3/13/2015

Kültürel çeşitlilik ve evrensellik - Evrensel değerlerin gerekliliği -Ne evrensellik ve ne meşruluk ? - Insan hakları : ötesindekiler temel hukuk prensibi

The very diversity of reality makes a universal theory all the more necessary

One milestone of such a stance is the universal Declaration of Human Rights put forward in 1948 by the United Nations. In this text of declarative value, member states acknowledged the existence of principles above and beyond their respective legal frameworks. Therefore, the respect for legal hierarchy demands that laws in each country conform to these universal principles. Following Mireille Delmas-Marty, we could see this as a dialectics of ethics and law, since ethics inspire law and law dictates a norm. The ethical qualification of acts inspires their legal qualification and presses in the direction of further recognition of rights by law. Hence a notion such as “crime against humanity”, the result of a process which could be emulated for other crimes or the recognition of other rights. The issue of justice is never far from such processes, since they are opportunities to assert the universalism of certain values.
At this stage, it is important to raise a crucial question: on what grounds can the universal claim legitimacy? An answer to this question is to be found in the process of enounciation of the principles of justice. A rule grounded in the social practices of a group does not qualify as universally legitimate, not even within that very group. That would be a form of communitarianism and a limit on people’s freedom since they would be denied a faculty of judgement. It would be totalitarian to grant such a rule a normative value for other groups, since they would have values imposed on themselves from the outside. In either case, moral autonomy is denied and reason abdicated. The only justification would be the imposition of a transcendent reason: this religious perspective obviously fails the test of universalism since religious belief is not necessarily shared.
    How then to think justice and derive principles from it, if not rationally, as John Rawls attempts to do in his Theory of Justice? Much as Kant did when establishing his principles of morals, Rawls aims for principles of justice of universal value, and it is the process whereby they are stated which confers this quality on them. The process is abstract (“My aim is to present a conception of justice which generalizes and carries to a higher level of abstraction the familiar theory of the social contract as found, say, in Locke, Rousseau and Kant”) and rational process, which Rawls qualifies as “pure procedural justice”, which means that the procedure whereby justice is stated is such that it can only produce just principles.
I do not intend to explain Rawls’ theory or his method. However, it is necessary to state briefly what makes it universal and why it is fruitful for social sciences, and geography in particular. What founds the universality of Rawls’ principles is the “veil of ignorance” between the subject and the real world, in such a way that an “original position” is gained from which to rationally state fair rules for “social partners”, that is, rules that will ensure “the appropriate distribution of the benefits and burdens of social cooperation” For Rawls, the best division of material and immaterial goods is the one that serves best the most disadvantaged social partners (maximises the share of those who have the minimum: principle of themaximin). He does not posit that egalitarianism (the equality of all in all aspects of social life) would be the most efficient way to attain that objective. However, he gives priority to the principle of equality over the principle of the maximin, in terms of people’s intrinsic value and rights. Rawls’s system therefore articulates and establishes a hierarchy between the principle of equality and the principle of difference. I feel uncomfortable that I have to summarize Rawls’s Theory of Justice in a few sentences, and maybe simplify it excessively. But the aim here is not to unfold his theory, just to reflect on his theory’s ability to account for the diverse situations of the real world. I will therefore just emphasize this essential point: the universalism of Rawls’s principles owes to their rational procedure of enounciation.

Grounding justice on reason and reason alone means the autonomy of the rational being is reasserted, as is his or her place as “social partner” of a human community sharing common values, of which all members are rational beings. The phrase “human community” used here goes against the idea of communitarianism. It emphasizes what all human beings have in common, i.e. reason, rather than the specificity or culture of each or each group. Hence two propositions. The first is inspired by the hierarchy of norms in the legal sphere, according to which an inferior norm cannot contravene to a superior norm. In the moral sphere, social practices specific to each community are legitimate only in as much as they do not contravene to universal values of the human community. Confronting the particular to the universal would therefore mimic, in the moral sphere, the conformity check in the legal sphere. The second proposition is that the idea of universalism of values is crucial to the idea of the unity of the human species: that is implicit in the notion of mankind or the phrase used here, “human community”. Bernard Bret

La diversité du réel rend necessaire une theorie universelle

Le constat de la diversité culturelle peut conduire à un raisonnement inverse du précédent et mettre en évidence l’impérieuse nécessité de valeurs universelles. Il est important pour le sujet de rappeler la Déclaration universelle des Droits de l’Homme proclamée en 1948 par l’Organisation de Nations Unies. Dans ce texte qui relève du droit déclaratif, les États membres de l’organisation ont reconnu des principes au-dessus de leurs législations respectives. Le respect de la hiérarchie des normes exige alors la conformité du droit de chaque pays aux règles du droit universel. On peut ici parler, en suivant Mireille Delmas-Marty, d’une dialectique entre l’éthique et le droit, dans la mesure où l’éthique inspire le droit et où le droit énonce la norme. La qualification éthique des actes inspire leur qualification juridique et pousse à ce que la loi reconnaisse de plus en plus les droits. C’est ainsi, qu’apparut la notion de crime contre l’humanité, selon une procédure qui vaudrait tout autant pour la reconnaissance d’autres crimes ou pour la reconnaissance de droits. On ne s’écarte donc pas du thème de la justice en évoquant de tels faits, non pas ici pour eux-mêmes, mais parce qu’ils ont été l’occasion d’affirmer l’universalisme de certaines valeurs.
À cette étape du raisonnement, se pose une question capitale : à quelle condition l’universel peut-il prétendre à la légitimité ? La réponse à cette question se trouve dans la procédure d’énonciation des principes de justice. Une règle qui trouve ses racines dans les usages sociaux d’un groupe ne saurait prétendre à une légitimité universelle, ni même au sein du groupe considéré. Ce serait admettre le communautarisme que d’en faire une norme pour les membres du groupe, et il a été montré comment cela porte atteinte à la liberté des personnes puisque celles-ci se trouvent dépossédées de leur faculté de jugement. Ce serait admettre le totalitarisme que de lui reconnaître une portée normative pour les autres groupes, puisque ceux-ci se verraient imposer des valeurs de l’extérieur. Dans un cas comme dans l’autre, ce renoncement à l’autonomie morale est une abdication de la raison. Elle ne pourrait se comprendre qu’au nom d’une transcendance qui s’imposerait aux hommes : démarche à fondement religieux évidemment incompatible avec l’idée d’universalisme puisqu’elle reposerait sur une croyance non partagée.
    Comment alors penser la justice et en énoncer les principes, sinon rationnellement, ainsi que le fait John Rawls dans sa Théorie de la Justice. Comme Emmanuel Kant lorsqu’il établissait les principes de sa morale, John Rawls vise des principes de justice qui aient une valeur universelle, et c’est leur procédure d’énonciation qui leur confère cette qualité. Procédure abstraite (« j’ai tenté de généraliser et de porter à un plus haut niveau d’abstraction la théorie traditionnelle du contrat social telle qu’elle se trouve chez Locke, Rousseau et Kant») et procédure rationnelle qui conduit John Rawls à parler de justice procédurale pure, signifiant par là que la procédure d’énonciation de la justice est telle qu’elle ne peut produire que des principes justes. Ce n’est pas ici le lieu d’exposer la théorie rawlsienne, ni la démarche suivie. Il demeure néanmoins indispensable de rappeler brièvement ce qui fait son universalité et en quoi elle s’avère féconde dans les sciences sociales, y compris en géographie. Ce qui fait l’universalité des principes rawlsiens, c’est le voile d’ignorance mis par le sujet entre le monde réel et lui, de façon que soit imaginée une position originelle où il pourra rationnellement énoncer les règles de vie équitables pour les partenaires sociaux, c’est-à-dire les règles qui répartiront au mieux les avantages et les charges de la coopération sociale. On sait que, pour John Rawls, la répartition des biens matériels et immatériels la meilleure est celle qui sert le mieux les partenaires sociaux les plus modestes (maximiser le sort de ceux qui ont le minimum : principe du maximin). On sait aussi qu’il ne pose pas a priori que l’égalitarisme (l’égalité de tous dans tous les domaines de la vie sociale) serait nécessairement la configuration la plus efficace pour atteindre cet objectif. On sait enfin qu’il donne la priorité au principe d’égalité sur le principe du maximin, pour ce qui regarde la valeur intrinsèque des personnes et leurs droits. Le système rawlsien articule donc et hiérarchise son principe d’égalité et son principe de différence.
On pourrait en d’autres circonstances dire beaucoup plus et beaucoup mieux sur John Rawls, et on éprouve ici un scrupule à exposer sa Théorie de la Justice dans ces quelques phrases, au risque d’un résumé caricatural. Mais l’objectif visé n’est pas ici d’exposer John Rawls. C’est de s’interroger sur la capacité de sa théorie à parler sur les situations diverses du monde réel. Il faut alors insister à nouveau sur ce point essentiel : l’universalisme des principes de John Rawls tient dans la procédure rationnelle de leur énonciation. Fonder la justice sur la raison et seulement sur la raison revient à affirmer l’autonomie du sujet en tant qu’être rationnel et permet à ce dernier de se reconnaître comme partenaire social d’une communauté humaine partageant une communauté de valeurs, parce que tous ses membres sont des êtres rationnels. On l’a compris, le terme de communauté humaine s’oppose ici à l’idée de communautarisme. Il considère les hommes pour ce qu’ils ont en commun, la raison, et non pour ce chacun ou chaque groupe a de spécifique, sa culture. Cela autorise deux conclusions d’étape. La première s’inspire du principe de la hiérarchie des normes dans l’ordre juridique, selon lequel une norme inférieure ne peut contrevenir à une norme supérieure. Dans l’ordre moral, elle dit que les usages sociaux spécifiques aux différentes communautés sont légitimes à la condition expresse qu’ils ne contreviennent pas aux valeurs universelles de la communauté humaine. La confrontation du particulier avec l’universel serait dans l’ordre de la morale le parallèle du contrôle de conformité dans l’ordre du droit. La seconde retient que l’idée d’universalisme des valeurs est garante de l’idée d’unité de l’espèce humaine. C’est ce que contient l’idée d’humanité ou le terme ici employé de communauté humaine. Bernard Bret.


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