10/31/2014

Mekansal adalet krizi 2 - Güvenlikler ve güvensizlikler - korku nedir? - etrafı çevrili güvenlikli site - paralı asker özel milis ( Jobbik Magyar Gárda ... vb)

Spatial Justice in crisis 2 - If socio-spatial theory has amply elaborated “spaces of neo-liberalism,” it has not attended to the “spaces of neoconservativism” to nearly the same degree, nor has it attended to the ways in which the two are contingently if also powerfully mutually re-enforcing. Socio-spatial theorists have not described the spatial registers upon which neoconservativism relies, but tend instead to see neoconservativism as an ideology that floats above, or lurks within, neoliberal spatial transformations. Yet, if we accept with Brown that neo-conservativism is a distinct mode of political rationality—one that chaffs against neoliberalism in certain key respects—so too must neo-conservativism produce a landscape, so too must it work through (and produce) distinct spatial forms, that only contingently bolster the social force of neoliberalism—and potentially disrupt it. Thus, I turn now to ask: what are the spatial practices that are critical to neoconservativism’s constructivist project? What are the key spatial registers through which neoconservativism works to create a landscape in its own image, through which it works to construct that which it claims already exists? And how does this landscape work with that of neo-liberalism to produce what Brown terms a “new political form,” one that cultivates a de-democratized citizenry—the “abject, unemancipatory, and anti-egalitarian subjective orientation amongst a significant swathe of the American populace”? As outlined earlier, neo-conservativism is a mode of authoritarian nationalism in which home and homeland are mutually constituted as under siege, and in which the defense of a fiercely normative understanding of the family is yoked to and becomes a modality of the defense of the imperial mission of United States—and vice versa. The spatial registers critical to the construction of neo-conservativism as a political rationality are thus those that help to produce as axiomatic the juridical, spatial, and psychic relay between (patriarchal) “home” and (imperial) “homeland.” This logic can be seen in an extreme form in the anti-immigration activism of the “Minuteman Civil Defense Corps,” which describes itself as a “national citizen neighborhood watch, securing the American border.” The organization promotes itself as the “nation’s largest neighborhood watch group,” explicitly linking residential-scale crime prevention initiatives designed to reduce home breakins to the work to secure the geographic borders of the nation. The Minuteman and other border defense organizations seek to incite the state to enact a more virulent defense of borders—to build the border wall, faster, taller, higher ; a “fullon Israeli-style Security Fence.” These border enforcement activist groups also organize to defend a broad range of other locations which they define as a series of internal borders under siege—from day-laborer pick-up stations to residential zoning laws to taxes policy—which are depicted as the front-lines in the war with those who would “destroy sovereign America.” The call to defend the nation’s borders, which depicts a homeland broadly under siege, has become a powerful mobilizing ideology of the “new” new right which has consolidated and reorganized after 9-11. In addition, at least since Mike Davis’ City of Quartz, critics have described the emergence of “Fortress America”—an increasing proliferation of walls, gates, and home-security devices along with new forms of social organization in single-family neighborhoods, and new forms of private government, such as common interest developments (CIDs) and residential homeowner associations (RHAs). These otherwise varied landscapes cohere around the effort to secure the home against external forces of instability and insecurity. The alarm-rigged house, the gated community, the securitized urban street, the bordered nation: these are spatial forms that have arisen in the context of the broad neoliberalization of the U.S., but they cannot be said to cultivate precisely an entrepreneurial subject. Engin Isin has recently identified the home/homeland nexus as a key domain in the production of a subject whose conduct is governed not through its responsibilization—not by appealing to the subject’s capacity to manage its own well being through the prudent application of market-rationality, but through its “neuroticization,” by appealing to the subject’s capacity to manage its “fears, anxieties, and insecurities.” Isin terms this subject the “neurotic subject” and suggests that it emerges alongside the neoliberal subject, indeed is mutually determining of it. Isin sketches the contours of a neurotic subject, and identifies the home-homeland relay as a particularly symptomatic domain for the cultivation of the “neurotic citizen.” Lisa Brawley

La justice spatiale en crise 2 - Si l’analyse socio-géographique a amplement travaillé la question des « espaces du néolibéralisme », elle ne s’est pas intéressée au même degré aux « espaces du néo-conservatisme », ni à la manière dont les deux, de manière peut-être contingente, se renforcent puissamment l’un l’autre. Les spécialistes de l’espace social n’ont pas décrit les registres territoriaux sur lesquels repose le néo-conservatisme, et ont souvent tendance à envisager le néo-conservatisme comme une idéologie qui flotte au dessus ou s’immisce à l’intérieur des transformations spatiales néolibérales. Pourtant, si on reconnaît comme Brown que le néo-conservatisme obéit à une logique politique spécifique – logique qui diverge de celle du néo-libéralisme sur certains points cruciaux – il y a fort à parier que le néo-conservatisme lui aussi produit un paysage et génère des formes spatiales spécifiques qui peuvent consolider la puissance sociale du néolibéralisme et qui peuvent aussi éventuellement la contrecarrer. Je me tourne donc maintenant vers la question suivante : quelles sont les pratiques spatiales qui sont cruciales pour le projet constructiviste du néo-conservatisme ? Quels sont les registres spatiaux fondamentaux à travers lesquels le néo-conservatisme œuvre à la création d’un paysage à son image, à travers lesquels il travaille à la construction de ce qu’il présente comme déjà existant ? Et comment ce paysage œuvre-t-il, avec celui du néolibéralisme, à la production de ce que Brown appelle une « nouvelle forme politique », qui forge une collectivité dé-démocratisée et favorise dans une couche importante de la population américaine une méprisable orientation contre les idées d’émancipation et d’égalité? Comme nous l’avons souligné plus haut, le néo-conservatisme est une forme de nationalisme autoritaire qui se représente le territoire domestique et le territoire national comme assiégés, où la défense acharnée de la norme familiale est liée à celle de la mission impériale des États-Unis. Elle en devient une des modalités – et vice versa. Les registres spatiaux essentiels à la construction du néo-conservatisme en tant que logique politique sont donc ceux qui aident à construire comme axiomatique le lien juridique, spatial, et psychique entre « espace domestique » (patriarcal) et « territoire national » (impérial). Cette logique trouve sa manifestation radicale dans l’activisme anti-immigration des « Minuteman Civil Defense Corps », qui s’autoproclament « comités locaux de citoyens pour la surveillance et la sécurité de la frontière américaine ». L’organisation se décrit comme « le réseau de surveillance de quartier le plus vaste de la nation », établissant ainsi un lien explicite entre d’une part les associations de lutte contre la criminalité à l’échelle du quartier résidentiel, dont la fonction est de lutter contre les cambriolages, et, d’autre part, la protection des frontières géographiques du territoire national. Les « Minutemen » et d’autres organisations de défense incitent donc l’État à renforcer la sécurité des frontières, à construire plus rapidement un mur frontalier toujours plus grand et toujours plus haut, pour en faire une « véritable barrière de sécurité à l’israélienne». Ces groupes d’activistes de la sécurité frontalière militent aussi pour la défense d’une multitude de lieux qu’ils voient comme autant de frontières internes, elles aussi assiégées, depuis les stations de ramassage des travailleurs journaliers aux mesures fiscales organisant le zonage résidentiel : ces lieux sont présentés comme les lignes de front d’une guerre menée contre ceux qui veulent « détruire l’Amérique souveraine ». L’appel à la défense des frontières nationales, qui présente le territoire national comme assiégé de toutes parts, s’est transformé en une puissante idéologie capable de mobiliser la « nouvelle » nouvelle droite, consolidée et réorganisée dans la foulée du 11 septembre. Par ailleurs, comme bon nombre de critiques l’ont souligné, à commencer par Mike Davis dans City of Quartz, l’émergence de la « forteresse Amérique » s’est accompagnée d’une prolifération tous azimuts de murs, de barrières, et d’autres dispositifs de protection de la maison. Sont nées aussi de nouvelles formes d’organisation sociale dans les lotissements de maisons individuelles et de nouvelles formes de gouvernement privé, comme les villes privées (common interest dévélopments ou CID) et les associations de résidents propriétaires (Residential Homeowner Associations). Un seul objectif les rassemble : protéger la maison contre des menaces externes d’instabilité et d’insécurité. La maison sous alarme, la communauté fermée, la rue sécurisée, la nation emmurée : telles sont les formes spatiales qui sont apparues dans le contexte du néolibéralisme généralisé des États-Unis. On ne saurait dire qu’elles forgent nécessairement un sujet entrepreneur. Engin Isin a récemment fait valoir le rôle clé de l’articulation espace domestique/territoire national (home/homeland) dans la construction d’un sujet dont la conduite est déterminée non pas par sa responsabilisation – non pas en faisant appel à sa capacité à gérer son propre bien être par l’application prudente d’une logique de marché – mais par sa « névrotisation » – en faisant appel à sa capacité à gérer ses « peurs, anxiétés et sentiments d’insécurité». Isin appelle ce sujet, qui se serait développé parallèlement au sujet néolibéral, et même de manière mutuellement déterminante par rapport à lui, le « sujet névrosé ». Il en esquisse les contours et fait de la combinaison espace domestique territoire national un thème particulièrement révélateur du développement du « citoyen névrosé ». Lisa Brawley

10/29/2014

Mekansal adalet krizi - özel güvenlik kuvveti - neoliberalizm siyasal kültür için - devletin meşruluğu kaymıştır siyaset - demokratik yapıların yokluğu önemli değil : ekonomik büyüme mazeret

Spatial Justice in crisis - One profound implication of the fiercely anti-democratic political culture that emerges at the conjoining of neo-liberalism and neo-conservativism is the shifted politics of legitimacy of the state: to the extent that neoliberalism justifies its authority via claims to growth, the absence of democratic structures does not lead to legitimation crises, for neoliberalism does not derive its legitimacy from them but rather from the promise to create structures that enhance and guarantee economic growth. Moreover, the apparent absence of “growth” does not necessarily provoke a legitimation deficit for a strictly neo-liberalizing regime. A “growth crisis”—such as the one we are now experiencing—will likely intensify the call for growth at any cost. Thus, even as the financial crisis inspires demands for the re-regulation of finance capital (which was never de-regulated, but was, rather subject to neoliberal regulation), the crisis will not stall the core process by which responsibilization takes place. To the contrary, the financial crisis and broadscale economic hardship will likely ratchet up the call for growth and further entrench the process by which market rationality and entrepreneurialism is expanded to every domain. In addition, as a mode of political rationality, neo-conservativism also does not seek to legitimate its authority in democratic institutions; rather, it asserts its legitimacy through a moral righteousness backed by and expressed through the exercise of power, and is emphatically and explicitly hostile to democratic egalitarianism. Thus, this “new political form,” this anti-democracy taking shape at the conjunction of neoliberalism and neoconservativism inures itself to crises of legitimation by oscillating between authority and power—by appealing to the alibi of economic growth and by cultivating fear. Growth legitimates the authority of the neoliberal state project; fear legitimates the expansion of unaccountable state power. The conjoined force of neoconservativism and neoliberalism is pro-foundly shifting the terrain of the politics of state legitimacy in the U.S., with profound implications for the contours of political mobilization in this time of global economic crisis. Brown does not address the spatial registers of this emergent anti-democratic political form. Yet her emphasis on the importance of understanding neoliberalism as a normative, constructivist project—a project “that endeavor[s] to create a social reality it suggests already exists”—would seem to underscore the centrality of the built environment, of physical constructions and of the spatial scale of lived experience in the effort to produce the truth-effects of this “new political form.” A review of the key socio-spatial transformations over the last three decades reveals that the urban scale is a central spatial register within which and through which the responsibilization and de-democratization of citizens takes place. A brief and non-exhaustive summary of these transformations includes: the rise of entrepreneurialism as the primary mode of urban governance, resulting from and producing increased competition and “place-marketing” between cities within regions, between regions, and between cities competing in an increasingly global(ized) economy; the emergence of new actors and new institutions which constrain the political autonomy of urban governance, such as bond-rating agencies, public private partnerships, privatization of public assets, and tax increment financing schemes; the increased power of the real estate sector within the urban landscape, such that real estate is, as Jason Hackworth has argued «the leading edge of neoliberalism on the urban scale in the United States”; the shift from urban planning to urban megaprojects, or what Peter Marcuse has aptly termed “deplanning” which removes urban spatial transformation even further from democratic accountability; the intensification of spatial division, and the emergence of the “quartered” or “layered” city: fortified enclaves, ghettoes of exclusion, and center-city citadels of capital; the increased “securitization” through official and unofficial policing of the disparate zones of the divided city; the increased salience of anti-immigration and anti-homelessness law, and the emergence of the legal category of the “illegal” person”; the rescaling of the state function or what Neil Brenner terms “state spatiality” from the Keynesian welfare state, which emphasized the horizontal distribution of state spatiality across the national territory, to the “multi-scalar recalibration” of spatiality which puts renewed emphasis on the urban scale as a command center in the operation of global capital.

The extreme responsibilization of the citizen happens by way of and at the spatial scale of responsibilized, entrepreneurialized, and increasingly de-democratized urban spaces. Indeed, David Harvey argues forcefully that the fiscal crisis in New York City in the mid1970s and the success with which the crisis enabled financial institutions to transform urban governance in New York functioned as a kind of policy-incubator, honing a process that was later exported to other cities in the United States and to whole countries, through the instrumentalities of neoliberal finance. Brown’s analysis importantly augments the socio-spatial accounts of neo-liberalism, as sheurges us to understand these material transformations not as the Neoliberal Real, but rather as spatially-embedded strategies by which neo-liberalism—as a political project—attempts to create the reality it claims already exists. The responsibilization of cities—the de-democratization of and in the urban scale—presents particular challenges for the practice of spatial justice, for cities are increasingly less powerful than they look, in this sense: gleaming towers and big boxes are touted as the accomplishments of neoliberal urban governance. As signals of the achievements of neoliberal governance, however, they are also signs of the loss of political autonomy and the diminishment of the capacity of democratic institutions at the urban scale—the capacity that is a necessary precondition of the re-direction of urban policy toward different, more egalitarian aims. The gleaming towers and big boxes do not signal the expanded capacity of urban governance itself, but increasingly are signs of the impotence of the capacity of urban governance relative to the forces that have captured public institutions and assets for private gain, forces which increasingly do not operate at the urban scale. Yet the apparent self-evidence of the built as “growth” provides a principle alibi for the extension of neoliberal political rationality. Moreover, the responsibilization of the city has meant that the city is a core spatial register within which the de-politicization of socio-spatial inequality takes place. Cities are left with decreased capacity to manage the political, social and economic problems neo-liberalization produces; moreover, these problems are de-politicized—they are not viewed as a political symptom of systemic failures, but as the result of the poor choices made by individual cities, by individual neighborhoods within cities, or by individuals within those neighborhoods. The ongoing fiscal crisis will only escalate the process of interurban competition, as extreme fiscal discipline is imposed on states, cities and individuals, as all compete for shrinking funds as state governments and municipalities contend with budget shortfalls, drastic losses in tax revenue, and increased social need. It remains an open and critical question whether the ongoing financial crisis will trigger a re-politicization of social inequality or whether the crisis and resulting economic distress will continue to be seen as personal failures caused by bad choices made by imprudent individuals. Lisa Brawley

La justice spatiale en crise
Cette culture politique résolument anti-démocratique, fruit de l’alliance entre néolibéralisme et néo-conservatisme, a notamment provoqué une inversion de la stratégie de légitimation de l’État. En effet, dans la mesure où le néolibéralisme fonde son autorité sur une promesse de croissance, l’absence de structures démocratiques n’affecte en rien sa légitimité, qui n’est effectivement plus fondée sur celles-ci, mais bien plutôt sur la promesse qu’il créera les structures nécessaires pour favoriser et assurer la croissance économique. Pourtant, l’absence apparente de « croissance » ne se traduit pas nécessairement par un déficit de légitimité du régime strictement néo-libéralisant. La « crise de croissance » – comme celle que nous traversons aujourd’hui – conduira plus probablement à des appels redoublés à la croissance à tout prix. Ainsi, alors même que la crise financière conduit certains à exiger la re-régulation du capitalisme financier (qui n’a d’ailleurs jamais été dérégulé, mais a bien plutôt été soumis à la régulation néolibérale), elle ne mettra pas fin au processus fondamental par lequel chacun est « responsabilisé » dans le sens qu’il doit lui-même se prendre en charge. Au contraire, la crise financière et la détresse économique générale ne feront probablement qu’intensifier les appels à la croissance et renforceront le processus par lequel la logique de marché et la logique d’entreprise s’étendent à tous les domaines. Qui plus est, le néo-conservatisme, en tant que logique politique, ne cherche pas lui non plus à asseoir son autorité sur les institutions démocratiques, mais bien plutôt sur un sentiment moral qui se nourrit et s’exprime à travers l’exercice du pouvoir, et qui est emphatiquement et explicitement hostile à l’égalitarisme démocratique. Cette « nouvelle forme politique », cette anti-démocratie, née de la rencontre entre néolibéralisme et néo-conservatisme, se prémunit ainsi contre les crises de légitimité en oscillant entre autorité et pouvoir – en faisant appel à l’alibi de la croissance économique et en cultivant la peur. La croissance légitime l’autorité du projet de l’État néolibéral, et la peur l’expansion du pouvoir incontrôlé de l’État. Les forces alliées du néo-conservatisme et du néolibéralisme ont profondément transformé le processus de légitimation de l’État aux États-Unis, et ont des répercussions profondes sur le terrain de la mobilisation politique en ces temps de crise économique mondialisée. Brown ne s’intéresse pas aux registres spatiaux de cette forme politique anti-démocratique émergente. Elle insiste pourtant sur la nécessité de comprendre le néolibéralisme comme un projet normatif et constructiviste – un projet « qui œuvre à la création d’une réalité sociale qu’il prétend déjà exister » –, analyse qui semble donc souligner l’importance de l’environnement bâti, des constructions physiques et de la dimension spatiale de l’existence, dans l’effort déployé par cette « nouvelle forme politique » pour produire des effets de réalité. Un survol des principales transformations socio-spatiales des trois dernières décennies révèle que le milieu urbain joue un rôle central et constitue l’échelle où s’opèrent la responsabilisation et la dé-démocratisation des citoyens. Ces transformations comprennent notamment, pour résumer rapidement : la montée de la logique d’entreprise comme principal mode de gouvernance urbaine, à la fois cause et conséquence du « marketing territorial » et de la concurrence accrue entre villes à l’intérieur d’une même région, entre régions, et entre villes concurrentes au sein d’une économie de plus en plus mondialisée ; l’émergence de nouveaux acteurs et de nouvelles institutions qui restreignent l’autonomie politique de la gouvernance urbaine – agences de notation financière, partenariats public-privé, privatisation des biens publics, financements par surcroît d’impôts ; le pouvoir accru du secteur immobilier en milieu urbain, tant et si bien que l’immobilier, comme l’a souligné Jason Hackworth, est devenu « la pointe avancée du néolibéralisme à l’échelle urbaine aux États-Unis » ; le passage de l’aménagement du territoire aux grands projets urbains, ou ce que Peter Marcuse a bien nommé le « dés aménagement » qui soustrait encore davantage du contrôle démocratique la transformation de l’espace urbain ; l’intensification du cloisonnement spatial, et l’émergence de la ville « en quartiers » ou « en strates » – enclaves fortifiées, ghettos de l’exclusion, et citadelles du capital au centre-ville ; la « sécurisation » accrue par la police officielle ou des vigiles privés dans les zones disparates de la ville morcelée ; la proclamation de plus en plus fréquente de lois contre les immigrés et les sans-abri, et l’émergence de la catégorie juridique des « clandestins ». La re-calibration de la fonction étatique ou de ce que Neil Brenner appelle la « spatialité de la puissance publique » de l’État providence keynésien – qui mettait l’accent sur la répartition de la puissance publique sur l’ensemble du territoire national – aboutit à une « re-calibration à échelles multiples » qui met de nouveau l’accent sur l’échelle urbaine comme centre de commandement du capitalisme mondial.
Le fait que le citoyen soit rendu entièrement responsable de son sort s’opère par le biais et à l’échelle d’espaces urbains de plus en plus dé-démocratisés et soumis eux aussi à une logique d’entreprise. En effet, comme David Harvey l’a bien montré, la crise fiscale que la ville de New York a connue au milieu des années 1970, et l’efficacité avec laquelle celle-ci a permis aux institutions financières de transformer la gouvernance urbaine à New York, ont servi d’incubateur politique et ont permis de perfectionner un processus qui fut ensuite exporté vers d’autres villes des États-Unis et vers des pays entiers, par le biais de la finance mondiale. Brown apporte une contribution à l’analyse socio-spatiale du néolibéralisme, contribution importante en ce qu’elle nous encourage à envisager ces transformations matérielles non pas comme le réel néolibéral, mais bien plutôt comme des stratégies spatialement intégrées grâce auxquelles le néolibéralisme – en tant que projet politique – tente de créer une réalité qu’il présente comme déjà existante. Les villes, elles aussi et comme les citoyens, sont déclarées responsables de leur sort dans un environnement régi par la logique du marché. La dé-démocratisation à l’échelle urbaine et de l’échelle urbaine pose alors des difficultés particulières à la pratique de la justice spatiale. En effet, de plus en plus souvent, les villes sont moins puissantes qu’elles n’en ont l’air, du moins si l’on se fie aux gratte-ciel et aux hypermarchés comme autant de réussites de la gouvernance urbaine néolibérale. Ces accomplissements de la gouvernance néolibérale signalent pourtant aussi une perte d’autonomie politique et une capacité amoindrie pour les institutions démocratiques à l’échelle urbaine – capacité qui est une condition nécessaire à tout recentrage des politiques urbaines sur des objectifs différents, et plus égalitaires. Les immeubles de grande hauteur et les grandes surfaces commerciales ne signalent donc pas la capacité accrue de la gouvernance urbaine elle-même, elles sont bien plutôt le signe de l’impuissance de la gouvernance urbaine vis-à-vis des pouvoirs qui ont pris le contrôle des institutions publiques et des biens publics à des fins lucratives privées, pouvoirs qui opèrent de moins en moins à l’échelle urbaine. Pourtant le bâti comme marque évidente de la « croissance » fournit un alibi essentiel à l’extension de la logique politique néolibérale. De plus, que la ville soit déclarée responsable de son sort signifie qu’elle constitue un registre spatial essentiel au sein duquel prend place le fait que les inégalités socio-spatiales sont vidées de leur signification politique. Avec une capacité amoindrie, les villes se retrouvent à devoir gérer les problèmes politiques, sociaux et économiques générés par les progrès du néolibéralisme. De surcroît et parce qu’ils sont eux-mêmes vidés de leur sens politique, ces problèmes ne sont plus envisagés comme le symptôme politique d’un échec du système : ils sont considérés comme le résultat de mauvais choix effectués individuellement par les villes, les quartiers au sein de ces villes, voire les individus au sein de ces quartiers. La crise fiscale en cours ne fera qu’intensifier la concurrence entre les villes, une discipline fiscale d’airain étant imposée aux États, aux villes et aux individus. Dans cette concurrence générale pour obtenir des fonds en diminution constante, les gouvernements locaux et les municipalités sont aux prises avec des déficits budgétaires et des pertes drastiques de revenu fiscal, mais confrontés à des besoins sociaux grandissants. La question cruciale demeure de savoir si la crise financière en cours va redonner aux inégalités sociales leur dimension politiques ou si, au contraire, les bouleversements économiques continueront à être interprétés comme des échecs personnels liés aux mauvais choix opérés par des individus imprudents. Lisa Brawley

10/28/2014

Anti-demokrasi ve neoliberalizm - Tek bir referans : ekonomik büyüme - siyaset ve ekonomi artık farklı - siyaset ve ekonomi ayni olur

The Practice of Spatial Justice in Crisis - Anti-democracy

THE WALL STREET JOURNAL has declared the end of Wall Street; a Nobel laureate economist has questioned the difference between a Ponzi scheme and the workings of finance capital in the pages of the New York Times; former Chairman of the U.S. Federal Reserve Alan Greenspan has recanted—with the apparent force of a crisis of faith—his allegiance to the core tenets of neo-liberalism: that markets are self-regulating and that private self-interest will safeguard the public welfare. At the time of this writing, more than two trillion U.S. dollars in Federal reserve loans have been used to shore up the faltering financial institutions in the United States: home values have plummeted; a growing number of people owe more on their houses than they are worth; home foreclosures are estimated at 10,000 per day; 7.3 million homeowners are expected to default on mortgages during 2008-10 with 4.3 million losing their homes; more people lost their jobs in 2008 than in any year since 1945, with more than half a million in December alone. This is just to sketch in brief the contours of the financial and economic crisis in the United States, increasingly described as the most severe since the depression of the 1930s—which is to say nothing of the force with which the financial crisis continues to ramify throughout the global financial system. With the growing insolvency at the centers of neoliberal finance, many have begun to declare that neo-liberalism itself is finally bankrupt. But what is neoliberalism? And what does its apparent de-legitimation promise for a consideration of spatial justice? In what follows I use the work of political theorist Wendy Brown as a framework for a consideration of spatial justice in the context of a “wounded” neoliberalism, keeping in mind that neoliberalism in the U.S. has long been shadowed by a neo-conservatism that inures it to crises of legitimation. In ways that I elaborate below, Brown argues that the combined force of neoliberalism and neoconservativism is producing a “new political form,” the effect of which is the radical de-democratization of the United States; I explore the spatial registers of this new political form, for what it suggests for the practice of spatial justice in a time of crisis. Wendy Brown approaches neo-liberalism not primarily as a set of free-market economic policies that dismantle the institutions of welfare states, nor as a political-economic reality, but—following Foucault—as a specific form of “political rationality,” a specific kind of “normative political reason [that organizes] the political sphere, government practices, and citizenship.” Neo-liberalism is a constructivist project; it endeavors to create the world it claims already exists. It not only aims to govern society in the name of the economy, but also actively creates institutions that work to naturalize the extension of market rationality to all registers of political and social life. Market-rationality—competition, entrepreneurialism, calculation—is thus not presumed by neo-liberalism as an innate human quality, but is rather asserted as normative, and as something that must be actively cultivated. The practice of governance in the neoliberalizing regime is precisely to cultivate such market rationality in every realm. Thus, crucially, what many have called the “rollback phase” of neoliberalism—the dismantlement of the institutions and policies of the Keynesian welfare state—does not amount to the withdrawal of the state or its power from the social sphere. Rather, neo-liberalism’s so called “rollback” marks the expansion and recalibration of the techniques of governing. A chief technique (as well as product) of such a mode of governance is the entrepreneurial or “responsibilized” citizen—the citizen who manages his or her own well-being through the prudent application of rational self-interest; and thus, neoliberalism “shifts the regulatory competence of the state onto ‘responsible,’ ‘rational’ individuals,” encouraging them to “give their lives a specific entrepreneurial form. [Neoliberalism] is a formation made possible by the production of citizens as individual entrepreneurial actors across all dimensions of their lives, by the reduction of civil society to a domain for exercising this entrepreneurship, and by the figuration of the state as a firm whose products are rational individual subjects, an expanding economy, national security, and global power. Neoliberalism seeks to establish the conditions under which “the state leads and controls subjects without being responsible for them.” The critical point is not (merely) that subjects are controlled through their freedom—the premise of governmentality— but the kind of citizen that neo-liberalism seeks to constitute, and the consequences for what kind of state. The entrepreneurial citizen is a profoundly de-democratized citizen, the construction of which enables a fiercely anti-democratic state form. In addition, neoliberalism represents a radical “de-politicization” of structural inequality, along with an increased tolerance for it. Social inequalities are not seen as structural or political problems, but are rather seen to be the result of imprudent choices individuals have made, without regard to anything that might constrain those choices. “A permanent underclass, and even a permanent criminal class, along with a class of aliens or noncitizens are produced and accepted as an inevitable cost of such a society, thereby undermining a formal commitment to universalism.” Moreover, the production of the citizen as entrepreneur evacuates the civic realm of substantive meaning. As Brown explains, “A fully realized neoliberal citizenry would be the opposite of public-minded; indeed, it would barely exist as a public. The body politic ceases to be a body but is rather a group of individual entrepreneurs and consumers.” As Brown importantly reminds us, as a mode of political rationality, neo-liberalism thus represents not a return to the ideals of political liberalism, but rather their (as yet incomplete) foreclosure. In the neo-liberalizing state, economic liberalism is substituted for political liberalism. In contrast to classical liberalism which “articulated a distinction and at times even a tension between economic actions, societal obligations and individual moral reason,” neoliberal political rationality “erases the discrepancy between economic and moral behavior by configuring morality entirely as a matter of rational deliberation about costs, benefits, and consequences.” Thus neoliberalism works to close the “modest ethical gap” between the political and the economic in liberal democracy: “The saturation of the state, political culture and the social with market rationality effectively strips commitments to political democracy from governance concerns and political culture.”

Neoliberal political rationality is not scandalized by disclosures of the inequitable distribution of rights, instances of injustice, unequal life chances, or breaches of democratic morality on the part of governing officials, but rather incorporates these as the necessary costs of what it now takes as its political, cultural and social—not merely economic—imperative: fostering “economic growth.” Thus, “growth” is called upon to legitimate both the extension of state power and the withdrawal of state provision. Lisa Brawley

La pratique de la justice spatiale en crise - Anti-Démocratie
Wendy Brown n’envisage pas le néolibéralisme d’abord comme des politiques économiques libérales visant à démanteler les institutions des États providence, ni même comme une réalité politico-économique, mais plutôt – à la suite de Foucault – comme une forme spécifique de « logique politique », un type particulier de « rationalité politique normative [qui régit] la sphère politique, les pratiques gouvernementales, et la citoyenneté». Le néolibéralisme est un projet constructiviste : il s’efforce de créer un monde dont il prétend qu’il existe déjà. Il ne prétend pas seulement gouverner la société au nom de l’économie, mais il s’emploie à construire des institutions visant à étendre la logique de marché à tous les registres de la vie politique et sociale. La logique de marché – concurrence, esprit d’entreprise, prévision – n’est donc pas envisagée par le néolibéralisme comme une qualité innée du genre humain, mais bien plutôt défendue comme une norme, comme quelque chose qui doit être activement soutenu. La gouvernance au sein du régime néolibéral a précisément pour but de cultiver une telle logique de marché dans tous les domaines. Ainsi, et de façon cruciale, ce que beaucoup ont appelé le retour du néolibéralisme – le démantèlement des institutions et politiques de l’État providence keynésien – ne signifie pas le désengagement de l’État ou son retrait de la sphère sociale. Bien plutôt, ce soit disant retour néolibéral signifie l’élargissement et le reformatage des techniques de gouvernement.
Une technique (aussi bien qu’un produit) phare d’un tel mode de gouvernance est celle du citoyen entrepreneur qui doit se prendre en charge lui-même – du citoyen qui gère son propre bien-être en prenant en compte prudemment et rationnellement son intérêt égoïste. Le néo-libéralisme parvient ainsi à « faire passer la responsabilité régulatrice de l’État aux individus “responsables” et “rationnels” en les encourageant à “donner à leur vie une forme entrepreneuriale spécifique” ».
[Le néolibéralisme] est rendu possible par la production de citoyens qui agissent en entrepreneurs individuels dans tous les registres de leur vie, par la réduction de la société civile à un domaine où s’exerce la logique d’entreprise, et par la représentation de l’État comme une entreprise dont les produits sont des sujets individuels rationnels, une économie en expansion, la sécurité nationale et le pouvoir à l’échelle mondiale.
Le néolibéralisme cherche à établir les conditions dans lesquelles « l’État régit et contrôle les sujets sans en être responsable ». L’important ici n’est pas – ou pas simplement – que les sujets se soumettent librement au contrôle – processus à la base de la gouvernabilité – mais le type de citoyenque le néolibéralisme cherche à constituer, et ses conséquences en termes de type d’État. Le citoyen entrepreneur est un citoyen profondément dé-démocratisé, dont le façonnement permet une forme d’État profondément anti-démocratique. Qui plus est, le néolibéralisme représente la « dépolitisation » radicale des inégalités structurelles, et entraîne une tolérance accrue à leur égard. Les inégalités sociales ne sont pas envisagées comme des problèmes structurels ou politiques, mais plutôt comme le résultat de choix individuels imprudents, sans prendre en compte ce qui a pu contraindre ces choix. « Une classe permanente de sous prolétaires, voire de criminels, ainsi qu’une classe d’étrangers ou de non-citoyens, sont ainsi produites et acceptées comme le coût nécessaire d’une telle société, qui renonce de ce fait à un engagement formel pour l’universalisme». Qui plus est, la production de citoyens entrepreneurs vide le civisme de sa substance. Comme l’explique Brown, « une société néolibérale accomplie serait l’opposé d’une société solidaire : de fait, elle existerait à peine en tant que société. Le corps politique cesse d’être un corps et n’est plus constitué que d’un assemblage d’individus entrepreneurs et consommateurs ».
Comme nous le rappelle Brown, le néolibéralisme ne représente donc pas un retour aux idéaux du libéralisme politique, mais bien leur abandon (jusqu’ici encore incomplet). Dans l’État néolibéral, le libéralisme économique se substitue au libéralisme politique. Par opposition au libéralisme classique qui « faisait la distinction, et parfois même reconnaissait la tension qui pouvait exister entre les actions économiques, les obligations sociales et la raison morale individuelle », la rationalité politique néolibérale « efface les divisions entre comportement économique et conduite morale en faisant de la morale une pure question de délibération rationnelle sur les coûts, les bénéfices, et les conséquences ». Le néolibéralisme travaille donc à refermer le « modeste écart éthique » qui était établi entre le politique et l’économique en démocratie libérale : « le fait que l’État, la culture politique et le champ du social soient saturés par la logique de marché revient à dépouiller la gouvernance et la culture politique de tout engagement envers la démocratie politique ».
La logique politique néolibérale ne se scandalise pas de révélations sur l’inégale répartition des droits, les cas d’injustice, l’inégalité des chances, ou les manquements à la morale démocratique de ses dirigeants ; elle les fait plutôt siennes comme autant de coûts nécessaires à l’impératif, désormais non seulement économique, mais aussi politique, culturel et social : soutenir la « croissance économique ». La « croissance » sert donc à légitimer à la fois l’extension des pouvoirs de l’État et le recul de ses prestations. Lisa Brawley

10/22/2014

Samarkand Özbekistan 2 - Mahalle toplumsal yapısal sistemi - karşılıklı yardım geleneksel özel - Sovyetler Birliği'nin çöküşü - ekonomik göç - çok sık mahalla erkek çocuklar, erkekler, kadın büyükleri ve gelinler(hukuk) oluşan.

National hashar 2 -  Since 1991, Islam Karimov, regularly reelected President of the Republic of Uzbekistan, expressed his desire to support the political and economic transition of the country, a transition phase from a Soviet Republic on to an independent Republic building on the Uzbek social structure (Karimov 1996). Former First Secretary of the Communist Party of the Republic of Uzbekistan, he aspires to introduce the legitimacy of the new State a break with the Soviet past without however wipe it out. To do so The State gives, for example, an Uzbek content to former Soviet institutions. Official events and popular festivities during the most important celebration of the Soviet Labour day, on 1st may, are henceforth organized during Navro'z on march 21st. In a press release, Islam Karimov furthermore justifies the organization of a national hashar in march,  since in Uzbekistan spring is earlier than in Russia but most of all because 'it is just like our ancestors did'. Furthermore, he chooses to use the word hashar that intended to refer to a 'traditional mutual assistance custom' in addition to reflect the 'Uzbek national nature', instead of the Soviet neologisms, Uzb. shanbalik and Taj. šanbegi, built upon the word shanbe 'samedi' to translate the Russian word built on rus. subbota  'samedi'. Thus clearly renaming hashar the subbotnik, Islam Karimov marks a departure from Soviet past and includes this contemporary practice in Uzbek tradition. For the people, hashar  is a voluntary mutual assistance practice unlike the imposed by decree subbotnik. In 2007, the national charitable hashar  precedes the Navro'z festivities in one of the 192 mahalla of Samarkand. Historically Tajik speaking city, in Soviet times it was divided in various parts distinguished by urbanism and habitat: the old Tajik center of the city with its serpentine streets with long expanses of blind walls, further the former colonial Russian center of the city with tree lined straight streets and the Soviet pluricultural center with avenues and multistory buildings. Kolkhozes were to be found in its vicinity gradually incorporated into the city near the end of 1980 following the population growth and the urban development. Agricultural lands then became building plots. In these new semi rural and semi urban neighborhoods, housing consists of hovli  a wide yard surrounded by one storey buildings closed to the exterior. In the middle of those yards, surrounded by porches, garden plots, fruit trees, poultry houses and shelters for cattle, sheep, cows and goats provide food and incomes to dwellers. Beaten earth tracks are regularly followed by animals taken up to graze. The mahalla here, is situated north-west of the city from which it is separated by the Afrosyab hill. It is bounded by the Syab river that borders the hill through a local graveyard and 3 others mahalla. All part of the same kolkhoze , situated on its surrounds this neighborhood was called kunğak “the lost place" or "the end of the world". This mahalla has one administrative premise and one choyxona  tea house. No public facilities are to be found, no mosque, no school, no dispensary, no playing field, no shop. Local life extends beyond the neighborhood borders which are the result of an arbitrary division and the dwellers recognize each other as part of a bigger cluster of mahalla.                                                                                                                  Following the collapse of the Soviet Union that lead to factory closures a large section of the mahalla population lost their job. In most dwellings one or more members of the family, mostly men, went abroad to help the family meet its needs. In many yards, grand parents  often supported by the daughter in law, educate their grand children with the money sent from abroad. This economic migration takes various forms. Depending on the reception conditions in the final destination countries, it can be seasonal or of a longer duration. Those who work on construction sites in Russia generally come back home during the winter. Those who do "business" are constantly on the road. Their supplies come mostly from abroad to be sold in Samarkand on the markets or in shops.                                    In the choyxona yard, on the eve of Navro'z all boys and men of the mahalla get together to prepare the halisa a pate of whet and meat of which the preparation can last up to 24 hours. The choyxona is a space for male sociability, women seldom enter the mahalla committee  premise. Only the women elders sometimes with their kelin daughters in law are allowed to partaking of  the meal. In that case, those daughters in law gave birth to children, preferably boys, to the mahalla and thereby ensure the continuation of the community. 
http://asiecentrale.revues.org/1459
Hashar national 2 - Islam Karimov, régulièrement réélu à la présidence de la République d’Ouzbékistan depuis 1991, a déclaré souhaiter accompagner le pays dans sa phase dite « de transition » –politique et économique – d’une république soviétique vers une république indépendante en s’appuyant sur le tissu social ouzbek (Karimov 1996). Ancien premier secrétaire du Parti communiste de la République socialiste soviétique d’Ouzbékistan, il cherche désormais à inscrire la légitimité du nouvel État dans une rupture d’avec le passé soviétique sans toutefois en faire table rase. Pour ce faire, l’État donne par exemple un contenu ouzbek à d’anciennes institutions soviétiques. Les manifestations officielles et festivités populaires organisées à l’occasion de l’importante fête soviétique du travail, célébrée le 1er mai, le sont dorénavant à l’occasion de Navro’z, le 21 mars. Dans un communiqué de presse, Islam Karimov justifie par ailleurs l’organisation d’un hashar national en mars, et non plus en avril, par le fait qu’en Ouzbékistan, le printemps est plus précoce qu’en Russie mais surtout parce que « nos ancêtres faisaient ainsi ». De plus, il préfère utiliser le terme hashar, censé désigner une « coutume traditionnelle d’entraide » et refléter le « caractère national ouzbek », aux deux néologismes soviétiques, ouz. shanbalik et tadj. šanbegi, construits sur le mot shanbe“samedi” pour traduire textuellement le terme russe construit sur rus. subbota“samedi”.                                                                     Ainsi, en renommant explicitement hashar les subbotnik, Islam Karimov marque une rupture avec le passé soviétique et inscrit cette pratique contemporaine dans la tradition ouzbèke. Pour les individus, le hashar est une pratique d’entraide volontaire à la différence des subbotnik qui sont décrétés par l’État. En 2007, le « hashar national de bienfaisance » précède les festivités de Navro’z, dans une des 192 mahalla de Samarcande. Ville historiquement tadjikophone, elle était divisée à l’époque soviétique en plusieurs parties qui se distinguent encore aujourd’hui par l’urbanisme et l’habitat : la vieille ville tadjike avec ses ruelles sinueuses longées de murs aveugles, la ville coloniale russe avec ses larges rues rectilignes bordées d’arbres et la ville pluriculturelle soviétique avec ses avenues et ses immeubles à plusieurs étages. À sa périphérie se trouvaient des kolkhozes qui ont été progressivement rattachés à la ville dès la fin des années 1980, suite à la croissance démographique et au développement urbain. Les terres cultivables ont alors été transformées en parcelles constructibles. Dans ces nouveaux quartiers, de type semi-rural semi-urbain, l’habitat est constitué de hovli, vastes cours entourées de bâtiments, généralement de plain-pied, et fermées sur l’extérieur. Au centre de ces cours bordées de vérandas, potagers, arbres fruitiers, poulaillers et abris pour bétail, moutons, vaches et parfois chèvres, fournissent aux habitants nourriture ou revenus. Les chemins en terre battue sont régulièrement empruntés par les animaux qui sont menés à paître. La mahalla  en question est située au nord-ouest de la ville, dont elle est séparée par la colline d’Afrosyab. Elle est délimitée par la rivière Syab qui longe la colline, par un cimetière local et par trois autresmahalla. Toutes faisaient partie d’un même kolkhoze. Situé sur les pourtours de ce dernier, ce quartier était appelé tadj. kunğak “le coin perdu” ou “bout du monde” par les kolkhoziens. Cette mahalla  ne possède qu’un local administratif et une choyxona. Aucun équipement public ne s’y trouve : ni mosquée, ni école, ni dispensaire, ni aire de jeu, ni commerce. La vie sociale locale s’étend au-delà des limites du quartier, lesquelles résultent d’un découpage arbitraire, et les habitants se reconnaissent d’un espace plus vaste, qui englobe plusieurs mahalla.                                                                                                         Suite à la dissolution de l’URSS et à la fermeture consécutive des usines, une grande partie de la population de la mahalla a perdu son emploi. Dans la plupart des foyers, un ou plusieurs membres, le plus souvent masculin, est parti travailler à l’étranger pour subvenir aux besoins de la famille. Dans de nombreuses cours, les grands-parents, souvent secondés de leurs brus, éduquent leurs petits-enfants avec l’argent envoyé de l’étranger. Cette migration économique revêt plusieurs formes. Selon les conditions d’accueil dans le pays d’arrivée, elle peut être saisonnière ou de longue durée. Ceux qui se rendent sur les chantiers de construction en Russie reviennent généralement l’hiver. Ceux qui “font des affaires” sont continuellement en mouvement. Ils s’approvisionnent à l’étranger et revendent leurs marchandises dans les marchés et les magasins de Samarcande.                            C’est dans la cour de la choyxona que la veille de Navro’z, tous les garçons et les hommes de la mahalla, du plus jeune au plus âgé, se retrouvent jusque tard dans la nuit pour battre la tadj. ḩalisa, sorte de rillettes à base de blé et de viande, dont la préparation dure presque vingt-quatre heures. La choyxona est un espace de sociabilité masculine. Les femmes pénètrent rarement dans l’enceinte du comité de mahalla. Elles s’y rendent pour des démarches administratives, lors de réunions d’information féminines ou lors des festivités de Navro’z, auxquelles elles sont conviées pour partager la ḩalisa. Mais seules les aînées, parfois accompagnées d’une de leurs kelin “belles-filles”, sont habilitées à participer à ce repas. Ce sont des femmes qui ont donné des enfants à la mahalla, de préférence des garçons, et qui ont ainsi assuré la perpétuation de la communauté.

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Vyjdem vse, kak odin! “Let us go together, as one!” A national hashar in a neighborhood of Samarkand, Uzbekistan                                                                    The study of a national hashar organized at a mahalla level shows how this practice of collective labour allows participants to strengthen their communal identity by showing the (relative) social cohesion of their neighborhood, as well as to simultaneously redefine their individual places within this same community. Thehashar appears to be at the intersection of two social logics of identity construction: one of group reproduction and the other of individual differentiation.                                                                                               On march 7 2007, an inscription band on a black background ran the front page headline of the Russian-speaking newspaper Samarkandskij Vestnik  "Samarkand Messenger" : "on march 10 and 11, a national charitable hashar will take place. Let's go there together as one ! ". The word hashar, developed on the Arabic root word  hšr gathering, clustering, grouping, stands for, in Uzbek and Tajik, a collective work practice characterized by a massive volunteer labor force mobilization. At the domestic level hashar assist a domestic unity to include each participant in a bilateral mutual assistance system; on the mahalla neighborhoods level, they include those unities and can have similarities to community cooperation practices; on national level, they involve a form of involuntary working for the State's profit. National hashar are the equivalent of Soviet subbotnik. However, currently, when Uzbek-speaking, Tajik-speaking and Russian-speaking media of Samarkand, city in a situation of trilingualism, broadcast the ordinance of the Cabinet of the Ministers of the Republic about the national hashar organization, they use the word hashar and seldom subbotnik. Since the independence of the country in 1991, the Uzbek State imposes by decree a national hashar each year on the eve of Navroz, the Zoroastrian New Year, celebrated on march 21st during spring equinox. The state confers the local management of it to public administrations and institutions through regional or local ministries and hokimiyat prefectures. All citizens, men, women, children, are invited to participate in the nation-wide effort of charitable work among various collectives (professional, institutional, territorial). How does the participation to a national hashar reinforce the sense of community? The sutdy of the connection between Soviet subbotnik and national Uzbek hashar  allows understanding of individuals perception of the event. The description of the mahalla allows finding the characteristics and stresses the hashar importance in local life. In Uzbek-speaking and Tajik-speaking space, the hashar is a collective work practice organized to irrigation, construction of works in the fields. Such hashar remain within countryside communities. Until 1970, they were widespread in cities as Samarkand. Before the use of iron sheets to cover the roofs of houses, which were mud roofs, those needed to be regularly impermeable consequently neighbors each year provided reciprocal assistance to maintain a light coat of protection with a layer of clay. Similarly, before the advent of running water, they gathered to maintain the network of irrigation channels. These working times ended with a festive meal. Several dozen persons mobilization, parents and neighbors, men and women, of all ages, for wedding ceremonies preparations, for example, are often described as hashar. People associate any act of voluntary and friendly cooperation for the benefit of their members with counterpart as hashar. Hashar practice maintained among mahalla for their benefit.  After the independence, many neighborhood mosques have been built through this practice, out of initiative and expenses of the local residents. The word hashar then refers to a type of voluntary community cooperation which benefits the mahalla. Nonetheless, when the State imposes a national hashar by decree, people rather say a subbotnik that reminds them of Soviet times. Initiated by Lenin during the civil war, subbotnik were widespread throughout Soviet Union. The population was mobilized with a view to participate in unpaid work days in the broad national interest f the country. National hashar form part of the sequence of those last.
Photo Alex Ulko
 http://asiecentrale.revues.org/1459  Vyjdem vse, kak odin! “Allons-y tous comme un seul homme !” Etude d’un hashar national dans un quartier de Samarkand, Ouzbékistan
L’étude d’un hashar national organisé à l’échelle d’une mahalla montre comment cette pratique de travail collectif permet aux participants de renforcer leur identité communautaire en mettant en scène la (relative) cohésion sociale de leur communauté de voisinage tout en redéfinissant leur place individuelle au sein de cette même communauté. Le hashar s’avère alors être à la croisée de deux logiques sociales de construction identitaire : l’une de reproduction du groupe et l’autre de différenciation individuelle.                                       Le 7 mars 2007, un bandeau sur fond noir titre en première page du journal russophone Samarkandskij Vestnik “Le messager de Samarcande” : « Les 10 et 11 mars, hashar national de bienfaisance. Allons-y tous comme un seul homme ! ». Le terme hashar, construit sur la racine arabe hšr “rassemblement, regroupement, foule”, désigne, en ouzbek et en tadjik, une pratique de travail collectif caractérisée par une mobilisation importante et bénévole de main-d’œuvre. À l’échelle domestique, les hashar bénéficient à une unité domestique et l’inscrivent dans un système d’entraide bilatérale avec chacun des participants ; à l’échelle des mahalla “quartiers”, ils bénéficient à ces dernières et s’apparentent à une pratique de coopération communautaire ; à l’échelle nationale, ils représentent une forme de travail imposé au bénéfice de l’État. Les hashar  nationaux sont l’équivalent des subbotnik soviétiques. Néanmoins, à l’heure actuelle, lorsque les médias ouzbèkophones, tadjikophones et russophones de Samarcande, ville en situation de trilinguisme, relaient l’ordonnance du cabinet des ministres de la république d’Ouzbékistan sur l’organisation d’un hashar national, ils utilisent le terme hashar et rarement celui de subbotnik. Depuis l’indépendance du pays en 1991, l’État ouzbek décrète chaque année une à deux journées de hashar national à la veille des festivités officielles de Navro’z, le Nouvel An d’origine zoroastrienne, célébré le 21 mars, lors de l’équinoxe de printemps. Il en délègue l’organisation au niveau local à toutes les administrations et institutions publiques, par le biais des ministères et des hokimiyat “préfectures” régionaux et municipaux. Tous les citoyens, hommes, femmes et enfants, sont invités à participer à l’effort national de bienfaisance au sein de collectifs divers (professionnels, institutionnels ou territoriaux). Comment la participation à un hashar national à l’échelle d’une mahalla renforce-t-elle l’appartenance communautaire ? L’étude du lien entre les subbotnik soviétiques et les hashar nationaux ouzbeks permet de comprendre comment les individus perçoivent cette pratique. La description de la mahalla permettra d’en dégager les spécificités et d’en mettre à jour l’importance dans la vie locale.  Dans l’espace ouzbèkophone et tadjikophone, le hashar est une pratique de travail collectif organisé pour des travaux d’irrigation, de construction ou des champs. De tels hashar perdurent dans les campagnes. Ils étaient encore répandus en ville, notamment à Samarcande, jusque dans les années 1970.  Dans l’espace ouzbèkophone et tadjikophone, le hashar est une pratique de travail collectif organisé pour des travaux d’irrigation, de construction ou des champs. De tels hashar perdurent dans les campagnes. Ils étaient encore répandus en ville, notamment à Samarcande, jusque dans les années 1970. Avant l’utilisation de la tôle pour couvrir les toits des maisons, ces derniers, qui étaient en terre, devaient être régulièrement imperméabilisés et les voisins s’entraidaient chaque année pour les enduire avec une nouvelle couche d’argile. De même, avant l’arrivée de l’eau courante, ils participaient ensemble à l’entretien des canaux d’irrigation, dont ils utilisaient l’eau pour leur consommation. Ces temps de travail collectif se terminaient par des repas festifs. La mobilisation de plusieurs dizaines de personnes, parents et voisins, hommes et femmes, tous âges confondus, lors de la préparation des mariages, par exemple, est souvent décrite « comme un hashar ». Les individus associent tout acte de coopération spontanée et conviviale, à l’échelle domestique, au profit d’un des leurs et à charge de revanche, à des hashar. La pratique des hashar s’est maintenue en ville au sein des mahalla et au profit de ces dernières. Après l’indépendance, de nombreuses mosquées de quartier ont été construites de cette manière, à l’initiative et aux frais des habitants. Le terme hashar désigne alors un type de coopération communautaire, volontaire, au bénéfice de la mahalla. En revanche, lorsque l’État décrète l’organisation d’un hashar national, les individus parlent plutôt de subbotnik, terme qui leur rappelle l’époque soviétique. Initiés par Lénine pendant la guerre civile, les subbotnik étaient répandus dans toute l’Union soviétique. La population était mobilisée pour participer à des journées de travail gratuit, dans l’intérêt général du pays. Les hashar nationaux s’inscrivent dans la continuité de ces derniers.