The
shadow of the ancestors 2 – Another
heritage from Ancient Rome is the way to represent kinship, in terms
of measure, dictated by jurists. Built on a spatial understanding of
parental organisation, they set up the means to calculate distances
between kins in order to settle successions. In
the mid 5th
century before Christ, the Law of the Twelve Tables already think
of:”the respective positions of the kins heirs of the deceased as
relative distances”. The word gradus,
when meaning degree measuring the distance between generations
appears at the end of Republican Rome: at
the age of Augustus, Ovid claims that the organisation of kinship
through degrees is already widely used. Soon, treaties will be
devoted to the theme of which remain, among other evidences, more or
less complete, Those of Gaius (2nd
century) and Paul (3rd
century). It
may be assumed that systematised assessments and presentation of
kinship degrees are not just accompanied by endless lists of various
kinship positions as in Paul's treaty or the Digeste
and later on Isidore's Etymologies
(7th
century); inserted
into those, synthetic
tables (as later referred to the word stemmata)
where
each kinship position in relation to the deceased occupies one
cell.
This is where the
earthly and heavenly severance intervenes that appeared during the
ceremonies of land
surveying and augurium
(official divination and interpretation of the wills of the Gods).
This
severance is taken
up by the description of kinship degrees in Paul's treaty that
makes it possible to reconstitute the approach according to which
such a table could be set. There is first a distinction between right
and left, then up and down (or in front of or behind ego). The
kinship projection in a two-dimensional space led to a classification
of paternal collateral relatives on the upper right corner of the
table. Fortunately, such an organisation has been transmitted through
a late edited stemma
(end
of the 9th
century) of the Lex
Romana Visigothorum,
a
compilation of legal texts also called The Breviary of Alaric
(Breviarum
Alaricianum).
This stemma
bears witness of the Ancient Roman Civil Law which states that the in
manu
wives, in other words under the authority of their husbands, became
his agnates like the direct descents living in the same household and
'remained in his hand', the sui.
With
descendants of their own onto the 6th degree, sons, daughters and
wives compose the three colons that support for the architrave of the
building. In its upper part, the stemma
takes
an asymmetrical shape leaving the upper left quarter of the table
empty since, there remains,
only the collateral
male
lineage to the 6th
degree. As the number of possible positions for the collaterals
decreases,
according
to the distance between
the common elder and
Ego, the table in this upper part invokes a right angle triangle of
which the external boxes or degrees represent a stairway. The word
scala
is
indeed used by the jurists. Pilasters, architraves and the staircase
degrees: thus, not only a spatial but also architectural
representation become obvious with this type of stemma.
It is similar to the arts from the Memories of the Ancient Past when
the rethoricians, according to their imagination, organized
inside buildings and in appropriate order, objects and characters, or
facts and notions that they had to memorize.
During
the Middle-Ages, the Roman conceptions of kinship and its significant
translation with patterns, were transmitted through various channels,
first and foremost where the specialists in civil procedures
integrated ancient law treaties.
To
provide meaning to kinship metaphorical language, it's absurd to
think of translating the stemmata
of the atrium into 'genealogical tree', as for
the
translating of law
treaties. For the stemmata,
the structure of the tree is never raised by their contemporaries.
The Roman lawyers do not resort to the arbor
(Latin
for tree) when designing their patterns. There are numerous
references to the plant kingdom in the medieval Latin vocabulary of
kinship but
mostly
partial and literary.
Branch or twig, offspring, stump and stem form the vocabulary of that
time to describe the metaphorical component parts of a collective
genealogy; but before jurists, poets, orators and historians seize
upon them. The principal concept that provides patrician stemmata
their visual unity is based on a streaming flow from the ancestors
onto the last male descents:
flow of strips, uniting the names and images, metaphor for the flow
of blood or sap of a great body. Save for some exceptions, the image
does not provide the global construction of a human body or a tree,
but it gives a general expressive idea of those vital things flowing
that transmit life and identity. In so far as the metaphor for blood
represents an agnatic line kinship, consanguineus
provides evidence of the jurists state of mind prior to the abstract
establishment of the kinship degrees gradus.
The succession law patterns were meant to exhaustively cover kinship
area limited by the 6th
degree, whereas the stemmata
in the houses were necessarily selective as
they represented male and female ancestors when they occupied a high
ranked judiciary function. C.
Klapish-Zuber
L'ombre
des ancêtres 2 – Un
autre héritage de Rome, la manière de se représenter la parenté
en termes de mesures, était l'oeuvre des juristes. Se fondant sur
une vision spatiale de l'ordre parental, ceux-ci mettaient en place
les moyens de calculer les distances entre parents de manière à
régler les successions au plus juste. Au milieu du 5ème siècle
avant Jésus-Christ, la loi des Douze Tables pense déjà « les
positions respectives des parents héritiers du défunt en distances
relatives ». Le terme gradus,
dans le sens de degré mesurant cette distance entre générations,
apparaît vers la fin de l'époque républicaine : à l'époque
d'Auguste, Ovide atteste que l'organisation
de la parenté par degrés est alors largement utilisé. Bientôt des
traités seront consacrés au sujet, dont subsistent, entre autres,
et plus ou moins complets, ceux de Gaius (2ème siècle) et de Paul
(3ème siècle). On peut supposer que les, présentations
systématisées des degrés de parenté ne sont pas seulement
accompagnées de listes interminables des différentes positions de
parenté comme en contiennent le Traité
de
Paul ou le Digeste,
puis les Etymologies
d'Isidore de Séville au 7ème siècle ; on y a également
insérés des tableaux synthétiques (que l'on désignera plus tard
du terme stemmata)
où chaque position de parenté par rapport au défunt occupe une
case. C'est ici qu'interviennent les techniques du découpage céleste
ou terrestre qui étaient suivies pendant les opérations
d'auguration (Action de prendre les augures) et d'arpentage. Elles
sont reprises par la description des degrés de parenté dans le
traité de Paul qui permet de reconstituer la démarche par laquelle
se construisait un tel tableau. Distinguant d'abord entre droite et
gauche, puis entre haut et bas (ou devant et derrière Ego), la
projection de la parenté dans un espace à deux dimensions
conduisait à classer les collatéraux patrilatéraux dans le quart
supérieur droit du tableau. Une telle organisation nous a été
heureusement transmise par un stemma
d'une
édition tardive (fin du 9ème siècle) de la Lex
Romana Visigothorum,
compilation de textes juridiques aussi appelée Bréviaire
d'Alaric.
Ce stemma
témoigne d'un état ancien du droit civil romain,
où les épouses in
manu,
c'est à dire placées sous l'autorité de leur mari, devenaient
agnates de celui-ci à l'instar des descendants directs vivant sous
son toit et restés dans sa main, les sui.
Avec leurs propres descendants jusqu'au sixième degré, les fils,
les filles et les épouses constituent les trois colonnes soutenant
l'architrave de cet édifice. Dans sa partie supérieure, le stemma
prend
une forme dissymétrique et laisse vide le quart supérieur gauche
parce qu'il ne contient que les ascendants mâles directs et les
seuls collatéraux de la ligne masculine jusqu'au sixième degré.
Comme
le nombre de positions possibles pour les collatéraux se réduit à
mesure que l'aïeul commun est éloigné d'Ego, la figure offre dans
cette partie supérieure l'image d'un triangle droit dont les cases
ou degrés extérieurs forment comme un escalier. Le terme scala
revient en effet sous la plume des juristes. Pilastres, architraves,
degrés d'un escalier : une représentation non seulement
spatiale mais proprement architecturale s'impose, en somme, avec ce
type de stemma.
Elle n'est pas sans évoquer ces arts de la mémoire antiques qui
proposaient aux apprentis rhéteurs de situer par l'imagination, à
l'intérieur d'édifices et dans l'ordre approprié , les objets
et les personnages, ou les faits et les notions qu'ils devaient
mémoriser.
Les
conceptions romaines de la parenté et la traduction de la mesure de
celle-ci par des schémas se sont transmises au Moyen-Age en suivant
des canaux variés, au premier rang desquels les civilistes qui ont
intégré la substance des traités de juristes antiques.
Pour
donner un sens au langage métaphorique de la parenté, il est
absolument abusif de traduire par « arbre généalogique »
les stemmata
de l'atrium, et plus encore ceux des traités de droit. Pour ce qui
est des premiers, la structure d'arbre n'est jamais évoquée par les
contemporains ; quant aux seconds, les juristes romains ne
recourent pas davantage au terme arbor
pour désigner leurs schémas. Les références au règne végétal
sont pourtant bien présentes dans le vocabulaire latin de la
parenté ; mais elles sont toutes partielles et littéraires.
Branche ou rameau, rejeton et surgeon, souche et tronc sont utilisés
pour désigner métaphoriquement les parties constituantes d'une
généalogie. Mais ce sont les poètes, les orateurs, les historiens
qui s'en emparent, non pas encore les juristes. Le principe même qui
confère aux stemmata
patriciens leur unité visuelle repose sur l'idée d'un flux coulant
depuis les ancêtres jusqu'aux derniers descendants mâles :
flot de bandelettes unissant les noms ou les images, qui est aussi
métaphore des flux de sang ou de sève irriguant un grand corps.
Sauf exception, l'image ne suffit pas à construire la figure globale
d'un corps humain ou d'un arbre, mais elle évoque de façon
expressive la circulation de ces choses vitales qui transmettent la
vie et l'identité. Dans la mesure où la métaphore du sang sert à
spécifier un degré de la parenté agnatique, consanguineus
témoigne de l'état de la pensée juridique antérieur à
l'élaboration abstraite des gradus.
Les schémas du droit successoral se proposaient de couvrir
exhaustivement l'aire de parenté limitée par le sixième degré,
alors que les stemmata
des
maisons étaient nécessairement sélectifs, puisqu'ils
représentaient ancêtres paternels et maternels dans la mesure où
ceux-ci avaient occupé une haute magistrature. C.
Klapish-Zuber
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