Humanitarian
ideology 3/end - Thus men are entitled to a universal
and anonymous support, a virtual solidarity through abstractions. The most
notable of all these rights would be the one to biological survival pale avatar
to the 'right' to health which obviously depends on a society skills to manage
social issues the redistribution of wealth. More and more frequently those
people are living in consolidated refugee camps and subjected to therapeutic
obstinacy medical care despoiler of concrete identities of real people. This
virtual human kind of bodies in danger comes across as the growth out of the
western fantasy of eradication of death as it has been exported away from our
societies since the great travellers era and colonization. This impulse
deriving from medical science progress leads to a quest for 'perfect health'
that causes longer life. Applied for oneself this discipline of managing one's
own body is an ongoing prevention that can last a lifetime. Implemented in
different contexts, it is an abstract demand in the form of parody since
socio-economic conditions cause diseases and death. This support seems
suspicious and shortsighted and we can wonder whether it is a management of
poor populations flow, closeting them as in days of 'dangerous classes'. All is
about a virtual feeling for a human kind just as virtual. This aid is about
injured bodies management, first aid techniques that don't have the aim to
permanently improve life but rather to extend a little the life of a mass of
undifferentiated individuals bodies. This non-differentiation, this virtual
reality of others suffering entertainment when non-uninterested does not have
anything to do with knowledge of others nor
human warmth. When relations are replaced by automated actions, human
race goes backward.
Otherness comes out devastated by these various
humanitarian treatment to victims. Because it speaks of undetermined categories
(victims) their identity remains concealed and erased. There could be another
way to put that in perspective since some rescue services require rapid medical
treatment. The difficulty arises when this treatment becomes applied and
applicable to all 'others' in this world because humanitarian ideology
generalizes and radicalizes its accounts and its effects. As it is commendable
to save one's fellow, treating this fellow as a merchandise without human
dignity is questionable. And yet the loss of meaning is hiding behind
humanitarian ideology manners when this ideology becomes a moral ready-to-wear,
debatable in this sense, and a machine that shows the others by denaturing
them. The value of an action is measurable through its effects, as its perverse
impacts, but not through intentions. The decreasing loss of otherness is the
maximum loss of men, that is to say a real loss for human kind. apparently this
major risk is not very well identified and humanitarian debates choose fitted
understatements instead of the so called on-track thinking. Former humanism
assuming the primacy of conscience rather than the biological body is
endangered, as human dignity is, because they consider that one must remain an
human individual until the end instead of an eternal body under treatment.
Finally our own otherness is obviously affected when the other's otherness is
abused. Bernard Hours.
Intégralité du texte en français ici : http://jda.revues.org/3084
Idéologie humanitaire
3/fin - Ainsi les hommes bénéficient d’une sollicitude
universelle et anonyme, d’une solidarité devenue virtuelle à force
d’abstractions. De tous ces droits, le plus éminent serait le droit à la survie
biologique qui n’est qu’un pâle avatar du « droit » à la santé dont
on sait qu’il dépend des capacités d’une société à organiser des politiques
sociales de redistribution des richesses. Ces hommes victimes regroupés de plus
en plus fréquemment dans des camps de réfugiés sont l’objet des soins d’un
acharnement thérapeutique éradicateur des identités concrètes des sujets réels.
Cette humanité virtuelle de corps en danger, objets de droits, se présente
comme l’excroissance du fantasme occidental d’éradication de la mort tel qu’il
a été exporté hors de nos sociétés depuis les grands voyageurs et la
colonisation. Cette pulsion qui résulte largement des progrès de la science
médicale se traduit chez nous par la quête de « la santé parfaite » qui
provoque l’allongement de la vie. Appliquée à soi même c’est une discipline de
gestion de son propre corps, une prévention permanente pour faire durer la vie
biologique. Mise en œuvre dans des contextes différents, c’est une imposition
abstraite, en forme de parodie dès lors que les conditions socio-économiques
provoquent la mortalité et les maladies. Cette sollicitude apparaît donc
suspecte et peu perspicace et l’on peut se demander s’il ne s’agit pas d’abord
de gérer les flux de populations pauvres, de les parquer, comme au temps des
« classes dangereuses ». Il s’agit donc d’un sentiment virtuel à
l’égard d’une humanité tout aussi virtuelle. Parce qu’elle porte sur la gestion
des corps blessés, il s’agit d’un geste de premier secours qui ne vise pas à
améliorer durablement la vie mais simplement à prolonger un peu celle des corps
d’une masse indifférenciée d’individus. Cette indifférenciation, cette réalité
virtuelle de la souffrance d’autrui en spectacle, si elle n’est pas
indifférence n’a rien à voir avec la connaissance d’autrui et la chaleur
humaine. Lorsque les rapports sont remplacés par des gestes automatiques,
l’humanité recule.
L’altérité
sort profondément meurtrie du traitement humanitaire des victimes de toutes
sortes. Parce qu’elle parle de catégories indéterminées (les victimes)
l’identité de celles-ci est occultée et gommée. Cette critique pourrait être
relativisée car il est acceptable que certains types de secours supposent un
traitement rapide. La difficulté surgit dès lors que ce traitement devient
appliqué et applicable à tous les « autres » de la planète parce que
l’idéologie humanitaire généralise et radicalise ses représentations et leurs
effets. S’il est louable de sauver son prochain, il est contestable de traiter
ce prochain comme une marchandise sans dignité humaine. C’est pourtant bien une
perte grave du sens de l’autre qui se cache derrière les pratiques de
l’idéologie humanitaire lorsque celle-ci devient un prêt-à-porter moral,
discutable à ce titre, et une machine à montrer autrui en le dénaturant. La
valeur d’un acte se mesure à ses effets – y compris les effets
pervers – et non aux intentions. Le recul de l’altérité constitue la perte
maximale du sens des pratiques des hommes, c’est-à-dire une vraie perte
d’humanité. Ce risque majeur n’est semble-il pas bien identifié aujourd’hui et
les discours humanitaires préfèrent les litotes conformes à ce qu’il est
convenu d’appeler « pensée unique ». L’humanisme ancien qui postule
du primat de la conscience sur le corps biologique est exposé, tout comme la
dignité humaine qui consiste à demeurer un sujet jusqu’à « la fin »
plutôt que d’être un corps éternel sous perfusion. Finalement, c’est bien
évidemment notre propre altérité qui est touchée lorsque celle des autres est
bafouée.
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