Human Rights : universal values called into question "death/life" -
"human/inhuman" - "human/non-human"
Even if all cultures value
human life, international instruments don't acknowledge it as an absolute
value, permitting explicitly various exceptions, like death penalty and war,
self-defense, leaving some issues open like abortion or euthanasia, referred to
the national or international jurisprudence. Whether it is about attributing
the power to dispose of life, or to pinpoint the time of birth and death,
answers are enshrined in a cultural diversity sour of disagreement. Hannah
Arendt emphasized the difference between human life bounded by a beginning and
an end (bios) and the cyclical
movement that nature (zôé) imposes on
all living things, disregarding death, birth as we understand those words.
Therefore, stating that "birth and death of human beings are not simply natural
events", she underlined their cultural origin. And this why so many
cultural and often religious disagreements on issues linked to the respect for
right to life are implemented in concepts deeply rooted in the history of each
people. It is hardly surprising that Regional Courts for Human Rights remain
particularly cautious in their interpretations of situating the beginning of
the right to life - abortion intentional or not - or when defining the right to
chose one's own death - suicide or euthanasia. From the couple of keywords
"life/death" on to the couple "human/inhuman", the development
of the representation of values with an universal vocation is belated and
beyond any doubt unfinished. Whether there is no desire to reflect
dehumanization of human beings nor their manufacturing, the denial of inhuman
sets into motion a double process of a transformation of values : the extension
of human rights to dignity, and the introduction of the rights of human kind,
an even more radically change what may turn out to new conflicts of men vs
humanity. It is to defend the respect for human dignity that Article 5 of the
UDHR poses the principle that "no one shall be subjected to torture or to
cruel, inhuman or degrading treatment or punishment", sometimes opposed to
death penalty. But death penalty does not rule out the debate on other legal penalties,
like corporal punishment and more widely prison practices. Events now unfold as
if the issue on inhuman was switching following the more inventive practices.
This is thus why the extension of Human Rights to dignity is not sufficient : facing new scientific
developments that could lead to the inhuman through an alternative, by
manufacturing the human being, legal responses suggest another process of
profound change of values : the appearance of the rights of humanity. Where can
the 'inhuman' be situated ? By moving away from Article 1 any reference to God and to nature, the UDHR
writers complicated the task ; they require a development of knowledge of our
vision of humanity as a value to protect, if needed, against the States
practices, but also against individuals desires to select their descendants
(eugenics) or even to manufacture them on their image (cloning). From man to
humanity, it is not only an extension but a transformation, because it is not
any more the domain of the Human Rights philosophy - to protect the individual
against arbitrary practices of political power, but the domain of Humanity
philosophy - to recognize the belonging of all to the same community, inter-human
not only based on state co-operation, and to protect this community if
necessary against the autonomy claimed by the 'individual'. Therefore two radically
different value systems would emerge : if freedom is the essence of human
rights, dignity is the essence of the rights of humanity.
One
obscure issue remains when dealing with the claims of universality of Human
Rights, is to know where to situate the human being in relation to the
non-human under which animal and nature come into consideration. In the legal
field, international law considers the irreducible human attribute as universal
(Article 1 of UDHR states the equal dignity of all human beings). However,
events now unfold as if the law was in the front line to undermine naturalism
certainties. Under the combined effect of new scientific development and technical
innovation, resistance from environmental activists becomes more radical. The certainties
of legal concepts based on humanism are undermined by an evolution suggesting
new transformation on the humanist model of justice in the domain of human
rights and rights for humanity.
Les droits de l’homme : des valeurs universelles
en question - « vie/mort » - « humain/inhumain » - "humain/non humain"
Si toutes les cultures valorisent la vie humaine, les
instruments internationaux n’en font pas une valeur absolue, admettant
explicitement diverses exceptions, de la peine de mort à la guerre, en passant
par la légitime défense, et laissant ouvertes des questions comme l’avortement
ou l’euthanasie, renvoyées à la jurisprudence nationale et internationale.
Qu’il s’agisse d’attribuer le pouvoir de disposer de la vie, ou encore de
situer le moment de la naissance et de la mort, les réponses s’inscrivent en
effet dans une diversité culturelle devenue source de désaccords. Hannah Arendt
évoquait la différence entre la vie humaine bornée par un commencement et une
fin (bios) et le mouvement cyclique que la nature (zôè) impose à tout ce qui vit, ne connaissant ni mort ni
naissance au sens où nous entendons ces mots . C’est pourquoi, constatant
que « la naissance et la mort des êtres humains ne sont pas de
simples évènements naturels », elle avait clairement souligné leur origine
culturelle. D’où les nombreux désaccords, culturels et souvent
religieux, car les questions liées au respect du droit à la vie s’inscrivent
dans des conceptions fortement enracinées dans l’histoire de chaque peuple. Il
n’est donc pas surprenant que les cours régionales des droits de l’homme soient
restées particulièrement circonspectes dans leurs interprétations, qu’il
s’agisse de situer le commencement du droit à la vie — avortement
volontaire ou involontaire, sur soi-même ou sur autrui — ou de définir ses
conséquences quant au droit de choisir sa propre mort — du suicide à
l’euthanasie. Du couple « vie/mort » au couple « humain /
inhumain », l’évolution dans la représentation des valeurs à vocation
universelle est tardive et sans doute inachevée. Qu’il traduise le refus
de la déshumanisation d’êtres humains ou celui de leur fabrication, le refus de
l’inhumain déclenche un double processus de transformation des valeurs :
l’extension des droits de l’homme à la dignité, et l’apparition de droits de
l’humanité, mutation plus radicale qui pourrait annoncer de nouveaux conflits,
ceux de l’homme dressé contre l’humanité. C’est au nom de la dignité que
l’article 5 de la DUDH pose le principe que « nul ne sera soumis à la
torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants »,
parfois opposé à la peine de mort. Mais la peine de mort n’épuise pas le
débat sur les autres peines, notamment les châtiments corporels, ou plus
largement les pratiques carcérales. Tout se passe comme si la question
de l’inhumain se déplaçait à mesure que les pratiques se font plus
inventives. C’est d’ailleurs pourquoi l’extension des droits de l’homme à
la dignité ne suffit pas : confrontés aux découvertes scientifiques qui
pourraient conduire à l’inhumain par une autre voie, en fabricant l’être humain,
les réponses juridiques laissent deviner un autre processus de transformation
des valeurs : l’apparition de droits de l’humanité. Où situer
désormais l’inhumain ? En écartant de l’art. 1er toute
référence à Dieu comme à la nature, les rédacteurs de la DUDH n’ont pas
facilité la tâche ; ils obligent à approfondir notre vision de l’humanité
comme valeur à protéger au besoin contre les pratiques des États, mais aussi
contre les désirs des individus de sélectionner leurs descendants (eugénisme),
ou même de les fabriquer à leur image (par clonage). De l’homme à l’humanité,
il n’y aurait pas seulement extension mais aussi mutation car on
quitterait la philosophie des droits de l’homme — défendre l’individu
contre le risque de pratiques arbitraires du pouvoir — pour une
philosophie de l’humanité — reconnaître l’appartenance de tous à une même
communauté, interhumaine et pas seulement interétatique, et protéger celle-ci,
au besoin contre l’autonomie revendiquée par les individus. Il y aurait là deux systèmes
de valeurs radicalement différents : si la liberté est l’essence des
droits de l’homme, la dignité est l’essence des droits de l’humanité.
L’une des questions les plus obscures
que posent les droits « de l’homme », dans leur prétention à
l’universel, est de savoir où situer l’humain par rapport au non humain, qu’il
renvoie à l’animal ou à la nature. Dans le champ juridique, ce modèle
semble avoir inspiré le droit international, conduisant à déclarer universel
l’irréductible humain (art. 1 DUDH proclamant l’égale dignité de tous les êtres
humains). Pourtant tout se passe comme si le droit était à présent en première
ligne pour remettre en cause les certitudes du naturalisme. Sous
l’effet conjugué des découvertes scientifiques et des innovations
technologiques, la résistance des courants écologiques se radicalise. Les
certitudes qui nourrissaient cet humanisme juridique de séparation sont en effet
ébranlées par une évolution qui suggère un renouvellement de l’humanisme
juridique.
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