4/25/2015

Altay, millenarianism, Burhancılık - etnik azınlıklar, Budizm, Altay-Kiji - ritüelleştirilmiş direnci, hayali cemaatler - Avrupa'da milliyetçilik yükselen yapısal olarak benzeyen

Two millenarian movements sprang up in Altai (Burkhanism or the Ak-Jang [the White/Pure Faith], 1904) and in Western Mongolia (Ja-Lama fiefdom, 1911) in response to Russian (Altai) and Chinese (Mongolia) economic/cultural advances on nomadic societies. Earlier scholarship has been focused on the Altaian White Faith, stressing its unique nature and downplaying its links with the Ja-Lama movement and with Mongol/Buddhist tradition in general. In contrast, this paper suggests that preachers of the White Faith, who propagated the coming of the legendary redeemer named Oirot, and warlord Ja-Lama, who declared himself the reincarnation of Oirot prince Amursana, capitalized on the same Oirot/Amursana prophecy shared by the populations in both areas. It is also argued that in the early 20th century the White Faith was gradually transforming into what could have become an Altaian version of Tibetan Buddhism – a process that was terminated by the advance of the powerful Communist prophecy that hijacked and then secularized the Oirot and Amursana legends.
The eight versions of the Altaian heroic epic of Altai-Buuchai show that the text integrates some elements rooted in different religious systems (shamanism, burkhanism, Buddhism, orthodoxy), competing between each other at this time in the region. Even though it is conceivable at first to comprehend Altai-Buuchai as a local chief supported by his assistant, one can observe that the figure of a messiah progressively emerges: it is then possible to understand the text from a Millenarian point of view. Altai-Buuchai’s mission echoes those of Burhan’s messenger who, from the burkhanist prophecy, will deliver the Altaians from Russian colonization.
Within a century space, from Imperial to Federal Russia, the Buryat epic material undergoes many changes (in form, content, function and end purpose) as society becomes emancipated. Most ancient sources mention more than a hundred narratives whose heroes have different names but schemes share many common points. They all are called üliger, “model”, and consist in long versified narrative songs, which are performed according to strict rules and operate as rituals (aimed to “prepare” for hunting, to repel hardships and enemies). As a result of a series of changes, these epic songs make way for the mere exaltation of the name and figure of a unique hero, Geser, who is officially set up as a national cultural emblem. The analysis of the Buryat variants of Geser’s epic lead not only to doubt they emanate from the same epic tradition but also to question the relations between oral tradition and writing as well as between myth and history.
The north-samoyedic epic describes an affluent pastoral society. The main problem of this imagined society is its perpetuation because the men have no need of material goods and therefore refuse to give their daughters for reindeers or furs. So, murderous conflicts systematically appear. A solution gradually emerges with an avenger son who reinvents a very simple shape of alliance: the direct exchange which avoids the problem of the "price of the woman." These epics are closely associated with the fast development of reindeer husbrandy in North Samoyedic groups and imagine what would be a pastoral society having pushed to its limit a logic of accumulation.
The Dolgans form a society who lives in the Siberian Arctic, in the northern peninsula of the Eurasian continent. Since the beginning ofxxth century, researchers have gathered epics by then, sung or told. From published texts, it becomes possible to observe some structural rules. Some poetical formulations come too or differ. Thus narratives changes show the richness and the subtlety of the epic. The hero follows new path too, and then he tests social or religious rules in connection with historical context and Dolgan religious system.
The communication practices are important part of many New Religious Movements. Such narratives (“epistles” as texts “sent from Above”), their circulation into modern religious movement Ak-Jaŋ in the Altai Republic are important for anthropological interpretation. These epistles are the source of understanding indigenous “philosophy” which is considered by movement’s participants as alternative knowledge having a bilingual background (Altai and Russian). First of all I write about local level of this life. At the same time I show the way of the texts from local to regional level as a dialog between local community and regional power.

Epistles show an obvious logic of 'ritualized resistance' that is behind indigenous movements. Alternative knowledge systems rely on the former colonial mechanisms (pamphlets, brochures, newspapers and books) which have played a key role in the construction of 'imagined communities' similar to the expansion of the press in Europe at the time of rising nationalism.

Deux mouvements millénaristes se sont étendus en Altaï (le bourkhanisme ou « Foi blanche », 1904) et en Mongolie occidentale (fief de Ja-Lama, 1911) en réponse aux pénétrations économiques et culturelles des Russes (Altaï) et des Chinois (Mongolie) dans ces sociétés nomades. Les études précédentes ont mis l’accent sur la « Foi blanche » altaïenne, insistant sur son caractère exceptionnel et minimisant ses rapports avec le mouvement de Ja-Lama et avec le monde Mongol et bouddhiste en général. Par contraste, cet article soutient que les prêcheurs de la Foi blanche qui ont annoncé la venue du sauveur légendaire Ojrot et le chef de guerre Ja-Lama qui se déclara lui-même réincarnation du prince Oïrat Amursana capitalisent sur la prophétie d’Oïrot/Amyrsana qui circulait parmi les populations des deux régions. Au début du xxe siècle, la Foi blanche se transforma graduellement en ce qui aurait pu devenir une version altaïenne du bouddhisme tibétain, avant que l’avancée de la puissante prophétie communiste ne vienne détourner et séculariser les légendes d’Ojrot et d’Amursana.
Les huit versions de l’épopée altaïenne d’Altaj-Buučaj montrent que le texte intègre tout en les transformant des éléments venant des différents systèmes religieux (chamanisme, bourkhanisme, bouddhisme, orthodoxie) alors en concurrence dans cette région. Si Altaj-Buučaj au début de ses aventures peut être pensé comme un chef local, assisté par son auxiliaire, ses traits laissent peu à peu apparaître en filigrane l’image d’un messie ; le texte se comprend alors sur fond de millénarisme et la mission d’Altaj-Buučaj renvoie à celle de l’envoyé de Burhan, qui, selon la prophétie bourkhaniste, viendra délivrer les Altaïens de l’avancée coloniale russe.
En un siècle, de la Russie impériale à la Russie fédérale, la matière épique bouriate change de contenu, de forme, de fonction et de finalité à mesure de l’émancipation de la société. Les sources les plus anciennes font état de plus d’une centaine de récits dont les héros portent des noms différents mais dont les trames ont de nombreux points communs. Tous sont qualifiés d’üliger, « modèle » et consistent en longs chants versifiés dont l’exécution, soumise à des règles strictes, a une fonction rituelle (préparer la chasse, repousser maux et ennemis). Au terme d’une série de changements, ces épopées chantées laissent place à la simple exaltation du nom et de la figure d’un seul héros, Geser, officiellement érigé en emblème culturel national. L’analyse des variantes bouriates de l’épopée de ce héros singulier conduit non seulement à douter qu’elles dérivent d’une même tradition épique, mais aussi à s’interroger sur les rapports entre tradition orale et écriture comme entre mythe et histoire.
L’épopée nord-samoyède décrit une société d’éleveurs opulente. Le problème essentiel de cette société imaginée est celui de sa perpétuation car les hommes n’ont nul besoin de biens matériels et refusent donc de céder leurs filles contre des rennes ou des fourrures, ce qui entraîne systématiquement des conflits meurtriers. Progressivement une solution émerge avec un fils vengeur qui réinvente une forme très simple d’alliance : l’échange direct qui évite le problème du « prix de la femme ». Ces chants épiques sont étroitement associés au développement rapide de l’élevage du renne dans les groupes nord-samoyèdes et imaginent ce que serait une société pastorale ayant poussé à son terme une logique d’accumulation.
Les Dolganes forment une société qui vit dans l’Arctique sibérien, dans la péninsule la plus septentrionale du continent eurasiatique (Taïmyr). Des chercheurs ont recueilli chez eux, depuis le début du xxe siècle, des épopées, chantées ou déclamées. À partir des textes publiés, il devient possible d’observer des règles structurelles. Des formulations poétiques reviennent ou diffèrent légèrement. Les variations narratives témoignent ainsi de la richesse et de la finesse de l’épopée. Le héros suit aussi de nouvelles trajectoires et éprouve ainsi des règles sociales ou religieuses en relation au contexte historique et au système religieux dolgane.
Les pratiques communicationnelles sont un aspect important des Nouveaux mouvements religieux. Les « épîtres », des textes « envoyés d’en haut », et leur circulation dans le mouvement religieux moderne Ak-jaŋ dans la république d’Altaï, composent une source essentielle pour une interprétation anthropologique. Les épîtres sont une source pour comprendre la « philosophie » indigène qui est considérée par les participants au mouvement comme un savoir alternatif avec un double arrière-plan, altaïen et russe. L’article décrit la vie sociale des textes, au niveau local et au niveau régional en dialogue avec le pouvoir.
Par ailleurs, les épîtres manifestent une logique de « résistance ritualisée » qui accompagne l’apparition des mouvements indigènes. L’ordre des savoirs alternatifs s’appuie sur les anciens mécanismes coloniaux (les tracts, brochures, journaux, livres) qui ont marqué la construction des « communautés imaginaires » à la façon de l’expansion de la presse en Europe au moment de la naissance des nationalismes.

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