4/11/2013


Between Neoliberalism and Morality: The Muslim Conception of Development in Turkey (abstract) - Levent ÜNSALDI

Despite its crises and contestations, the market-based development model seems to be maintaining its global hegemony over and above other ‘heretical’ development models. The discursive practices and analytical categories constructing what is thinkable and expressible according to this market norm are therefore undergoing a process of realignment. This is the case of a certain form of Turkish political Islam, which, having aligned itself under a homogenising banner, has recently ‘softened’ remarkably. This chapter provides an empirical outline of political Islam’s alignment, in Turkey, with the neoliberal approach to development. From the viewpoint of moderate Islam, development is synonymous with a gradual entry into the modern market era, adjusted in accordance with a few moral imperatives. This chapter sheds light on the rise of a charity-based social model and highlights the many contradictions between economic development and moral development, with particular attention to the form of development advocated by the moderate Islamic Adalet ve Kalkınma Partisi (AKP) party.
Development for this radical kind of Islam looks more like a succession of fractures and deployments guided toward the access of an Islamist ideal named asr-ı saadet (Age of Bliss). It evokes a golden century, lived or pursued, somewhat utopian but effective to embody the Caliph’s purity and the dynamism of the primitive Islam when the Prophet’s followers, at the 7th century were champions of the entire world progress: development as an entry in a virtuous market modernity.
The paring-down of Islamist ideology would put in perspective the explicative power of theory and models, however of a significant contribution, but to us a little too focused on irreconcilable dualities of the Turkish society (western world/eastern world, Islam/secularity, bureaucracy/civil society).

Entre le néolibéralisme et la morale, la conception musulmane du développement en Turquie

Levent ÜNSALDI
Malgré ses crises et ses remises en cause, le modèle de développement fondé sur la centralité de la norme marchande semble préserver son hégémonie planétaire, éclipsant d’autant les modèles de développement « hérétiques ». On assiste alors à un recentrage des pratiques discursives et des catégories analytiques sur ce qui est pensable et dicible du point de vue de cette norme marchande. C’est le cas d’un certain islam politique en Turquie, qui s’est remarquablement « adouci » après s’être rangé sous sa bannière uniformisatrice. Cet article propose de cerner de façon empirique l’alignement de l’islam politique en Turquie sur l’approche néolibérale du développement. Du point de vue de l’islam modéré, le développement est synonyme d’entrée progressive dans l’ère de la modernité marchande, revue à l’aune de quelques impératifs moraux. L’article décrypte la valorisation d’un modèle social fondé sur la charité et pointe les nombreuses contradictions entre le développement économique et le développement moral, notamment celui défendu par le parti de l’islam modéré AKP.
Le développement pour l’islam radical est plutôt une succession de ruptures et de déploiements, dans le sens de l’accès à un idéal islamiste qui a pour nom asr-ı saadet(« ère de félicité »). Il évoque un siècle d’or, vécu ou recherché, quelque peu utopique mais agissant, supposé incarner la pureté des premiers Khalifes et le dynamisme de l’islam
« primitif » où les fidèles du Prophète se faisaient, au VIIe siècle, champions du progrès mondial : le développement comme une entrée dans une modernité marchande vertueuse.
L’allègement de l’islamisme permettrait de relativiser la portée explicative des théories ou modèles, certes d’un apport non négligeable, mais trop centrés, selon nous, sur les inconciliables dualités supposées de la société turque (Occident/Orient, islam/laïcité, bureaucratie/société civile, etc.).

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