Humanitarian
ideology is based on the western postulate of the universality of
human rights. It is obvious that human dignity must be asserted and
defended. But beyond this principle implementation and orchestration
of this conception are questionable for it imposes a Western-centric
sense that is not to be taken for granted by the majority of human
kind.
L’idéologie
humanitaire repose sur le postulat occidental de l’universalité
des droits de l’homme. Que la dignité des hommes doive être
affirmée et défendue est bien évident. Mais au-delà de ce
principe, c’est toute la mise en œuvre et l’orchestration qui
pose question car elle impose un sens occidentalo-centré qui ne va
pas de soi pour la majorité de l’humanité.
Humanitarian
ideology encompasses a set of representations responsible for the
global managing (multinational, state and non-governmental) of
victims of conflicts and natural disasters (both natural and
political) and of a part of those marginalized excluded from
distribution of wealth. This humanitarian managing causes
representations. Humanitarian aid finds roots in shock and outraging
caused by the perception of a drama violating human dignity.
Following the emotional trauma comes a humanitarian disapproval
founded on standards and values in conformity with a judgment over
this outraging submitted situation. Such a process of
emotion-condemnation finds its main motivator in 'humanitarian show'
through the media. These shows feature disaster victims, in distress,
in danger and, with an 'ascending vacuum extraction effect' other
people delivering assistance. This picture overwhelmed-devastated is
a major ingredient to humanitarian ideology. It shows the bad living
and our well-being, it broadcasts repeated signs of a world with
disaster and misery. It is the main evidence of, not only the setting
out facts of which the presence is the accuracy of analysis that
often leads to the lack of another analysis about causes and
consequences of the featured situations. Everything is told, nothing
is explained. It is the advantage of images and the ideological
construct that tell what we want them to tell, unequivocal,
right-thinking. These consensual representation of other human
beings, other communities are generated by a work of building with a
coherently articulation of emotions, postulates, hierarchies and
values, that is to say a set of convergent representations through
which one finds an ideological vulgate, a belief made of the lowest
common denominators, moral, political, social, cultural. There, fear
of the poor, emotion and distant caring for others, worrying about
barbarism, disapproval when confronted to foreign communities,
finally false compassion and fear of the Other inextricably blended.
Such a hotchpotch of contradictory or ambivalent emotions lends
itself to all airy fairy designs rather than to real knowledge and
this is what makes this ideological building of an hegemonic body of
representations. On the other side of this ideological chain buoyed
by these representations, humanitarian ideology is setting itself as
the moral side of the global neo-liberal world. It is the main
tool of moral globalization, an attempt to establish universal
standards and values through a global consensus conducted in
connection with relocated transnational values that make thinkable
onto acceptable exclusionary effects produced by deregulated global
capitalism. Increased exploitation characterized by economical
globalization assumes 'moral safety valves' intended to reaffirm
values and to reassure through producing meaning outside the daily
alienation. Taking a look on far away victims allows one to avoid
quantifying close excluded people, and even worse to measure one's
own social-economical order oppression. This humanitarian moral,
showing us there is poorer, comforts us as much as it moves us. It is
an invitation to have correct emotions, feelings for far away victims
we will never concretely meet and to accept the constraints of our
own world, of our own society that is so generous since capable to be
moved by the misery of others. And because others misery entertains
us to blind us to our own, it needs this truly spectacular staging. A
rescue without witness is a cause without object. Showing becomes
then a fundamental necessary need to humanitarian ideology. But who
is the Other they show us all the time, we never meet, who is kept to
remain a Victim in this common humanitarian ideology?
Humanitarian
ideology is based on the western postulate of the universality of
human rights. It is its main support. A conception that finds its
roots in the western world implemented by the Westerners. It is
obvious that human dignity must be asserted and defended. But beyond
this principle implementation and orchestration of this conception
are questionable for it imposes a Western-centric sense that is not
to be taken for granted by the majority of human kind.
Texte
intégral en français ici : http://jda.revues.org/3084
L’idéologie
humanitaire, c’est l’ensemble des représentations qui
provoquent la gestion planétaire (multinationale, étatique,
non gouvernementale) des victimes des conflits et des catastrophes
(tant naturelles que politiques) et d’une part des exclus des
processus de distribution des richesses. Cette gestion humanitaire
provoque elle-même des représentations. L’humanitaire
commence par l’émoi, l’indignation provoquée par la perception
d’un drame attentatoire à la dignité. Après le choc émotionnel
survient la réprobation humanitaire, fondée sur des normes et des
valeurs qui permettent de juger scandaleuse la situation présentée.
Un tel processus d’émotion-réprobation, trouve son principal
ressort dans les spectacles humanitaires programmés par les médias.
Ces spectacles mettent en scène des gens sinistrés, en détresse,
en danger et, par un effet d’aspiration, d’autres gens qui leurs
portent secours. L’image accablante et
accablée est un ingrédient capital dans l’idéologie humanitaire.
Elle montre le mal et notre bien, elle diffuse les signes répétés
d’un univers de catastrophe et de misère. Elle constitue la preuve
principale, non seulement de faits présentés, mais aussi de la
véracité des analyses dont ils sont l’objet qui souvent confine à
l’absence d’analyse sur les causes et les conséquences des
situations montrées. Tout est dit et rien n’est expliqué. C’est
l’avantage des images et les constructions idéologiques qui disent
ce qu’on leur fait dire, univoques, bien pensantes. Ces
représentations consensuelles sur d’autres hommes, d’autres
sociétés, sont produites par un travail de construction idéologique
où sont articulés de façon cohérente des émotions, des
postulats, des hiérarchies et des valeurs, c’est-à-dire tout un
paquet de représentations convergentes par lesquelles on définit
une vulgate idéologique, une croyance partagée faite de plus petits
communs dénominateurs moraux, politiques, sociaux, culturels. S’y
télescopent crainte des pauvres, émotion et sollicitude pour le
malheur d’autrui à distance, inquiétude sur la barbarie,
réprobation devant des sociétés étrangères, finalement fausse
compassion et peur de l’autre indissolublement mélangées. Un tel
fatras d’émotions contradictoires ou ambivalentes se prête à
tous les habillages plutôt qu’à une vraie connaissance et c’est
en quoi il se prête à la construction idéologique d’un corpus
hégémonique de représentations. A l’autre bout de la chaîne
idéologique qui se nourrit de ces représentations, l’idéologie
humanitaire se présente d’autre part comme le volet moral du monde
global néolibéral. Elle est l’outil principal d’une
globalisation morale, c’est-à-dire d’une tentative pour
instaurer des normes et valeurs universelles, à partir d’un
consensus planétaire réalisé autour de valeurs transnationales
délocalisées qui rendent pensables puis acceptables les effets
d’exclusion produits par le capitalisme mondial dérégulé.
L’exploitation démultipliée par laquelle se caractérise la
mondialisation économique suppose des « soupapes morales »
destinées à réaffirmer des valeurs et à rassurer tout en
produisant du sens hors de l’aliénation quotidienne. En portant le
regard sur des victimes lointaines on peut ainsi éviter de trop
dénombrer les exclus proches, et pis de mesurer l’oppression de
l’ordre socio-économique sur soi-même. Cette morale humanitaire,
en nous disant qu’il y a plus malheureux que nous, et surtout en le
montrant et en le remontrant, nous rassure autant qu’elle nous
émeut. Elle nous invite à nous émouvoir à bon escient pour ces
victimes lointaines avec lesquelles nous n’aurons jamais aucun
rapport concret et à accepter les contraintes imposées dans notre
univers proche, dans notre société si généreuse qu’elle est
même apte à s’émouvoir d’autres misères que les siennes.
C’est parce que la misère d’autrui nous distrait de notre propre
misère que des mises en scènes spectaculaires sont nécessaires. Un
sauvetage sans témoins est une cause sans objet. Faire voir est
ainsi une nécessité fondamentale pour l’idéologie humanitaire.
Mais qui est cet autre qui nous est en permanence montré et avec
lequel nous n’entretenons aucun rapport, sinon celui abstrait de
salvateur à victime, dans la vulgate humanitaire partagée ?
L’idéologie
humanitaire repose sur le postulat occidental de l’universalité
des droits de l’homme. C’est son principal appui. Il s’agit
d’une conception née en Occident et mise en œuvre par des
occidentaux. Que la dignité des hommes doive être affirmée et
défendue est bien évident. Mais au-delà de ce principe, c’est
toute la mise en œuvre et l’orchestration qui pose question car
elle impose un sens occidentalo-centré qui ne va pas de soi pour la
majorité de l’humanité.
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