4/25/2015

Altay, millenarianism, Burhancılık - etnik azınlıklar, Budizm, Altay-Kiji - ritüelleştirilmiş direnci, hayali cemaatler - Avrupa'da milliyetçilik yükselen yapısal olarak benzeyen

Two millenarian movements sprang up in Altai (Burkhanism or the Ak-Jang [the White/Pure Faith], 1904) and in Western Mongolia (Ja-Lama fiefdom, 1911) in response to Russian (Altai) and Chinese (Mongolia) economic/cultural advances on nomadic societies. Earlier scholarship has been focused on the Altaian White Faith, stressing its unique nature and downplaying its links with the Ja-Lama movement and with Mongol/Buddhist tradition in general. In contrast, this paper suggests that preachers of the White Faith, who propagated the coming of the legendary redeemer named Oirot, and warlord Ja-Lama, who declared himself the reincarnation of Oirot prince Amursana, capitalized on the same Oirot/Amursana prophecy shared by the populations in both areas. It is also argued that in the early 20th century the White Faith was gradually transforming into what could have become an Altaian version of Tibetan Buddhism – a process that was terminated by the advance of the powerful Communist prophecy that hijacked and then secularized the Oirot and Amursana legends.
The eight versions of the Altaian heroic epic of Altai-Buuchai show that the text integrates some elements rooted in different religious systems (shamanism, burkhanism, Buddhism, orthodoxy), competing between each other at this time in the region. Even though it is conceivable at first to comprehend Altai-Buuchai as a local chief supported by his assistant, one can observe that the figure of a messiah progressively emerges: it is then possible to understand the text from a Millenarian point of view. Altai-Buuchai’s mission echoes those of Burhan’s messenger who, from the burkhanist prophecy, will deliver the Altaians from Russian colonization.
Within a century space, from Imperial to Federal Russia, the Buryat epic material undergoes many changes (in form, content, function and end purpose) as society becomes emancipated. Most ancient sources mention more than a hundred narratives whose heroes have different names but schemes share many common points. They all are called üliger, “model”, and consist in long versified narrative songs, which are performed according to strict rules and operate as rituals (aimed to “prepare” for hunting, to repel hardships and enemies). As a result of a series of changes, these epic songs make way for the mere exaltation of the name and figure of a unique hero, Geser, who is officially set up as a national cultural emblem. The analysis of the Buryat variants of Geser’s epic lead not only to doubt they emanate from the same epic tradition but also to question the relations between oral tradition and writing as well as between myth and history.
The north-samoyedic epic describes an affluent pastoral society. The main problem of this imagined society is its perpetuation because the men have no need of material goods and therefore refuse to give their daughters for reindeers or furs. So, murderous conflicts systematically appear. A solution gradually emerges with an avenger son who reinvents a very simple shape of alliance: the direct exchange which avoids the problem of the "price of the woman." These epics are closely associated with the fast development of reindeer husbrandy in North Samoyedic groups and imagine what would be a pastoral society having pushed to its limit a logic of accumulation.
The Dolgans form a society who lives in the Siberian Arctic, in the northern peninsula of the Eurasian continent. Since the beginning ofxxth century, researchers have gathered epics by then, sung or told. From published texts, it becomes possible to observe some structural rules. Some poetical formulations come too or differ. Thus narratives changes show the richness and the subtlety of the epic. The hero follows new path too, and then he tests social or religious rules in connection with historical context and Dolgan religious system.
The communication practices are important part of many New Religious Movements. Such narratives (“epistles” as texts “sent from Above”), their circulation into modern religious movement Ak-Jaŋ in the Altai Republic are important for anthropological interpretation. These epistles are the source of understanding indigenous “philosophy” which is considered by movement’s participants as alternative knowledge having a bilingual background (Altai and Russian). First of all I write about local level of this life. At the same time I show the way of the texts from local to regional level as a dialog between local community and regional power.

Epistles show an obvious logic of 'ritualized resistance' that is behind indigenous movements. Alternative knowledge systems rely on the former colonial mechanisms (pamphlets, brochures, newspapers and books) which have played a key role in the construction of 'imagined communities' similar to the expansion of the press in Europe at the time of rising nationalism.

Deux mouvements millénaristes se sont étendus en Altaï (le bourkhanisme ou « Foi blanche », 1904) et en Mongolie occidentale (fief de Ja-Lama, 1911) en réponse aux pénétrations économiques et culturelles des Russes (Altaï) et des Chinois (Mongolie) dans ces sociétés nomades. Les études précédentes ont mis l’accent sur la « Foi blanche » altaïenne, insistant sur son caractère exceptionnel et minimisant ses rapports avec le mouvement de Ja-Lama et avec le monde Mongol et bouddhiste en général. Par contraste, cet article soutient que les prêcheurs de la Foi blanche qui ont annoncé la venue du sauveur légendaire Ojrot et le chef de guerre Ja-Lama qui se déclara lui-même réincarnation du prince Oïrat Amursana capitalisent sur la prophétie d’Oïrot/Amyrsana qui circulait parmi les populations des deux régions. Au début du xxe siècle, la Foi blanche se transforma graduellement en ce qui aurait pu devenir une version altaïenne du bouddhisme tibétain, avant que l’avancée de la puissante prophétie communiste ne vienne détourner et séculariser les légendes d’Ojrot et d’Amursana.
Les huit versions de l’épopée altaïenne d’Altaj-Buučaj montrent que le texte intègre tout en les transformant des éléments venant des différents systèmes religieux (chamanisme, bourkhanisme, bouddhisme, orthodoxie) alors en concurrence dans cette région. Si Altaj-Buučaj au début de ses aventures peut être pensé comme un chef local, assisté par son auxiliaire, ses traits laissent peu à peu apparaître en filigrane l’image d’un messie ; le texte se comprend alors sur fond de millénarisme et la mission d’Altaj-Buučaj renvoie à celle de l’envoyé de Burhan, qui, selon la prophétie bourkhaniste, viendra délivrer les Altaïens de l’avancée coloniale russe.
En un siècle, de la Russie impériale à la Russie fédérale, la matière épique bouriate change de contenu, de forme, de fonction et de finalité à mesure de l’émancipation de la société. Les sources les plus anciennes font état de plus d’une centaine de récits dont les héros portent des noms différents mais dont les trames ont de nombreux points communs. Tous sont qualifiés d’üliger, « modèle » et consistent en longs chants versifiés dont l’exécution, soumise à des règles strictes, a une fonction rituelle (préparer la chasse, repousser maux et ennemis). Au terme d’une série de changements, ces épopées chantées laissent place à la simple exaltation du nom et de la figure d’un seul héros, Geser, officiellement érigé en emblème culturel national. L’analyse des variantes bouriates de l’épopée de ce héros singulier conduit non seulement à douter qu’elles dérivent d’une même tradition épique, mais aussi à s’interroger sur les rapports entre tradition orale et écriture comme entre mythe et histoire.
L’épopée nord-samoyède décrit une société d’éleveurs opulente. Le problème essentiel de cette société imaginée est celui de sa perpétuation car les hommes n’ont nul besoin de biens matériels et refusent donc de céder leurs filles contre des rennes ou des fourrures, ce qui entraîne systématiquement des conflits meurtriers. Progressivement une solution émerge avec un fils vengeur qui réinvente une forme très simple d’alliance : l’échange direct qui évite le problème du « prix de la femme ». Ces chants épiques sont étroitement associés au développement rapide de l’élevage du renne dans les groupes nord-samoyèdes et imaginent ce que serait une société pastorale ayant poussé à son terme une logique d’accumulation.
Les Dolganes forment une société qui vit dans l’Arctique sibérien, dans la péninsule la plus septentrionale du continent eurasiatique (Taïmyr). Des chercheurs ont recueilli chez eux, depuis le début du xxe siècle, des épopées, chantées ou déclamées. À partir des textes publiés, il devient possible d’observer des règles structurelles. Des formulations poétiques reviennent ou diffèrent légèrement. Les variations narratives témoignent ainsi de la richesse et de la finesse de l’épopée. Le héros suit aussi de nouvelles trajectoires et éprouve ainsi des règles sociales ou religieuses en relation au contexte historique et au système religieux dolgane.
Les pratiques communicationnelles sont un aspect important des Nouveaux mouvements religieux. Les « épîtres », des textes « envoyés d’en haut », et leur circulation dans le mouvement religieux moderne Ak-jaŋ dans la république d’Altaï, composent une source essentielle pour une interprétation anthropologique. Les épîtres sont une source pour comprendre la « philosophie » indigène qui est considérée par les participants au mouvement comme un savoir alternatif avec un double arrière-plan, altaïen et russe. L’article décrit la vie sociale des textes, au niveau local et au niveau régional en dialogue avec le pouvoir.
Par ailleurs, les épîtres manifestent une logique de « résistance ritualisée » qui accompagne l’apparition des mouvements indigènes. L’ordre des savoirs alternatifs s’appuie sur les anciens mécanismes coloniaux (les tracts, brochures, journaux, livres) qui ont marqué la construction des « communautés imaginaires » à la façon de l’expansion de la presse en Europe au moment de la naissance des nationalismes.

4/24/2015

Rönesans sanatı Avrupa'da - Pagan retorik – Hümanizm : L.B Alberti - dini resimler - Evrensel armoni bir ayna : toplumsal armoni ve kozmik armoni

Renaissance art - This paper focuses on the development and the dissemination of Ciceronianism in Italy in the first half of the fifteenth century, not as much as a doctrine than as a characteristic pratice of writing, evidenced through the many humanists orationes that are preserved. The empirical study of the emergence of the so-called « classicist » oratory is a remarkably significant area of investigation, in order to analyze the expansion of the cultural model of the studia humanitatis. It was indeed both a trivialized tool of social distinction and a vector of institutional and ideological penetration. Three main research tracks are proposed. The first is the creation and the circulation of a common repertory through the multitude of manuscript compilations, generally referred to as « humanistic miscellanies », which normalized practice through practicing. The second is the concrete shaping of an oratorial matrix « in the manner of Cicero ». It can be generally described (stylistic effects and argumentative processes), while measuring the gap created between this matrix and the medieval traditions of Latin rhetoric. The third is the movement of infiltration of ciceronian practice into a variety of rhetorical spheres (such as preaching, diplomatic epistolography or academic ritual) by a more or less successful formal acclimatization. This infiltration also tended to introduce some topical constructions, that produced « common places » between socio-political institutions and humanistic culture. Two manuscripts are inventoried in the annex : the manuscript of Venice, Biblioteca Marciana, Lat. XI. 101 (3939) and the manuscript of the Vatican City, Biblioteca Apostolica Vaticana, Ottob. Lat. 3021. We also analyze a precise field of social life, the dance in the Italian Quattrocento,based on the references that are the first formal dance treatises (1445-1455). Choreographic art is there defined in its symbolic autonomy and we discover how the principles of Western dance were laid down. We present the ana­lysis of the choreographic discourse drawn up in these treatises so as to set out its internal logic and recurrent principles, specific to the "techniques of the body" that is formal dancing, by underscoring how formal analysis is an heuristical approach in anthropology of art. In addition, we set out the hypothesis that a style of postures and gestures is a vehicle for meaning and a proof of the acquiring of a corporal habitus. In focussing on formal analysis and the underlying representations of social practice, we show precisely how this form of expression, in a given culture, in a given period, defines a science of know-how of the Quattrocento man, where what is at stake in society is reflected.

Through an analysis of the countless publications and exhibitions, both in Italy and elsewhere, dedicated to the Fra Angelico, this essay offers a survey of recent studies on the Dominican artist. The art of Fra Angelo, who was a pivotal figure in the shift from medieval to Renaissance, a Thomistic theologian who was at the same time an early interpreter of Albertian humanism, offers fertile ground for a plethora of research topics : questions of iconology and exegesis, related, for example to the complex scriptural and figurative structure of the Armadio degli Argenti ; studies on the visual sources of the artist’s synthesis of late-gothic refinement, the innovations of the Renaissance and emulation of the Giottesque model ; enquiries into his stylistic characteristics in order to update his catalogue of works and their chronology (as during the exhibitions in New York in 2005 and Rome in 2009), including the use of diagnostic technology such as infrared reflectography (for example, during restorations, most recently of the Tabernacle of the Linen Drapers) ; research on his production of drawings and miniatures ; and investigations into the resources provided by archival and other documents that throw light onto his activities in both Florence and Rome. Future studies on Fra Angelico will have to avoid the pitfalls of hyper-specialization by bringing together historical, formal, and iconographic elements in a well-informed, holistic approach, perfectly in harmony with the “density” of Fra Angelico’s painting.



Art Renaissant : légitimité de l'expression de la culture chrétienne dans les formes de la rhétorique païenne. La présente contribution s’intéresse à l’élaboration et à la diffusion du cicéronianisme dans l’Italie de la première moitié du XV siècle, entendu non sous ses aspects doctrinaux mais en tant que pratique d’écriture caractéristique, matérialisée à travers les très nombreuses orationes humanistes conservées. L’étude empirique de l’émergence d’un art oratoire dit « classicisant » constitue un espace d’enquête remarquablement significatif pour analyser l’expansion du modèle culturel des studia humanitatis, en tant qu’il fut à la fois un outil de distinction sociale banalisé et un vecteur de pénétration idéologique et institutionnelle. Trois perspectives principales de recherche sont proposées : d’abord, la constitution et la circulation d’un répertoire commun à travers la multitude des compilations manuscrites généralement désignées comme des « mélanges humanistes », qui normalisèrent la pratique par la pratique ; ensuite, la formalisation concrète d’une matrice oratoire « à la manière de Cicéron » dont on peut dégager la physionomie d’ensemble (effets stylistiques et procédés argumentatifs) tout en mesurant l’écart créé vis-à-vis des traditions alors dominantes de la rhétorique latine ; enfin, les dynamiques d’infiltration de cette pratique dans diverses sphères d’exercice de la parole publique (telles que la prédication, l’épistolographie diplomatique ou la ritualité universitaire) par le biais d’acclimatations formelles plus ou moins abouties et de constructions topiques productrices de « lieux communs » entre institutions socio-politiques et culture humaniste. Deux manuscrits sont inventoriés en annexe : le manuscrit de Venise, Biblioteca Marciana, Lat. XI. 101 (3939) et le manuscrit de la Cité du Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Ottob. Lat. 3021. Nous analysons également un domaine précis de la vie sociale, la danse au Quattrocentoitalien, à partir des références que constituent les premiers traités de danse savante (1445-1455). L’art chorégraphique y est défini dans son autonomie symbolique et nous découvrons l’élaboration des principes de la danse occidentale. Nous présentons l’analyse du discours chorégraphique élaboré dans ces traités afin d’en dégager la logique interne et les principes récurrents, spécifiques de la « technique du corps » que représente la danse savante, en soulignant en quoi l’analyse formelle constitue une voie heuristique en anthropologie de l’art. Par ailleurs, nous posons l’hypothèse qu’un style posturo-gestuel véhicule un sens et témoigne de l’acquisition d’un habitus corporel. En mettant en perspective l’analyse formelle et les représentations sous-jacentes à la pratique sociale, nous précisons en quoi cette forme d’expression, d’une culture donnée, à une période donnée, définit une science du savoir-faire de l’homme duQuattrocento où viennent se réfracter les enjeux sociaux.
Cet essai dresse un bilan des études récentes sur Fra Angelico, à travers l’analyse de la remarquable floraison de publications et d’expositions consacrées à l’artiste dominicain, en Italie et ailleurs. La peinture de Fra Angelico, figure charnière de la transition entre le Moyen Âge et la Renaissance, théologien thomiste mais aussi interprète précoce de l’humanisme albertien, offre en effet un terrain fécond à une multiplicité de recherches : recherches iconologiques et exégétiques, par exemple sur la structure scripturale et figurative complexe de l’Armoire des ex-voto d’argent ; recherches sur les sources visuelles de sa synthèse entre la préciosité du gothique tardif, les nouveautés de la Renaissance et l’émulation programmatique du modèle défini par Giotto ; recherches sur ses caractéristiques stylistiques, afin de mettre à jour son catalogue et sa chronologie (comme lors des expositions organisées en 2005 à New York et en 2009 à Rome), en s’appuyant aussi sur des technologies diagnostiques telles que la réflectographie aux rayons infrarouges (par exemple à l’occasion de restaurations, dont la dernière en date est celle du Tabernacle des Tisseurs de lin) ; recherches sur sa production de dessins et d’enluminures ; recherches sur les ressources fournies par les archives et les documents qui éclairent son activité, tant à Florence qu’à Rome. Il est souhaitable, pour l’avenir, que ces investigations échappent à l’hyperspécialisation, et qu’elles se montrent capables de rassembler les éléments historiques, formels et iconographiques, en une vision très informée, bien en accord avec la « densité » de la peinture de Fra Angelico.  in Techniques et culture 22, 1993 : 145-173


Toprak sessiz nefessiz kalıyor zamanda : sözlü gelenek ve doğal, sirkadiyen, ay, yıllık çevrimleri / yazı ve uzay ve zaman arasında kırılma /

How earth has fallen silent. - The author presents a characteristic thesis, based on clearly identified and described philosophical and anthropological foundation, stating that we must learn a lot from the relation civilizations based on oral traditions maintain with the environment (land, air, waters, animals, plants). This relation ceased when 'earth has fallen silent' for most human beings who still search understanding when, how and why this relation stopped ; let us imagine what would be gained if we would reestablish this bond. In Bali, Nepal, in natural and cultural environments that connect one to condors, spiders, rocks, plants, one can experiment a man-nature dichotomy feeling that completely dissolves in line with the perception of a 'all' ; earth speaks. However, this feeling disappears when back to the Western world, one ceases hearing and feeling those overwhelming presences, finding oneself locked in a world of human beings disconnected from the rest of the universe.
David Abram achieves the presentation, the decoding, the understanding of the participatory nature of perception. Both following extracts reflect the quality of his work : "the real duty  of phenomenology, as conceived by E. Husserl at the end of his career, is the thorough demonstration of how each theoretical and scientific practice emerged from the forgotten earth yet nourishing our experience directly felt and lived, and has no other value and signification than when referred to this first reality.". Then about Merleau-Ponty : "Ultimately recognizing life and the demonstration of our solidarity to this physical form, is like recognizing our existence as similar to that of an animal among others on earth and thus regain and reactivate the basis of our thoughts.". David Abram shows that most oral tradition cultures have a totally different way of thinking the world around us. Time is perceived as cyclical, past and future often having the same value oral tradition stories were linked to natural, circadian, lunar, annual cycles. Furthermore, in many cases time and space were not so different. The meanings of tails and stories were inextricably bound to the places, and this anchoring was necessary to the explanation and the transmission. When human communities grew in size and complexity, writing came into being, first as ideographic symbols which were representations of the natural world (Egyptian hieroglyphs, Chinese ideograms and others). at that stage the link between the signs of writing and their images to the real world was maintained.
The author then shows how the invention of alphabetical writing announced a new human kind era during which time became a flow. Written and fixed, oral tradition stories were separated to their places and writing became a human artifact, filter between mankind and its sensitive environment. The 'Sacred Breath' remained because the lack of vowels in this first alphabetical writing required the reader to fill the gasps with personal interpretation. The adoption of alphabetical writing by the Greeks and the addition of vowels amplified this severance between men and their sensitive planet. At the time of Homer's Odyssey, the Greeks of before the writing considered that the word for soul was referring to the breath, the air that holds the universe, that gives life. From the time of Socrates the soul was imprisoned in human skulls, privatized, leaving the man separated from his earthly body.
 Martin Guillemot, « David Abram, Comment la terre s’est tue. Pour une écologie des sens  », Lectures [Online], Reviews, 2014, Online since 20 January 2014, connection on 17 March 2014. URL : http://lectures.revues.org/13295



L’auteur présente une thèse originale, basée sur un socle philosophique et anthropologique clairement identifié et décrit, et affirme que nous avons beaucoup à apprendre de la relation qu’entretiennent les civilisations de tradition orale avec leur environnement (terre, air, eaux, animaux, végétaux…). Cette relation a cessé quand « la terre s’est tue » pour la plupart des humains qui cherchent encore à comprendre quand, comment, et pourquoi cette relation a cessé ; imaginons ce que nous gagnerions à retrouver ce lien. A Bali et au Népal dans des cultures et des milieux naturels qui font entrer en relation avec des condors, des araignées, des rochers ou des herbes, on peut vivre une expérience pendant laquelle son sentiment de dichotomie entre l’homme et son environnement se dissout totalement dans la perception d’un tout ; la Terre lui parle. Cependant, en rentrant en Occident, il cesse rapidement d’entendre et de sentir ces présences qui l’avaient bouleversé, se retrouvant enfermé dans un monde humain détaché du reste de l’univers.
David Abram parvient à présenter, à décrypter et rendre lumineux les concepts sur la nature participative de la perception. Les deux extraits suivants nous semblent témoigner de la qualité de ce travail de vulgarisation : « La véritable tâche de la phénoménologie, telle que E Husserl l’a conçue à la fin de sa carrière, est la démonstration méticuleuse de la manière dont chaque pratique théorique et scientifique naît du sol oublié et pourtant nourricier de notre expérience sentie et vécue de manière directe, et n’a de valeur et de signification qu’en référence à cette réalité primordiale et ouverte ». Puis, au sujet de Merleau-Ponty : « En fin de compte, reconnaître la vie du corps et affirmer notre solidarité avec cette forme physique, c’est reconnaître notre existence comme celle d’un animal parmi les autres sur terre, et ainsi retrouver et réactiver la base de nos pensées.». David Abram montre que la plupart des cultures de tradition orale considéraient le monde qui nous entoure d’une manière radicalement différente à la notre. Le temps y était considéré comme cyclique, le passé et le futur ayant souvent la même valeur, et les récits de tradition orale étaient liés aux cycles naturels circadiens, lunaires ou annuels. De plus, le temps et l’espace n’étaient pas distincts dans beaucoup de cas. Le sens des contes et des histoires était indissociablement lié aux lieux, et cet ancrage était fondamental pour l’explication et la transmission du sens. Quand les sociétés humaines ont grandi en taille et en complexité, l’écriture est apparue d’abord sous forme de symboles qui étaient une représentation du monde naturel (hiéroglyphes égyptiens, idéogrammes chinois entre autres). À ce stade, le lien entre les signes de l’écriture et leurs images dans le monde réel était en partie conservé.
L’auteur montre alors que l’invention de l’écriture alphabétique a ouvert une nouvelle période de l’humanité durant laquelle le temps est devenu un flux. Écrits et figés, les récits issus de la tradition orale se sont trouvés séparés des lieux, et l’écriture est devenue un artéfact humain, filtre entre l’homme et son environnement sensible. Le souffle du sacré restait cependant présent, car l’absence de voyelles dans cette première écriture alphabétique imposait au lecteur de combler ces vides par son interprétation personnelle. L’adoption par les Grecs de l’écriture alphabétique et plus tard des voyelles va remplir ce dernier espace correspondant à l’environnement sensible et va amplifier cette séparation entre l’homme et sa perception sensorielle de la planète. À l’époque d’Homère, les Grecs d’avant l’écriture considéraient que le terme « âme » se référait au souffle, l’air qui tient l’univers et lui donne vie. Au temps de Socrate, l’âme fut emprisonnée à l’intérieur du crâne des humains, privatisée, laissant l’homme séparé de son enveloppe sensuelle. 



4/22/2015

Savaş sonrası kimlik - kimlik reorganizasyon : koruma için tercih, taklit mitoloji, güçlü savaş ağası tercih, dramatik sonuçları

Cultural differences and humanitarian aid - Cultural differences are cited with increasing frequency as a cause of conflict. They are also viewed as a means of categorizing individuals and are exploited to justify rejection of those individuals. The author illustrates the challenges of cultural diversity for humanitarian action through her experience of the work for the International Committee of the Red Cross. Humanitarian endeavor of this type provides a unique encounter between the universal and the local from which a striking idea emerges: a culture does not constitute one homogeneous bloc handed down whole and unalterable by the forefathers and now preserved intact within the national frontiers. The notion of culture clash takes insufficient account of the fact that cultures which migrate geographically also change. And that notion serves to heighten confrontationalism (confrontational attitudes) rather than stressing the cultural wealth that diversity provides. It is time – especially in a world marked by globalization and revolutionary advances in communication technology – for human beings to relearn the art of communication and to stop dehumanizing the enemy, ostracizing people who are different, and attacking humanity’s shared heritage.

Current armed conflicts should not be summarily assigned to the clash of cultures but these conflicts as such are cultural phenomenon: there is no one to one casual relationship between culture and conflicts, although an awareness of identity linked to a specific culture may assert themselves in opposition to one another and can be source of violence. Some cultures include more bellicose tradition than others. War also gives rise to identity reorganization: it often requires individuals to declare an affiliation, and this affiliation choice can be dictated by many factors including one of the most important, the pursuit of safety. When the failed State has fallen and cannot protect its citizens, the family will often turn to the warlord or the solidarity group that will provide protection. Often this choice is dramatic.

There are different ways of understanding the term 'culture'. For some schools of thoughts in anthropology, culture is perceived as a homogeneous whole, territorially defined and historically embedded in livelihoods systems. The refugee or the migrant changes territory and culture trying to become integrated or being rejected. In this context, a culture clash may occur or to a lesser extent a war of civilizations. Another interpretation of the word 'culture' describes a set of values, attitudes and behavior constantly evolving. History is not a constituent element but its written medium. Thus conceived, culture is built as much as inherited from the past. Population movements can help to shape cultural hybridity of social groups and to the construction of solidarity networks. The increase in economic, social and political inequalities between groups of religious, cultural or linguistic differences is a factor in tensions as is the absence of formal and cultural recognition and the resulting discrimination.


In this specific context, identity is a collective representation, product of the imagination of a group. This representation can crystallize around various factors as religion, ethnicity (demarcation process), way of life (agriculture or stock breeding), the place of residence (valley or mountain), the language or the nationalism (notably when the group claims territory). Sometimes the group fears to be victimized by the other, the nightmare of being deprived of its specificity that shapes its identity. Hence the invocation of a legendary past, the use of mythology, the resurgence of the martyred People who is heroically fighting to survive.

 

La diversité culturelle et ses défis pour l’acteur humanitaire - La culture est de plus en plus souvent invoquée comme une cause de conflit, traitée comme un moyen de démarcation, manipulée pour justifier le rejet de l'autre. L’auteur décrit les défis que représente la diversité culturelle pour l’action humanitaire, sur la base de l’expérience du Comité international de la Croix-Rouge. Une expérience unique en son genre, une forme de rencontre de l'universel et du local, d'où émerge une idée forte : la culture n'est pas un tout homogène, hérité du passé, immuable et enfermé dans les frontières de l'Etat. Le discours sur le choc des cultures ne prend pas assez en considération le caractère évolutif de cultures qui se déterritorialisent et renforce une logique de confrontation plutôt que de mettre en exergue la richesse de la diversité. Il est temps que les êtres humains réapprennent à communiquer, à l’heure de la mondialisation et de la révolution technologique de l’information, pour que cessent la déshumanisation de l'ennemi, l’exclusion de la différence et les attaques contre le patrimoine commun de l'humanité.

Les conflits armés actuels ne doivent pas être attribués de façon sommaire à des chocs de culture, mais le conflit armé, en tant que tel, est un phénomène culturel : il n’y a pas un rapport univoque de causalité entre cultures et conflits, même si la conscience identitaire liée à une culture, lorsqu’elle s’affirme en opposition à l’autre, peut être source de violence et si certaines cultures incluent des traditions plus belliqueuses que d’autres.  La guerre donne également lieu à des recompositions identitaires : elle oblige souvent les individus à déclarer une appartenance, et le choix de cette appartenance peut être dicté par de multiples facteurs, dont l’un des plus importants est la sécurité.  Lorsque l’Etat est en pleine déliquescence et ne peut protéger ses citoyens, la famille se tournera souvent vers le chef de guerre ou le groupe de solidarité restreint qui lui procurera la plus grande protection. Ce choix est souvent dramatique.
Différentes compréhensions du terme « culture » coexistent. Dans certaines écoles de pensée anthropologiques, la culture est perçue comme un tout homogène, territorialement délimité et historiquement enraciné. Le groupe culturel ainsi délimité partage un ensemble de normes, croyances, valeurs et comportements ainsi qu’une langue commune. Le réfugié ou le migrant passe du territoire d’une culture à celui d’une autre en cherchant à s’intégrer dans l’autre ou la rejetant d’emblée, quand il n’en est pas rejeté. Dans cette optique, un « choc de cultures » est possible. Une guerre de civilisations aussi. Une autre interprétation de la culture décrit un ensemble de valeurs et de pratiques en constante évolution. Des cultures se forment et d’autres s’éteignent, de telle sorte que la culture ne peut être assimilée à la tradition. L’histoire n’en est pas un élément constitutif, elle en est le support écrit. Ainsi conçue, la culture est construite autant qu’héritée du passé. Les mouvements de population contribuent à une hybridité culturelle des groupes sociaux et à la construction de réseaux de solidarité. La montée des inégalités économiques, sociales et politiques entre des groupes différents sur le plan religieux, culturel ou linguistique est un facteur de tensions, tout comme l’absence de reconnaissance culturelle de l’autre et la discrimination qui en est le fruit.
Dans ce contexte spécifique, l'identité est une représentation collective, fruit de l’imaginaire du groupe. Cette représentation peut se cristalliser autour de plusieurs facteurs tels que la religion, l’ethnicité (comme outil de démarcation), le mode de vie (agriculture ou élevage), le lieu de résidence (vallée ou montagne), la langue ou encore le nationalisme (en particulier lorsque le groupe revendique un territoire). C'est parfois la crainte du groupe d’être victimisé par l’autre, sa hantise d’être dépossédé de sa spécificité, qui forge son identité. D’où l’invocation d’un passé légendaire, le recours à des mythes, la résurgence du thème du peuple martyr qui se bat héroïquement pour sa survie.
http://conflits.revues.org/1919


4/14/2015

Ortaçağ zaman - Farklı süreleri heterojen birlik - Ruhanilik : mitsi zamana belirsiz farkındalık - mazi ile köle - İncil zaman: ortaçağ dünya oluştur

THE MEDIEVAL TIME – Eternity is the sacred time, time without limit. The evangelist Matthew 24:35 said: 'Heaven and earth will pass away but my words will not pass away.'. Men who live in spirituality espiritualité have an unclear awareness of this mythical time. Yet medieval time has some more concrete concepts: the passing of time tens, that moves forwards, the word tens means life and is often associated to age eage. An era of time, whichever its duration and as was said in old French language, its space, is a season. However this concrete time of the world mont is not spiritually isolated from the passage of eternal time. Following the original sin, the loss of Paradise did not provide earth with the opportunity to lead an independent life: created by God, it continues to be the place where divine forces fight against the diabolic powers. The Middle Age is enslaved to the past: the biblical past, most worshipped, is affected by a symbolism that foreshadows the medieval world. The profane past often relates to sacred time in connection with mysterious links – thus Virgil is a prophet of Christ. However, the Middle Age remains ignorant of the modern concepts of evolving, of progress, etc. It stands still or conceives itself numb in a sort of timeless, ethereal position often steered by one leading idea of a common last end: even if we exclude the year one thousand terror, it is clear how minds were obsessed by the idea the lived during the end of time. We can easily understand that with such a state of mind, the medieval spirits may not be aware of a marked by dates Human History.
At all medieval times, the expression of respect for the past is manifested by the respect of the custom and a deep connection to the order ordre, to a state estat that makes seniority durable. The repetition of actions, whether unique or due to sheer coincidence allowing them to take on an authoritative meaning: what is rerun recomencié, repeated, indeed acquires will serve as a model. As there is neither sufficient information, and most of all nor critical mindset, this little known historical past, shrouded in legends, is void of authenticity: Oedipus and Alexander are courtly heroes, Plato and Ovid considered as immediate predecessors of medieval thought. Indeed this way of thinking tends to approach the world as immutable, at least to think that it is stable relative to changes. To forge a long lasting duration without less meaningful sense, the medieval man establishes a comforting system of temporal coordinates that allow him to anchor through fixed reference: thus despite the task of charting recent facts, medieval analysts first refer to the crucial event of the Creation. Since then, a major episode took place: the Incarnation of the Word of God in Jesus Christ's Body, that is why at the 6th century the Christian era established starting from the birth of Christ.

The medieval year is marked in concrete terms by numerous religious festivals, ensured by ceremonies that make up a coordinating system designating a periodicity to a time that is neither human nor seasonal but represent non-contingent realities, those of the sacred world. Looking beyond cosmological duration to approach concrete time, we find the uncertainty of the concept of age for the medieval man. Age is relative: in a family that brother is the elder ainzné (from ainz meaning before), this major brother major or first, primerain is granted birthright, then come the middle meain brother, younger, and then the little brother jovenor. There are distinctions between the child enfanceau, the teenager jouvencel and the young man bacheler, meschin to which correspond the feminine words meschiete, meschine, pucele; after that the adults, omes pacreus and finally the elders, viels, vieillarz, antis for both men and women (antif means age). The determination of the hours of the day hores is even more difficult; as for the Roman time the day is divided in 24 hours: 12 day hours, 12 night hours. And, at that time, hours or moments of the day were designated by the name of prayers. As with the concept of space and places, medieval time exists as a heterogeneous whole of different durations.
 
LE TEMPS MEDIEVAL - L’éternité est le temps sacré, la durée sans limite. Comme le dit l’évangéliste Matthieu XXIV : ‘le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point’. L’homme qui vit dans l’espiritualité a une conscience plus ou moins nette de ce temps mystique. Mais le temps médiéval possède des notions plus concrètes : le tens de l’humanité c’est à dire de nature humaine, le tens qui passe, qui va avant, le mot tens est fréquemment synonyme de vie et il est souvent associé à eage  âge. Une époque de temps, quelque soit sa durée et comme on dit en ancien français, son espace, est une saison. Mais ce temps concret, celui du mont  monde, n’est pas isolé spirituellement du temps éternel. Suite au Péché originel, la perte du Paradis n'a pas offert à la Terre la possibilité de mener une vie autonome : créée par Dieu, elle continue d’être le lieu où les forces divines combattent les puissances diaboliques.
Le Moyen-Age est asservi au passé : passé biblique qu’on révère et qui en raison du symbolisme dont il est affecté, préfigure le monde médiéval, passé profane qu’on rattache au temps sacré en vertu de mystérieuses connections ( c’est ainsi que Virgile est un prophète du Christ ). Mais le Moyen-Age reste étranger aux notions modernes de devenir, de progrès etc. Il se fige ou plutôt se croit figé dans une position qu’on pourrait définir comme a-temporelle si elle n’était pas souvent orientée par l’idée d’une fin dernière : même en faisant abstraction des fameuses ‘terreurs de l’an mil’, on constate à quel point les esprits ont été obsédés par l’idée qu’ils vivaient ‘à la fin des temps’. On comprend que dans une telle atmosphère mentale, les esprits n’aient pas eu conscience d’une Histoire humaine marquée par des dates.
Le respect du passé se manifeste à toutes les époques du Moyen-Age par le respect de la coutume et un attachement très vif à l’ordre, à un estat qui pérennise son ancienneté, la répétition de tout acte, fût-il unique ou dû au hasard, lui permettant d’accéder à la légalité : ce qui est recomencié, répété acquiert en effet valeur d’exemple. Faute d’information, mais surtout d’esprit critique, ce passé mal connu, auréolé de légende, est dépourvu d’authenticité : Œdipe et Alexandre deviennent des héros courtois, Platon et Ovide sont considérés comme les prédécesseurs immédiats de la pensée médiévale. Celle-ci tend en effet, sinon à envisager le monde comme immuable, du moins à penser qu’il est peu affecté par des changements. Pour s’installer dans une durée qui autrement risquerait d’échapper à l’esprit, l’homme médiéval établira un système rassurant de coordonnées temporelles qui vont lui permettre de s’ancrer grâce à des repères fixes : c’est ainsi que les premiers analystes, même s’ils ont pour tâche de retracer des faits récents, se réfèrent d’abord à l’événement capital de l’Histoire, la Creation. Depuis celle-ci, un seul fait considérable a eu lieu : l’Incarnation, le dogme chrétien selon lequel le verbe divin s'est fait chair en Jésus-Christ, Fils de Dieu et c’est pourquoi au VIe siècle, l’ère chrétienne s’est établie en partant de la naissance du Christ.
L’année médiévale est marquée d’une manière concrète par les fêtes religieuses très nombreuses, entourées de cérémonies qui constituent un système coordinateur assignant une périodicité à un temps qui cesse d’être humain et saisonnier pour s’accorder aux réalités non-contingentes, celles du monde sacré. ( Noel, Pasque etc…). Si nous quittons la durée cosmologique pour aborder le temps concret, on constate d’abord que la notion d’âge est pour l’homme du Moyen-Age de nature incertaine. L’âge est relatif : dans une famille, tel frère est l’ainzné ( de l’adverbe ainz ‘avant’ ), le frère major (cas sujet maire), ou primerain bénéficie du droit d’ainzneage, le frère meain est plus jeune, le jovenor est le cadet. On distingue l’enfanceau, le jouvencel qui désigne généralement l’adolescent, et le bacheler ou meschin ‘jeune homme’, auxquels correspondent pour le sexe féminin la meschiete, la meschine, ou pucele ; ensuite ce sont les omes pacreus les ‘adultes’ et enfin les viels ou vieillarz , hommes et femmes antis (antif signifie âge). La détermination des hores du jour médiéval présente plus de difficultés encore ; comme chez les Romains, le jour est divisé en 24 heures : 12 heures de jour et 12 heures de nuit. A cette époque on désigne les heures, ou plutôt les moments de la journée par le nom des prières. A l'instar de l'espace et des lieux, le temps médiéval se présente donc comme un ensemble hétérogène de durées.


4/11/2015

Ortaçağ yaşam kısa sözcük hazinesi 2 - Bilgi, din, ilahi hakikat, kavramcılık (konseptüalizm) - Uzay-zamansal organizasyonu


The vocabulary of medieval life 2 -spatio-temporal organization, knowledge and conceptualism
Connected to the tripartite division of the medieval society: those who pray (oratores), those who serve in war (bellatores), those who work (laboratores), a dualist hierarchy, linguistic and cultural also describes the reality of medieval life. Opposed to the group consisting of the clergie, caste of the clerics and literate for a long time recruited within the Church, the lay persons lais > laïcs represented the vast population of illiterate. The worshipper's life unfolds between the anointing of the baptesme baptism, christening in order to become Christian, and the religious ceremony preceding the death, called at the end of the 15th century, Extreme Unction. Marriage espousailles is a religious act celebrated by the Church, however the essential religious activity is the worship service servise along with vespres, matines. Other public or private religious events play an important role and are recurrent features of the medieval daily life: almsgiving is a religious act, processions and solemnities, solemn feasts, are frequent and bring crowds. Regarding the sermons the religious (often a monk) preaches in the church or on a public square, they receive sometimes an exuberant attention. Christians must remain out of work chomer during many days of religious ceremonies and they fast jeune during the Christian lent quaresme.
Pilgrimage (pelerinement, peregrination) involves embracing the Cross croiz; to do penance and sometimes out of a sense of adventure, the pilgrim exposes himself to fatigues and obvious danger. On his way benchmarks are available to him: cairns and stone crosses monjoies (souls of stone or war cry signal) built on the roads. The essential aim of the pilgrimage, a major medieval manifestation of faith, is veneracion veneration of the relics of the Saints corsaints idolized aorés (< aorer, adorare) in many churches. After death, the sacred body of the Saint was anointed enoint, oint and embalmed embasmé, often in order to increase through devotion the number of relics is multiplied, the body cors is multiplied: Saint Louis's ribs were distributed by Charles VI to his kindreds and relatives, Saint Elisabeth of Hungary body was divided, Saint Thomas Aquinas beheaded. True or false, the sacred bodies corsaints, became objects of the adoration and were stolen, exchanged or sold: in order to protect them, they were hidden away or transported from place to place. The Church encouraged the worship of relics that was the popular manifestation of faith. For when this adoration was of the God, it took on an unreachable nature for the simple men (even though God was the Father paterne) who preferably addressed to the Virgin Mary virgene closer to them and above all to the saints sains. The Church warranted the eminent virtues of the characters through their canonization, thereafter the ad infinitum multiplied images established, at a time when there was this confusion between representation and reality, as much evidence of the Saints materiality and effectiveness. In popular imagination, the Saints, although gloricus enjoying eternal glory, were nevertheless considered as persons of the daily life, well known for their miracles and being martyrs martire that could be worshiped, invoked and even threatened menacier. After their death, they could still bring beneficial actions.
As beauty, intelligence is a divine characteristic. The thinkers notably differentiate between intelligentia, faculty that God possesses in a perfectly immanent way and intellectus a human faculty of which Abelard is the theorist that focus on the species, that is for medieval understanding to show the intermediate appearances between knowledge and realities (conceptualism). Other medieval thinkers considered that all phenomena originated from the will of the Almighty and most important was the study of the interaction of their connections with the Creator. Since the establishment of Saint Augustine's plan of study, the major nature of science consisted of clarifying sacred books: it is not a question of studying 'things' but to identify the meaning, significance significacion of a text or doctrine.

Medieval intelligence was oriented, obsessed with a trend of ' recourse to order' which we can identify as vital. Yet order is a divine attribute; our world can only be a reflection of these main features, an Image. The world and men created in the Image of God were ordered ordenès, but it is an underlying, implicit order that needs to be discovered, restored. Human relationships were constructed with focus on the reproduction, imitation of the divine order through the establishment of imperative rules and obedience to custom. Innovations attempted to justify themselves by reference to a former or mythical order: the origin of the seven arts and the tripartite fragmentation of the society were classifications willed by God considered as intangible.
 

Le vocabulaire de la vie médiévale 2-organisation saptio-temporelle, connaissances et conceptualisme
A la hiérarchie des trois ordres qui composent la société : ceux qui prient (oratores), ceux qui combattent (bellatores) et ceux qui travaillent (laboratores), se juxtapose une hiérarchie dualiste qui est à la fois linguistique et, comme nous dirions aujourd’hui, ’socioculturelle ‘ ; au groupe constitué par la clergie, caste des clercs ou letrés longtemps recrutée dans l’Eglise, s’oppose celui des lais laïcs qui groupait la masse énorme des analphabètes. La vie du fidèle se déroule entre les deux onctions ( XIIe siècle ) que sont le baptesme qui permet de recevoir crestienté, et l’acte religieux qui précède souvent le décès et qu’on appellera l’extrême onction à la fin du Xve siècle. Prendre mariage est un acte religieux dont la célébration ou espousailles est sanctionnée par l’Eglise. Mais le servise essentiel du chrétien est la messe, à laquelle s’ajoutent vespres, matines etc.
D’autres manifestations religieuses, privées ou publiques, jouent un rôle important et ponctuent le quotidien de l'homme médiéval : l’aumosne est un acte religieux, les processions et les solemnités ‘fêtes solennelles’ sont fréquentes et attirent des foules ; quant aux sermons qu’un religieux ( souvent un moine ) prononce à l’église, sur une place publique etc, ils suscitent parfois un enthousiasme délirant. Le chrétien doit chomer aussi les nombreux jours de fêtes religieuses et il jeune pendant le Quaresme.
Le pèlerinage ( ou pelerinement, peregrination ) consiste à prendre la croiz ; le pèlerin pour faire pénitence, mais même quelquefois par le goût de l’aventure, s’expose à des fatigues et à des dangers évidents ; il dispose de repères routiers : monjoies ( ‘âmes de pierres’, mais aussi cri de guerre ), crois édifiées sur les routes. Manifestation majeure de la foi, le pèlerinage a essentiellement pour but la veneracion des reliques ou corsaints ( cors saints ), qui étaient vénérées aorés (< aorer, adorare) dans de très nombreuses églises. Après son décès, le corps saint était enoint ( ou oint ) et embasmé, mais souvent, par piété et pour multiplier le nombre des reliques, on multiplie le cors : les côtes de Saint Louis ont été distribuées par Charles VI à ses parents et familiers, sainte Elisabeth de Hongrie a été dépecée, saint Thomas d’Aquin décapité. Vrai ou faux, les corsaints, objets d’une adoration ( terme du XIVème siècle ) universelle étaient fréquemment dérobés, échangés, vendus : pour les mettre à l’abri, on les cache ou on les transporte de lieu en lieu. L’Eglise a encouragé le culte des reliques qui est une des formes de la foi populaire. Celle-ci en effet, de préférence à la Divinité » considérée par les simples comme inaccessible ( bien que Dieu soit notre paterne ), s’adressait de préférence à la virgene  Vierge déjà plus proche mais surtout aux sains, personnages dont l’Eglise cautionnait les vertus éminentes en les canonisant, et dont les images multipliées à l’infini constituaient, à une époque où l’on confondait représentation et réalité, autant de preuves de la matérialité et de l’efficacité des saints. Dans l’imagination populaire, ceux-ci, bien que gloricus, jouissant de la gloire éternelle, n’en étaient pas moins des êtres familiers dont on connaissait la vie, le martire et les miracles et qu’on pouvait à chaque instant invoquer, prier et même menacier. Après leur mort, les saints continuaient souvent d’exercer une action salutaire.
Comme la beauté, l’intelligence est un attribut divin. Les penseurs distinguent nettement cette intelligentia, faculté que Dieu possède de manière immanente et parfaite, et l’intellectus, faculté humaine dont Abélard a été le théoricien, qui consiste à déterminer les espèces, c’est à dire de montrer les apparences intermédiaires entre la connaissance et les réalités (conceptualisme). Les autres penseurs du Moyen-Age estimaient que la volonté du Tout-Puissant étant à l’origine de chaque phénomène, ce qui importait avant tout, c’était l’examen des liaisons qu’entretiennent les choses avec le Créateur. Dès l’origine du régime d’étude établi par Saint Augustin, l’objet essentiel de la ‘science’ est d’éclaircir les livres sacrés : il ne s’agit pas d’étudier ‘les choses’, mais de déterminer la significacion d’un texte et d’une doctrine.
L’intelligence médiévale va être orientée, obsédée même par une tendance que nous pouvons considérer comme vitale : le recours à l’ordre. Or, l’ordre tout comme l’intelligence, comme la beauté, est un attribut divin. De ces ‘qualités premières’ notre monde ne peut être qu’un reflet ou, nous l’avons vu, une Image.
Le monde et l’homme, crées à l’image de Dieu, sont ordenès, mais il s’agit dans la plupart des cas d’un ordre sous-jacent, implicite, qui doit être découvert, restitué. Les rapports humains vont s’efforcer de reproduire ou d’imiter l’ordre divin en établissant des règles impérieuses, en obéissant à la coutume. Les innovations elles-mêmes tentent de se justifier par un ordre ancien ou mythique : l’origine des sept arts est sacrée, de même que pour la division de la société en trois ordres, sont des classements voulus par Dieu et considérés comme intangibles.

4/07/2015

Ortaçağ yaşam kısa sözcük hazinesi 1 - Göksel krallık ve dünyevi dünya arasında ayırma yok, ama iki farklı dünyalar - doğaüstü olaylar gölgesi

The vocabulary of medieval life
Taking advantage of the dissolution civilian authorities during the Late Roman Empire, the Church organises itself on the basis of the diocese that plays the role of administrative division. Despite the end of schools (near 500), the Chruch remains firstly committed to its latin roots; yet so far the latin vulgate, largely accomplished by saint Jerome, near 400, is influenced by the Vulgar Latin. In 476, after the fall of the Western Roman Empire, classical Latin becomes in some respects a dead language; in the chancelleries, it is obliged to adopt a number of elements of the vulgar Latin. The Latin language of the Church uses a specialsed vocabulary necessary to the needs of a new religion. Greek terms are then adopted more or less in a sense other than their ancient meanings. These terms designate either 'out of this world' characters (angelus, diabolus) or clerics, the monk (in Greek, 'single, solitary'), the bishop (lat. Episcopus, gr. ἐπίσκοπος, epískopos) which means in greek the guardian, or places where the faithful gather to be united: the vulgar Latin word eclesia (chruch) comes from a Greek term (gr. ἐκκλησία) which means an assembly, congregation, the parish (lat. Parochia, gr. παροικία paroikia) first designated a stranger - Greek παρά (beside), οίκος (house) and later meant the bishop's diocese. The word parable (lat. Parabole, paraula, gr. παραβολή parabolē), meaning 'comparison ') ended up taking on the widespread meaning of speech etc ... To the religious vocabulary must be added the christianisation of saturday (sabbatum) and sunday (dies dominicus), a distinction, based on the form, from other words of weekdays (ex. Veneris dies, day of Venus) which keep their original pagan form.
The result has been a Romance language constitution much of which, although it had been deeply influenced by vulgar elements, remained Latin. Until the 6th century the Romania cannot be seen as a dissociated empire. This situation will change after the organisation of the Germanic kingdoms. In 888 France becomes entirely separated from the Empire and in 911 conquered and settled in Normandy; this was a decade which saw the triumph of feudal system. During the Barbarian states in Gaul period which runs from the 5th century to the end of the 8th century, classical Latin ceases to be properly used : Saint Gregory of Tours (538-594) declares to be sine litteris rhetoricis et arte grammatica – without literature, rethoric and the art of grammar. In 813, the council of Tours orders the clergy to preach in vulgar Latin, Romance or Germanic language. Alongside spatial differentiations that have been highlighted, even though much less visible, social and cultural differentiations existed. We cannot speak about a 'language level' of medieval French but often there are significant differences between the language of the clerics in contrast to, for example, the rude language found in the roman of Renart and its tales.
The Middle Ages lived in the shadow of the supernatural in a collective opinion of creance, belief, faith and religion. Later, in the litterature of the 12th and 13th centuries one might also observe that some clerics juxtapose to a good faith never contested, a concept of nature separated from the Creation told in the Bible; In the 'roman of the Rose' nature is Constable and the vicegerent of God upon earth; God gave it a golden chain which ties the four elements.
The Middle Ages, era of creance belief, has not undergone, throughout its entire time span, any separation between sacred and profane. The opposition between espirituel the spiritual realm and charnel the carnal world, common features in the texts, would appear to indicate a big gap between heavenly realm and earthly world. In French religious texts, charnalité and espiritualié, without being opposed to one antoher belong to two different worlds. Only esperit, the spirit attested what we call 'authenticity', the consciousness to exist only through God and according to His salu Salvation, a very troublesome hope. Actually, every act of human life, from birth naïté until death including most events of secular seculiere life, mondaine, that belong to the earthly world (monde=world) is abounding in religion, including profane celebrations; tournaments, institutions of warfare as chivalry and orders of knighthoods need to legitimize their existence a religious ceremony.

LE VOCABULAIRE DE LA VIE MEDIEVALE

Profitant de la dissolution pendant le Bas-Empire des autorités civiles, l’Eglise s’organise à partir du diocèse qui joue le rôle de la division administrative. Malgré la disparition des écoles ( vers 500 ), l’Eglise reste d’abord attachée à une bonne latinité ; pourtant déjà la vulgate, réalisée en grande partie par Saint Jérôme, vers 400, est influencée par le latin vulgaire. A la chute de l’Empire romain d’Occident en 476, le latin classique devient à certains égards une langue morte ; il est contraint notamment dans les chancelleries, d’adopter un certain nombre d’éléments du latin vulgaire ; c’est ce qu’on appelle le ‘bas-latin’. Le latin de l’Eglise emploie un vocabulaire spécialisé nécessaire aux besoins d’une nouvelle religion. On adopte donc des termes grecs plus ou moins détournés de leur sens ancien. Ces mots désignent soit des personnages de l’autre monde ( angelus, diabolus )soit des ecclésiastiques, le moine ( en grec ‘solitaire’ ), l’évêque ( lat. episcopus ) en grec ‘gardien’, soit enfin des lieux où se réunissaient les fidèles : le latin vulgaire eclesia ( église ) vient d’un mot grec signifiant ‘assemblée’, la paroisse ( lat. parochia ) désignait d’abord un ‘étranger’ ( le chrétien se considérant comme un étranger dans ce bas-monde ), avant d’assumer le sens de ‘diocèse d’un évêque’. Le mot paraboleparaula 'parole du Christ’, a fini par prendre la signification courante de parole etc. Au vocabulaire religieux, il faut ajouter la christianisation du samedi ( sabbatum ) et du dimanche ( dies dominicus ) s’opposant par la forme aux noms des autres jours de la semaine ( ex. Veneris dies, jour de Venus ) qui eux gardent leur forme païenne.
Ainsi s’est constituée une langue romane dont l’essentiel, bien qu’elle ait été fortement pénétrée d’éléments vulgaires, restait le latin. Jusqu’au Vie siècle on peut considérer que la Romania ne s’était pas complètement dissociée. La situation va changer après l’organisation des royaumes germaniques. On peut situer la période appelée romane entre la fin du Vie siècle et le début du Ixe siècle. C’est en 888 que la France est définitivement séparée de l’Empire et en 911 que les vikings s’établissent en Normandie ; enfin c’est vers cette époque que triomphe le régime féodal.
Au cours de la période de barbarie qui s’étend du Ve siècle à la fin du VIIIe siècle le latin classique cesse d’être pratiqué d’une manière correcte : Grégoire de Tours ( 538 – 594 ) déclare lui-même être sine litteris rhetoricis et arte grammatica. Le concile de Tours en 813 ordonne au clergé de prêcher dans la langue vulgaire, romane ou germanique.
A côté des différenciations géographiques qui ont été soulignées, il existe, à un degré beaucoup moins apparent, des différenciations sociales ou plutôt culturelles. On ne saurait parler de ‘niveau de langue’ du français médiéval, mais on constate souvent des différences sensibles entre le vocabulaire des clercs  qui s’oppose au lexique souvent grossier de Renart et ses fabliaux.
Le Moyen-Age a vécu tout entier sous l’emprise du surnaturel, dans un sentiment collectif de creance, de foi, de religion ]…..] On constate dans la littérature didactique des XIIIe et XIVe siècles que certains clercs juxtaposent à une foi qui n’est jamais contestée une conception de la nature distincte de la création ; la nature devient une sorte d’intermédiaire entre Dieu et le Monde. Dans le ‘Roman de la Rose’, la Nature est Connétable et Vicaire de Dieu ; celui-ci lui a confié une chaîne dorée qui lie les quatre éléments.
Epoque de creance, le Moyen-Age n’a pas connu pendant toute sa durée la ligne de démarcation qui sépare le sacré du profane. L’opposition de ce qui est espirituel et de ce qui est charnel, fréquente dans les textes, semblerait indiquer qu’un fossé sépare le celeste du terrestre. Charnalité et espiritualié, sans s’opposer absolument, relèvent de mondes différents. Seul l’esperit manifeste ce que nous appelons « l’authenticité », la conscience de n’exister que par Dieu et en fonction du salu salut, espoir bien problématique. En fait tous le actes de la vie humaine, de la naissance ( naïté ) à la mort, y compris la plupart des événements de la vie seculiere, mondaine, c’est-à-dire ce qui appartient au mont monde, sont teintés de religion, y compris les fêtes les plus profanes ; les tournois et les institutions guerrières comme la chevalerie ont besoin de cautionner leur existence grâce à une cérémonie religieuse. La hiérarchie humaine composée des 3 ordres calque d’ailleurs la hiérarchie céleste.