Temperament
and the revolt of the angels. -
The history of the word temperament always had a biological
connotation, even in a time when biology did not exist. 2500 years
ago, Hippocrates stated that the functioning of a body was explained
by the compound in variable proportions of the four humors (fluids)
of the body, the blood, the lymph, the yellow bile and the black
bile, each tempering one another. This
vision of man, fueling
around with humors has
been such a success that it has eventually prevented any other
conception of human nature. Any strange phenomenon, any mental or
physical suffering was justified by an imbalance of the humors inside
of men. Through history and culture this belief of humor expresses
only one concept: us, little human beings, are subjected to the
influence of the matter. However, a Great SomeBody rules
the solids matter. What
we see in our countrysides, our castles, our social hierarchies and
our moods is a proof of his/her determination. Nowadays the word
'temperament' has evolved. In our current context, geneticists
achieve outstanding performances, new technologies allow the
construction of an ecology artificially set up, neuro-psychological
studies demonstrate the vital importance of early interactions,
the word temperament has taken on a new meaning. Nowadays,
temperament refers to an instinct for experiencing the things of the
world, of
expressing one's rage or one's pleasure of living. A shapeless vital
force that propels all of us forward to meet things, a sensibility, a
person or an event. Since Satan does not run the show of ideas, he
entered into a psychotherapy because his underlying concept is
totally wrong.
In
cultures
where fault prevails,
any misfortune, any suffering has
the meaning of a sin. The cultural narrative
of the sin added suffering to suffering, but made possible the hope
of
redemption. Whereas,
in our current technological culture, the other is aimed to make
amends.
In
the European medieval technical environment, intelligence was not a
cultural value. It
was of secondary morality, a Lady virtue. The
priority value organizes the society and allows people to overcome
the daily sufferings, it is a virtue of men, as having a perfect body
and being tough. Men of that time did not possess enough knowledge to
take action on real time information as the nowadays medicine allows
us to do so. Yesterday, suffering was the prove of the weakness of
the injured man, today, it reveals the doctor's incompetence. In
itself, suffering does not make sens. It is a biological signal that
is experienced or that is locked. The meaning of this signal depends
as much as on the cultural context as on the story of a child. One
can understand the meaning we give to an object or to an event by
looking at the example of the control pill.
It was necessary to act
and develop the social discourse so that in 1967 the pill becomes
legal. In this new context, the control fertility meant the
revolution of women. Their body did not belong to the State anymore,
they were now allowed to be freethinkers and to attempt the adventure
of personal fulfilment. By
changing the social and relational context, the meaning given to the
control pill is distinct: in 1950, it meant “women are bitches”;
in 1970, “women are revolutionaries'; and in 2000 'women
are invasive'.
Giving
birth to a child is not enough, one
must bring it to this world. The physical characteristics of the
child are of particular private significance for the parents that
talks about their own story. The beauty of the baby and other
physical characteristics satisfy most parents because they mean they
became real parents. But all this beauty can take over a completely
different meaning when their story taught them to fear of becoming
parents. The newborns can't
go
through
any other place than their parents story. A
temperamental trait imbued before and after the baby birth must meet
a foundation of parental safety. It is during this meeting that the
first relational stage will be designed. The first initiation is
based on a triangle. The actors of the triangle set up different
scenarios that constitute well designed environments, enshrine
in the child memory and constitute the continuum for the further
development of the child. The various scenarios are infinite. The
scene of the family theater is composed of each member's story,
stories before the meeting, then the unconscious contract of the
couple and its modification following the arrival of the child. The
current trend consist preferably to consider the family as a
functional unity, a convenient group wherein each action of one
induces appropriate responses of the other. Thus, the triangle is the
natural situation of all human beings development.
A human baby, from the second month lives in this sensory triangle
where its discoveries are perceived as watched by another. And this
changes everything. The sensory triangle functions smoothly when
parents feel good. In collusive families, understanding occurs at the
expense of a third party.
According
to classic psychology, the temperament and the character are both
components of one person difficult to disentangle. Let us suppose
that the temperament forms
the hereditary and
biological part
steeped
in personality. It is instantly changed in a character composed by a
set of attributes, acquired
as a lesson. Therefore attachment relationship must be viewed as an
organized behavioral system concerning all the members of the
interaction.
extracts I chose and summarized in Boris
Cyrulnik – « Ugly Ducklings »
Le
tempérament ou la révolte des anges. - L'histoire
du mot tempérament a toujours eu une connotation biologique, même à
l'époque où la biologie même n'existait pas encore. Il y a 2500
ans, Hippocrate déclarait que le fonctionnement d'un organisme
s'expliquait par le mélange en proportions variables des quatre
grandes humeurs, les sangs,
la lymphe, la bile jaune et la bile noire, chacune tempérant
l'autre. Cette vision d'un homme carburant à l'humeur a connu un tel
succès qu'elle a fini par empêcher toute autre conception de la
machine humaine. Tout phénomène étrange, toute souffrance physique
ou mentale, s'expliquaient par un déséquilibre des substances qui
baignaient l'intérieur des hommes. Cette
idée de la substance qui traverse les époques et les cultures
n'exprime qu'une seule idée : nous, petits êtres humains,
sommes soumis à l'influence de la matière. Mais un Grand quelqu'Un
commande aux éléments solides. Ce que nous voyons dans nos
campagnes, nos châteaux, nos hiérarchies sociales et nos humeurs
est une preuve de sa volonté. Aujourd'hui le mot « tempérament »
a évolué. Dans notre contexte actuel, où les généticiens
réalisent des performances stupéfiantes, où l'explosion des
technologies construit une écologie artificielle, où les études
neuropsychologiques démontrent l'importance vitale des interactions
précoces, le mot tempérament prend un sens encore une fois nouveau.
Aujourd'hui quand on parle de tempérament on évoque plutôt une
disposition élémentaire à éprouver les choses du monde, à
exprimer sa rage ou son plaisir de vivre. C'est une force vitale
informe qui nous pousse à rencontrer une chose, une sensorialité,
une personne ou un événement . Depuis
que Satan ne mène plus le bal des idées, il a entrepris une
psychothérapie parce que son concept de base est à revoir, et c'est
très dur pour lui.
Dans
les cultures de la faute, tout malheur, toute souffrance prenait la
signification d'un péché. Le récit culturel de la faute ajoutait
de la souffrance aux souffrances, mais produisait l'espoir par le
rachat possible et sa signification morale. La culture soignait ce
qu'elle avait provoqué. La culture du péché offrait une réparation
possible par l'expiation douloureuse, alors que
la culture technologique demande à l'autre de réparer. Nos progrès
nous ont fait passer de la culture de la faute à la culture du
préjudice. Dans le contexte technique de l'Europe médiévale,
l'intelligence n'est pas une valeur culturelle. C'est une vertu
secondaire, une vertu de dame. La
valeur prioritaire , celle qui organise la société et permet de
surmonter les souffrances quotidiennes, c'est une vertu masculine,
être bien fait de ses membres et dur au mal. Les hommes de cette
époque n'avaient pas assez de connaissances pour agir sur le réel
comme le permet la médecine d'aujourd'hui. Hier la douleur prouvait
la faiblesse du blessé, aujourd'hui, elle révèle l'incompétence
du technicien. En soi la douleur n'a pas de sens. C'est un signal
biologique qui passe ou est bloqué. Mais la signification que prend
ce signal dépend autant du contexte culturel que de l'histoire de
l'enfant. On
peut comprendre comment la signification que nous attribuons à un
objet ou à un événement nous est donnée par le contexte en
prenant l'exemple de la pilule anticonceptionnelle. Il a fallu agir
sur le discours social et le faire évoluer, afin qu'en 1967 la
pilule devienne légale. Dans ce nouveau contexte, la maîtrise de la
fécondité a pris la signification d'une révolution des femmes.
Leur ventre n'appartenant plus à l’État, elles pouvaient libérer
leur tête et tenter l'aventure de l'épanouissement personnel. En
changeant de contexte relationnel et social, on change la
signification attribuée à la pilule : en 1950, elle voulait
dire « les femmes sont des vaches » ; en 1970, elle
signifiait « les femmes sont des révolutionnaires » ;
et en 2000, elle affirme « les femmes sont envahissantes ».
Faire
naître un enfant n'est pas suffisant, il faut aussi le mettre au
monde. Les
traits physiques de l'enfant prennent pour les parents une
signification privée qui parle de leur propre histoire. La beauté
du bébé, le potelé de ses joues, la rondeur de son ventre et les
petits plis de ses jambes réjouissent la plupart des parents car ces
traits physiques signifient qu'ils sont devenus de vrais parents
puisqu'ils ont un vrai bébé. Mais toute cette beauté peut prendre
un signification totalement opposée quand l'histoire leur a appris
la peur de devenir parents. Les nouveaux nés ne peuvent pas tomber
ailleurs que dans l'histoire de leurs parents. Les
stratégies de socialisation se différencient très tôt. Un trait
tempéramental imprégné dans le bébé avant et après la naissance
doit rencontrer une base de sécurité parentale. C'est sur cette
rencontre que s 'échafaude le premier étage de style
relationnel. La
base de départ repose sur un triangle. Les acteurs du triangle
mettent en scène des scénarios toujours différents qui composent
des milieux bien dessinés, s'imprègnent dans la mémoire de
l 'enfant et constituent l'échafaudage le long duquel le
tempérament de l'enfant construit l'étage suivant. Les
scénarios sont infinis. La scène du théâtre familial est composée
par les récits de chacun, les histoires antérieures à la
rencontre, puis le contrat inconscient du couple et sa modification à
l'arrivée de l'enfant. Cet ensemble de récits, pas toujours
harmonieux, constitue le champ de pressions gestuelles et verbales
qui façonne l'enfant. Le sens que les parents attribuent au bébé
s'enracine dans leur propre histoire, comme une sorte d'animisme qui
attribuerait à l'enfant une âme venue de leur passé d'adultes.
La
tendance actuelle n'est plus d'observer la dyade mère-enfant, comme
on le fait depuis un demi-siècle, mais consiste plutôt à
considérer la famille comme une unité fonctionnelle, un groupe
pratique où chaque action de l'un provoque les réponses adaptées
de l'autre. Le triangle est donc la situation naturelle du
développement de tout être humain. Un bébé humain, dés le
deuxième troisième mois habite déjà un triangle sensoriel où ce
qu'il découvre est perçu sous le regard d'un autre. Et ça change
tout. Le
triangle sensoriel fonctionne harmonieusement quand les parents se
sentent bien. Dans les familles collusives, l'alliance se fait au
détriment d'un tiers.
Le
tempérament et le caractère sont deux composantes
de la même personne, décrites par la psychologie classique et
difficiles à dissocier. Admettons que le tempérament constitue la
partie héréditaire et biologique imprégné dans la personnalité.
Il se transforme presque aussitôt en caractère constitué
d'attributs, acquis comme un apprentissage. Il faudra donc penser
l'attachement comme un système comportemental organisé par tous les
partenaires de l'interaction.
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