Vyjdem vse, kak odin! “Let us go together, as one!” A national hashar in a neighborhood of Samarkand, Uzbekistan The study
of a national hashar organized at a mahalla level shows how this practice of
collective labour allows participants to strengthen their communal identity by
showing the (relative) social cohesion of their neighborhood, as well as to
simultaneously redefine their individual places within this same community. Thehashar appears to be at the intersection of
two social logics of identity construction: one of group reproduction and the
other of individual differentiation.
On march 7 2007, an inscription band on a
black background ran the front page headline of the Russian-speaking newspaper Samarkandskij Vestnik "Samarkand Messenger" : "on
march 10 and 11, a national charitable hashar
will take place. Let's go there together as one ! ". The word hashar, developed on the Arabic root
word hšr
gathering, clustering, grouping, stands for, in Uzbek and Tajik, a
collective work practice characterized by a massive volunteer labor force
mobilization. At the domestic level hashar
assist a domestic unity to include each participant in a bilateral mutual
assistance system; on the mahalla neighborhoods
level, they include those unities and can have similarities to community
cooperation practices; on national level, they involve a form of involuntary
working for the State's profit. National hashar
are the equivalent of Soviet subbotnik.
However, currently, when Uzbek-speaking, Tajik-speaking and Russian-speaking
media of Samarkand, city in a situation of trilingualism, broadcast the ordinance
of the Cabinet of the Ministers of the Republic about the national hashar organization, they use the word hashar and seldom subbotnik. Since the independence of the country in 1991, the Uzbek
State imposes by decree a national hashar
each year on the eve of Navroz, the Zoroastrian New Year, celebrated on march
21st during spring equinox. The state confers the local management of it to public
administrations and institutions through regional or local ministries and hokimiyat prefectures. All citizens,
men, women, children, are invited to participate in the nation-wide effort of
charitable work among various collectives (professional, institutional,
territorial). How does the participation to a national hashar reinforce the sense of community? The sutdy of the
connection between Soviet subbotnik
and national Uzbek hashar allows understanding of individuals perception
of the event. The description of the mahalla
allows finding the characteristics and stresses the hashar importance in local life. In Uzbek-speaking and
Tajik-speaking space, the hashar is a
collective work practice organized to irrigation, construction of works in the
fields. Such hashar remain within
countryside communities. Until 1970, they were widespread in cities as
Samarkand. Before the use of iron sheets to cover the roofs of houses, which
were mud roofs, those needed to be regularly impermeable consequently neighbors
each year provided reciprocal assistance to maintain a light coat of protection
with a layer of clay. Similarly, before the advent of running water, they
gathered to maintain the network of irrigation channels. These working times
ended with a festive meal. Several dozen persons mobilization, parents and
neighbors, men and women, of all ages, for wedding ceremonies preparations, for
example, are often described as hashar.
People associate any act of voluntary and friendly cooperation for the benefit
of their members with counterpart as hashar.
Hashar practice maintained among mahalla for their benefit. After the independence, many neighborhood mosques
have been built through this practice, out of initiative and expenses of the
local residents. The word hashar then
refers to a type of voluntary community cooperation which benefits the mahalla. Nonetheless, when the State
imposes a national hashar by decree,
people rather say a subbotnik that
reminds them of Soviet times. Initiated by Lenin during the civil war, subbotnik were widespread throughout
Soviet Union. The population was mobilized with a view to participate in unpaid
work days in the broad national interest f the country. National hashar form part of the sequence of
those last.
Photo Alex Ulko |
http://asiecentrale.revues.org/1459 Vyjdem vse, kak odin! “Allons-y tous comme un seul homme !” Etude d’un hashar national
dans un quartier de Samarkand,
Ouzbékistan
L’étude d’un hashar national organisé à l’échelle d’une mahalla montre
comment cette pratique de travail collectif permet aux participants de
renforcer leur identité communautaire en mettant en scène la (relative)
cohésion sociale de leur communauté de voisinage tout en redéfinissant leur
place individuelle au sein de cette même communauté. Le hashar s’avère alors être à la croisée de
deux logiques sociales de construction identitaire : l’une de reproduction
du groupe et l’autre de différenciation individuelle. Le 7 mars 2007, un bandeau sur fond noir titre
en première page du journal russophone Samarkandskij Vestnik “Le messager de Samarcande” :
« Les 10 et 11 mars, hashar national de bienfaisance. Allons-y
tous comme un seul homme ! ». Le terme hashar, construit sur la racine arabe hšr “rassemblement, regroupement, foule”,
désigne, en ouzbek et en tadjik, une pratique de travail collectif caractérisée
par une mobilisation importante et bénévole de main-d’œuvre. À l’échelle
domestique, les hashar bénéficient à une unité domestique et
l’inscrivent dans un système d’entraide bilatérale avec chacun des
participants ; à l’échelle des mahalla “quartiers”, ils bénéficient à ces
dernières et s’apparentent à une pratique de coopération communautaire ; à
l’échelle nationale, ils représentent une forme de travail imposé au bénéfice
de l’État. Les hashar nationaux sont l’équivalent des subbotnik soviétiques. Néanmoins, à l’heure
actuelle, lorsque les médias ouzbèkophones, tadjikophones et russophones de
Samarcande, ville en situation de trilinguisme, relaient l’ordonnance du
cabinet des ministres de la république d’Ouzbékistan sur l’organisation d’un hashar national, ils utilisent le terme hashar et rarement celui de subbotnik. Depuis l’indépendance du pays en 1991, l’État ouzbek
décrète chaque année une à deux journées de hashar national à la veille des festivités
officielles de Navro’z, le Nouvel An d’origine zoroastrienne, célébré le 21
mars, lors de l’équinoxe de printemps. Il en délègue l’organisation au niveau
local à toutes les administrations et institutions publiques, par le biais des
ministères et des hokimiyat “préfectures” régionaux et
municipaux. Tous les citoyens, hommes, femmes et enfants, sont invités à
participer à l’effort national de bienfaisance au sein de collectifs divers
(professionnels, institutionnels ou territoriaux). Comment la
participation à un hashar national à l’échelle d’une mahalla renforce-t-elle
l’appartenance communautaire ? L’étude du lien entre les subbotnik soviétiques et les hashar nationaux ouzbeks permet de
comprendre comment les individus perçoivent cette pratique. La description de
la mahalla permettra d’en dégager les
spécificités et d’en mettre à jour l’importance dans la vie locale. Dans l’espace ouzbèkophone et
tadjikophone, le hashar est une pratique de travail collectif
organisé pour des travaux d’irrigation, de construction ou des champs. De tels hashar perdurent
dans les campagnes. Ils étaient encore répandus en ville, notamment à
Samarcande, jusque dans les années 1970.
Dans l’espace ouzbèkophone et tadjikophone, le hashar est une pratique de travail collectif
organisé pour des travaux d’irrigation, de construction ou des champs. De tels hashar perdurent
dans les campagnes. Ils étaient encore répandus en ville, notamment à Samarcande,
jusque dans les années 1970. Avant l’utilisation de la tôle pour couvrir les
toits des maisons, ces derniers, qui étaient en terre, devaient être
régulièrement imperméabilisés et les voisins s’entraidaient chaque année pour
les enduire avec une nouvelle couche d’argile. De même, avant l’arrivée de
l’eau courante, ils participaient ensemble à l’entretien des canaux
d’irrigation, dont ils utilisaient l’eau pour leur consommation. Ces temps de
travail collectif se terminaient par des repas festifs. La mobilisation de
plusieurs dizaines de personnes, parents et voisins, hommes et femmes, tous
âges confondus, lors de la préparation des mariages, par exemple, est souvent
décrite « comme un hashar ». Les individus associent tout acte de coopération
spontanée et conviviale, à l’échelle domestique, au profit d’un des leurs et à
charge de revanche, à des hashar. La pratique des hashar s’est
maintenue en ville au sein des mahalla et au profit de ces dernières. Après
l’indépendance, de nombreuses mosquées de quartier ont été construites de cette
manière, à l’initiative et aux frais des habitants. Le terme hashar désigne alors un type de coopération
communautaire, volontaire, au bénéfice de la mahalla. En revanche, lorsque l’État décrète l’organisation
d’un hashar national,
les individus parlent plutôt de subbotnik, terme qui leur rappelle l’époque soviétique. Initiés par
Lénine pendant la guerre civile, les subbotnik étaient répandus dans toute l’Union
soviétique. La population était mobilisée pour participer à des journées de
travail gratuit, dans l’intérêt général du pays. Les hashar nationaux
s’inscrivent dans la continuité de ces derniers.
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