parties du domaine religieux n'est en aucun cas absolue ; plutôt un élément distinctif des communautés établies dans cette perspective d''au-delà de l'Islam étatique' qui négocient leur relation avec les institutions sous contrôle de l’État au lieu de les tenir pour acquises. La légalité et les pratiques de ces communautés restent dans le flou et par conséquent sont difficiles à définir. Les lois et réformes appliquées pendant les premières années de la République Turque ont mis fin à des institutions islamiques telles que le Califat et les écoles religieuses (les medrese abolies en 1924) et ont empêcher de se développer l'appartenance religieuse et ses prérogatives en bannissant le port de vêtement religieux en public. Selon les institutions la Turquie est un pays laïc où l'état et les affaires religieuses devraient rester parfaitement indépendants l'un de l'autre. Dans le cas de la Turquie, il s'agit plus précisément d'une 'soumission de l'Islam aux objectifs de l’État et d'un contrôle agissant au niveau des institutions et affaires religieuses par l'état (Saatci 2005: 234). Une étape décisive du contrôle de la religion par l'état fut la mise en place du ministère des affaires religieuses (Diyanet İşleri Reisliği [de nos jours Başkanlığı], Diyanet) en 1924 ; le ministère coordonne les formations et l'éducation religieuses dans le pays et les communautés de la diaspora, prépare les sermons du Vendredi et impose des sanctions officielles pour ses employés en cas de mauvaise conduite. Soumise à de nombreuses modifications juridiques au cours des années, en 2010 le ministère a adopter sa structure actuelle directement lié au cabinet du premier ministre. Cependant quelles que soient les mesure prises, jamais aucun précepte n'a été créé afin de réconcilier les différentes opinions de la société turque concernant la nature des relations entre la religion et l'état ni pour dépolitiser le discours religieux.
Ainsi, dans ce tableau complexe comment pouvons-nous déterminer la religiosité et spiritualité au-delà du contrôle de l'état en Turquie ?
Le dépassement des multiples limites du pays (religieuses, ethniques et linguistiques) et l'émergence de communautés religieuses et spirituelles se reconnaît dans le mouvement particulier de la Franc-Maçonnerie et du Soufisme de l'époque ottomane et jusqu'à nos jours. En raison de certains éléments communs - l'initiation, le système d'adeptes et maîtres, la possession d'un secret et la détention d'un esprit libre – apparus sous la domination de l'empire ottoman, la Franc-Maçonnerie et le Soufisme, plus particulièrement Bektashis, ont développé des relations étroites. Les gens de l'extérieur confondent souvent les deux communautés, le mot tarikat, qui signifie le cheminement et l'ordre Soufi était également utilisé par les Franc-Maçons. L'histoire de la Franc-Maçonnerie au cours de la période de l'empire ottoman montre une relation ténue entre les changements socio-économiques et les changements dans le domaine religieux. Certes, des milliers d'européens se sont portés en grand nombre vers l'eldorado ottoman depuis 1850 et postérieurement à cette date permettant ainsi à la Franc-Maçonnerie de se développer en Turquie. Un exemple moderne de la relation entre la Franc-Maçonnerie et le Soufisme est l'établissement de la loge Yunus Emre en 1997 à Cologne.

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