The Worried Man in Turkish
literature (3) Loneliness as absolute value
An additional
insight on the value and fate of the individual stands for in Ferit Edgü's
collection of short stories from the years 1950 to 1960. Underlined by the
novel Kaçkinlar 1959, verses of Henri Michaux's poetry : " when the clock ticks away the mad man hear another tic-tac.",
this text called "Ilk Kaçkin" opens with an introductory passage in
which the narrator, as in almost all his writings, is locked in a room and
thinks over and over of his problems, questions and anxieties. The outside
world is only a threat. The scenery is often the same : rooms cheaply
furnished, poorly lit corridors, doors with chipping paint. Here
existentialistic lyrics are to be found, in literature as in painting, those of
European art from after 1945. The only concession made in this Istanbul
landscape, the sea glanced from the housing. We did not stress often enough
that it is in these texts, work of a young author passionate about Beckett,
Michaux and Kafka, that all the negative awareness plays a crucial role for the
new Turkish prose. Toward abstraction and despoilment as with Mübin Orhon's
paintings. All
the texts of the three first collections of short stories are based on the same
logic: it is a question of giving clues on someone's disorders (fantasies and
dreams) that the outside world, things, parents, city, women, disturbs and
leads to a despair hitherto unseen in Turkish prose. For these Kafkaesque
characters, temptation for suicide or insanity is constantly present: but when
this nihilism can be overcome, it creates space for regeneration. As with Ferit
Edgü, his stay in the East (in Hakkari province) has allowed a new vision of
life accompanied by a new way of writing. However political concerns of authors reflect in the writings. Beyond a
sexual and moral frustration they seek to imply the frustration of the
generation...They are the representatives of the 'pain of the century', the
Turkish Weltschmerz of the year 1950.
Women - What cannot be overlooked is that the years 1950
witness women expression: intense social and family anger, regrets, extinct passion,
sanctioned sexual desires. Gecede of Leylâ Erbil, contains
the shortened issue of women writings: claimant, rebel with men, the liberation
of the unmentioned ... In this short text, an old voice on an altered rhythm translates
the resentment and the passion of a lifelong frustration; the text condenses
the middle class life under the Republic. More than many other Turkish writers,
Leylâ Erbil helps us to discern this urban social class, its self-understanding
and its weaknesses....
From the social
point of view (routine appearances) as much as when about sexual life (here,
incest obsession) , when the woman speaks, she tells the inability of the
society to understand, embrace her modernity. The deep chasm between
generations, the over-dominance dreamt by a group of men who overshadow their
existence find here a place to express : in the nagging monologue a bit
disjointed of an abandoned person, close to death: ".... when I will be dead you will do it with whom you wish, your father did not spend a dime for this
house, half of my teeth were pulled out, I have hollow cheeks, where are the
keys to the safe, I can't calm my face nerves, I can't think about anyone else
but you ...." . Literature has never asserted itself otherwise than
through conventional ideas subversion. It is a necessary freedom space.
Mubin Orhon |
L'individu inquiet de la littérature turque (3)La solitude comme valeur absolue
C'est à une réflexion supplémentaire sur la valeur et le sort de l'individu
que nous convie Ferit Edgü dans ses recueils de nouvelles des années 1950 et
1960
En exergue de Kaçkinlar (Les fuyards, 1959), se
trouvent des vers d'Henri Michaux : " Le tic-tac qu'entend le fou est un
autre tic-tac", le texte intitulé "Ilk Kaçkin" ("Le premier
fuyard") s'ouvre sur un prologue : le narrateur, comme dans presque chaque
texte, est enfermé dans une pièce où il rumine ses problèmes, interrogations et
angoisses. Le monde extérieur n'est que menace. Le décor retenu est souvent le
même : pièces chichement meublées, couloirs mal éclairés, portes dont la
peinture s'écaille. On reconnaît l'univers existentialiste, en littérature
comme en peinture, celui de l'art européen d'après 1945. Seule concession au
paysage stambouliote : la mer, aperçue depuis le logement. On n'a pas assez dit
que c'est dans ces quelques textes, oeuvre d'un jeune auteur féru de Beckett,
Michaux et Kafka, que se joue la conscience négative de la nouvelle prose
turque. En route vers l'abstraction, le dépouillement à l'instar des tableaux
de Mübin Orhon.
L'ensemble des textes des trois premiers recueils fonctionne selon la même
logique : il s'agit de rendre compte des troubles (fantasmes, rêveries ou
rêves) d'un être que le monde extérieur, objets, parents, ville, femmes,
dérange et pousse finalement à un désespoir jusque-là inédit dans la prose.
Chez ces personnages kafkaïens, la tentation du suicide ou de la folie est
constamment présente : mais ce nihilisme qui, s'il peut être dépassé, permet la
régénération. Dans le cas de Ferit Edgü, c'est le séjour à l'Est (dans la
province de Hakkari) qui aura permis une nouvelle vision de la vie,
qu'accompagne une écriture nouvelle.
Je pense néanmoins que les préoccupations
politiques de ces auteurs sous-tendent la production. Au-delà d'une frustration
sexuelle et morale, ils cherchent à dire le mal-être de la génération ... Ce
sont les représentants du mal-du-siècle, du Weltschmerz turc
des années 1950.
Et la femme
? - On ne saurait oublier que les années 1950 voient aussi l'apparition de
l'expression féminine : rage sociale et familiale, regrets, passions éteintes,
désirs sexuels réprimés. De nuit/Gecede de Leylâ Erbil, contient en abrégé
toute la problématique de l'écriture féminine : revendicatrice, rebelle aux
hommes, déversoir du non-dit de la société... Dans ce texte assez bref, une
voix âgée, au rythme saccadé (la ponctuation le veut) traduit toute la rancune
et la passion d'une vie de frustrations; c'est un condensé de vie de femme de
la moyenne bourgeoisie sous la République. D'ailleurs, plus que de nombreux
auteurs turcs, Leylâ Erbil nous fait toucher du doigt les classes sociales
urbaines, leurs conceptions d'elles-mêmes, leurs faiblesses... Autant
du point de vue social (l'habitude des apparences) que du point de vue sexuel
(ici, l'obsession de l'inceste), la femme qui s'exprime répète l'incapacité
d'une société à comprendre, à intégrer sa modernité. Le gouffre entre les
générations, la domination excessive dont rêve un modèle où l'homme ordonne
trouve ici à se déverser : dans le monologue lancinant et quelque peu décousu
d'une personne abandonnée, aux portes de la mort : " ..., quand je serai morte tu le
feras avec qui tu voudras, ton père n'a pas dépensé le moindre centime pour
cette maison, on m'a arraché la moitié des dents, mes joues se sont creusées,
où sont passées les clefs de mon coffre, je n'arrive pas à calmer la névralgie
qui agite le milieu de mon visage et je n'arrive pas à penser à autre chose
qu'à toi,... " La littérature ne s'est jamais affirmée autrement que dans la subversion
des idées reçues. C'est un espace de liberté nécessaire.
Mubin Orhon |
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