6/30/2015

Maskelere hukuku - Insan ve şey - insan yüzü görünümü - esas tüzel kişi - insan yok - gruplarda gömülü, sosyal durumda gömülü - ilgili fiil ehliyeti

The law of the masks - Persona
The law of the person and of the body may be called the law of the masks. Persona, in Roma, is the theatre mask of the comedian and the role played by him, who had to speak heartily (sonare), i.e. both the sign and the represented action. Modernity revised such etymology under the double and contradictory influence of Christianity and rationalism, both expressing the belief in a specific nature of the person, divine or rational. Firstly, the law of the body protects the body as it contains the trail of the person in the same way as man bears God’s print. On the model of catholic theology, human rights thus make dignity the category which allows to protect the body : euthanasia is forbidden, abortion is an exception. Only afterwards, under the influence of rationalism does law make the body a freedom of the person which is then capable of nearly everything : allowance of an assisted reproduction, organs gifts… This omnipotence of the individual expresses the belief in man-God. Is a coming-back to the roman etymological origin where mask was only a sign, today imaginable ? Mirroring Bambara masks or Greek masks of Dyonysos, the person and the body would then only be narratives that create a world of meanings which « institute » the person. Then mankind would be this narrative : there would be « nobody » (or « no person ») behind the mask. Masks are worrisome, as law is. Its strangeness is bound to that of the masks. For the law changes the person into a mask. The personal right and the right to physical integrity could be referred to as the law of the masks:

The personal right concerns the mask. Persona, it is the mask. Thinking in these terms changes our view, if at least, we take seriously the etymological teaching. For legal scholars, it would be a curse …”

The mask is both the appearance of the human face and the underlying legal person. A singular relationship between the mask and he who bears it, sometimes concealing, sometimes revealing, yet always allowing action. The mask is the link between the body it conceals and the person it represents. In Rome, etymologically, the primary meaning of the word persona is the actor's theatrical mask and his role, that should speak with distinction (sonare), in other words, both the sign and the represented action. Later, the person designated the role, the parties' voices during trial, the plaintiff (persona actoris) or the defender (persona rei). By extension, persona is the human being, but only as such in legal affairs, fulfilling a role and a speech assigned by the legal order: role of family's patriarch and son of family, slave or emancipated slave, the persona is therefore only a technical mean localization and attribution of rights and duties. Above all, persona is not synonymous with human being, has no relevance with the concrete being nor with the body. Persona and concrete human being do not necessarily coincide. In this way the slave can be persona although not legally competent, when he is related to an action which links him to the juridical system. The slave is also res (thing)when being subject of litigation. Regarding the body, it is necessarily a res, since the persona is only an artifact, an object, an imputation technique. Corpus moreover etymologically designates the substantive element of things. And the matter of knowing if the body is a thing is not relevant to Roman law for which people can be considered as res, men can be sold, and the pater can sell his children. The res is through its etymology the subject matter, the thing that has been debated, the object of the lawsuit, that can be a person or a thing. In this universe, no man, no human being, no tangible subject, no individual, no subjective right... The Roman law is like a technique, a ars established as technical categories without any reference to the human individual. The man as individual does not exist and is embedded in groups, in status, that make him the member of a family, of a city or the free men community. Thus, in Roman law “law is not the attribute of an individual, viewed in isolation, but a specified quantity of prerogatives and responsibilities”. This notion of the individual and his body is an objectivist approach related to the authority of the legal system, abstract, non idealistic, autonomous with respect to the human being. The Ancient Law will inherit this technical notion of the human being, “the state of persons” designating the rules related to juridical capacity, in other words, to all statuses, to all the qualities. The person is then only a metaphorical process, a transfer of sense. Gilles Lhuillier


Le droit des masques – Persona
Le droit de la personne et du corps pourrait être nommé le droit des masques. Persona, à Rome, c'est le masque de théâtre de l’acteur, et le rôle joué par lui, qui devait parler avec éclat (sonare), c’est-à-dire à la fois le signe et l’action représentée. La modernité a révisé cette étymologie, sous la double influence (souvent contraire) du christianisme et du rationalisme, exprimant l’un et l’autre la croyance en une nature singulière de la personne, divine ou rationnelle. D’abord, le droit du corps protège le corps car il porte la trace de la personne, comme l’homme porte la trace de Dieu. Les droits de l’homme font ainsi de la dignité, à l’imitation de la théologie catholique, la catégorie qui permet de protéger le corps : l’euthanasie est interdite, l’avortement est une exception. Ensuite seulement, sous l’influence du rationalisme, le droit fait du corps une liberté du sujet qui peut donc presque tout : admissibilité d’une reproduction assistée, dons d’organes… Cette toute-puissance de l’individu exprime la croyance en l’Homme-Dieu. Un retour à l’origine étymologique romaine où le masque n’était qu’un signe, est-il aujourd’hui pensable ? À l’image des Masques Bambara ou des masques Grecs de Dionysos, la personne, et le corps ne seraient alors que des récits créant un monde de signification qui institue le sujet. L’humanité serait alors ce récit : il n’y aurait « personne » derrière le masque. Les masques sont inquiétants. Comme le droit. Son étrangeté est liée à celle des masques. Car le droit fait de la personne un masque. Le droit de la personne et du corps pourrait être nommé le droit des masques :
« Le droit des personnes touche à la question du masque. Persona, c'est le masque. Penser en ces termes change notre vision, si du moins nous prenons au sérieux l'enseignement de l'étymologie. Chez les juristes universitaires, ce serait une malédiction ...»
Le masque est à la fois l’apparence du visage de l’homme, et l’origine de la personne juridique. Très singulier est le rapport entre le masque et celui qui le porte, parfois dissimulant, parfois révélant, et toujours lui permettant d’agir. Le masque est le lien entre ce corps qu’il dissimule et la personne qu’il représente. À Rome, étymologiquement, le sens premier de persona est le masque de théâtre de l’acteur, et le rôle joué par lui, qui devait parler avec éclat (sonare), c’est-à-dire à la fois le signe et l’action représentée. Puis, la personne désigna le rôle, la parole des parties dans un procès, qu’il soit demandeur (persona actoris) ou défendeur (persona rei). Par extension, persona est l’homme, mais seulement tel qu’il se présente dans la vie juridique, remplissant les différentes paroles ou les différents rôles que l’ordre juridique peut lui attribuer : rôle de père ou de fils de famille, d’esclave, d’affranchi. La persona n’est donc qu’un moyen technique de localisation et d’imputation des droits et des obligations. Et surtout, la persona n’est pas synonyme d’être humain, et n’a pas de rapport avec l’être concret, ni avec le corps. Persona et personne concrète ne coïncident donc pas nécessairement. Ainsi de l’esclave, qui peut être persona, bien qu’il ne soit pas pleinement capable, lorsqu’il exerce une fonction qui le met en relation avec le système juridique, et res lorsqu’il est objet d’un contentieux. Quant au corps, il est nécessairement une res, la persona n’étant qu’un artéfact, une technique d’imputation. Corpus désigne d’ailleurs étymologiquement l’élément matériel des choses. Et la question de savoir si le corps est une chose n’est pas très pertinente dans le droit romain où les personnes elles-mêmes peuvent être considérées comme des res, où l’homme libre peut se vendre, et où le pater peut vendre ses enfants. La res est alors en son étymologie seulement le point discuté, la chose débattue, l’objet du procès, qui peut être une personne ou une chose. Dans cet univers, pas d’homme, pas de personne humaine, pas de sujet concret, d’individu, de droit subjectif, de sujet… Le droit romain se présente comme une technique, un ars, où les catégories techniques sont posées sans référence à un être humain individuel. L’homme, au sens d’individu n’existe pas en tant que tel mais est inséré dans des groupes, dans des status, qui font de lui le membre d’une famille, d’une cité, ou de la communauté des hommes libres. Ainsi, dans le droit romain, « le droit n’est pas l’attribut de l’individu, isolément considéré, mais une quantité délimitée de prérogatives et de charges. » Cette conception de la personne et du corps est objectiviste, liée à l’autorité du système juridique, abstraite, non idéaliste, autonome par rapport à l’être humain. Et l’Ancien Droit recevra cette conception technique de la personne, « l’état des personnes » désignant alors ces règles relatives à la capacité juridique, c’est-à-dire l’ensemble des status, l’ensemble des qualités. La personne n’est alors qu’un procédé métaphorique, un transfert de sens.
Gilles Lhuillier / http://methodos.revues.org/125

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