ISLAM AND CIVIL SOCIETY IN TURKEY - First of all, while in the
1980s the military repression following the coup hit all political groups,
including the religious National Salvation Party, some religious protagonists,
fragmented in an unarticulated religious renewal, began to consider links from
their presence with social life were more useful than with a political process
witnessing at the time loss of capacity or other interruption in a 'secular'
republican context. This allowed to not give rise to the military repression
when it scrutinized any repolitisation attempt of industrial action: and also
to build the foundations of answers to social requests in terms of information,
education and interpretation, furthermore more simply of intellectual
curiosity, in need of more accurate religious knowledge about rituals and more
specific religious fields knowledge that the secular republican regime. All
this based on facts that the secular republican system has never called into
question and that the last coup, yet Kemalist, tried to rehabilitate. Worship
activities were the basis of a recovery, included in a commercial sense (many
religious groups autonomously started at that point to set publishing and
distribution activities of books) and a new legitimization of their existence.
This trend obviously involved a strategy to diversify messages and audiences,
and attempted to coincide the religious thought with the requests versatility which
imposed a greater attention to social evolution. There was a second element in
this direction after 1985, the political come back of the religious party newly
refer to Welfare Party (Turkish: Refah Partisi, RP). For fear to republican
repression, this party developed a policy of local anchoring, by multiplying
firstly its contacts with existing groups (tarıkat
, more or less closed user groups but well present on social and political
life on a local up to sometimes a national level) and on the other hand by developing
associative mechanisms according to various but religious objectives
(charitable, educational, cultual as the construction of the mosque in the
neighborhoods ...etc). From the part of rural conservative interests, it became
the mutation party, clearly supported in semi-urban areas with uncertain
outlooks. An inventory was necessary of new modes of investigation and
mobilization in light of the fact that the multiplicity and difficulty of
issues with the resulting urban planning problems imposed social instead of
doctrinal references. As they became managers accountable to a future
electorate, Islamists were forced to conduct all social strata with problems in
which they were not really experienced. One could almost say that in this
Turkish context, a sort of dialectical relationship exists between the civil
society problem and religious trends in that their presence on the political
area and power represents a real life size attempt to test the capacity of
social dialog to initiate new mediations in real life setting of shift-systems
and alternatives. Are the human rights claim and the community rights claim
compatible ? Indeed, one of the great unknowns of this political development is
to know if beyond the openness of a public space that mainly affects elites,
democratic social aspiration will not give rise to identitarian closure leading
to a 're-communitisation' through traditionalist matters (ethnic,
ethnocultural) or through blended and hybrid identities that could cause renewed
fragmentation and politicization of the population and public space. Nowadays
in Turkey, in the multitude civil concerns, isn't there a confusion between
political tool and political matter? Civil society seems more like a tool
intended to open the field of debate, to mobilize the involvement of actors and
to initiate a new political expression than a full political objective. As a
very function of the role of civil society mediation, it may be necessary in
Turkey to ask ourselves what is the effective definition of 'politic' for it is
too often confused with the politician system in force. Gérard GROC
ISLAM ET SOCIETE CIVILE EN TURQUIE - Tout
d'abord, dans les années 80, alors que la répression militaire du coup d'Etat
s'abat sur toutes les formations politiques, y compris le Parti religieux du
Salut National, certains protagonistes religieux, alors dispersés dans un
renouveau religieux non systématisé, ont commencé à considérer qu'un ancrage de
leur présence dans le fait social était plus utile que dans un processus
politique qui venait de dévoiler ses capacités de rupture dans un contexte
républicain "laïc". Cela permettait de ne pas donner prise à la
répression militaire au moment où celle-ci scrutait toute tentative de re-politisation
de l'action revendicative: mais cela
permettait de fonder une présence sur une demande sociale en terme
d'information, d'enseignement et d'interprétation ou de simple curiosité
intellectuelle, ou encore de connaissances religieuses plus précises, par
exemple à propos des rituels, sur des thèmes procédant à partir des
activités de culte et de piété que le système républicain "laïc"
n'avait jamais remises en cause et que le dernier coup d'Etat, pourtant
kémaliste, tentait même de réhabiliter. Elles s'avéraient le socle
le plus direct d'une reprise d'activité, y compris dans un sens commercial
(puisque beaucoup de groupes religieux ont alors démarré de manière autonome
des activités d'édition et de diffusion de livres) et de légitimation nouvelle
de leur existence. Cette tendance impliquait évidement une logique de
diversification des messages comme des publics et tentait de faire
coïncider pensée religieuse avec la polyvalence des demandes, ce qui lui
imposait une écoute plus grande de l'évolution sociale. Le deuxième élément dans ce sens, fut, après 1985, le retour politique
du parti religieux, sous l'appellation nouvelle de Parti de la Prospérité (en
turc, Refah
Partisi, RP). Dans la même crainte de la
répression républicaine, ce parti développa une politique d'ancrage au niveau
local, multipliant, d'une part, ses contacts avec des groupes déjà existants (tarikat, commu-nautés plus ou moins fermées mais bien inscrites dans
le paysage social voire politique local) et développant, d'autre part, des
mécanismes associatifs au gré de buts divers mais religieux (caritatifs,
éducatifs, cultuels comme la construction de mosquées dans tel ou tel quartier
etc..). D'un parti
représentatif des intérêts conservateurs ruraux, il devenait un parti de la
mutation, clairement plébiscité dans des zones péri-urbaines encore incertaines.
L'inventaire de nouveaux modes d'investigation et de mobilisation en tenant
compte de ce que la multiplicité et la difficulté des problèmes liées à
l'urbanisme imposaient de faire des références sociales et non plus seulement
doctrinales devenait nécessaire. Devenus des gestionnaires redevables devant un
électorat futur, les islamistes furent obligés de gérer l'ensemble des couches
sociales pour des problèmes dont ils n'avaient pas forcément l'expérience.
Je serais presque tenté de dire qu'existe, dans le contexte turc, une espèce de
relation dialectique entre problématique de société civile et courants
religieux en ce sens que leur présence sur l'espace politique voire au pouvoir représente
un essai en vraie grandeur, de tester la capacité du dialogue social à ouvrir
des médiations nouvelles, en situation réelle d'alternance et l'alternative. La
revendication des droits de l'individu et celle des droits de la communauté
sont-elles compatibles? En effet, une des grandes inconnues de cette émergence
politique est la question de savoir si, au delà de l'ouverture d'un espace
public qui touche principalement les élites, l'aspiration sociale démocratique
ne va pas aussi donner lieu à un repli identitaire lequel déboucherait en fait
sur une "re-communautarisation" soit sur des objets traditionalistes
(ethnique, ethnoculturel) soit sur des identités recomposées et hybrides dont
la tendance serait de re-fragmenter le corps social et de re-politiser l'espace
public. N'y a t'il pas
aujourd'hui en Turquie, dans le foisonnement des préoccupations
"civiles", une certaine confusion entre "outil" politique et
"objet" politique. La société civile paraît plus un instrument destiné
à ouvrir le champ au débat, à mobiliser les acteurs et initialiser une nouvelle
traduction politique qu'elle n'est un objectif politique à part entière.
En fonction même du rôle de médiation de la société civile, il y a, je crois,
nécessité en Turquie de s'interroger sur la définition de ce qu'est le politique,
car il s'y confond trop souvent avec le système politicien en vigueur. Gérard GROC
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