'Eureka moments are very, very rare' Steven Johnson
Where do good ideas come from? Usually as a result of collaboration, not genius
Oliver Burkeman – Guardian.co.uk – tuesday 19 october 2010
Let's start with the invention of air conditioning. This is only one of approximately a zillion topics addressed by the science writer Steven Johnson during the course of lunch at an Italian restaurant in downtown Manhattan; some of the others include Darwinian evolution, the creation of YouTube, the curiously perfect population density of the Park Slope neighbourhood of Brooklyn, the French Revolution, the London cholera epidemic of 1854, the first computer, The Wire, and why 9/11 wasn't prevented. But air conditioning provides a useful way to introduce Johnson's current overarching obsession – the mysterious question of where good ideas come from – because it encapsulates how we generally like to think about inventors and inventions. One night in 1902, an ambitious young American engineer named Willis Carrier was waiting for a train, watching fog roll in across the platform, when he had a sudden flash of insight: he could exploit the principle of fog to cool buildings. He patented the idea, protected it fiercely, put his new invention into production, and made a fortune. In 2007, the still-surviving Carrier Corporation generated sales worth $15bn. As eureka moments go, even Archimedes might have had to concede that Carrier's was impressive.
For Johnson, though, what's really interesting about that story is how unusual it is: although the eureka moment is such a cliche, big new ideas almost never get born like that. "It's weird," says Johnson,]…] , "but innovation is one of those cases where the defining image, all the rhetoric and all the assumptions about how it happens, turn out to be completely backward. It's very, very rare to find cases where somebody on their own, working alone, in a moment of sudden clarity has a great breakthrough that changes the world. And yet there seems to be this bizarre desire to tell the story that way."
Johnson's new book, Where Good Ideas Come From, ]…]should further entrench his position in today's army of commercially successful, male, fortysomething writers of sweeping, occasionally grandiose ideas books. Except that, if anything, it's even more audacious, since in principle he seeks to explain the origin of all their ideas, too. Oh, and the origin of life. And some other things.
At the core of his alternative history is the notion of the "adjacent possible", one of those ideas that seems, at first, like common sense, then gradually reveals itself as an entirely new way of looking at almost everything. Coined by the biologist Stuart Kauffman, it refers to the fact that at any given time – in science and technology, but perhaps also in culture and politics – only certain kinds of next steps are feasible. "The history of cultural progress," Johnson writes, "is, almost without exception, a story of one door leading to another door, exploring the palace one room at a time."
]…] What all this means, in practical terms, is that the best way to encourage (or to have) new ideas isn't to fetishise the "spark of genius", to retreat to a mountain cabin in order to "be creative", or to blabber interminably about "blue-sky". Rather, it's to expand the range of your possible next moves – the perimeter of your potential – by exposing yourself to as much serendipity, as much argument and conversation, as many rival and related ideas as possible; to borrow, to repurpose, to recombine. This is one way of explaining the creativity generated by cities, by Europe's 17th-century coffee-houses, and by the internet. Good ideas happen in networks; you could even say that "good ideas are networks". Or as Johnson also puts it: "Chance favours the connected mind."
· Where Good Ideas Come From is published by Allen Lane, price £20. To order a copy for £16 with free UK p&p go to guardian.co.uk/bookshop or call 0330 333 6846.
« Les instants Eureka sont très, très rares. » Steven Johnson
D’où viennent les idées géniales ? Le plus souvent c’est le résultat d’une collaboration, pas d’un génie.
Oliver Burkeman – Guardian.co.uk – 19 octobre 2010
Commençons par l’invention de l’air conditionné. L’un des sujets légion que l’écrivain scientifique Steven Johnson aborde au cours d’un déjeuner dans un restaurant italien du centre de Manhattan ; parmi d’autres sujets comme les théories de l’évolution de Darwin, le création de YouTube, la densité de population presque parfaite du quartier ‘Park Slope’ de Brooklyn, la Révolution française, l’épidémie de choléra à Londres en 1854, le premier ordinateur, le Télégramme et la raison pour laquelle on n’a pas pu empêcher les événement du 11 septembre. Mais l’air conditionné fournit un tremplin utile pour présenter l’obsession essentielle de Steven Johnson en ce moment – la mystérieuse question de savoir d’où viennent les idées géniales – qui concerne ce que nous pensons des inventeurs et de leurs inventions. Une nuit de 1902, Willis Carrier, un jeune ingénieur américain ambitieux, attendait le train et en regardant le nuage de fumée s’enrouler sur le quai il eût soudain l’idée lumineuse de pouvoir exploiter le nuage de cette fumée pour refroidir des bâtiments. Il brevetait l’idée et la protégeait farouchement, assurait la production de sa nouvelle invention et fit fortune. En 2007, la compagnie Carrier Corporation toujours existante, a généré des profits à hauteur de 17 milliards de dollars. Concernant l’évolution des instants ‘eureka’, Archimède aurait pu admettre que celui de Carrier était très impressionnant.
Cependant pour Johnson, ce qui est vraiment intéressant dans cette histoire, c’est son originalité : bien que l’instant eureka soit un tel cliché, les grandes idées nouvelles ne naissent jamais comme cela. « C’est bizarre » dit Johnson]…] « mais l’innovation est l’un de ces événements dont l’image préconçue, toute la rhétorique et les suppositions de réalisation s’avèrent être parfaitement contraires à la réalité. C’est très très rare de nos jours de trouver des exemples où quelqu’un, qui, travaillant seul ait eu dans un éclair soudain de lucidité une grande idée qui bouleverserait le monde. Et pourtant il y a toujours ce désir étrange de narrer l’histoire de cette même façon. »
Le nouveau livre de Johnson, L’origine des idées géniales, devrait consolider sa position parmi des ouvrages contenant occasionnellement de grandes idées émanant des nombreux écrivains, la quarantaine, hommes, commercialement brillants. Si ce n’est que son livre est encore plus audacieux puisqu’il cherche à expliquer l’origine de toutes les idées. Parmi elles, l’origine de la vie. Et quelques autres encore.
Au centre de cette recherche alternative, la notion de la ‘possibilité adjacente’, une idée qui ressemble de prime abord à du sens commun, mais qui se révèle progressivement comme une nouvelle manière de regarder toutes les choses. Comme le dit Stuart Kauffman, cela correspond au fait que à un moment précis - pour les sciences et la technologie, mais peut-être aussi la culture et la politique – seules quelques étapes futures sont réalisables. « L’histoire du progrès culturel » écrit Johnson « est presque toujours, l’histoire d’une porte qui conduit vers une autre porte, en permettant d’explorer le palais pièce par pièce. »
]…] La signification de tout ceci, en termes concrets, est que la meilleure façon d’encourager (ou d’avoir) des idées géniales ne consiste pas à sacraliser ‘la lueur du génie’, à se retirer dans une cabane en montagne pour trouver la créativité, ou de bavarder indéfiniment sur le bleu du ciel. Il faut plutôt explorer le répertoire de ses futures actions possibles – l’évaluation de son potentiel – en étant réceptif autant au hasard qu’aux arguments et aux discussions, autant aux idées contraires qu’aux idées propres aux siennes ; à emprunter, à mesurer de nouveau, à trouver de nouvelles associations. On peut ainsi expliquer la créativité surgie dans les villes, dans les cafés de l’Europe du XVIIème siècle, sur internet. Les idées géniales prennent forment au sein de réseaux ; on peut même dire que « les idées géniales sont des réseaux ». Ou comme le dit Johnson « la chance sourit aux esprits connectés, unis, à l’écoute. »