6/10/2013

Controlling the Body according to Sufi Textbooks (10th-14th centuries)- Eve Feuillebois-Pierunek
The mastery of the body contributes to the struggle against the self and to the spiritual achievement. In the studied works, addressed to a growing population often organized as informal communities or regular orders, asceticism is replaced by a savoir-vivre which sanctifies the deeds of everyday life. The paper studies the rules affecting the satisfaction of elementary needs (food, sleep, cloth), and marriage or celibacy. The sources stress the necessity of an harmony between inner life and external behaviour, although spiritual achievement finally frees the man from voluntary effort.

There is a coincidence between the spiritual status and the daily actions: the Sufi’s public behaviour must match the experiences of his inner life when conversely his most trivial actions impact his inner experience. Failing to follow the established rules generates a stigma of faith. Therefore daily life actions are regulated. Food as most often shared in common among others is at the origin of most texts with no doubt because of its strong social component. Different sorts of asceticism go hand in hand and are mutually supportive: evening-wake or celibacy require a perfectly correct feed. Lastly, passive purification, a gift of God, is considered as superior to active purification since then willingness plays a major role. But the Sufi precisely struggles to wipe out his own willingness in order to receive only God in his inner self. When he reaches this spiritual accomplishment, he becomes, as to the extension of the image of God, free from any earthly pressure. No matter if he mortifies himself or leads a normal life. Whatever he then does, he is in God.
La maîtrise du corps d’après les manuels de soufisme (xe-xive siècles)- Eve Feuillebois-Pierunek
La maîtrise du corps contribue à la lutte contre soi et à la réalisation spirituelle. Dans les ouvrages étudiés destinés à une population croissante et de plus en plus souvent organisée en communauté, les exploits ascétiques sont remplacés par un savoir-vivre qui sanctifie les actes de la vie quotidienne. L'article examine les règles qui régissent la satisfaction des besoins matériels essentiels (nourriture, sommeil, vêtement), ainsi que le mariage et le célibat. Les sources insistent sur la nécessité d'une coïncidence entre l'état intérieur et le comportement extérieur, mais la réalisation spirituelle place finalement l'homme au-dessus de l'effort volontaire.

Il y a coïncidence entre l’état spirituel et les conduites quotidiennes : le comportement public du soufi doit correspondre à ce qu’il vit intérieurement, et inversement ses actes les plus banals influent sur son expérience intérieure. Le moindre manquement aux règles du savoir-vivre engendre donc une tare dans la foi. C’est pourquoi les actes de la vie quotidienne sont réglementés. C’est la nourriture, souvent prise en commun, qui a inspiré le plus grand nombre de textes, sans doute à cause de sa forte dimension sociale. Les différents types d’ascèse vont de pair et s’épaulent mutuellement : la veille ou le célibat ne se conçoivent pas sans une alimentation adaptée. Enfin la purification passive, don de Dieu, est considérée comme supérieure à la purification active où la volonté propre joue un rôle décisif. Or le soufi lutte précisément pour anéantir la volonté propre, afin que Dieu seul veille en lui. Lorsqu’il parvient à la réalisation spirituelle, il devient, à l’image de Dieu, libre de toute contrainte terrestre. Peu importe alors qu’il se mortifie ou mène une vie normale. Quoi qu’il fasse, il est en Dieu.

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