At first glance the Tobelo worldview resembles that of Christian theology: just as the Christian person is believed to consist of a ‘body’, a ‘soul’ and a ‘mind’, likewise the Tobelo person is composed of three constituent parts. But Tobelo perceive these constituents in a very different manner. Tobelo say that the highest Deity (called “The One Life”, o Gikiri Moi) brings the ‘image’ into a newborn child and that death releases that ‘image’ from the body. As a result, the body loses the ‘living movement’ and begins to decay. Yet the deceased’s ‘life’ does not cease to exist. On the contrary, as an ‘image-less’ life form it becomes part of the universe where anonymous and invisible spirits in the forests, the oceans and the skies control all forms of life.
Among Tobelo society, every adult man and woman knows when and where to sow the rice and other crops in order to anticipate an abundant harvest; one knows under what astronomical and climatic conditions certain molluscs and fish species may be caught along the shore and in the deep sea; one knows what tree species provide the wood for building houses that are resistant to voracious termites; one knows the trajectories of planets and stars and the seasonal winds that enable one to navigate the Pacific Ocean without the use of compass or sextant. Even though they do not conform to modern scientific standards such forms of knowledge of nature are very precise.]…]
Some attempts to account for ‘magical’ modes of thought and action focus on the idea that they would serve as a means to better control the fear of illness and misfortune. But if this were the case, would not the invention of ‘magic’ thousands of years ago have eliminated such fears once and for all?
Such interpretations of ‘magical’ modes of thought and action rather reveal a strong cultural-centric bias. They assess them in terms of the modern understanding of health and illness as reflecting physiological processes that take place within the human body and that are subject to the laws of natural science. It is taken for granted that such laws apply to humanity at large and that illness and health are phenomena affecting people independently of the society to which they belong. As a biological organism subject to natural science laws any person would be a universal being. And since modern societies consider this an incontestable fact they assess those ‘magical’ healing procedures that obviously ignore such ‘facts’ accordingly: practicing such procedures would bear witness of a basic ignorance of the ‘laws of nature’.
Universally valid ‘laws of nature’ do not pay attention to the cultural variations, which the perception and valuation of the human person and his or her conditions of health and illness display worldwide. To understand such variations the question, whether other societies have achieved a modern scientific understanding of the human body, is not of primary importance. The question is rather]…], why do so many societies in the world understand the health of their members as dependent upon factors that are largely excluded from the domain of biomedicine?
Représentation de l’univers/ II/ JDM Platenkamp
Au premier coup d’œil, la conception du monde Tobelo ressemble à celle de la théologie chrétienne : tout comme chaque chrétien est fait d’un ‘corps’, d’une ‘âme’, et d’un ‘esprit’ , le Tobelo possède ces trois traits constitutifs, mais perçus de manière différente. Les Tobelo disent que la grande divinité (appelée ‘la seule vie’ , o Gikiri mo) apporte l’image dans le corps de l’enfant et que la mort délivre l’image du corps qui, par conséquent, perd ‘le mouvement de vie’ et commence à se décomposer. Cependant la ‘vie morte’ continue d’exister et en tant que forme de ‘vie sans image’ elle va composer cet univers où les esprits anonymes et invisibles des forêts, des océans et des cieux prennent le contrôle de la vie.
Au sein de la société Tobelo, chaque adulte sait où et quand semer le riz et les autres cultures afin de prévoir une bonne récolte ; chacun connaît les conditions astronomiques et climatiques favorables à la collecte des crustacés sur la plage et à la pêche en haute mer ; chacun sait identifier, les arbres nécessaires à la construction des maisons, la trajectoire des planètes et des étoiles pendant la saison des vents qui permet la navigation sur l’océan pacifique sans boussole ni sextant. Même si elles ne se conforment pas aux règles scientifiques modernes, ces dispositions de connaissance de la nature sont extrêmement précises.
Les tentatives d’explication des recours aux modes de ‘pensée et d’action magiques’ s’attachent à l’idée qu’ils servent de moyens de maîtrise sur les craintes des maladies et du malheur. Mais si tel était le cas, le recours à la ‘magie’ depuis des milliers d’années n’aurait-il pas fait disparaître ces craintes ? De telles interprétations des modes de ‘pensée et d’action magiques’ révèlent une forte tendance à l’ethnocentrisme. Dans le cas de la médecine, elles les jugent selon une compréhension moderne de la santé et de la maladie qui renvoie aux procédés physiologiques à l’intérieur du corps soumis aux lois des sciences naturelles. On admet que ces lois s’appliquent à l’humanité entière et que les maladies et la santé sont des phénomènes qui s’appliquent à tous indépendamment de la société dans laquelle on vit. En tant qu’organisme biologique soumis aux lois de la science, chaque être humain devient universel. Et les sociétés modernes considérant cela comme un fait établi, jugent ces pratiques de guérison ‘magiques’ inexpérimentées face à ces faits incontestables : autrement dit, ces pratiques témoignent d’une grande ignorance des lois de la nature.
Universellement, les lois de la nature ne prennent pas en compte les différences culturelles qu’on retrouve dans la perception et la validation des conditions de vie de l’être humain dans le monde entier. Pour comprendre les différences, la question de savoir si les sociétés ont atteint un niveau moderne de compréhension du corps humain n’est pas d’une importance capitale. Ce serait plutôt, pourquoi tant de sociétés dans le monde appréhendent la santé des êtres qui la composent comme indépendante des lois de la biomédecine ?
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