4/07/2014

Avant-garde, elit, fütürizm, grafik sanat, tanıtım

Grafik : April Greiman
Graphics and visual communication are prone to be influenced by elites and art movements. This paper suggests that the needs of the elites naturally drive them to maximize the symbolic effectiveness of ideologically-oriented communication tools. This leads them to question the ability of avant-garde artists to meet those needs. Based on the hypothesis of an homology between the political and the artistic fields, this paper addresses two main questions: can avant-garde artists function in an elitist fashion? Does being part of the elite drive individuals to invest in avant-garde artists or, rather, does the fact of investing in avant-garde artists constitute the elite itself, in what would appear like a reversal between symbolic attributions?
 In most works, graphic production serves an idea, a message, a concept remaining subjected to external demand. The designer is being held hostage between a demand which is actually an order and art practices meant to give an answer, while meeting a personal or collective application. Graphics in common with fashion is that short-lived products have an expiration date speed that meets the consecration pretentions and desire of the producer, too much of a hurry to become notorious. Center stage on this, visible surface and publicized part of the graphic designed field, one of the driving feature is the style. This vague term can appoint a signature, identifying marker that gives the link between design production and its author, or can cover up an academicism only resulting in interchangeable products with very short life span that will be used as criteria for the sponsors often more worried about trends than the relevance of the artistic forms.

Like the artists of the beginning of this century, Aleksandr Rodchenko and Piet Zwart maximizing the first available resources of photo-montage, April Greiman undertook the new domain of creating digital art - possible through the new generation of computers. The style "April Greiman" was a groundbreaking work followed by many artists. Neville Brody, English designer worked in London for the magazine 'The Face' becoming its producer between 1981 and 1986, his art equally revealing this 'style' issue. However the real question is the performative character, the imposition force of the producer when meeting the challenge to impose a practice and specific forms at a given historical moment and succeeding to build through a magical act, a mythology of demiurge artist producing unique and essential forms - these issues align with those linked to contemporary artistic production in general. Original article from Vivien Philizot
Neville Brody : "The FAce"
Grafik : Neville Brody
  
Les avant-gardes et leur relation avec le pouvoir dans le champ du graphisme et de la typographie
Le graphisme, à la fois outil de communication et pratique artistique, est un objet d’étude dont les rapports avec le pouvoir sont aussi complexes qu’ambigus. Il s’agit donc de présenter certains aspects éthiques et politiques qui sous-tendent la création graphique contemporaine ; dans un premier temps d’un point de vue historique, puis d’un point de vue sociologique à partir de la figure du graphiste-auteur. Si l’avant-garde historique est marquée par une volonté de démarcation par rapport à une pratique dite traditionnelle – ce dont témoignent les  productions graphiques et les choix typographiques d’un Jan Tschichold ou d’un Kurt Schwitters – la  naissance du graphisme moderne est surtout liée à l’avènement de la communication de masse ; c’est-à-dire au renouveau des modes de communication et de la publicité qui mettent désormais le graphiste ou le typographe au service d’une idéologie. Pour mettre au jour la question de l’engagement politique et du rapport au pouvoir du graphiste aujourd’hui, on analysera les modalités des rapports entre graphiste et commanditaire. Si le distinguo entre graphiste « producteur» et graphiste-auteur se mesure justement dans le rapport à la commande et au pouvoir, la question conjoncturelle du « style » et de l’imposition de formes spécifiques par une élite rejoint, quant à elle, les problématiques générales de l’art contemporain.
Dans la plupart des commandes, la production graphique est au service d’une idée, d’un message, d’un concept tout en restant subordonnée à une demande extérieure indépendante. Le graphiste est pris en otage entre la demande, qui est en fait une commande, et une pratique plastique censée y apporter une réponse, tout en satisfaisant une exigence personnelle ou collective. Le graphisme a ceci de commun avec la mode que les produits à durée de vie limitée accusent une péremption dont la rapidité est à la mesure des prétentions et du désir de consécration de producteurs trop pressés de passer à la postérité. Sur le devant de cette scène, partie visible et (relativement) médiatisée du champ du graphisme, un des facteurs essentiels est ce que l’on appelle le style. Ce terme vague qui peut désigner une signature, un marqueur identifiant permettant de relier une production plastique à son producteur, et qui peut aussi dissimuler un académisme ne débouchant que sur des produits interchangeables à très courte durée de vie, sert de critère discriminant dans les choix que feront des commanditaires souvent plus soucieux de la tendance que de la pertinence de formes choisies.
À l’instar des artistes du début du siècle comme Aleksandr Rodchenko et Piet Zwart exploitant au maximum les ressources des tout premiers procédés de photomontage, April Greiman investit dans les années 1980 le domaine naissant de la création numérique – rendue possible par les premiers ordinateurs. Le « style » d’April Greiman a fait école, au point d’avoir été suivi très rapidement par un ensemble de graphistes. Le travail de Neville Brody, graphiste anglais travaillant à Londres, pour le journal The face dont il fut le directeur artistique de 1981 à 1986 est tout aussi révélateur de cette question du « style ». Cependant, la vraie question est celle du caractère performatif, de la force d’imposition du producteur réussissant à imposer une pratique et des formes spécifiques à un moment donné de l’histoire et parvenant à construire, par un acte magique, une mythologie de l’auteur démiurge produisant des formes uniques et indispensables – ces questions rejoignent celles qui sont liées à la production artistique contemporaine en général.
Alexandr Rodchenko

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