5/28/2013

The transformations undergone by an original myth -

The representation of Chinggis Khan, the great conqueror and founder of a dynasty is closely related to that of the mythical hero. His life is marked by many signs, characteristic of an uncommon destiny. In particular, his birth is presented as a miraculous event though its story has been changed in the course of time as his descendants and later his epigones drifted away from Shamanist Mongol origins. The story of Chinggis Khan's birth is first related to the Mongol myth of origins according to which the Mongols descend from « Blue-Wolf and " Fawn-Doe ", this story itself being evidently inspired by the Turkish myth. The Secret History of the Mongols, written some time after Chinggis Khan's death, suggests that his ancestor, the widow Alan-Qo'a, had been fertilised by a creature who « crept like a yellow dog ». Such a part played by an animal is in accordance with the fact that shamanism is based on a system of interrelations between the animal and human worlds. Some decades later, Rashid al-din'sJâmi' al-tawârikhtakes the same legend up again, but mentions only a « fawn creature ». Later, animal connections completely disappear in a Muslim context totally detached from shamanist references. In the first half of the 15th century, the inscriptions copied in the mausoleum of Tamerlane mention a luminous ray manifested under the shape of an « accomplished mortal being », descendant of 'All. Lastly, in Moghul India, Chinggis Khan is explicitly related to Jesus when the author of the Akbar-nämawrites that his ancestor got pregnant in the same way as Maryam did. The legend on the origin of Mongol people has been under numerous processings. These are the perfect example of the way in which myths can be transmiitted : by definition, their stories are fluid and likely to adapt to different contexts. The flexibility of this myth is exemplified in the different specific interpretations historiographers gave to it. The anthroponym animals from the first part of the myth have been humanized as soon as Mongol people got in contact with Islam. Much later, during the 17th century, the official religion in Mongolia became Lamaist Budhism, Mongol stories related Gengis Khan to fictitious Tibetan rulers.


Les transformations d'un mythe d'origine – Denise Aigle


La figure de Gengis Khan, grand conquérant et fondateur de dynastie, correspond étroitement à la figure du héros. Sa vie est jalonnée des signes d'un destin extraordinaire, en particulier sa naissance présentée comme miraculeuse, dont le récit a été transformé à mesure que ses descendants puis ses épigones s'éloignaient des origines mongoles chamaniques du grand ancêtre. Le récit de la naissance de Gengis Khan se rattache d'abord au mythe d'origine des Mongols qui descendraient de « Loup-bleu » et de « Biche-Fauve », récit lui-même visiblement inspiré du mythe des Turcs. Selon L'Histoire secrète des Mongols, de peu postérieure à la mort de Gengis Khan, l'ancêtre de celui-ci, Alan-Qo'a, veuve, aurait été fécondée par un être « qui sortait en rampant tel un chien jaune ». Ce rôle joué par un animal est conforme au chamanisme, qui repose sur un système d'échange entre le monde animal et celui des humains. Quelques décennies plus tard, le Jàmi' al-tawârikh de Rashïd al-dïn reprend la même légende, mais ne parle que d'un « être de couleur fauve ». Par la suite, les références animales disparaissent totalement dans un contexte musulman complètement détaché des repères chamaniques. Dans la première moitié du XVe siècle, les inscriptions relevées dans le mausolée de Tamerlan, mentionnent un rayon lumineux qui se manifeste sous la forme d'un « mortel accompli " descendant de 'Ali. Dans l'Inde moghole, enfin, Gengis Khan se trouve rapproché de Jésus puisque l'auteur de l'Akbar-nâma écrit que son ancêtre est devenue enceinte de la même manière que Maryam. La légende d'origine des Mongols a subi de multiples transformations. Elles sont un exemple de la façon dont se transmettent les mythes : leur matière, par définition, est mouvante et susceptible de s'adapter à divers contextes. La souplesse de ce mythe est illustrée par les diverses interprétations qu'en ont donné les historiographes. Les animaux anthroponymes de la première partie du mythe ont été humanisés dès que les Mongols sont entrés en contact avec l'islam. Bien plus tard, au XVIIesiècle, lorsque la religion officielle de la Mongolie devint le bouddhisme lamaïque, les chroniques mongoles rattachèrent Gengis Khan à des souverains tibétains fictifs.

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