Belief and
science - It has become quite common to assert the prominence of knowledge in
contemporary western countries. On the economic front many public representatives
affirm it is the engine of growth, while politicians acknowledge it as an
essential lever for action even if they rarely explore it with as much ambition
as they assert. On the social front, analysts of media report an unprecedented
broadcast within the population, debating the breadth of the disrupted social
patterns to expect, while sociologists believe in the outbreak of a
expert-citizen society, reactivating the 'People's science' former utopia. It
is indeed true that new communication technologies have generated an unprecedented
increase in the flow of knowledge, so much improved its accessibility, and in
many respects revolutionized the ways to broadcast and to use it. Nowadays it
is everywhere and the concept of 'Knowledge Society' encounters a similar
success as ten years ago 'Information Society'. Against this background, what
obscure phenomenon might seem more anachronistic than belief, once we conceive
it as antagonistic for knowledge ? How does it become possible to believe in a
society where information has never before been so large and accessible ? We
recognize the research theme of men of science concerns taking great care of
the acceptance of their work. Bronner focuses on showing how our contemporary
time paradoxically is conductive to beliefs, describing some modification of
the mechanisms that diffuse rumours through the widespread use of Internet.
Information is transmitted almost instantly free from oral proceedings
constraints, allowing to rely on argumentations with cumulative impact
particularly convincing to external eyes. We can find in the abandonment of sectarian
beliefs components that explain how can people accept beliefs refuted by facts
and evidences : instead of conceiving a system (of which incoherence out of
line with reality would necessarily appear), people apportion the facts in a
range of independent proposals each based on personal experiences (viewing
their emotions as substantive evidence). Men of Science think about increasing
difficulties (or at least felt this way) to make their voices with people with
no prior knowledge and some researchers condemn creationist determination in
France and the United States. The doctor A. Grimfeld suggests a number of
strategies to improve the broadcast of medical scientific information, one is
to create a system of labelling health dedicated websites while Michel de Pracontal, scientific journalist looks at
his profession responsibilities in the evolution of some scientific controversies
through examples like the dispute of climate change and the harmlessness of
GMO's.
What leads people to believe in distorting stories ? Three crucial
elements have an influential role : trust, evidence and belief. Trust is based
upon a customary cognitive framework, through images more likely provocative
combined to a simple vocabulary easily recognizable, a body of knowledge,
standards and values referred to, which serves as examination of issues and
introduces the 'evidence'. To definitive acceptance after finalization, factual
denials of the contrary of the first statement alone is enough to show the
evidence, to make believe. Doubts generated by contradictions stored in the
memory can stall the level of certainty established by direct evidence but are
very much likely to be eclipsed by trust. Thus belief is a combination of this
trust and evidence. All this to say if scientists fail to find audible communication
to all, mass media will carry out, as they already do, information broadcast
margin knowledge, which can be used for less scrupulous purposes.
Maël Dieudonné, « « Croyance et connaissance », Raison présente, n°188 », Lectures [En
ligne], Les comptes rendus, 2014, mis en ligne le 11 mars 2014, consulté le 19
mars 2014. URL : http://lectures.revues.org/13902
Il est devenu courant d'affirmer la prééminence de la
connaissance dans les sociétés occidentales contemporaines. Sur le plan
économique, nombre d'experts publics la présentent comme le moteur de la
croissance future, tandis qu'hommes et femmes politiques la reconnaissent comme
un levier d'action essentiel quoiqu'ils l'exploitent rarement avec autant
d'ambition qu'ils l'affirment. Sur le plan social, les analystes médiatiques
soulignent sa diffusion inédite au sein de la population, débattant de
l'ampleur des bouleversements sociaux qu'il faut en attendre, tandis que des
sociologues croient observer l'apparition d'une société de citoyens-experts,
réactivant la vieille utopie de la science populaire. Il est certes vrai que
les nouvelles technologies de communication ont entraîné une accélération sans
précédent de la circulation de la connaissance, amélioré de beaucoup son
accessibilité, et à de nombreux égards révolutionné les manières de la produire
et de l'utiliser. On peut désormais la reconnaître partout, et la notion de
« société de la connaissance » rencontre un succès similaire à celui
dont avait bénéficié, une décennie avant elle, celle de « société de
l'information ». Dans un tel contexte, quel phénomène pourrait
paraître plus anachronique que la croyance, dès lors qu'on la conçoit comme
antagoniste à la connaissance ? Comment est-il possible de croire dans une
société où l'information n'a jamais été si nombreuse et si accessible ? On
aura reconnu le thème de recherche sur les préoccupations d'hommes de sciences
soucieux de la réception de leurs travaux. Bronner s'attache à montrer comment
l'époque actuelle est paradoxalement très propice à la croyance, en décrivant
certaines modifications apportées aux mécanismes de diffusion des rumeurs par
la généralisation du recours à Internet. Les informations se propagent
désormais quasi-instantanément, affranchies des contraintes de l'oralité, en
leur permettant de s'appuyer sur des argumentations cumulatives
particulièrement convaincantes aux yeux des profanes. On trouve dans l'abandon
de croyances sectaires des éléments pour expliquer comment des individus
peuvent maintenir leur adhésion à des croyances réfutées par les faits : c'est
qu'au lieu de les considérer comme un système (dont l'incohérence et
l'inadéquation avec la réalité leur apparaîtrait nécessairement), ils les
morcellent en une série de propositions indépendantes et appuyées chacune sur
leur expérience personnelle (percevant leurs émotions comme des preuves
incontestables). Les hommes de science s'interrogent sur leurs
difficultés croissantes (ou ressenties comme telles) à se faire entendre des profanes,
et certains chercheurs dénoncent ainsi les menées créationnistes en France et aux
États-Unis. Le médecin Alain Grimfeld propose différentes stratégies pour
améliorer l'information scientifique en matière médicale comme un système de
labellisation des sites Internet consacrés à la santé, tandis que Michel de
Pracontal, journaliste scientifique, s'interroge sur la responsabilité de sa
profession dans le développement de certaines controverses scientifiques à
travers les exemples de la contestation de la réalité du changement climatique
et de l'innocuité des OGM.
Qu'est-ce qui conduit les individus à accepter des
croyances invraisemblables ? Trois éléments déterminants influent : la
confiance, la preuve et la croyance. La confiance se base sur un cadre cognitif
habituel, au moyen d'images plus ou
moins provocatrices et d'un vocabulaire facile aisément reconnaissable, un
ensemble de connaissances, normes et valeurs auquel on se réfère, qui sert de
mise en perspective et annonce la preuve. Pour la finalisation de l'acceptation
de cette dernière, un démenti factuel du contraire de la proposition suffit en
règle générale à faire admettre, à faire croire. Les doutes générés par les
contradictions stockés dans la mémoire peuvent faire vaciller l'état de
certitude établi par la preuve ; ainsi la croyance est l'amalgame de cette
confiance et de la preuve. Autant dire que si les scientifiques ne réussissent
pas à trouver une communication audible, les média se chargeront, ce qu'ils
font déjà, de transmettre des informations, à la marge de la connaissance,
pouvant servir des desseins plus ou moins scrupuleux.
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