12/10/2014

Endişeli Adam Türk edebiyatıdı (2) varoluşsal kriz - Demir Özlü, Bunalti,1958; Soluma,1963 ve Boguntulu Sokakla,1966. Hiçbir adlarla yerler dizayn geometrik olarak - rahatsızlık ve dipsiz kuyu

The Worried Man in Turkish literature (2) The individual experiencing an existential crisis. among young authors of the years 1950 appears a sort of fake modernity, a despair which admittedly relies on a real substance ( aging anxiety, the situation of the country, etc...) but revisited in order to be in harmony with the global definition of literature at the time of Camus, Sartre, Kafka and American novelists of the years 1920-1930, particularly Hemingway and Faulkner. Several prose writers of the lost generation (Demir Özlü, Ferit Edgü, Orhan Duru, etc...) expressed their intentions to the point of where drawing wider conclusions about the goals of literature was necessary:" The appearance of the individual ...his own world ... the individual longing for freedom. Alienation in all its form hampering the individual, his fate, his liberation, the struggle ahead... This is the infinite number of sources of contemporary literature".

However, the use of disturbances applies to Demir Özlü: his first book of short stories, Concern (Bunalti), published in 1958, evokes burial and funeral wanderings (dreams, daydreams and musings, inclination, and murderous intentions, ...) in an urban context. The narrator tells his discomfort, his view of the world as a bottomless well, dispossessed of people and things: in other words, he is a foreigner in this world. His second and third books of short stories (Soluma) (1963) and (Boguntulu Sokaklar) (1966) continue to elaborate this universe: streets, boulevards, channels, water bodies, crossroads and squares where the narrator wandered, was disoriented, set themselves as a sort of abstract urban geography of the city as in Delvaux's paintings. Almost corresponding to the definition of urbanism, not missing one of the elements that usually describes the city, saturated with objectivity, it is also a space where a sort of individuality still can express: the last human being, concerned narrator, is naked in the center of a Potemkine  city.

Places with no name, a narrator/actor "I" , are delivered in a geometric design of an urban organization where "he" is not totally lost but  where wandering is the rule. We find the logic of dream , we left the realism to meet the "dreamed city". Or to use Bachelard's irony: " we dream before we contemplate. Before being a conscious spectacle, every landscape is a dream like experience. There are three or four storeys stone houses with dust façade including some old ones and for most of them coated with yellow rendered stone (...) It is a street half stones, half earth, the walker understands that, step by step, he fell in the nests of the countless crossing streets. Boguntulu Sokaklar is interesting for we can see the recovery of the individual: firstly erased, then deleted in favor of dominating architecture and urbanism, he reappears in a nearly visible form at the end of the text: in love, anxious, increasingly tangible. We understand that this modern human being is looking for a woman. The woman. The Turkish text is using the word sevda/passion which appears to be somewhat improper, where it should instead say desire. Despite his search of the abstraction and his will to stage the harshness of feelings, the city and the individual meet each other in order to express a certain desire. It is a question of a quest for love becoming an obsession : to understand or to approach the other. The last stage before the formal establishment of the individual. Timour MUHIDINE



 L'individu inquiet de la littérature turque (2) L'individu en crise existentielle

Chez les jeunes auteurs des années 1950 se dessine une modernité un peu factice, un désespoir qui a certes un fond véritable (une angoisse liée à l'âge, à la situation du pays, etc...) mais qui est rejouée pour être en accord avec l'état mondial de la littérature incarnée par Camus, Sartre, Kafka et les romanciers américains des années 1920-1930, Hemingway et Faulkner en particulier. Plusieurs prosateurs de cette "génération perdue" (Demir Özlü, Ferit Edgü, Orhan Duru, etc...) se sont prononcés sur leurs intentions d'alors, au point même d'en tirer des conclusions plus larges sur les buts de la littérature : "L'apparition de l'individu... son monde propre... l'individu désirant accéder à la liberté. Les aliénations de tout ordre qui entravent l'individu, son devenir, sa libération, le combat à mener... voilà quelles sont les sources infinies de la littérature d'aujourd'hui".
Pourtant, le recours à un brouillage des pistes intervient chez Demir Özlü : son premier recueil de nouvelles, Inquiétude (Bunalti), paru en 1958, évoquent des errances funèbres (tissu de rêveries, de vélléités, d'intentions meurtrières,...) dans un contexte urbain. Le narrateur raconte son malaise, sa perception du monde comme un gouffre, son aliénation progressive des êtres et des choses : en un mot, il est étranger au monde. Ses second et troisième recueils Halètement (Soluma) (1963) et Rues d'angoisse (Boguntulu Sokaklar) (1966) poursuivent l'élaboration de cet univers : rues, boulevards, canaux, plans d'eau, carrefours et places où le narrateur s'égare, où il se retrouve proprement désorienté, s'érigent en une sorte de géographie abstraite d'une ville à la Delvaux. Correspondant presque à une définition d'urbaniste, ne manquant d'aucun des éléments qui identifient une ville, saturé d'objectivité, c'est en même temps un espace où parvient encore à s'exprimer une individualité : le dernier être humain, narrateur inquiet, est nu au coeur d'une ville Potemkine.
Des lieux sans nom, un narrateur/acteur ("je) nous sont livrés dans le cadre géométrique d'une organisation urbaine où il ne se perd pas tout à fait, mais où l'errance est de règle. On retrouve la logique du rêve, on a quitté le réalisme pour atteindre "la ville rêvée". Ou alors, pour reprendre le paradoxe de Bachelard : " On rêve avant de contempler. Avant d'être un spectacle conscient tout paysage est une expérience onirique." "Il y a là des maisons de pierre de trois ou quatre étages à la façade poussiéreuse, dont certaines sont assez anciennes et, pour la plupart, enduites de crépi jaune. (...) C'est une rue mi-pierre, mi-terre et le promeneur comprend qu'au fil de sa progression il est tombé dans les rêts de ces innombrables rues qui se croisent ". Rues d'angoisse est intéressant car on y voit s'accomplir la réappropriation de l'individu : gommé tout d'abord, effacé au profit d'une architecture et d'un urbanisme dominants, il réapparait sous une forme presque visible en fin de texte : amoureux, angoissé et plus "palpable". On comprend également que cet être moderne cherche, à travers toute la ville, une femme. La femme. Le texte turc utilise le mot sevda/passion - qui me paraît singulièrement déplacé - là où il faudrait parler de désir. Malgré, pourrait-on dire, ses recherches d'abstraction et la volonté de mettre en scène l'aridité des sentiments, la ville et l'individu se combinent pour exprimer le désir. Il s'agit d'une quête amoureuse obsessionnelle : comprendre ou approcher l'Autre. Dernière étape avant d'établir formellement ce que peut être l'individu. Timour MUHIDINE



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