12/16/2014

C.G. Jung : Psişe, persona, ilktip - karmaşık davranış şekli: kısmen toplum tarafından dikte; kısmen ne insan isteklerine tarafından dikte - kişilik bölünmesi: ben kim evimde? ben kim alenen?

The World Within - C.G. Jung in His Own Words

When you observe yourself within, you see moving images, a world of images, generally known as fantasies. In early childhood, a character is already there, the child is born with existing defining values, that give the child his character; already in early childhood a mother recognizes the individuality of her child. Later on, these values express themselves in other particularities. There is a definite, inherited complexity, we are born into a pattern, we are a structure that is pre-established: it is a biological order of our mental functioning, a pattern that makes him specifically human, no man is born without it. We are deeply unconscious of this fact,  because we live all outside of ourselves. If a man could look into himself he would discover it, and when a man discovers it, he thinks he is crazy; and he may be crazy (then he smiles!) .                                              
Figures of my fantasies brought home to me the crucial insight that there are things in the psyche which I do not produce but which produce themselves and have their own life. While people live a conscious life, all the time a miss is played in your conscience. It can be a stream of archetype ideas that goes on through the centuries. In the time before information people dreamt of the great change and that's the reason why such great transformation could be predicted. When you observe the world you see people, you see houses, you see the sky, you see tangible objects, but when you observe yourself within, you see moving images, a world of images, generally known as fantasies. Yet these fantasies are facts, it is a fact that a man has such and such a fantasy, and it is such a tangible fact for instance that when a man has a certain fantasy a bridge can be built or a house, these houses then were all fantasies. Everything you do here, all were fantasies to begin with. And fantasy has a proper reality, fantasy is not nothing, it is of course not a tangible object but it is a fact nevertheless, it is a form of energy, it is a manifestation of something and that is a reality, it is for example the Peace Treaty of Versailles. When you observe the stream of images within, you observe an aspect of the world, of the world within. And the man who is going by the external world, by perception, thinks that he is more valid because this is valid, this is real, and the man that goes by the subjective factor, he is not valid because subjective is not real; no, that man is just as well based because he's basing himself upon the world from within. So he is quite right even if he says :"oh it is nothing but my fantasy". The introvert is always afraid of the external world but yet to possess the world from within gives him his dignity, certainty because it is, nowadays particularly, that the world hangs on a thin thread, the psyche of man. Assume certain fellows in Moscow lose their nerves or their common sense and the whole world is in fire and flames, we are not threatened by natural catastrophes, there is nothing like the 'H' bomb,  the 'H' bomb is all man doing, we are the great danger, the psyche is the great danger. ]...[ Man is born with a certain functioning, a certain pattern of behavior and that is expressed in the form of archetypal images. For instance the way in which a man should behave is given by an archetype. If you are unconscious about certain things that ought to be conscious, then you are dissociated and then you are a man who's left hand never knows what the right hand is doing. I noticed with some of my patients that in public life they have a certain way of presenting themselves; for example a doctor is going to behave as expected for a doctor, with good manners, he may even identify himself with it and believes that he is what he appears to be. The persona is a complicated system of behavior which is partially dictated by society and partially dictated by the expectations, sort of wishes, of what man thinks to have. Despite of the fact that the person thinks it is real, sure, yet it is not. Such a performance of the persona is quite alright as long as you know that you are not identical with the way in which you appear. For those who can't do the difference, which is the real man ? The man that he is at home or is he the man that appears in public ? 

La réalité du monde intérieur C.G. Jung, paroles                                                 Lorsque vous procédez à une introspection, vous vous regardez de l'intérieur, vous voyez des images animées, un monde d'images qu'on appelle généralement imagination. Dans la petite enfance, la personnalité existe déjà, l'enfant naît avec des valeurs bien prédéfinies qui vont lui forger son individualité; déjà dans la petite enfance la mère sait reconnaître l'individualité de son enfant. Plus tard, ces valeurs vont s'exprimer de différentes manières. Il y a une complexité prédéfinie, héritée, nous naissons au sein d'un modèle, nous sommes une structure pré-établie ; c'est un ordre biologique de notre fonctionnement mental, un modèle qui rend l'homme si spécifiquement humain, aucun être humain ne naît sans ce modèle. Nous sommes profondément inconscient de cet état de choses parce que nous vivons tous en dehors de nous-mêmes. Si un homme pouvait se voir de l'intérieur, il découvrirait ces chose, et s'il les découvre, il croit qu'il est fou, ou bien il est peut-être fou! (alors C.G Jung sourit).                                                                                                                       Les images de l'imagination m'ont enseigné la perspective déterminante selon laquelle il y a des choses dans la psyché qu'on ne produit pas, qui se fabriquent d'elles-mêmes.  Alors que les gens vivent leur vie de manière consciente, une messe extraordinaire se joue dans leur conscience. Cela peut se présenter sous forme d'un courant d'images archétypes qui poursuit son aventure depuis des siècles. A l'époque où la diffusion des informations était plus restreinte, les gens rêvaient du grand changement et c'est la raison pour laquelle cette grande transformation a été prédite. Quand vous observez le monde,  vous voyez les gens, vous voyez des maisons, vous voyez le ciel, vous voyez des tas d'objets tangibles, mais lorsque vous vous observez de l'intérieur, vous voyez des images animées, un monde d'images qu'on appelle généralement l'imagination. Pourtant ces fantaisies sont des faits, c'est une fait établi que l'homme a tel ou tel  rêve, c'est un fait tellement tangible que, par exemple, quand un homme rêve, un pont peut se construire ou une maison, ces maisons alors ne sont pas des rêves. Tout ce que vous faites ici, tout a commencé dans des rêves. Et donc l'imagination a sa propre réalité, et l'imagination ce n'est pas rien, bien sûr ce n'est pas un objet tangible mais néanmoins c'est un fait, une forme d'énergie, la manifestation de quelque chose qui est la réalité, c'est par exemple le Traité de Versailles. Lorsque vous observez le courant des images de l'intérieur, vous observez un aspect du monde, un aspect du monde intérieur. L'homme qui se manifeste dans le monde 'par l'extérieur', grâce à sa perception, pense qu'il est plus 'valable' parce que son comportement est valide, visible, perçu, parce que c'est réel, et l'homme qui se manifeste par des signes subjectifs, il n'est pas valide car la subjectivité n'est pas quelque chose de réel; non, ce dernier est tout aussi bien fondé, construit parce qu'il se base sur son monde intérieur. Ainsi il a parfaitement raison même si il va dire : "oh mais, c'est juste mon imagination". L'homme introverti craint toujours le monde extérieur et pourtant posséder le monde de l'intérieur lui donne une certaine dignité, une certitude parce que surtout de nos jours, le monde ne dépend que d'une seule chose, la psyché de l'homme. Supposons que certains perdent leur lucidité, leur bon sens, alors le monde entier risque de se retrouver en feu, la menace ne vient pas des catastrophes naturelles, il n'y a rien qui ressemble sur la terre à la bombe 'H', la bombe 'H' est une fabrication de l'homme, le plus grand danger c'est nous, le plus grand danger c'est la psyché de l'homme. ]...[ L'homme est né  selon un fonctionnement prédéfini, un certain modèle de comportement qui s'exprime sous forme d'images archétypes. Par exemple, la manière dont un homme doit se comporter est donnée par un archétype. Si vous êtes inconscients de choses dont vous devriez avoir conscience, alors vous êtes dissocié, vous êtes un homme dont la main gauche ne sait jamais ce que la main droite est en train de faire. J'ai remarqué chez certains de mes patients que dans leur vie publique ils se présentaient d'une certaine façon; par exemple un docteur va se comporter de la manière à laquelle doit se conformer un docteur, avec des bonnes manières, il peut même aller jusqu'à s'identifier à ce personnage et croire qu'il est réellement ce qu'il paraît être. La persona est un système compliqué de comportement qui est partiellement dicté par la société et partiellement dicté par des attentes, des sortes de souhaits que l'homme pense avoir. Malgré le fait que la personne croit que c'est réel, certain, or ça ne l'est pas. Une telle production de la persona n'est pas grave tant que vous avez conscience de ne pas être identique à la manière dont vous apparaissez.  Pour ceux qui n'arrivent pas à faire la différence, quel est l'homme réel ? L'homme qui est à la maison ou l'homme qui apparaît en public ?

12/11/2014

Endişeli Adam Türk edebiyatında (3) salt değer olarak yalnızlık - sıkı çalışma ve aile egemenlik - kadınlar da yazıyorlar - edebiyat gerekli özgürlük alanıdır

The Worried Man in Turkish literature (3) Loneliness as absolute value                An additional insight on the value and fate of the individual stands for in Ferit Edgü's collection of short stories from the years 1950 to 1960. Underlined by the novel Kaçkinlar  1959, verses of Henri Michaux's poetry : " when the clock ticks away the mad man hear another tic-tac.", this text called "Ilk Kaçkin" opens with an introductory passage in which the narrator, as in almost all his writings, is locked in a room and thinks over and over of his problems, questions and anxieties. The outside world is only a threat. The scenery is often the same : rooms cheaply furnished, poorly lit corridors, doors with chipping paint. Here existentialistic lyrics are to be found, in literature as in painting, those of European art from after 1945. The only concession made in this Istanbul landscape, the sea glanced from the housing. We did not stress often enough that it is in these texts, work of a young author passionate about Beckett, Michaux and Kafka, that all the negative awareness plays a crucial role for the new Turkish prose. Toward abstraction and despoilment as with Mübin Orhon's paintings. All the texts of the three first collections of short stories are based on the same logic: it is a question of giving clues on someone's disorders (fantasies and dreams) that the outside world, things, parents, city, women, disturbs and leads to a despair hitherto unseen in Turkish prose. For these Kafkaesque characters, temptation for suicide or insanity is constantly present: but when this nihilism can be overcome, it creates space for regeneration. As with Ferit Edgü, his stay in the East (in Hakkari province) has allowed a new vision of life accompanied by a new way of writing. However political concerns of authors reflect in the writings. Beyond a sexual and moral frustration they seek to imply the frustration of the generation...They are the representatives of the 'pain of the century', the Turkish Weltschmerz  of the year 1950.                               


Women - What cannot be overlooked is that the years 1950 witness women expression: intense social and family anger, regrets, extinct passion, sanctioned sexual desires. Gecede of Leylâ Erbil, contains the shortened issue of women writings: claimant, rebel with men, the liberation of the unmentioned ... In this short text, an old voice on an altered rhythm translates the resentment and the passion of a lifelong frustration; the text condenses the middle class life under the Republic. More than many other Turkish writers, Leylâ Erbil helps us to discern this urban social class, its self-understanding and its weaknesses....                                                                                                            From the social point of view (routine appearances) as much as when about sexual life (here, incest obsession) , when the woman speaks, she tells the inability of the society to understand, embrace her modernity. The deep chasm between generations, the over-dominance dreamt by a group of men who overshadow their existence find here a place to express : in the nagging monologue a bit disjointed of an abandoned person, close to death: ".... when I will be dead you will do it with whom you wish, your father did not spend a dime for this house, half of my teeth were pulled out, I have hollow cheeks, where are the keys to the safe, I can't calm my face nerves, I can't think about anyone else but you ...." . Literature has never asserted itself otherwise than through conventional ideas subversion. It is a necessary freedom space. 

Mubin Orhon

L'individu inquiet de la littérature turque (3)La solitude comme valeur absolue

C'est à une réflexion supplémentaire sur la valeur et le sort de l'individu que nous convie Ferit Edgü dans ses recueils de nouvelles des années 1950 et 1960
En exergue de Kaçkinlar (Les fuyards, 1959), se trouvent des vers d'Henri Michaux : " Le tic-tac qu'entend le fou est un autre tic-tac", le texte intitulé "Ilk Kaçkin" ("Le premier fuyard") s'ouvre sur un prologue : le narrateur, comme dans presque chaque texte, est enfermé dans une pièce où il rumine ses problèmes, interrogations et angoisses. Le monde extérieur n'est que menace. Le décor retenu est souvent le même : pièces chichement meublées, couloirs mal éclairés, portes dont la peinture s'écaille. On reconnaît l'univers existentialiste, en littérature comme en peinture, celui de l'art européen d'après 1945. Seule concession au paysage stambouliote : la mer, aperçue depuis le logement. On n'a pas assez dit que c'est dans ces quelques textes, oeuvre d'un jeune auteur féru de Beckett, Michaux et Kafka, que se joue la conscience négative de la nouvelle prose turque. En route vers l'abstraction, le dépouillement à l'instar des tableaux de Mübin Orhon.
L'ensemble des textes des trois premiers recueils fonctionne selon la même logique : il s'agit de rendre compte des troubles (fantasmes, rêveries ou rêves) d'un être que le monde extérieur, objets, parents, ville, femmes, dérange et pousse finalement à un désespoir jusque-là inédit dans la prose. Chez ces personnages kafkaïens, la tentation du suicide ou de la folie est constamment présente : mais ce nihilisme qui, s'il peut être dépassé, permet la régénération. Dans le cas de Ferit Edgü, c'est le séjour à l'Est (dans la province de Hakkari) qui aura permis une nouvelle vision de la vie, qu'accompagne une écriture nouvelle.
Je pense néanmoins que les préoccupations politiques de ces auteurs sous-tendent la production. Au-delà d'une frustration sexuelle et morale, ils cherchent à dire le mal-être de la génération ... Ce sont les représentants du mal-du-siècle, du Weltschmerz  turc des années 1950.
Et la femme ? - On ne saurait oublier que les années 1950 voient aussi l'apparition de l'expression féminine : rage sociale et familiale, regrets, passions éteintes, désirs sexuels réprimés. De nuit/Gecede de Leylâ Erbil, contient en abrégé toute la problématique de l'écriture féminine : revendicatrice, rebelle aux hommes, déversoir du non-dit de la société... Dans ce texte assez bref, une voix âgée, au rythme saccadé (la ponctuation le veut) traduit toute la rancune et la passion d'une vie de frustrations; c'est un condensé de vie de femme de la moyenne bourgeoisie sous la République. D'ailleurs, plus que de nombreux auteurs turcs, Leylâ Erbil nous fait toucher du doigt les classes sociales urbaines, leurs conceptions d'elles-mêmes, leurs faiblesses...                 Autant du point de vue social (l'habitude des apparences) que du point de vue sexuel (ici, l'obsession de l'inceste), la femme qui s'exprime répète l'incapacité d'une société à comprendre, à intégrer sa modernité. Le gouffre entre les générations, la domination excessive dont rêve un modèle où l'homme ordonne trouve ici à se déverser : dans le monologue lancinant et quelque peu décousu d'une personne abandonnée, aux portes de la mort : " ..., quand je serai morte tu le feras avec qui tu voudras, ton père n'a pas dépensé le moindre centime pour cette maison, on m'a arraché la moitié des dents, mes joues se sont creusées, où sont passées les clefs de mon coffre, je n'arrive pas à calmer la névralgie qui agite le milieu de mon visage et je n'arrive pas à penser à autre chose qu'à toi,... La littérature ne s'est jamais affirmée autrement que dans la subversion des idées reçues. C'est un espace de liberté nécessaire.
Mubin Orhon

12/10/2014

Endişeli Adam Türk edebiyatıdı (2) varoluşsal kriz - Demir Özlü, Bunalti,1958; Soluma,1963 ve Boguntulu Sokakla,1966. Hiçbir adlarla yerler dizayn geometrik olarak - rahatsızlık ve dipsiz kuyu

The Worried Man in Turkish literature (2) The individual experiencing an existential crisis. among young authors of the years 1950 appears a sort of fake modernity, a despair which admittedly relies on a real substance ( aging anxiety, the situation of the country, etc...) but revisited in order to be in harmony with the global definition of literature at the time of Camus, Sartre, Kafka and American novelists of the years 1920-1930, particularly Hemingway and Faulkner. Several prose writers of the lost generation (Demir Özlü, Ferit Edgü, Orhan Duru, etc...) expressed their intentions to the point of where drawing wider conclusions about the goals of literature was necessary:" The appearance of the individual ...his own world ... the individual longing for freedom. Alienation in all its form hampering the individual, his fate, his liberation, the struggle ahead... This is the infinite number of sources of contemporary literature".

However, the use of disturbances applies to Demir Özlü: his first book of short stories, Concern (Bunalti), published in 1958, evokes burial and funeral wanderings (dreams, daydreams and musings, inclination, and murderous intentions, ...) in an urban context. The narrator tells his discomfort, his view of the world as a bottomless well, dispossessed of people and things: in other words, he is a foreigner in this world. His second and third books of short stories (Soluma) (1963) and (Boguntulu Sokaklar) (1966) continue to elaborate this universe: streets, boulevards, channels, water bodies, crossroads and squares where the narrator wandered, was disoriented, set themselves as a sort of abstract urban geography of the city as in Delvaux's paintings. Almost corresponding to the definition of urbanism, not missing one of the elements that usually describes the city, saturated with objectivity, it is also a space where a sort of individuality still can express: the last human being, concerned narrator, is naked in the center of a Potemkine  city.

Places with no name, a narrator/actor "I" , are delivered in a geometric design of an urban organization where "he" is not totally lost but  where wandering is the rule. We find the logic of dream , we left the realism to meet the "dreamed city". Or to use Bachelard's irony: " we dream before we contemplate. Before being a conscious spectacle, every landscape is a dream like experience. There are three or four storeys stone houses with dust façade including some old ones and for most of them coated with yellow rendered stone (...) It is a street half stones, half earth, the walker understands that, step by step, he fell in the nests of the countless crossing streets. Boguntulu Sokaklar is interesting for we can see the recovery of the individual: firstly erased, then deleted in favor of dominating architecture and urbanism, he reappears in a nearly visible form at the end of the text: in love, anxious, increasingly tangible. We understand that this modern human being is looking for a woman. The woman. The Turkish text is using the word sevda/passion which appears to be somewhat improper, where it should instead say desire. Despite his search of the abstraction and his will to stage the harshness of feelings, the city and the individual meet each other in order to express a certain desire. It is a question of a quest for love becoming an obsession : to understand or to approach the other. The last stage before the formal establishment of the individual. Timour MUHIDINE



 L'individu inquiet de la littérature turque (2) L'individu en crise existentielle

Chez les jeunes auteurs des années 1950 se dessine une modernité un peu factice, un désespoir qui a certes un fond véritable (une angoisse liée à l'âge, à la situation du pays, etc...) mais qui est rejouée pour être en accord avec l'état mondial de la littérature incarnée par Camus, Sartre, Kafka et les romanciers américains des années 1920-1930, Hemingway et Faulkner en particulier. Plusieurs prosateurs de cette "génération perdue" (Demir Özlü, Ferit Edgü, Orhan Duru, etc...) se sont prononcés sur leurs intentions d'alors, au point même d'en tirer des conclusions plus larges sur les buts de la littérature : "L'apparition de l'individu... son monde propre... l'individu désirant accéder à la liberté. Les aliénations de tout ordre qui entravent l'individu, son devenir, sa libération, le combat à mener... voilà quelles sont les sources infinies de la littérature d'aujourd'hui".
Pourtant, le recours à un brouillage des pistes intervient chez Demir Özlü : son premier recueil de nouvelles, Inquiétude (Bunalti), paru en 1958, évoquent des errances funèbres (tissu de rêveries, de vélléités, d'intentions meurtrières,...) dans un contexte urbain. Le narrateur raconte son malaise, sa perception du monde comme un gouffre, son aliénation progressive des êtres et des choses : en un mot, il est étranger au monde. Ses second et troisième recueils Halètement (Soluma) (1963) et Rues d'angoisse (Boguntulu Sokaklar) (1966) poursuivent l'élaboration de cet univers : rues, boulevards, canaux, plans d'eau, carrefours et places où le narrateur s'égare, où il se retrouve proprement désorienté, s'érigent en une sorte de géographie abstraite d'une ville à la Delvaux. Correspondant presque à une définition d'urbaniste, ne manquant d'aucun des éléments qui identifient une ville, saturé d'objectivité, c'est en même temps un espace où parvient encore à s'exprimer une individualité : le dernier être humain, narrateur inquiet, est nu au coeur d'une ville Potemkine.
Des lieux sans nom, un narrateur/acteur ("je) nous sont livrés dans le cadre géométrique d'une organisation urbaine où il ne se perd pas tout à fait, mais où l'errance est de règle. On retrouve la logique du rêve, on a quitté le réalisme pour atteindre "la ville rêvée". Ou alors, pour reprendre le paradoxe de Bachelard : " On rêve avant de contempler. Avant d'être un spectacle conscient tout paysage est une expérience onirique." "Il y a là des maisons de pierre de trois ou quatre étages à la façade poussiéreuse, dont certaines sont assez anciennes et, pour la plupart, enduites de crépi jaune. (...) C'est une rue mi-pierre, mi-terre et le promeneur comprend qu'au fil de sa progression il est tombé dans les rêts de ces innombrables rues qui se croisent ". Rues d'angoisse est intéressant car on y voit s'accomplir la réappropriation de l'individu : gommé tout d'abord, effacé au profit d'une architecture et d'un urbanisme dominants, il réapparait sous une forme presque visible en fin de texte : amoureux, angoissé et plus "palpable". On comprend également que cet être moderne cherche, à travers toute la ville, une femme. La femme. Le texte turc utilise le mot sevda/passion - qui me paraît singulièrement déplacé - là où il faudrait parler de désir. Malgré, pourrait-on dire, ses recherches d'abstraction et la volonté de mettre en scène l'aridité des sentiments, la ville et l'individu se combinent pour exprimer le désir. Il s'agit d'une quête amoureuse obsessionnelle : comprendre ou approcher l'Autre. Dernière étape avant d'établir formellement ce que peut être l'individu. Timour MUHIDINE



12/05/2014

Endişeli Adam Türk edebiyatıdı - Burgazada Adam: seçilmiş ya da yalnızlık dayatılan? - Sait Faik: Yeni roman karakteri, perişan, belirsiz - Yalnız olmak, bir sanattır; acı, bir görevdir

The Worried Man in Turkish literature (1) - Classical Ottoman literature has been criticized, especially in the field of poetry, to obscure the person, to hide the author in favor of a formal exhibition marked by the predecessors imitation, the cornerstone of intellectual high quality. The issue of narrative prose is different to the extent that it belatedly appeared, in the middle of the 18th century, framed by a modernized literary life: embryonic press and publications of the Tanzimat  years (Ottoman driven reforms since 1839).                                                                                                                    The Man of Burgaz :  chosen or imposed loneliness?        
Existential anxiety, this profound doubt that is taking over the Turkish man is nowhere to be better  found than in Sait Faik writings. While many wrote about him as initiator of new forms - we might as well say new conceptions - of prose, his life can't be silent up, a life based on a perceptible social exclusion; annuitant, late student, a long time unmarried, he stayed with his mother on an island of the Marmara sea, he keeps company with the literary and artistic world of Istanbul  but experiences a real exclusion in professional  domain; he who so much wanted to make his writings a living, his identity card bears the inscription  "mesleksiz" (unemployed). He is not a teacher, he does not work in the press nor in publications, he is a man on the margin of society, under the Republic of the years 1930 to 1950 this 'writer' status was not sufficient, as a matter of fact Sait Faik too strongly to be sincere, evokes artists Bohemian utopia, often left wing from Beyoğlu, an indecipherable  blend of attention to policy and practical necessities oblivion.  Thus drawn down on these social, emotional and sentimental margins his work will best reflect the urban Turkish society of his time: an extended family where dispossessed are on the centre stage and where minorities - for the last time in history - fall within at the very heart of the narrative. Like in American novels the have-nots , the wanderers reinvent the literary landscape, Sait Faik novels indicate the presence of a somewhat different shape of man, in contrast to the figure of the little man in the city: the humble and darker man - we see in French and Turkish the old and religious connotation of the words - will gain in greatness through literary allusion.                                                                                                          In 1944, one among those that will become the most fruitful literary critic, Vedat Günyol, discovers Sait Faik and his capacity to avoid inanimate characters and to  develop a prose based on moods, feelings, impressions onto which figures are grafted. Bur first of all the texts from 1940 (and the consecutive ones until 1954) drew up his thematic for good: "Lüzumsuz Adam" (The Useless Man ), the novel gave its title to the book in 1948, he takes up the theme of the lonely man, affected by misanthropic flashes as well as by outraged generosities, and creates a new type of human being : on the fringe of society, an agitated man who works, creates a certain amount of common sense, revolt and brotherly love that good people don't possess any more. In his last book published during his life, Alemdağ'da Var Bir Yılan There's a Snake at Alem Mountain, Sait Faik's style asserts itself without limitations as a metaphysical exaltation: the various short stories provide a new enjoyment: to stare at a suffering and pain of a worried narrator, more than worried, distraught dealing with his being in the absence provided by the crowd. A second aspect enriches the expression of the novel: the evocation of a worrisome, unclear and confused sexuality yet very intense.  Being alone is an art, suffering is a duty.                                            Revolt, anger, doubt to finalize the unease and the anxiety began to take over literary characters, the "personae". Timour MUHIDINE
L'individu inquiet de la littérature turque (1) - On a fréquemment reproché à la littérature classique ottomane, surtout dans le domaine poétique, de masquer l'individu, d'escamoter l'auteur au profit d'une exhibition formelle marquée par l'imitation des prédécesseurs, seul gage d'une haute tenue intellectuelle. La question de la prose narrative est différente en ce sens qu'elle naît tardivement, au milieu du XIXe siècle, dans le cadre d'une vie littéraire modernisée : la presse et l'édition embryonnaires des années desTanzimat (réformes ottomanes engagées dès 1839).                                                                                          L'homme de Burgaz : solitude choisie ou subie ?
L'inquiétude existentielle, ce doute profond qui envahit l'homme turc n'est nulle part aussi précocement exposé que dans les textes de Sait Faik. Si l'on a beaucoup écrit sur lui comme initiateur de formes nouvelles - peut-être faudrait-il dire de conceptions nouvelles - de la prose, et avant d'évoquer les textes, on ne saurait passer sous silence la vie de l'auteur, elle-même placée sous le signe d'une certaine exclusion sociale ; petit rentier, étudiant attardé, célibataire longtemps cloîtré avec sa mère dans une île de la Mer de Marmara, il fréquente à sa manière le milieu littéraire et artistique d'Istanbul mais connaît une véritable exclusion dans le domaine professionnel; lui qui aurait tant voulu vivre de sa seule plume, comme le rapporte Nedim Gürsel, sa carte d'identité porte l'inscription de "mesleksiz" (sans emploi). Ce n'est pas un enseignant, il ne travaille pas dans la presse ou l'édition, c'est un homme en marge, le statut d'écrivain ne pouvant suffire sous la République des années 1930 à 1950 : d'ailleurs Sait Faik évoque avec trop d'insistance pour être honnête, la bohème des artistes souvent "gauchistes" de Beyoglu, le mélange parfois indéchiffrable d'attention à la politique et d'oubli des contingences.
C'est donc sur ces marges sociales, émotives, sentimentales qu'est établie l'oeuvre qui rend le mieux compte de la communauté turque urbaine de son époque : une famille élargie où les déshérités occupent la première place, et où les minoritaires - pour la dernière fois dans l'Histoire - s'inscrivent au coeur de la narration. Comme dans les nouvelles américaines où les laissés pour compte, les vagabonds réinventent le paysage littéraire, les nouvelles de Sait Faik indiquent la présence d'une autre forme d'individu, par opposition au personnage de "petit homme" des villes : l'humble, l'obscur - on notera en français, comme en turc, la connotation ancienne et religieuse des termes - qui gagnera en grandeur par l'évocation littéraire.
Dès 1944, l'un de ceux qui allait devenir un des critiques les plus féconds de la nouvelle littérature, Vedat Günyol, repère chez Sait Faik la capacité à éviter les "types" figés et à élaborer une prose reposant sur des états d'esprits, des sentiments, des impressions sur lesquels viennent se greffer des personnages. Mais ce sont particulièrement les textes de la fin des années 1940 (et ceux qui se succèdent jusqu'en 1954), qui ont établi pour de bon sa thématique : "Lüzumsuz Adam" ("L'homme inutile"), la nouvelle donnant le titre au recueil de 1948, reprend les thèmes de l'homme seul, traversé d'éclairs mysanthropes, comme de furieuses générosités, et crée un type humain nouveau : en marge de la société qui s'agite et travaille, il constitue une sorte de réserve de bon sens, de révolte et d'amour fraternel tels que les braves gens n'en possèdent plus. Dans le dernier recueil publié de son vivant, Alemdaga'da Var Bir Yilan, Il est un serpent à Alemdag, s'affirme sans restriction le tremblement métaphysique de la manière Sait Faik : "L'homme créé par la solitude", "Sommeil troublé", "Il est un serpent à Alemdag" offrent à la lecture un plaisir nouveau : contempler les affres de la douleur d'un narrateur inquiet, plus qu'inquiet, affolé, aux prises avec son être dans l'absence que procure la foule. Et puis, un second aspect vient enrichir la texture des nouvelles : l'évocation d'une sexualité inquiète, imprécise, flottante et pourtant très intense... Etre seul est un art, souffrir un devoir.                                           La révolte, la colère, le doute, pour finir le malaise et l'inquiétude ont commencé à s'emparer des individus littéraires, les "personae". Timour MUHIDINE


12/04/2014

ISLAM VE SİVİL TOPLUM TÜRKİYEDE - Strateji mesajları ve izleyicileri çeşitlendirmek - Refah Partisi, tarıkat - tanımı 'politik' : politikacılar sistemi ile kargaşa

ISLAM AND CIVIL SOCIETY IN TURKEY - First of all, while in the 1980s the military repression following the coup hit all political groups, including the religious National Salvation Party, some religious protagonists, fragmented in an unarticulated religious renewal, began to consider links from their presence with social life were more useful than with a political process witnessing at the time loss of capacity or other interruption in a 'secular' republican context. This allowed to not give rise to the military repression when it scrutinized any repolitisation attempt of industrial action: and also to build the foundations of answers to social requests in terms of information, education and interpretation, furthermore more simply of intellectual curiosity, in need of more accurate religious knowledge about rituals and more specific religious fields knowledge that the secular republican regime. All this based on facts that the secular republican system has never called into question and that the last coup, yet Kemalist, tried to rehabilitate. Worship activities were the basis of a recovery, included in a commercial sense (many religious groups autonomously started at that point to set publishing and distribution activities of books) and a new legitimization of their existence. This trend obviously involved a strategy to diversify messages and audiences, and attempted to coincide the religious thought with the requests versatility which imposed a greater attention to social evolution. There was a second element in this direction after 1985, the political come back of the religious party newly refer to Welfare Party (Turkish: Refah Partisi, RP). For fear to republican repression, this party developed a policy of local anchoring, by multiplying firstly its contacts with existing groups (tarıkat , more or less closed user groups but well present on social and political life on a local up to sometimes a national level) and on the other hand by developing associative mechanisms according to various but religious objectives (charitable, educational, cultual as the construction of the mosque in the neighborhoods ...etc). From the part of rural conservative interests, it became the mutation party, clearly supported in semi-urban areas with uncertain outlooks. An inventory was necessary of new modes of investigation and mobilization in light of the fact that the multiplicity and difficulty of issues with the resulting urban planning problems imposed social instead of doctrinal references. As they became managers accountable to a future electorate, Islamists were forced to conduct all social strata with problems in which they were not really experienced. One could almost say that in this Turkish context, a sort of dialectical relationship exists between the civil society problem and religious trends in that their presence on the political area and power represents a real life size attempt to test the capacity of social dialog to initiate new mediations in real life setting of shift-systems and alternatives. Are the human rights claim and the community rights claim compatible ? Indeed, one of the great unknowns of this political development is to know if beyond the openness of a public space that mainly affects elites, democratic social aspiration will not give rise to identitarian closure leading to a 're-communitisation' through traditionalist matters (ethnic, ethnocultural) or through blended and hybrid identities that could cause renewed fragmentation and politicization of the population and public space. Nowadays in Turkey, in the multitude civil concerns, isn't there a confusion between political tool and political matter? Civil society seems more like a tool intended to open the field of debate, to mobilize the involvement of actors and to initiate a new political expression than a full political objective. As a very function of the role of civil society mediation, it may be necessary in Turkey to ask ourselves what is the effective definition of 'politic' for it is too often confused with the politician system in force.Gérard GROC
ISLAM ET SOCIETE CIVILE EN TURQUIE - Tout d'abord, dans les années 80, alors que la répression militaire du coup d'Etat s'abat sur toutes les formations politiques, y compris le Parti religieux du Salut National, certains protagonistes religieux, alors dispersés dans un renouveau religieux non systématisé, ont commencé à considérer qu'un ancrage de leur présence dans le fait social était plus utile que dans un processus politique qui venait de dévoiler ses capacités de rupture dans un contexte républicain "laïc". Cela permettait de ne pas donner prise à la répression militaire au moment où celle-ci scrutait toute tentative de re-politisation de l'action revendicative:  mais cela permettait de fonder une présence sur une demande sociale en terme d'information, d'enseignement et d'interprétation ou de simple curiosité intellectuelle, ou encore de connaissances religieuses plus précises, par exemple à propos des rituelssur des thèmes procédant à partir des activités de culte et de piété que le système républicain "laïc" n'avait jamais remises en cause et que le dernier coup d'Etat, pourtant kémaliste, tentait même de réhabiliter. Elles s'avéraient le socle le plus direct d'une reprise d'activité, y compris dans un sens commercial (puisque beaucoup de groupes religieux ont alors démarré de manière autonome des activités d'édition et de diffusion de livres) et de légitimation nouvelle de leur existence. Cette tendance impliquait évidement une logique de diversification des messages comme des publics et tentait de faire coïncider pensée religieuse avec la polyvalence des demandes, ce qui lui imposait une écoute plus grande de l'évolution sociale. Le deuxième élément dans ce sens, fut, après 1985, le retour politique du parti religieux, sous l'appellation nouvelle de Parti de la Prospérité (en turc, Refah Partisi, RP). Dans la même crainte de la répression républicaine, ce parti développa une politique d'ancrage au niveau local, multipliant, d'une part, ses contacts avec des groupes déjà existants (tarikat, commu-nautés plus ou moins fermées mais bien inscrites dans le paysage social voire politique local) et développant, d'autre part, des mécanismes associatifs au gré de buts divers mais religieux (caritatifs, éducatifs, cultuels comme la construction de mosquées dans tel ou tel quartier etc..). D'un parti représentatif des intérêts conservateurs ruraux, il devenait un parti de la mutation, clairement plébiscité dans des zones péri-urbaines encore incertaines. L'inventaire de nouveaux modes d'investigation et de mobilisation en tenant compte de ce que la multiplicité et la difficulté des problèmes liées à l'urbanisme imposaient de faire des références sociales et non plus seulement doctrinales devenait nécessaire. Devenus des gestionnaires redevables devant un électorat futur, les islamistes furent obligés de gérer l'ensemble des couches sociales pour des problèmes dont ils n'avaient pas forcément l'expérience. Je serais presque tenté de dire qu'existe, dans le contexte turc, une espèce de relation dialectique entre problématique de société civile et courants religieux en ce sens que leur présence sur l'espace politique voire au pouvoir représente un essai en vraie grandeur, de tester la capacité du dialogue social à ouvrir des médiations nouvelles, en situation réelle d'alternance et l'alternative. La revendication des droits de l'individu et celle des droits de la communauté sont-elles compatibles? En effet, une des grandes inconnues de cette émergence politique est la question de savoir si, au delà de l'ouverture d'un espace public qui touche principalement les élites, l'aspiration sociale démocratique ne va pas aussi donner lieu à un repli identitaire lequel déboucherait en fait sur une "re-communautarisation" soit sur des objets traditionalistes (ethnique, ethnoculturel) soit sur des identités recomposées et hybrides dont la tendance serait de re-fragmenter le corps social et de re-politiser l'espace public. N'y a t'il pas aujourd'hui en Turquie, dans le foisonnement des préoccupations "civiles", une certaine confusion entre "outil" politique et "objet" politique. La société civile paraît plus un instrument destiné à ouvrir le champ au débat, à mobiliser les acteurs et initialiser une nouvelle traduction politique qu'elle n'est un objectif politique à part entière. En fonction même du rôle de médiation de la société civile, il y a, je crois, nécessité en Turquie de s'interroger sur la définition de ce qu'est le politique, car il s'y confond trop souvent avec le système politicien en vigueur. Gérard GROC


12/01/2014

Ural altayca - türk dilleri - akademik kavga - yanlış anlama ve siyasi hedefleri - Ural, Yugria / Yugria, Hungarus / Mansi,Magyar /

THE ”UGRIC-TURKIC BATTLE”: A CRITICAL REVIEW
The wide Altaic language group is formed by various individual groups: 1) Mongolian-Manchu-Turkic; 2) Finno-Ugric; 3) Samoyed. These groups, judging from the nature of the development of the words, the formation of the derived words and the compared language forms, as well as some general tendencies of assembling the words, show similarities with each other.

In Uralic studies it is usually taken for granted that the uniqueness of the Finno-Ugric node, and therefore the existence of a unique Finno-Ugric family, was established in the final decades of the 19th century using systematic, scientific methods of analysis. This is based on supposedly compelling linguistic evidence, mainly from J. Budenz, a German linguist active in Hungary in the last decades of the 19th century. There are two problems with the evidence put forward by J. Budenz. Firstly, although he claims to have adopted a systematic method of analysis (based on the Comparative Method), in fact he does no such thing. For example, he does not state the phonological criteria that are adopted for establishing the correspondences, so that it is not possible to ascertain their validity. In fact, 81% of a significant sample of his correspondences are no longer considered valid in the modern literature. Secondly, even if J. Budenz’ conclusions had been supported by a testable method of systematic analysis, he recognizes a significant number of Turkic/Hungarian correspondences, and concludes that some of these are indicative of a relationship between Hungarian and Turkic! Between the 15th and 17th centuries it came to be taken for granted that this homeland could be identified with an area near the Ural mountains called Yugria (hence the terms ”Uralic” and ”Ugric”). This belief was based on the apparent similarity between the toponym Yugria and the ethnonym hungarus. This connection was supported by a later discovery that one of the populations in the area (the Voguls) called themselves Mansi, which, according to B. Kálmán ”to the lay ear slightly resembles the name magyar”. The connection magyar/Mansi is still regarded today as strong evidence in support of the Finno-Ugric/Uralic theory, and it is still assumed to this day that Hungarian shares a privileged relationship with the languages in the Yugria area. Vogul, Ostyak and Hungarian are still held to form the conventional Ugric node, even though it is now generally recognised that Hungarian is radically different in phonology, morphology, lexicon and syntax from the other Ugric languages (Abondolo 1987; Sammallahti 1988; Helimski 1984 : 253). In a period of about thirty years to the end of the 19th century researchers began to apply Darwinian models to language development and to use the newly emerged Comparative Method. In the meantime, the Ugric theory, that is, the belief that Hungarian, Vogul and Ostyak are genetically related, was extended to include the languages of northern Europe (such as Finnish, Lapp, Mordvin, Zyrian etc.), and put on a supposedly scientific footing. In fact, J. Budenz first attempted to apply the Comparative Method to examine the correlations known at the time to exist between Hungarian and Turkic on the one hand, and between Hungarian and the ”Ugric” languages (Vogul, Ostyak, Finnish, Lapp, etc.) on the other. Starting in the 1870s, J. Budenz, through a number of publications, argued that Hungarian was more closely related to the Ugric languages than it was to Turkic. Therefore, it was to be classified as Ugric. He supported this conclusion with a corpus of lexical Hungarian/Ugric correspondences. Despite his correct programmatic and methodological intentions, J. Budenz did not specify the sound-rules by which he tried to establish his Hungarian/Ugric correspondences. Furthermore, arbitrary stretches of meaning were often accepted in order to establish the desired correspondence between Hungarian and a Ugric language, or to reject an undesirable Hungarian/Turkic correspondence. In a word, Budenz’ corpus turns out to be of very poor quality, particularly in the light of modern linguistic knowledge. In contrast to this picture, in the modern theory the Uralic languages are held to be completely unrelated to the Altaic languages. The number of correspondences Hungarian shares with the Altaic languages (and Yukaghir) nearly match the number of correspondences Hungarian shares with the Ugric/Uralic languages, according to modern knowledge. ANGELA MARCANTONIO (Roma), PIRJO NUMMENAHO (Napoli), MICHELA SALVAGNI (Roma)
Le finno-ougrien et le turquique, modalités d'origine.
Le large groupe des langues altaïques est constitué de divers groupes individuels : 1) Mongol, Mandchou, Turquique 2) finno-ougrien 3) Samoyède. Ces groupes, si l'on en juge par la nature et l'évolution des mots, par la formation des mots dérivés et des formes de comparaison des langues, ainsi que par la tendance à regrouper les mots de la même manière, montrent des similitudes.
Au cours des dernières décennies du 19ème siècle, les études relatives aux langues ouraliennes admettent généralement la singularité du foyer finno-ougrien établissant ainsi l'existence d'une famille de langues finno-ougrienne unique utilisant comme canevas d'études des méthodes systématiques d'analyse des données scientifiques. Ceci se base sur une évidence linguistique tout relative soumise par J.Budenz linguiste allemand qui a travaillé en Hongrie les dernières décennies du 19ème siècle. Cette preuve présentée par J.Budenz soulève deux problèmes. Tout d'abord, il n'a pas utilisé la méthode systématique d'analyse (méthode comparative) qu'il prétend. Pour exemple, il ne communique pas les critères phonologiques pris en compte pour la constitution des correspondances ce qui rend incertaine leur validité. En fait, 81% d'échantillonnages significatifs ne sont plus considérés comme valables dans la littérature moderne. Ensuite, même lorsque les conclusions de Budenz sont étayées par une méthode systématique d'analyse, il admet un nombre significatif de correspondances avec le hongrois/turquique en concluant que certaines d'entre elles montrent la relation entre le hongrois et le turcique. Entre le 15ème et le 17ème siècle on admettait que le pays d'origine pouvait se situer au sein de l'aire géographique des monts Oural appelés Yugria (d'où les termes ouralien et ougrien). Cette croyance se basait sur une similarité apparente entre le toponyme Yugria et l'ethnonyme hungarus. La nature de ce lien a été soutenue par la découverte du fait qu'un des peuples de la région (les Voguls) se nomment entre eux Mansi qui, selon B. Kálmán " à l'écoute ressemble légèrement au nom Magyar. Le lien Magyar/Mansi est toujours considéré comme une preuve évidente en faveur de la théorie finno-ougrienne/ouralienne, c'est pourquoi jusqu'à aujourd'hui le hongrois partage une relation privilégiée avec les langues de l'aire géographique de Yugria. Vogul, Ostiak et Hongrois comme la forme conventionnelle de l'origine d' l'ougrien, même si on reconnait plus largement que le hongrois est radicalement différent en phonologie, morphologie et au niveau du lexique des termes et de la syntaxe des phrases des autres langues ougriennes (Abondolo 1987; Sammallahti 1988; Helimski 1984 : 253). Au cours des trente dernières années du 19ème siècle, les chercheurs commençaient à appliquer les modèles darwiniens à l'évolution des langues grâce aux nouvelles méthodes systématiques d'analyse. Au même moment, la théorie Ougrienne, c'est à dire, celle qui considère le hongrois, le vogul et l'ostiak comme étroitement liés, étendait son champs d'études et d'appréciation en y incluant les langues du Nord de l'Europe (le finnois, le lapon .... etc) à partir de données censées être scientifiques. En fait la première tentative de J.Budenz consistait à appliquer la méthode comparative d'étude des corrélations admises à cette époque, entre le hongrois et le turquique d'une part, et d'autre part entre le hongrois et les langues finno-ougriennes (Vogul, Ostyak, finnois et lapon). J.Budenz débute ses travaux en 1870 en publiant de nombreux articles affirmant que le hongrois était plus étroitement lié aux langues finno-ougriennes qu'il ne l'était du turcique. Il étayait sa conclusion par un fonds lexical de correspondances entre le hongrois et le finno-ougrien. Malgré une justesse programmatique et des intentions méthodologiques, J.Budenz n'a pas précisé les procédés rigoureux aux moyen desquels il a tenté d'établir les correspondances hongrois/finno-ougrien. De plus de nombreuses affirmations ont été utilisées arbitrairement et souvent acceptées afin d'établir les correspondances désirées entre le hongrois et les langues finno-ougriennes ou dans le seul but de rejeter la relation indésirable entre le hongrois et le turquique. En un mot l'étude de J.Budenz se révèle de très mauvaise qualité particulièrement à la lumière de nos connaissance actuelles. Cette situation contraste avec les théories contemporaines qui avancent que les langues ouraliennes n'ont aucun lien avec les langues altaïques. La quantité de correspondances que le hongrois partage avec les langues altaïques coïncide avec le nombre de correspondances qu'il partage avec les langues ougriennes et ouraliennes. ANGELA MARCANTONIO (Roma), PIRJO NUMMENAHO (Napoli), MICHELA SALVAGNI (Roma)

11/26/2014

Birleşmiş Milletler Uluslararası Hukuk Komisyonu (LAK) - Devletin milletlerarası nitelikteki haksız - Bir milletlerarası yükümlülüğün ihlâli - Sosyal hizmet kurumları kararları ve/veya cezai müeyyideler

The sanctions under Chapter VII of the United Nations Charter
We cannot actually agree on the definition of the sanction if we do not start from the same premise in its conception of law and in particular the understanding that emphasizes the scope for a sanction in this conception. In fact, based on this premise that sanction is a prerequisite to the existence of law, that law is a 'system of constraints', we will gradually find a definition to the sanction as the constraint intended to avoid a violation of a rule of conduct, a constraint that constitutes the basis of the mandatory nature of this rule. On the contrary, another definition of the sanction emerges when supported by authors that consider the sanction as a process guaranteeing the effectiveness of the law, an "externally mean to ensure its compliance". According to this conception, the sanction is not the same as the law that can exist even without an organized sanction of its violation. A rule of law does not cease to be in the absence of means to constraint its enforcement and in the absence of a sanction. The legislative system is not necessarily - and in any case not only - a system of constraint.                                                                                                  We will retain this last representation of the sanction as a concept distinct from law. It better reflects the current international community reality. Indeed in this society, it cannot be denied that the positive quality of international law prevails while general and organized sanctions of the violation of this law cannot be asserted. International law exists regardless of the provision of sanctions of the violation of the rule of law. Generally,  sanctions cover two elements : "first of all, the legal rule that imposes a behavioral obligation; secondly, the violation of the standards by a subject of law. In a specific legal system, it is the "legal effects of violations of law ... the consequence related to law in case of such  violations.". These effects or consequences may take the form of measures based on "either the legal duty to 'do' or to 'do not', or the deprivation of a right. The force is acting ... as bottom line in the form of enforced actions.". The aim is for these measures to bring an infringement to an end, by exerting strong pressure on the perpetrator of the violation so that he will renounce. These measures consequently tend to ensure the compliance with the rules. Thus:

Sanctions are not intended to be directly repressive or punitive as it is generally stated, but rather “coercive”. The reacting State or organization does not primarily wish to “punish” the State for a wrongful act already completed but to coerce it into putting an end to the continuing situation resulting from this initial action... The aim then is to exert a sufficiently strong pressure on the offending State so that continuing to suffer the measures applied against it represents a higher cost than putting an end to its wrongful behavior.
Does this concept of sanctions also prevail with regard to international law? According to us, there is no definition of specific sanctions within the international legal order. Ricardo Monaco acknowledges that :"as regards the international legal order itself, the concept of sanctions gives rise to sensitive issues. But that does not mean at all that a specific sanctions concept for international law has to be established. ". Similarly, James Brierly states that usual respect for international law by the States, that no observer to international relations can deny, suggests that sanctions of such right exists and that hence the creation of a specific sanctions system for this legal order is not necessary. He specifies:   
The real difference in this respect between municipal and International Law is not that the one is sanctioned and the other is not, but that in the one the sanctions are organized in a systematic procedure and that in the other they are left indeterminate. The true problem for consideration is therefore not whether we should try to create sanctions for International Law, but whether we should try to organize them in a system.  

As currently framed, reactions of international community to 'illicit' are ensured by social decisions of international organizations and by "legitimate countermeasures" when referring to United Nations International Law Commission (ILC)  works on international liability of States.                                                                                    
Les sanctions du chapitre VII de la charte des Nations Unies
Il est impossible de s’accorder sur une définition de la sanction si l’on ne part pas de la même prémisse quant à la conception du droit et notamment de la place de la sanction dans cette conception. En effet, si l’on part de la conception selon laquelle la sanction est une condition d’existence du droit, que le droit est « un ordre de contrainte », on arrivera à une définition de la sanction comme étant la contrainte matérielle destinée à éviter la violation d’une règle de conduite, une contrainte qui constitue le fondement du caractère obligatoire de cette règle. Par contre, une autre définition de la sanction émerge si l’on se range du côté des auteurs qui considèrent la sanction comme une garantie de l’effectivité du droit, un « moyen extérieur d’en assurer la positivité ». D’après cette conception, la sanction ne se confond pas avec le droit et celui-ci existe même sans une sanction organisée de sa violation. Une règle de droit ne cesse pas d’être une règle de droit parce qu’il n’y a pas de moyens pour contraindre à son application et parce que sa violation reste dépourvue de sanction. Le système juridique n’est pas nécessairement – et n’est en tout cas pas uniquement – un ordre de contrainte.                                                                     
C’est cette dernière représentation de la sanction en tant que notion distincte du droit que nous allons retenir. Il correspond mieux, à notre avis, à la réalité de la société internationale actuelle. Dans cette société en effet, nul ne saurait nier la positivité du droit international alors que l’existence d’une sanction générale et organisée de la violation de ce droit ne peut être affirmée. Le droit international existe indépendamment de la prévision ou de l’existence de la sanction de la violation de ses règles. D’une manière générale, la sanction recouvre deux éléments : « tout d’abord, une règle juridique qui impose à ses destinataires un certain comportement ; deuxièmement, la violation de la norme par un sujet de droit ». La sanction serait alors les conséquences qui découlent de ces violations. Dans un système juridique donné, il s’agit de « l’effet prévu par le droit à la suite de la violation d’un devoir, d’une prescription », ou encore « la réaction spécifique de l’ordre juridique à une violation du droit... la conséquence attachée par le droit à un tel manquement ». Ces effets ou conséquences peuvent prendre la forme de mesures consistant « soit [en] une obligation de faire ou de ne pas faire, soit [en] la déchéance d’un droit. La force n’intervient... qu’au bout du compte, sous forme d’exécution forcée ». Le but de ces mesures est de mettre fin à la violation du droit, en exerçant sur l’auteur de cette violation une forte pression pour que celui-ci y renonce. Elles tendent de ce fait à assurer le respect des règles. Ainsi,
Sanctions are not intended to be directly repressive or punitive as it is generally stated, but rather “coercive”. The reacting State or organization does not primarily wish to “punish” the State for a wrongful act already completed but to coerce it into putting an end to the continuing situation resulting from this initial action... The aim then is to exert a sufficiently strong pressure on the offending State so that continuing to suffer the measures applied against it represents a higher cost than putting an end to its wrongful behavior.
Ce concept de sanction est-il également celui prévalant en droit international ? Pour nous, il n’y a pas une définition de la sanction qui serait spécifique à l’ordre juridique international. Riccardo Monaco reconnaît qu’« en ce qui concerne l’ordre juridique international proprement dit, l’idée de sanction donne lieu, bien sûr, à des problèmes très délicats. Mais cela ne signifie aucunement qu’on doive bâtir un concept de sanction spécialement à l’usage du droit international ». De même, James Brierly écrit que le respect habituel du droit international par les Etats, qu’aucun observateur des relations internationales ne peut nier, suggère qu’une sanction de ce droit existe et qu’on n’a pas de ce fait besoin de créer une sanction propre à cet ordre juridique. Et il précise :                            
The real difference in this respect between municipal and International Law is not that the one is sanctioned and the other is not, but that in the one the sanctions are organized in a systematic procedure and that in the other they are left indeterminate. The true problem for consideration is therefore not whether we should try to create sanctions for International Law, but whether we should try to organize them in a system.                                                                                                
En l’état actuel de la société internationale, les réactions à l’illicite sont assurées en partie par des décisions sociales des organisations internationales, et par les « contre-mesures légitimes », si l’on se réfère aux travaux de la Commission du droit international (CDI) sur la responsabilité internationale des Etats.