8/11/2015

Atalarının gölgesi - akış süresi - nesilden nesile - akrabalık zaman serileri - hareketsiz boşluk - aile şeceresi

Shadows of ancestors – The flow from generation to generation, as the soul of genealogy was often thought as a measure of time; through it, the Middle Ages also found the mean of understanding the motion and drift of time. Yet, it did not only stick to describe with words the time series or the kinship ties with their perceptible flow of the years; it has projected those in a two-dimensional space. For is it possible to think of time and not spatialise it? As in many other cultures, the medieval clerics had to face the problem of organising in a real space – wall, papyrus scroll or parchment, codex sheet – the partition of individuals in genealogies trickled down the generations,. Another problem was to suggest the set of reciprocal relationships in order to make the temporariness that gather them all perceptible. For the medieval clerics, deep political and intellectual thresholds interfered with and clouded the transmission of the perception of continuity; thus the legacy of Rome can be guessed more than measured. The treatment of how the Ancients conceived the projection of time in space is the option selected as to its forms – ritual, symbolic, intellectual. Indeed their ways of orientation in space, the method of dividing and articulate space underlie their representations of time. Also words, concepts and values that tied recurrent ideas will be examined in the perspective of this imaginary world in which medieval artists and thinkers drew their inspiration.
The projection of genealogical time in space has built upon, in Latin civilisation, not only in comparison to the past but also upon techniques of dividing space in this specific culture. The real genealogies and the theorising of kinship ties valid under law linked to very concrete social practices have been translated in images that had been, at one moment or another of their history, designated by stemmata. The patrician families' atria (sing. Atrium) of Rome were conservatories for the family glories. One could see, against the walls, armaria wooden boxes, often shaped like small temples, topped with a tympanum and protected by doors. Each sheltered a portrait of a deceased that held a curule office. During ceremonies, cabinets were opened and these imagines were crowned, these portraits of ancestors were the same as those worn during the funerals of gens members; they were extracted from the private family home. Parents or friends, later appointed histrions, marched in the funeral procession where they publicly mimic the deceased ancestors after they put on the waxed masks and the cloths corresponding to the highest positions filled by their prestigious ancestors. Atria walls of the patrician dwelling vestibule were also decorated with other figures that bear a mystery; through texts we know that the wall surface of the atrium carried what the Romans called stemmata. The plural of the Greek word stemma that meant strips, interlacing or crown was the decoration of an ancestor image and constituted the key element to Roman genealogies; deriving from this meaning it became the genealogical chart and the noble heritage to a family. The stemmata images were also painted on the atrium or the fresco hallway walls. These portraits linked to each other with ribbons or lines, or organized in series marked by binder scores could have represented the shape of an autonomous genealogy. Is the representation of Roman genealogies closer to a network of lines running between portraits or connected to names or name lists? In the atrium's stemmata, the ancestor founder of the family specificity, the princeps nobilitatis, was certainly placed at the highest level. The whole organisation ranged his descents under him as it allowed a further lateral grouping. The link ribbons between names or images also ought to reach back the wife's ancestors who, through the alliance brought her forebears wax and thus introduced their name and their painted images in her husband's ancestors cluster. The patrician atrium genealogy connected the symbols of the deceased and established the path of various kinships; giving a position to the relatives by marriage and to the cognates. Rome did not have any other genealogical memory than that of images, this very political memory was necessarily selective or fictional.
Thus, the Roman aristocracy stemmata were made of two fundamental elements: the manes of the ancestors (or the portraits) linked to each other by supple lines of which the tangle, with no doubt often confusing, was organised top-down form a distant ancestor to more recent generations. The Middle Ages gathered theses antique traditions echoes.


L'ombre des ancêtres – La succession des générations qui est l'âme de la généalogie a souvent été prise pour une mesure du temps; le Moyen-Age y a vu lui aussi le moyen de saisir le glissement du temps. Mais il ne s'en est pas tenu à dire par des mots la série chronologique ou les liens de filiation par où le passage des années devenait sensible ; il les a projetés dans un espace à deux dimensions. Car peut-on penser le temps sans le spatialiser ? Comme bien d'autres cultures, les clercs médiévaux ont dû affronter le problème d'organiser dans un espace réel – mur, rouleau de papyrus ou de parchemin, feuille de codex – les positions d'individus particuliers égrenées au fil des générations, suggérer leurs relations réciproques afin de rendre perceptible la temporalité qui les englobe. De profondes césures politiques et intellectuelles ont brouillé la transmission et obscurci chez les clercs médiévaux la perception de la continuité ; aussi l'héritage qu'ils ont reçu de Rome se devine-t-il plutôt qu'il ne se laisse mesurer. La manière dont les Anciens concevaient la projection du temps dans l'espace sera retenue, ainsi que les formes – rituelles, symboliques, intellectuelles – qu'ils lui ont données. C'est qu'en effet leurs manières de s'orienter dans l'espace, de le découper et de l'articuler sous-tendent leurs représentations du temps. Des mots aussi, des concepts et des valeurs, que reliaient des associations d'idées récurrentes, seront examinés dans un imaginaire où les penseurs et artistes médiévaux iront puiser.
La projection du temps généalogique dans l'espace s'est appuyée, dans la civilisation latine, non seulement sur un rapport au passé spécifique, mais sur des techniques de découpage de l'espace propres à cette culture. Les généalogies réelles, mais aussi la théorisation des liens de parenté valables en droit, également liées à des pratiques sociales très concrètes , ont été traduites par des images qu'à un moment ou à un autre de leur longue histoire on a désignées par stemmata. Les atria des familles patriciennes de Rome faisaient office de conservatoire des gloires familiales. On y voyait, installés contre les murs, des armaria ou casiers de bois, souvent en forme de petits temples, coiffés d'un tympan et fermés par des portes. Ils contenaient chacun le portrait d'un défunt ayant exercé par le passé une fonction curule. Au cours des fêtes, on ouvrait les armoires et on ornait ces imagines d'une couronne, ces portraits d'ancêtres étaient les masques mêmes portés à l'occasion des funérailles d'un membre de la gens ; on les extrayait alors du dépôt familial et de la demeure privée. Des parent ou des amis, plus tard des histrions appointés, défilaient dans le cortège funèbre où ils représentaient publiquement les ancêtres du défunt après avoir revêtu ces masques de cire et les vêtements correspondant aux plus hautes charges occupés par ces aïeux. Les murs des atria ou du vestibule de la demeure patricienne s'ornaient d'autres figures qui gardent un certain mystère ; c'est par des textes que nous savons comment la surface des parois de l'atrium, comportaient ce que les Romains appelaient justement les stemmata. Ce pluriel du mot grec stemma, qui signifiait la bandelette, l'entrelacs ou la couronne qui décorait l'image d'un ancêtre, constituait aussi l'élément clef des généalogies romaines ; par dérivation il en vint à désigner le tableau généalogique et la noblesse d'une famille. Il semble que les images des stemmata aient été peintes sur les parois de l'atrium ou du vestibule à fresque. Ces portraits, reliés les uns aux autres par des lignes ou rubans, ou ordonnés eux-mêmes en séries que soulignaient des traits de liaison, auraient alors constitué la matière d'une représentation généalogique autonome. Doit-on se représenter la généalogie romaine comme un réseau de lignes courant entre les portraits, ou plutôt entre des noms ou des listes de noms ? Dans les stemmata de l'atrium, l'ancêtre fondateur de la distinction familiale, le princeps nobilitatis, était, semble-t-il, placé au plus haut. L'organisation générale étageait probablement au-dessous de lui ses descendants et autorisait un développement latéral. Les rubans de liaison entre noms ou images devaient aussi permettre de remonter aux ancêtres des épouses qui, à leur mariage, apportaient les cires de leur aïeux et introduisaient sans doute leurs noms ou leurs images peintes dans la série des ancêtres de leurs maris. La généalogie d'un atrium patricien reliait entre eux les symboles d'individus défunts et établissait le parcours par lequel étaient passées les différentes filiations ; en donnant une place à des affins et des cognats remarquables introduits par les alliances. Rome ne connaissait pas d'autre mémoire généalogique que celle des images, et cette mémoire, toute politique était nécessairement sélective voire 'fictive'.
Ainsi les stemmata de l'aristocratie romaine se composaient de deux éléments fondamentaux : les noms des ancêtres (ou les portraits) reliés entre eux par des lignes souples dont l'écheveau, sans doute assez embrouillé, s'organisait de haut en bas depuis un ancêtre éloigné jusqu'aux générations plus récentes. Le Moyen-Age a pu recueillir les échos de ces traditions antiques.

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