Like Renaissance poetics, contemporary
theories of fiction do favour a conception of mimesis based on likelihood. In
order to underscore the benefits of fiction, in terms of cognition or ethics,
both ancient and present-day authors usually identify imitation (however this
is understood) as a kind of rationality.
The aim of this article is to question the
status of contradictions and impossibilities, first in current theories of
fiction (J-M Schaeffer, M.-L. Ryan, L. Doležel), then in two sixteenth century
comments of Aristotle (by L. Castelvetro and F. Patrizi). In the following
steps, forms and functions of the impossible are studied in three narratives of
the Renaissance. The main hypothesis here is the following: in Renaissance
fiction, paradoxes allow to conceive non-existing objects in the line of
scholastic philosophy and in relationship with religious issues, seriously or
mockingly envisioned. Consequently, paradoxes, being inherently reflexive,
provide Renaissance fiction with auto-reference. Then as nowadays, the
conception of fiction is displayed in very different ways in theories and
narratives. The philosophical reflection on
non-existence is an issue that has been tackled at the very start of philosophy
and constitutes since the publication in 1905 of Russell’s “On Denoting” one of the
most thorny and heated debates in analytic philosophy. However the fierce
debates on the semantics of proper names and definite descriptions which took
off after the publication of Strawson’s ‘On
Referring’ in 1950did
not trigger a systematic study of the semantics of fiction. In fact, the
systematic development of a link that articulates the approaches to fiction of
logic; philosophy and literature had to wait until the work of John Woods, who
published in 1974 the book Logic of Fiction: A Philosophical Sounding of Deviant Logic.
One of the most exciting challenges of Woods’ book relates to the interaction
between the internalist or inside-the-story (mainly pragmatist) and externalist
or outside-the-story (mainly semantic) points of view. For that purpose Woods
formulated as first a fictionality operator to be read as “according to the
story …” in relation to the logical scope of which issues on internalism and
externalism could be studied. The discussions on fiction that followed Woods’
book not only seem not to fade away but even give rise to new and vigorous
research impulses. Relevant fact for our paper is that in the phenomenological
tradition too, the study of fiction has a central role to play. Indeed, one of
the most controversial issues in intentionality is the problem of the
existence-independence; i.e. the purported fact
that intentional acts need not be directed at any existent object. Influenced
by the work of the prominent student of Husserl, Roman Ingarden (1893-1970),
Amie Thomasson develops the phenomenological concept of ontological dependence
in order to explain how we can perform inter- and transfictional-reference
- for example in the context of literary interpretation. The main claim of
this paper is that a bi-dimensional multimodal reconstruction of
Thomasson’s-Ingarden’s theory on fictional characters which takes seriously the
fact that fictions are creations opens the door to the articulation between the
internalist and the externalist approaches. We will motivate some changes on
the artifactual approach – including an appropriate semantics for the
fictionality operator that, we hope, will awaken the interest of theoreticians
of literature. The paper could be also seen as an overview of how different
concepts of intentionality might yield different formal semantics for
fictionality. We will provide a dialogical framework that is a modal extension
of a certain proof system developed by Matthieu Fontaine and Juan Redmond. The
dialogical framework develops the inferential counterpart to the the
bi-dimensional semantics introduced by Rahman and Tulenheimo in a recent paper.
Les théories contemporaines de la fiction, comme
les poétiques de la Renaissance, privilégient une conception de la mimesis fondée sur la vraisemblance : la
démonstration du profit cognitif et moral de la fiction passe toujours par une
définition de l’imitation (de quelque façon qu’on la définisse) fondée sur la
rationalité. L’auteur de cet article examine tout d’abord le statut des
contradictions et de l’impossible chez quelques théoriciens actuels
(principalement J.-M. Schaeffer, M.-L. Ryan, L. Doležel) et poéticiens du 16esiècle
(L. Castelvetro et F. Patrizi). Sont ensuite étudiées la forme et la fonction
que prend l’impossible dans trois fictions narratives de la Renaissance.
L’hypothèse majeure qui est défendue est que ces paradoxes permettent de penser
le non-existant, dans la continuité de la scolastique médiévale et en relation
avec une problématique religieuse, sérieuse ou parodique. Par là même, et en
raison de leur auto-référentialité constitutive, les paradoxes inscrivent dans
la fiction une réflexion sur elle-même qui n’a rien d’une apologie. La pensée
de la fiction s’articule en définitive de façon bien différente dans les
théories et dans les fictions elles-mêmes. La réflexion philosophique sur la
non-existence est une thématique qui a été abordée au commencement même de la
philosophie et qui suscite, depuis la publication en 1905 de « On Denoting » par
Russell, les plus vifs débats en philosophie analytique. Cependant, le débat
féroce sur la sémantique des noms propres et des descriptions définies qui
surgirent suite à la publication du « On
Referring » par Strawson en 1950 n’engagea pas d’étude
systématique de la sémantique des fictions. En fait, le développement
systématique d’un lien qui articule approches logiques, philosophiques et
littéraires de la fiction devait attendre les travaux de John Woods publiés en
1974 dans son livre The Logic of Fiction : A
Philosophical Sounding of Deviant Logic. Un des enjeux les plus
excitants du livre de Woods se situe au niveau de l’interaction entre les
points de vue internalistes ou interne-à-l’histoire (principalement
pragmatiques) et les points de vue externalistes ou externe-à-la-fiction
(principalement sémantiques). Sur ce point, Woods fut le premier à formuler une
sémantique pour l’opérateur de fiction à lire comme « selon
l’histoire… » en relation à la notion logique de portée, ce qui permettait
l’étude de l’internalisme et de l’externalisme. Suite au livre de Woods, loin
de s’essouffler, les débats trouvaient une nouvelle impulsion. Le fait
pertinent pour notre article est que la tradition phénoménologique également,
l’étude de la fiction a joué un rôle central. En effet, l’une des
problématiques les plus sujettes à controverses dans l’intentionnalité est
celle de l’indépendance à l’existence, c’est-à-dire le fait que les actes
intentionnels n’ont pas besoin d’être forcément dirigés vers un objet existant.
Influencée par les travaux de Roman Ingarden (1893-1970), l’un des plus
importants disciples de Husserl, Amie L. Thomasson développe le concept
phénoménologique de dépendance ontologique en vue d’expliquer les processus de
références inter- et transfictionnels – dans le contexte de
l’interprétation littéraire par exemple. L’enjeu essentiel de cet article est
de proposer une reconstruction multimodale bi-dimensionnelle de la théorie des
personnages fictionnels de Ingarden-Thomasson. Cette théorie qui entend prendre
au sérieux le fait que les fictions sont des créations montre la voie pour une
articulation entre les approches internalistes et externalistes. Nous motivons
certains changements quant à l’approche artéfactuelle - incluant une sémantique
appropriée pour l’opérateur de fictionalité qui, nous l’espérons, éveillera
l’intérêt des théoriciens de la littérature. L’article est à d’autres égards un
panorama de la façon dont différents concepts d’intentionnalité pourraient
fonder différentes sémantiques formelles pour la fictionalité. Nous proposerons
enfin un cadre dialogique qui est une extension modale d’un certain système de
preuve développé par Matthieu Fontaine et Juan Redmond. Le cadre dialogique
développe la contrepartie inférentielle de la sémantique bi-dimensionnelle
introduite par Shahid Rahman et Tero Tulenheimo dans un article récent.
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