Autochthonous Peoples - Colonization was a political dominance and an economic exploitation
whose brutality is very well known. Against this background, what was the
status of 'indigenous', these peoples, these tribes, these 'ethnic groups' who
were living in the colonies? Colonization demands obedience, does not expect
reciprocity. It is unilateral. It gives almost nothing back of what it took and
pays pensions to veterans only when they almost all disappeared. Indigenous are
not citizens, they are fictive subjects. Commodities by submission rather than
political actors, isolated from civic rights. Birth of 'indigenous people' is
inseparable of the human rights rhetoric and its various sector declinations.
Men, women, children, disabled of all kind, approximately no one can escape the
allocation of such rights so abstract, so virtual, for there is no institution
capable to assure its sustainable implementation. Thus it is more a governance
tool than real protection of real people, here and now. Indigenous peoples,
concept rooted in the dwelling on specific lands, are like people who were
there before, as their lands, animals
and place. Indigenous peoples are different because of the rights they are allocated
after decades, or centuries of humiliation, is it necessary to point it out.
What are their rights and in what capacity ? these rights seem linked to their
presence on ancestral lands providing economic and symbolic goods. On the
nature of those rights, it is large and confused, including the right to
benefit of local resources, (of which biodiversity), to non-stigmatized
cultural practices, to clean hospitals and schools, in short an ersatz of
economic, social and cultural autonomy. There is no discussion of political
autonomy but rather cultural residue alleged to soften former insults, with or
without repentance, with or without public excuses. These rights reincorporate
them in human kind. As it is. But at what cost ? The price of this is that of,
may be exorbitant, an identity for sale on the global market which converts
local social actors in cultural dolls, puppets of a global theatre in which
they have no responsibilities.
By accepting willy nilly to
become indigenous labelled cultural goods, AOC registered designation of
origin, like wines and cheeses, they are only elements of a global business
identity. These specific rights are on the basis for reifying the peoples as
identity commodities for a few royalty payments, marginal, symbolic cost. The
aim of this is the former history laundering. Indigenous peoples with
window-dressing rights will never get their lost dignity back, and certainly
not this identity business will do. Such a long delay in protection turns the
persons concerned into zoo creatures, into protected and worse natural species.
For this is a return to nature, to initial 'bio-naturals', 'half-human'
'half-animal' species as much as their status is based on separation, on the
distance held with a label validated by the provisions under the pretext of
protection, just like for baby seals. It is still about a maintained
guardianship reformulated on behalf of the rights of indigenous peoples. Can
there be a stronger segregation than the one which changes human beings in
ethnic-cultural species in botanic gardens with entrance tickets ? With indigenous people becoming members of a
diversity if not a biodiversity, these creatures of the global planet are now part of the environment. As an
endangered species that has to be protected. Not like men. The various
historical micro-colonizations become more a macro-colonization on behalf of
global rights and standards of which formal intentions do not manage to hide
the dignity deficit that escorts the concept f otherness since the mists of
time. When identity reduces to dream up a future in performances show in
festivals, it is not only problematic, probably in danger, but it publicly
confesses its own commodification. As for deceased's estate, behind the
heritage stand death, individual or cultural, for those who dare to face it. Those
virtual festivals multiply, and after, tomorrow, how heirs of their culture
will produce sustainable shared meaning ? Drowning in virtual is and remains
drowning. Like in rituals with vanished meanings.
Les peuples autochtones - La colonisation
était une domination politique et une exploitation économique dont la
brutalité ne fait aucun doute. Dans ce contexte, quelle était la place des
« indigènes », ces populations, ces « tribus », ces
« ethnies » qui peuplaient les colonies ? La colonisation exige l’obéissance, elle
n’attend pas de réciprocité. Elle est unilatérale. Elle ne rend presque rien de
ce qu’elle prend et paye des retraites à ses anciens combattants tropicaux
lorsqu’ils ont presque tous disparus. Les indigènes ne sont pas des citoyens,
ce sont des fictions de sujets. Des sujets par soumission plutôt que des sujets
politiques, dépourvus de droits civiques. La naissance des « peuples
autochtones » est inséparable de la rhétorique des droits de l’homme avec
leurs multiples déclinaisons sectorielles. Hommes, femmes, enfants, handicapés
de toutes sortes, quelles catégories de personnes échappent à l’attribution de
droits aussi abstraits qu’ils sont virtuels, car aucune instance n’en assure
durablement la mise en œuvre ? Il s’agit donc plus d’un instrument de
gouvernance que de réelle protection de gens réels, ici et maintenant. Les
autochtones, concept enraciné dans la résidence sur une terre, se présentent en
partie comme des aborigènes qui étaient là avant, comme la terre, les arbres,
les animaux, sur un lieu. Les peuples autochtones sont différents par les
droits qui leurs sont attribués, après des décennies, voire des siècles
d’humiliations, faut‑il le souligner. Quels sont donc leurs droits et à quel
titre ? Ces droits semblent arrimés à leur présence ancienne sur un sol
ancestral pourvoyeur de biens économiques et symboliques. Quant à la nature de ces droits elle
est à la fois large et confuse, incluant un droit à bénéficier des ressources
locales (dont la biodiversité), un droit à des pratiques culturelles non
stigmatisées, à des hôpitaux et écoles propres, bref à un ersatz d’autonomie
économique, sociale, culturelle. Il n’est pas question d’autonomie politique
mais plutôt des oripeaux culturels de l’autonomie supposés adoucir les injures
passées, avec ou sans repentance, avec ou sans excuses publiques. Ces droits
les réintègrent donc dans l’humanité. Dont acte. Mais à quel prix ? Le
prix à payer c’est celui, peut‑être exorbitant, d’une vente d’identité sur le
marché global qui transforme des acteurs sociaux locaux en poupées culturelles,
marionnettes d’un théâtre global dans lequel ils n’ont aucune responsabilité.
En acceptant bon gré mal gré de devenir des marchandises
culturelles labellisées autochtones, appellation d’origine contrôlée, comme les
vins et les fromages, ils ne sont que l’un des éléments d’un identité business
global. Leurs fameux droits servent d’abord à les réifier en marchandises
identitaires, moyennant quelques royalties d’un montant mineur, marginal, symbolique.
Il s’agit du blanchiment de l’histoire passée. Les « peuples autochtones »
sont dotés de droits en trompe‑l’œil car rien ne leur rendra la dignité perdue,
et certainement pas ce business identitaire. Une protection aussi tardive
transforme les intéressés en créatures de zoo, en espèces protégées et qui plus
est en espèces naturelles. Car nous sommes bien en présence d’un retour à la
nature et à ces « naturels » initiaux, espèces mi‑humaines mi-animales
tant leur statut repose toujours sur la séparation, la mise à distance
désormais labellisée, validée par les dispositions adaptées sous prétexte de
protection, comme pour des bébés phoques. Il s’agit toujours d’une tutelle
maintenue, reformulée au nom des droits de « l’espèce autochtone ».
Peut‑il y avoir plus forte ségrégation que celle qui transforme les sujets
humains en espèces ethnicoculturelles, en jardins botaniques avec des tickets
d’entrée. Avec l’entrée des « peuples autochtones » dans une diversité
qui ressemble fort à la biodiversité, ces créatures de la planète globale
rentrent dans l’environnement. C’est comme espèce en voie de disparition qu’il
faut les protéger. Pas comme des hommes. Aux micro-colonisations historiques,
diverses, fait place une macro-colonisation au nom de droits et de normes
globales dont les bonnes intentions formelles ne parviennent pas à masquer le
déficit de dignité qui accompagne le traitement de l’altérité depuis la nuit
des temps. Lorsque l’identité se
réduit à s’inventer un avenir dans des performances présentées dans des
festivals, celle‑ci est non seulement problématique, probablement en danger,
mais elle avoue publiquement sa réification. Comme pour la succession des
défunts, derrière les patrimoines apparaît la figure de la mort, individuelle
ou culturelle, pour ceux qui osent la regarder en face. Les festivals virtuels
se multiplient mais après, demain, comment les héritiers de leur culture
produiront-ils du sens durable et partagé ? Se noyer dans le virtuel c’est
toujours se noyer. Comme dans des rites au sens évanoui.
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