National
hashar 2 -
Since 1991, Islam Karimov, regularly reelected President of the Republic
of Uzbekistan, expressed his desire to support the political and economic transition
of the country, a transition phase from a Soviet Republic on to an independent
Republic building on the Uzbek social structure (Karimov 1996). Former First
Secretary of the Communist Party of the Republic of Uzbekistan, he aspires to introduce
the legitimacy of the new State a break with the Soviet past without however
wipe it out. To do so The State gives, for example, an Uzbek content to former
Soviet institutions. Official events and popular festivities during the most
important celebration of the Soviet Labour day, on 1st may, are henceforth
organized during Navro'z on march 21st. In a press release, Islam Karimov
furthermore justifies the organization of a national hashar in march, since in
Uzbekistan spring is earlier than in Russia but most of all because 'it is just
like our ancestors did'. Furthermore, he chooses to use the word hashar that intended to refer to a 'traditional
mutual assistance custom' in addition to reflect the 'Uzbek national nature',
instead of the Soviet neologisms, Uzb. shanbalik
and Taj. šanbegi, built upon the word shanbe 'samedi' to translate the Russian
word built on rus. subbota 'samedi'. Thus clearly renaming hashar the subbotnik, Islam Karimov marks a departure from Soviet past and
includes this contemporary practice in Uzbek tradition. For the people, hashar is a voluntary mutual assistance practice
unlike the imposed by decree subbotnik.
In 2007, the national charitable hashar
precedes the Navro'z festivities in one
of the 192 mahalla of Samarkand. Historically
Tajik speaking city, in Soviet times it was divided in various parts distinguished
by urbanism and habitat: the old Tajik center of the city with its serpentine
streets with long expanses of blind walls, further the former colonial Russian
center of the city with tree lined straight streets and the Soviet pluricultural
center with avenues and multistory buildings. Kolkhozes were to be found in its
vicinity gradually incorporated into the city near the end of 1980 following
the population growth and the urban development. Agricultural lands then became
building plots. In these new semi rural and semi urban neighborhoods, housing
consists of hovli a wide yard surrounded by one storey buildings
closed to the exterior. In the middle of those yards, surrounded by porches,
garden plots, fruit trees, poultry houses and shelters for cattle, sheep, cows
and goats provide food and incomes to dwellers. Beaten earth tracks are regularly
followed by animals taken up to graze. The mahalla
here, is situated north-west of the city from which it is separated by the
Afrosyab hill. It is bounded by the Syab river that borders the hill through a
local graveyard and 3 others mahalla.
All part of the same kolkhoze , situated on its surrounds this neighborhood was
called kunğak “the lost
place" or "the end of the world". This mahalla has one administrative premise and one choyxona tea house. No
public facilities are to be found, no mosque, no school, no dispensary, no
playing field, no shop. Local life extends beyond the neighborhood borders
which are the result of an arbitrary division and the dwellers recognize each
other as part of a bigger cluster of mahalla.
Following the collapse of the Soviet Union that lead to factory closures
a large section of the mahalla population
lost their job. In most dwellings one or more members of the family, mostly
men, went abroad to help the family meet its needs. In many yards, grand
parents often supported by the daughter
in law, educate their grand children with the money sent from abroad. This
economic migration takes various forms. Depending on the reception conditions in
the final destination countries, it can be seasonal or of a longer duration.
Those who work on construction sites in Russia generally come back home during
the winter. Those who do "business" are constantly on the road. Their
supplies come mostly from abroad to be sold in Samarkand on the markets or in
shops. In
the choyxona yard, on the eve of
Navro'z all boys and men of the mahalla
get together to prepare the halisa a
pate of whet and meat of which the preparation can last up to 24 hours. The choyxona is a space for male sociability,
women seldom enter the mahalla committee
premise. Only the women elders sometimes
with their kelin daughters in law are
allowed to partaking of the meal. In
that case, those daughters in law gave birth to children, preferably boys, to
the mahalla and thereby ensure the
continuation of the community.
http://asiecentrale.revues.org/1459
Hashar national 2 - Islam Karimov, régulièrement réélu à la présidence de la République
d’Ouzbékistan depuis 1991, a déclaré souhaiter accompagner le pays dans sa
phase dite « de transition » –politique et économique – d’une
république soviétique vers une république indépendante en s’appuyant sur le
tissu social ouzbek (Karimov 1996). Ancien premier secrétaire du Parti
communiste de la République socialiste soviétique d’Ouzbékistan, il cherche
désormais à inscrire la légitimité du nouvel État dans une rupture d’avec le
passé soviétique sans toutefois en faire table rase. Pour ce faire, l’État
donne par exemple un contenu ouzbek à d’anciennes institutions soviétiques. Les
manifestations officielles et festivités populaires organisées à l’occasion de
l’importante fête soviétique du travail, célébrée le 1er mai,
le sont dorénavant à l’occasion de Navro’z, le 21 mars. Dans un communiqué de
presse, Islam Karimov justifie par ailleurs l’organisation d’un hashar national en mars, et non plus en
avril, par le fait qu’en Ouzbékistan, le printemps est plus précoce qu’en
Russie mais surtout parce que « nos ancêtres faisaient ainsi ». De
plus, il préfère utiliser le terme hashar, censé désigner une « coutume traditionnelle
d’entraide » et refléter le « caractère national ouzbek », aux
deux néologismes soviétiques, ouz. shanbalik et tadj. šanbegi, construits sur le mot shanbe“samedi” pour traduire textuellement le terme russe construit
sur rus. subbota“samedi”. Ainsi, en renommant explicitement hashar les subbotnik, Islam Karimov marque une rupture avec le passé soviétique
et inscrit cette pratique contemporaine dans la tradition ouzbèke. Pour les
individus, le hashar est une pratique d’entraide
volontaire à la différence des subbotnik qui sont décrétés par l’État. En
2007, le « hashar national de bienfaisance » précède
les festivités de Navro’z, dans une des 192 mahalla de Samarcande. Ville historiquement
tadjikophone, elle était divisée à l’époque soviétique en plusieurs parties qui
se distinguent encore aujourd’hui par l’urbanisme et l’habitat : la
vieille ville tadjike avec ses ruelles sinueuses longées de murs aveugles, la
ville coloniale russe avec ses larges rues rectilignes bordées d’arbres et la
ville pluriculturelle soviétique avec ses avenues et ses immeubles à plusieurs
étages. À sa périphérie se trouvaient des kolkhozes qui ont été progressivement
rattachés à la ville dès la fin des années 1980, suite à la croissance
démographique et au développement urbain. Les terres cultivables ont alors été
transformées en parcelles constructibles. Dans ces nouveaux quartiers, de type
semi-rural semi-urbain, l’habitat est constitué de hovli, vastes cours entourées de bâtiments, généralement de
plain-pied, et fermées sur l’extérieur. Au centre de ces cours bordées de
vérandas, potagers, arbres fruitiers, poulaillers et abris pour bétail,
moutons, vaches et parfois chèvres, fournissent aux habitants nourriture ou
revenus. Les chemins en terre battue sont régulièrement empruntés par les
animaux qui sont menés à paître. La mahalla en question est située au nord-ouest de la
ville, dont elle est séparée par la colline d’Afrosyab. Elle est délimitée par
la rivière Syab qui longe la colline, par un cimetière local et par trois autresmahalla. Toutes faisaient partie d’un même kolkhoze. Situé sur les
pourtours de ce dernier, ce quartier était appelé tadj. kunğak “le coin perdu” ou “bout du monde”
par les kolkhoziens. Cette mahalla ne possède qu’un local administratif
et une choyxona. Aucun équipement public ne s’y trouve : ni mosquée, ni
école, ni dispensaire, ni aire de jeu, ni commerce. La vie sociale locale
s’étend au-delà des limites du quartier, lesquelles résultent d’un découpage
arbitraire, et les habitants se reconnaissent d’un espace plus vaste, qui
englobe plusieurs mahalla.
Suite à la dissolution de l’URSS et à la fermeture consécutive des
usines, une grande partie de la population de la mahalla a perdu son emploi. Dans la plupart
des foyers, un ou plusieurs membres, le plus souvent masculin, est parti
travailler à l’étranger pour subvenir aux besoins de la famille. Dans de
nombreuses cours, les grands-parents, souvent secondés de leurs brus, éduquent
leurs petits-enfants avec l’argent envoyé de l’étranger. Cette migration
économique revêt plusieurs formes. Selon les conditions d’accueil dans le pays
d’arrivée, elle peut être saisonnière ou de longue durée. Ceux qui se rendent
sur les chantiers de construction en Russie reviennent généralement l’hiver.
Ceux qui “font des affaires” sont continuellement en mouvement. Ils s’approvisionnent
à l’étranger et revendent leurs marchandises dans les marchés et les magasins
de Samarcande. C’est dans la cour de la choyxona que la veille de Navro’z, tous les
garçons et les hommes de la mahalla, du plus jeune au plus âgé, se retrouvent jusque tard dans
la nuit pour battre la tadj. ḩalisa, sorte de rillettes à base de blé et de viande, dont la
préparation dure presque vingt-quatre heures. La choyxona est un espace de sociabilité
masculine. Les femmes pénètrent rarement dans l’enceinte du comité de mahalla. Elles s’y rendent pour des démarches administratives, lors
de réunions d’information féminines ou lors des festivités de Navro’z,
auxquelles elles sont conviées pour partager la ḩalisa. Mais seules les aînées, parfois accompagnées d’une de leurs
kelin “belles-filles”, sont habilitées à
participer à ce repas. Ce sont des femmes qui ont donné des enfants à la mahalla, de préférence des garçons, et qui ont ainsi assuré la
perpétuation de la communauté.
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