9/02/2013

RECONSTRUCTION OF TURKISH ALPHABET

Changing the alphabet also changed spelling and, over time, vocabulary. This is why the alphabet and language reforms are connected. Latinization broke the link between Turkish script and its Arabic vocabulary. These words became like orphans from their semantic family ; and so they lost their powers of evocation and connotation.  Thus latinization encouraged the entry en masse of words with Western origins into the Turkish language. This is one of the great paradoxes of the language reform, since the Kemalists spent their time declaring that it would liberate the Turkish language from foreign tutelage.
The Kemalists completely internalized the Western vision of ‘the Orient’, producing their own Orientalism with regard to the Arab world. This already existed under the Ottoman Empire. Kemalist progressivism contrasted itself with this Orient, with the ‘fanaticism’ and ‘backwardness’ of Arab societies. 
Because of censorship, the only sources we have are State sources. ‘Schools of the Nation’ (Millet Mektepleri) are created beginning in December 1928.
At the time, official historians, journalists and publicists of the regime used a religious register when speaking of the change in alphabet – it was a kind of revelation, or nurlanma. There is a sacred aspect given to the transfer from the Arabic (and Koranic) script to the new Turkish alphabet. Mustafa Kemal takes on the role of the Prophet, in the etymological sense of the term – he who speaks before, he who brings the Good News (mujde). The whole of the Kemalist discourse consisted of opposing what had come before 1928 – darkness, ignorance, superstition – with what came after: illumination, knowledge, reason. It in some ways draws on Islamic theology, which establishes a firm distinction between the period before the Mohammedan revelation, known as the Age of Darkness, and the period after.

Even if this reconstruction seem a bit Orwellian, in Orwell there is only a dictatorial aspect – thought control. Undoubtedly, to change a word is to change reality; this has an Orwellian quality. But this reforms also provided access to knowledge, culture and written fluency. This change had an emancipatory effect. In the third world and progressive literature which came into vogue in the 1970s and 80s, we were all obsessed with improving literacy rates, with ‘progress and development’…now, it seems we’ve adopted nearly the opposite logic: ‘oral cultures and traditions are wonderful!’ We castigate ‘modernity’, we cultivate a nostalgia for our lost ‘heritage’, including the invention of an idealized past. We must find a balance – this reform, as violent it was, also symbolizes the destruction of feudal structures, the end of religious oppression, and the advent of the people’s access to information.

RECONSTRUCTION DE L’ALPHABET TURC
Changer l’alphabet revient aussi à changer l’orthographe et à terme, le vocabulaire. C’est pour cette raison que les réformes de l’alphabet et de la langue sont liées. Avec la latinisation, c’est la traçabilité étymologique des mots arabes qui est cassée. Les mots sont orphelins de leur famille sémantique, ils n’ont plus la même capacité d’évocation et de connotation.  La latinisation a donc favorisé l’entrée en masse dans la langue turque de mots d’origine occidentale. C’est l’un des grands paradoxes de la réforme de la langue.
Les kémalistes ont totalement intériorisé la vision occidentale de « l’Orient » et produit leur propre orientalisme à l’égard du monde arabe. Cela existait déjà sous l’Empire ottoman. Le progressisme kémaliste s’est opposé à l’Orient dit « rétrograde », au « fanatisme » et à « l’arriération » des sociétés arabes. 
Du fait de la censure, les seules sources dont nous disposons sont les sources d’État. Les « écoles de la nation » (Millet Mektepleri) sont créées à partir de décembre 1928.
Le registre à travers lequel les historiens, journalistes et publicistes officiels de l’époque expliquent le changement d’alphabet est celui de la révélation religieuse (nurlanma): il y a une sorte de transfert de sacralité de l’alphabet arabe, l’alphabet coranique, vers le nouvel alphabet turc. Mustafa Kemal c’est le prophète, au sens étymologique du terme, celui qui parle avant, celui qui apporte la bonne nouvelle (müjde). Toute la construction du discours kémaliste va consister à opposer précisément ce qu’il y avait avant 1928, l’obscurité, l’ignorance, la superstition, par rapport à l’après, la lumière, le savoir, la connaissance. C’est en quelque sorte un décalque de la théologie islamique qui établit une distinction très forte entre avant la révélation mahométane, les âges obscurs, et après.
Même si cette reconstruction fait penser à George Orwell, chez Orwell il y a seulement le côté dictature, le contrôle des cerveaux. Certes, changer un mot c’est changer le réel, cela a un côté orwellien mais la réforme a aussi permis un accès à la connaissance, à la culture et à la maîtrise de l’écrit. Ce changement a eu des effets émancipateurs. Dans la lecture tiers-mondiste et progressiste en vogue dans les années 70-80, on s’extasiait devant l’alphabétisation, le progrès et le « développement » alors que maintenant on est presque dans la logique inverse : « C’est formidable les cultures orales et les traditions ! ». On fustige la « modernité », on cultive la nostalgie du « patrimoine » détruit, dont on entretient une représentation fantasmatique. Il faut trouver un équilibre, cette réforme, si violente qu’elle fût, symbolise aussi la destruction des structures féodales, des oppressions religieuses, et l’accès des individus à l’information.


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