Shamanism and social
transformation in Tuva
This article presents the
ethnography of two types of shamanisms that structure, together, today’s
shamanic landscape in post-Soviet Russia. The first type, represented here by
the South-Siberian shamanism of the Tuvans, takes a pride in its local
dimension and looks forward to the (utopian) return to past traditions, after
the decades of antireligious policies in the USSR. The second type mixes
decontextualized and heterogeneous references conveyed by spiritual movements
originating from the West, such as the international Foundation for Shamanic
Studies (FSS).
After the sudden disappearence
of soviet communist speech, Tuva people found themselves in a situation we
could call cultural decolonization with the urgent task to rebuild a national
ideology. In Kyzyl, the number of shamans has incredibly increased, all
recognize this fact even shamans themselves. The abrupt shamanic inflation of
these last years inevitably involves
the problem of legitimacy. In the past, the group (the camp aal) decided it someone with a shamanic
disease could or not become shaman and provided the shaman all his/her
attributes, from the costume on to the drum. It is nowadays very
different : in the city there is no community with solidarity ties strong
enough to decide agreed together of choosing a shaman. The Tos-Deer society was
chaired by the popular and feared shaman and Aj-Čürek, her follower Kenin-Lopsan
« doctor in History » title conferred by Leningrad university and
« Living treasure of Shamanism »conferred in 1994 by the Foundation
for Shamanic Studies (FSS). An old Tuva proverb says : »When we don’t
have anything to eat any more, we make a shaman ». We can summarise the
representation of the real shaman saying that he lives in a remote place as a
nomadic camp, he strictly follows the ritual rules as the burning of juniper,
he did not experience the influence of Buddhism, he has gifts of clairvoyance
and a powerful prestige all qualities drawn from social life. In Erzin, Kim
Ondum gives evidence of his shamanic gift by the positive result of an MRI on
his brain carried out in Europe. This last is a method of legitimization of
individualistic kind based on personal talent. Summary of an article from Charles
Stépanoff.
Chamanisme et transformation
sociale à Touva
L’article propose l’ethnographie
de deux types de chamanisme qui structurent aujourd’hui le paysage chamanique
en Russie. Le premier type, représenté ici par le chamanisme des Touvas de la
Sibérie du Sud, valorise sa dimension locale et chérit l’utopie du retour aux
traditions du passé après les décennies de politiques antireligieuses en URSS.
Le second type synthétise les références décontextualisées et hétérogènes,
véhiculées par les mouvements spirituels d’origine occidentale, tels que
l’organisation internationale Foundation for Shamanic Studies (FSS).
Après la disparition brutale du
discours communiste soviétique, les Touvas se sont trouvés dans une situation
qu’on pourrait qualifier de décolonisation culturelle, de reconstruire une idéologie nationale. Le nombre de chamanes à Kyzyl est devenu
considérable, tout le monde le reconnaît, y compris les chamanes eux-mêmes. L’inflation
chamanique brutale de ces dernières années pose inévitablement le problème de
la légitimité. Autrefois, c’est le groupe (le campement aal) qui décidait si
tel individu frappé par une maladie chamanique pouvait ou non devenir chamane
et fournissait au chamane ses attributs, du costume au tambour. La situation
n’est plus la même aujourd’hui : il n’y a pas en ville de communauté ayant des
liens de solidarité suffisamment forts pour décider d’un commun accord de se
munir d’un chamane. La société Tos-Deer est présidée par l’une des plus
fameuses chamanes de Touva, la redoutée Aj-Čürek et Kenin-Lopsan « docteur en
histoire », titre qui lui a été conféré par l’université de Léningrad et celui
de « Trésor vivant du chamanisme » dont l’a honoré en 1994 le Fonds américain
pour les études chamaniques. Un proverbe touva dit : « Quand on n’a plus à
manger, on se fait chamane. » On peut résumer la représentation du vrai chamane
en disant qu’il vit très reculé dans un campement de nomades (par exemple en
Mongolie), qu’il respecte scrupuleusement les règles rituelles comme celle de
la combustion du genévrier, qu’il n’a subi aucune influence du bouddhisme,
qu’il possède des dons d’extra-lucidité, et que de lui émane un puissant prestige
immédiatement reconnaissable, des qualités puisées dans le social. Kim Ondum à
Erzin donne les preuves de son don chamanique
par le résultat positif d’un test I.R.M. effectué en Europe sur son cerveau. Le
test aurait prouvé scientifiquement ses particularités et son don. C’est un
mode de légitimation de type individualiste fondé sur le talent personnel.
Résumé d’un article de Charles Stépanoff
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