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Humanitarian ideologie 2 - If
humanitarian actions are not exclusively medical, humanitarian medicine
represents its most visible and publicized part. Two simultaneous processes
help the building of humanitarian action reality. Medicalization and
victimization go hand in hand, to the point where we wonder if there are
victims without doctors when watching tv. At the center of this humanitarian solicitude
the injured or in danger of death body rises here. In their work called
"humanitarian medicine", J. Lebas, F.
Veber et G. Brucker, (Flammarion, 1994) officials at Medecins du Monde
emphasize the suffering of groups or individuals established as symbols of a
process of victimization defined like an innocence enclosed in deadly cases. Whether
about political disasters where lack of democracy is assimilated to a disease or
natural cataclysms where on our screens, with a close to obscenity focus, little
girls die crushed by a grip of mud and gravels, all those causes of emotions
are volatile. The child is forgotten as quickly as the event for it is only its
phantom. The child is a drop shadow, evanescent symbol of an innocent and
absurd death. In these episodic scenario, the survival of the body is
established as sole objective with the doctor as its keeper. Death is
undoubtedly absurd and the victim always innocent which leave very little scope
to the notion of responsibility, to commitment in a conflict, to bias, a
register where human freedom also exercise. The person is fundamentally
inadvertent since reduced to a biological body stripped off psyche and
subjectivity. Such individuals converted in victims become passive and
responsible because they are innocent. Thus humanitarian intervention becomes
possible, necessary and justified. Such victimized biological bodies receiving
medical attention on behalf of the duty to assist become then identity
amputated, uprooted from their social context, convictions or affiliations, in
one word of their purpose for living. First they are bodies adapting to
survival, vulnerable individuals in an unknown or worse overshadowed environment.
This victimized bodies managing generate very few propositions to address the
real causes of generating victims disruptions. Humanitarian ideology works
downstream from the causes of the problems, on the symptoms and only on one part
of those (tn. problems) relevant in a forwardlooking with the biological survival
of the bodies as one and only ambition. The inequity of the situation is less
important, in accordance with the humanitarian vulgate, than the necessity, the
need to do something in view to biological survival even when temporary. Stripped
of its connections with reality, the identity of these individuals, that became
objects through humanitarian aid, become once more victim but this time of a
cultural flattening. The worst case, beliefs, practices and values of the
victims are not important. When best, they are dressed up with a globalizing
uniform of victim, which to Baudrillard, is like identity goods of religious,
ethnical or tribal kind as in the good old colonial days. Thus the individual
became subjected to a temporary caring or perhaps better to a symbol object of
folklore and he lost all subscribing, all identity, all reality. He has been
swallowed by humanitarian anthropophagy which kills those it hugs to reduce
them as bodies in survival.
Idéologie humanitaire 2- Si l’action
humanitaire n’est pas exclusivement médicale, la médecine humanitaire constitue
néanmoins sa partie la plus visible et la plus médiatisée. Deux processus
simultanés permettent de construire le sujet de l’action humanitaire.
Médicalisation et victimisation vont ensemble, à tel point qu’on peut se
demander s’il y a des victimes sans médecins, à regarder les écrans de nos
téléviseurs. Au centre de la sollicitude humanitaire se dresse le corps
blessé ou en danger de mort. Dans
un ouvrage, en forme de traité intitulé « médecine humanitaire », J.
Lebas, F. Veber et G. Brucker, (Flammarion, 1994) responsables de Médecins du
Monde portent l’emphase sur la souffrance de groupes ou d’individus
érigés en symboles d’un processus de victimisation qui se définit comme
l’innocence enfermée dans des situations mortifères. Qu’il s’agisse de catastrophes
politiques où le manque de démocratie est assimilé à une maladie ou de
cataclysmes naturels où meurent à l’écran avec une insistance proche de
l’obscénité des petites filles écrasées par un étau de boues et de gravats,
toutes ces causes d’émois sont volatiles. L’enfant est oublié en même temps que
l’événement car il n’est que le fantôme de cet événement. Il n’est qu’une ombre
portée, un symbole évanescent de la mort à la fois innocente et absurde.
Dans
ces scénarios épisodiques, la survie biologique du corps est érigée en objectif
exclusif et le médecin en est le gardien. La mort est nécessairement absurde et
la victime toujours innocente, ce qui réduit singulièrement la notion de
responsabilité, d’engagement dans un conflit, de parti pris, registre où
s’exerce aussi la liberté humaine. Le sujet est fondamentalement inconscient
car il est réduit à son corps biologique, dépouillé de psychisme et de
subjectivité. De tels sujets transformés en victimes sont présentés comme
passifs et irresponsables puisque innocents. L’intervention humanitaire devient
ainsi plausible, nécessaire et justifiée. De tels corps biologiques victimisés et objets de
soins médicaux au nom du devoir d’assistance sont dès lors perçus et montrés
comme amputés de leur identité de sujet, déracinés de leurs contextes sociaux,
de leurs convictions ou appartenances, en un mot de leurs raisons de vivre. Ce
sont d’abord des corps en survie, des êtres précarisés par un environnement qui
est peu expliqué, quand il n’est pas simplement occulté. Cette gestion
des corps victimisés génère peu de propositions pour aborder les causes des
dérèglements générateurs de victimes. L’idéologie humanitaire travaille en aval
des causes du mal, sur les symptômes et sur une partie seulement de ceux-ci qui
sont pertinents dans une optique dont la seule ambition est la survie
biologique des corps. L’injustice d’une situation importe moins, dans la
vulgate humanitaire, que la nécessité, le besoin de faire quelque chose, en vue
de la survie biologique, fut-elle temporaire. Déréalisée, l’identité de
ces sujets devenus objets de l’action humanitaire deviennent encore victimes
mais cette fois d’un aplatissement culturaliste. Au pire, les croyances, les
pratiques, les valeurs de ces victimes n’ont plus aucune importance. Au mieux,
elles sont habillées d’un uniforme globalisé de victime, combinaison, dit
Baudrillard, agrémentée d’une marchandise identitaire gadget, de type
religieux, ethnique ou tribal, comme au bon vieux temps des colonies. Ainsi le
sujet est devenu un objet de sollicitude temporaire, au mieux un symbole folklorisé
où il a perdu toute inscription, toute identité, toute réalité. Le statut de
victime éradique le sujet historique. Il a été avalé par l’anthropophagie
humanitaire qui tue ceux qu’elle étreint et les réduit à des corps en
survie.
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