Toraja village |
A Cognitive Theory
of Culture. An Evolutionistic Alternative to Sociobiology and Collective
Selection. – Sociobiological theories postulate norms as functional units in
natural and cultural selection. However they overlook how norms are represented
in the mind and how they influence behavior. Lacking contents or reliable
limits, norms cannot be replicated so as to satisfy Darwinian selection
criteria. For this reason, the idea is rather meaningless that a set of norms
governing a society, or its “world-view”, might have advantages from a
Darwinian viewpoint for all of a culture. A “garden experience” in the Mayan
lowlands illustrates the advantages of adopting a different approach to
evolution, namely cultural epidemiology, in order to analyze the causes of the
formation and development of societies. This epidemiological approach takes
into full consideration the distributions and variations of ideas and
behaviors. It sees disagreement among persons as a signal, not as noise or
deviance. Like the Darwinian species, a culture does not have an existence
beyond the individuals and ecological contexts forming it. But in this context,
the very existence of soul, spirit, creativity would be a restricted function
of evolution, a statement that erases all forms of awareness to the world
around us.
Let’s listen to
music : many ethnomusicologists have come to share the view of John
Blacking that to analyze music is to describe “sequences of different kinds of
creative act.” Such sequences are composed of responses that follow from one or
another performer's recognition of a cluster of distinctive features. Patterns
of more than one kind must be coordinated in any series of acts that is
intended to produce music (in the broad sense of the term). An inventory,
however incomplete, of types of coordination that were in some sense possible
provides a basis for estimating at least some values of the choices that have
been made in a given performance, to the extent that these values were created
by rejection of the other options. The same point holds for inventories of
distinctive features, of vocal and instrumental habits, and of models used in
composition and performance. The music of the Toraja (Sulawesi, Indonesia) is
exclusively performed for religious ceremonies. Major ceremonies are arranged
on a ritual scale with a dynamics described through the words of important
songs: the reversal, equilibrium, gradual order and cycle are the four
principles underlying the relation between the “Setting” and “Rising Sun”
(funeral and fertility) rites. The music associated with this ritual scale
divides into two major groupings of repertoires performed for ancestors,
divinities and the living. Certain of these musical forms are brought together
under a polysemous root, bali, which figures in a variety of words with their
associated concepts. Exploring this term by studying sound forms, performances
and the texts of songs brings to light a precise system of differences and
likeness that refers to various sorts of dualism. It also brings to light a
logic of reciprocity and inversion that helps explain the relations between
certain ceremonies.
Les théories
sociobiologiques postulent des normes comme unités fonctionnelles de la
sélection naturelle et culturelle. Mais ces théories ignorent la façon dont
elles sont représentées dans l’esprit et comment elles influent sur les
comportements. Faute de contenu ou de limites fiables, elles ne peuvent se
répliquer de manière telle qu’elles satisfassent la sélection darwinienne.
Aussi la notion d’un ensemble de normes régissant une société, ou sa « vision
du monde », et qui posséderait des avantages d’un point de vue darwinien pour
une culture tout entière, n’a guère de sens. Une « expérience de jardin » menée
dans les Basses Terres maya illustre les avantages qu’il y a à adopter une
approche évolutionniste différente, l’épidémiologie culturelle, si l’on veut
procéder à l’analyse causale de la formation et du développement des sociétés.
Cette perspective épidémiologique considère les distributions et variations
d’idées et de comportements comme un objet d’étude à part entière, elle
envisage le désaccord entre personnes comme un signal et non comme bruit ou
déviance. À l’instar de l’espèce darwinienne, une culture n’a pas d’existence
au-delà des individus et des contextes écologiques qui la constituent. Mais
dans ce contexte, l’existence même de l’âme, de l’esprit, de la créativité se
trouve restreinte à sa fonction d’évolution, une affirmation qui efface toute
forme de sensibilisation existante au monde qui nous entoure.
Ecoutons un peu de
musique : de nombreux ethnomusicologues en sont venus à partager l'idée de
John Blacking que l'analyse de la musique correspond à la description de «
séquences de différents types d'actes créatifs ». Les séquences sont composées
de réactions découlant de la reconnaissance par le musicien d'un groupe de
traits caractéristiques. Dans toute série d'actes dont l'objectif est de
produire de la musique (au sens large du terme), des structures de natures
différentes doivent être coordonnées. L'inventaire, même incomplet, des types
de coordination possibles fournit une base de données permettant d'analyser au
moins une partie des critères régissant les choix effectués pour une
interprétation musicale donnée, dans la mesure où ces critères ont été créés
par rejet d'autres options. Ceci vaut également pour les inventaires des traits
caractéristiques des habitudes vocales et instrumentales, et des modèles
utilisés pour la composition et l'interprétation. La musique des Toraja de
Sulawesi en Indonésie est exclusivement rituelle. Elle a donc lieu à l’occasion
de grands rituels, ordonnés selon une échelle et une dynamique décrites
notamment dans les paroles des grands chants : le retournement, l’équilibre,
l’ordre graduel et le cycle constituent quatre des principes fondant le rapport
entre les rites du Couchant (funérailles) et les rites du Levant (prospérité,
fécondité). Associée à l’échelle rituelle, la musique est partagée en deux
grandes familles de répertoires musicaux qui regroupent des formes d’expression
chantées par les humains pour les ancêtres défunts, les vivants et les
divinités, et dont certains sont unis par un mot – bali – racine polysémique à
l’origine d’une variété de concepts. L’exploration de ce terme, par l’étude
conjointe des paroles des chants, des formes sonores et des performances, met
au jour un système précis d’oppositions et d’homologies révélant différents
types de dualismes, dont il ressort une logique de réciprocité et d’inversion
éclairant le lien entre certains rituels. / Résumé de plusieurs articles, Scott
Atran, Stephen Blum et Dana Rappoport.
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