Disruptions of international law - On december 10th 2008, sixty years
after the adoption of the Universal Declaration of Human Rights (UDHR), the
United Nations General Assembly adopts the Optional Protocol to the
International Covenant on Economic, Social and Cultural Rights (ICESCR) thus
paving the way for an individual communications procedure for cases of alleged
violation of one of the rights guaranteed by the said Covenant. It had to wait
for the end of the cold war, the emergence of southern countries, the rooting
of UN mechanisms to guaranteeing the human rights, the fall of a wall, the
construction of another one, the recurrence of economic crises, the promotion
then the critic of neo-liberalism, the development of international civil
society, and in the center of this great History, some women and men strength
of conviction and determination in order to at last witness the adoption of the
quasi-judicial mechanism allowing to align the legal framework of social rights
to civil rights granting an individual to refer the matter to an international
committee to establish the violation of one of the ICESCR. In 1987 through a UN
body comes the paradigmatic disruption: Asbjørn Eide, rapporteur for the
Subcommittee on Human Rights related to the rights to adequate food considers
that his works need a discussion on the nature of economic, social and cultural
rights. He calls into question the traditional oppositions between both categories
of rights and claims that all Human Rights involve three levels of obligations
to be borne by States: the obligation to protect, to respect and fulfill.
The
obligation to respect requires that the State shall refrain from undertaking an
action that would violate the individual's integrity or would impinge upon his
freedom of using material available resources to meet his basic needs.
The
obligation to protect requires the State to take measures in order to prevent the violation of basic rights and
freedom for action by other individuals. This includes protection of material
resources when their enjoyment has been affected by other individuals.
The
obligation of fulfill requires the State to take necessary measures to
guarantee the enjoyment of an individual's basic needs if he cannot do this
alone through personal effort.
Thus
the State has double role: any Human Right, civil, politic, economic, social or
cultural entails an negative duty of abstention, of 'to respect', and also a
positive duty of action, 'to protect', 'to fulfill'. In their positive
dimension all Human Rights imply a political, legislative or governmental
intervention and the deployment of resources ensuring their realization. In
their negative dimension, all Human Rights entail the duty of result, whereby
compliance is easily controlled by a judge. Yet at international level, a
number of bodies, exercising quasi-judiciary powers, will show the possibility
of according the justiciability of social rights, and this in both cases, that
is in their negative dimension as well as in both positive dimensions. This
practice will strengthen the conviction of the Committee of Economic, Social
and Cultural Rights, driver and promoter of ICESCR optional Protocol, in other
words the international justiciability of the Rights derived from this
Covenant.
Sophie Grosbon, « Chapitre 1. Les ruptures du droit international », La Revue des droits de l’homme [En
ligne], 1 | 2012, mis en ligne le 30 juin 2012, consulté le 12 mars
2014. URL : http://revdh.revues.org/118
Les ruptures du droit international - Le 10 décembre 2008, soixante
ans jour pour jour après l’adoption de la Déclaration Universelle des Droits de
l’Homme (DUDH), l’Assemblée générale des Nations Unies adopte le Protocole facultatif
se rapportant au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels (PIDESC) ouvrant ainsi la voie à une procédure internationale de communication
individuelle en cas de violation d’un des droits garantis par ledit Pacte. Il
aura donc fallu attendre la fin de la guerre froide, l’émergence des pays du
sud, l’enracinement des procédures onusiennes de garanties des droits de l’Homme,
la chute d’un mur, la construction d’un autre, la récurrence des crises économiques,
l’apologie puis la critique du néolibéralisme, le développement de la société
civile internationale, et au milieu de cette grande Histoire, la force de conviction
et l’acharnement de quelques hommes, de quelques femmes, pour qu’enfin puisse
être adopté le mécanisme quasi-juridictionnel qui devrait permettre d’aligner
le régime juridique des droits sociaux sur celui des droits civils en
permettant à un individu de saisir un Comité international pour faire constater
la violation d’un de ses droits issus du PIDESC. C'est en 1987, par le biais
d’une instance onusienne, que provient la rupture paradigmatique : Asbjørn
Eide, rapporteur à la Sous-Commission des Droits de l’Homme sur le droit à une
alimentation suffisante estime que ces travaux nécessitent une réflexion sur la
nature des droits économiques, sociaux et culturels. Il remet alors en cause
les oppositions traditionnelles entre les deux catégories de droits et affirme
que tous les droits de l’Homme impliquent trois niveaux d’obligations à la
charge des Etats : l’obligation de respecter, de protéger et de réaliser.
L’obligation
de respecter exige que l’Etat s’abstienne d’entreprendre une action qui violerait
l’intégrité de l’individu ou qui empiéterait sur sa liberté, y compris sur sa
liberté d’utiliser les ressources matérielles disponibles pour satisfaire ses
propres besoins fondamentaux.
L’obligation
de protéger requiert de l’Etat qu’il prenne des mesures pour empêcher que les
droits et libertés fondamentales d’un individu soient violés par l’action
d’autres individus. Ceci inclut la protection des ressources matérielles d’un
individu contre d’autres individus qui en entraveraient la jouissance.
L’obligation
de réaliser impose à l’Etat de prendre les mesures nécessaires pour garantir la
satisfaction des besoins fondamentaux d’un individu s’il ne peut y parvenir
seul grâce à un effort personnel.
L’Etat
a donc un double rôle : chaque droit de l’Homme qu’il soit civil, politique,
économique, social ou culturel implique une obligation négative d’abstention, «
de respecter» , mais également une obligation positive d’action, « de protéger»
, « de réaliser ». Dans leur dimension positive, tous les droits de l’Homme
nécessitent une intervention politique, législative ou gouvernementale et le
déploiement de ressources propres à garantir leur réalisation. Dans leur dimension
négative, tous les droits de l’Homme impliquent une obligation de résultat,
dont le respect peut facilement être contrôlé par un juge. Pourtant, au niveau
international, un certain nombre d’organes, en exerçant des compétences
quasi-juridictionnelles, vont témoigner de la possibilité d’accorder une
justiciabilité aux droits sociaux, et ce, non seulement dans leur dimension
négative mais également dans leurs deux dimensions positives (I). Cette
pratique viendra renforcer la conviction du Comité des Droits économiques,
sociaux et culturels, moteur et promoteur du protocole facultatif au PIDESC,
autrement dit de la justiciabilité internationale des droits issus de ce Pacte
(II).
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