12/29/2012


In memory of Louis Dumont (1911, Thessaloniki, Ottoman Empire – November 19, 1998, Paris) was a French anthropologist director at the École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) in Paris.

Daniel de Coppet First Trade, Double Illusion
The first encounter between the 'Are'Are and the Spanish on the island of Malaita, May 1568, was marked not only by the fatal smoke of firearms but also by the exchange of ceremonial staffs for seamen's capes. The sailors believed that the woven basket-work sphere on the top of the staff contained gold. The 'Are'Are chose the cape because of the political significance it held for them in relation to the ceremonial staff. The latter is only the badge of the "murderer" — whose ornaments and name evoke "closing" — who is subordinate to the "master of peace", the big man-mediator associated with a symbolism of "opening": the cape, open and enclosing at the same time, was thus the sign of a superior power. A double illusion, each trade-partner taking up the values of his own culture that he found in the other. The enduring mistake of the sailors who denied contrary evidence in order to conform with the wishes of their civilization and who were to make Europe, during two centuries, talk about the gold of the Solomon Islands, gold which served as a pretense for slave-trade, deportation, colonization. The tragic illusion of the Melanesians who believed that the foreigners, because of their open-winged cape, were endowed with a protective power similar to that of the master of peace but all the more wonderful in that, according to tradition, political mediation arrived from over the sea to replace the society of murder .


Daniel de Coppet
Premier troc, double illusion
Marqué par la fumée blanche, mortelle, des armes à feu, le premier contact entre le peuple 'Are'are et les Espagnols, dans l'île de Malaita en mai 1568, le fut aussi par le troc des bâtons cérémoniels contre les capes des marins. Ces derniers croyaient trouver de l'or dans la sphère de vannerie tressée qui surmonte le bâton. Le choix de la cape par les 'Are'are, lui, est expliqué dans cet article par la signification politique qu'elle pouvait revêtir à leurs yeux par rapport au bâton cérémoniel. Celui-ci n'est que l'insigne du « meurtrier » — dont les parures et le nom même évoquent la fermeture — , subordonné et exécuteur des jugements du « maître de la paix », le grand homme-arbitre auquel est attaché un symbolisme de l'ouverture de la cape, ouverte et enveloppante à la fois, était ainsi la marque d'un pouvoir supérieur.
Double illusion, chacun des partenaires revêtant ce que possédait l'autre des valeurs de sa propre culture. Méprise persistante des marins qui, contre l'évidence mais en accord avec le désir de leur civilisation, feront parler l'Europe, pendant plus de deux cents ans, de l'or des îles Salomon — couverture pour la traite, la déportation et la colonisation. Tragique illusion des Mélanésiens qui crurent les étrangers investis, de par leur cape aux ailes ouvertes, d'un pouvoir protecteur de même ordre que celui du maître de la paix, mais d'autant plus prestigieux que, selon la tradition, la médiation politique est venue d'au-delà des mers remplacer la société du meurtre.




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