Jurists redefine the objects given by the world in
order to insert them in their own universe. This operation of legal definition
requires a detachment between the original object and its juridical double
which is intelligible within that system but has little to do with the nature
of the object itself. Particularly as the same object is open to several
definitions, depending on the branch of law in which it is included. Thus, an
animal, although it may be a personal estate according to the civil law, could
become converted into a real estate from the perspective of fiscal law, while
penal law or environmental law would recognize its sensitivity. The doctrine is
closely linked to the variety of disciplines. It underlines this trend to the
extent that the same judicial decision can be approved according to the logic
and the criteria of one discipline whereas it will be rejected by another.
These differences, authorized by the flexibility of the juridical system, lead
to a crisis of categories when they become too considerable. The human genome,
both a natural product and a technical produce, clearly illustrates the
difficulties of the juridical definition of objects. The process, which
dissociates the objects from their reality, only gets rid of this reality with
difficulty when it is constituted by nature in the most common sense of the
term. The « symbolic » definition of the genome recently given by
UNESCO – the « common patrimony of humanity » – clearly reveals the
intricate patterns of a juridical construction of natural entities which
permits avoiding the traps of naturalism as well as those of artificialism.
Given that Hegel defends some form of a
« rational self-determination » model of autonomy, the question is
why Hegel identifies the exercise of practical rationality with participation
in the institutions of modern ethical life. His position has been controversial
because part of his answer is that these institutions correspond to « the
logical determinations of the Idea », but this constitutes only objective
rationality and there is little consensus about what he identifies as the
subjective side of practical rationality; reasons « for me ». The
argument here is that what Hegel wants to say about this subjective rationality
can be illuminated by attention to the « internalism » requirement in
modern theories of moral motivation, and that such considerations are
especially important in understanding Hegel’s claims about actual (wirklich) or « effective »
freedom. Hegel’s theory of contract, rarely studied for its
own sake, constitutes a decisive element in the construction of the objective
spirit. It is the contract which establishes, by introducing the fertile
dimension of recognition, the positive function of « abstract right »,
not in spite, but because of its abstraction. Due to contractual relation,
right can become the true infrastructure of civil society, of which it
determines the proper functioning. This truly social function of right throws a
new light on Hegel’s criticism of the contract theories which are dominant in
modem political theory.
Les objets donnés par le monde sont retravaillés par les juristes
pour s’insérer dans leur univers. Cette opération dite de qualification repose
sur une mise à distance entre l’objet originaire et son double juridique,
cohérent au regard du système, sans grand lien avec la nature de l’objet.
D’autant que le même objet est susceptible de plusieurs qualifications, selon
la branche du droit dans laquelle il est inséré. Ainsi, un animal, bien meuble
au regard du droit civil, pourra faire l’objet d’une immobilisation au sens du
droit fiscal, et le droit pénal ou le droit de l’environnement reconnaîtront sa
qualité d’être sensible. La doctrine, très attachée aux diverses disciplines,
accentue cette tendance, au point qu’une même décision de justice peut être
approuvée selon la logique et les critères d’une discipline tandis qu’elle sera
récusée par une autre. Ces différences, autorisées par la souplesse du système
juridique, aboutissent à une crise des catégories lorsqu’elles deviennent trop
importantes. Le génome humain, à la fois œuvre de la nature et
production technique, illustre clairement les difficultés de la qualification
juridique des objets, procédé qui, tout en décollant du réel, s’en défait avec
peine lorsque ce socle est constitué par la nature au sens le plus commun du
terme. La qualification « symbolique » récente qui en a été donnée
par l’Unesco, celle de « patrimoine commun de l’humanité », révèle bien,
avec ses mérites et ses défauts, les méandres d’une construction juridique des
entités naturelles qui permette d’éviter à la fois les pièges du naturalisme et
ceux de l’artificialisme.
Compte tenu du fait que Hegel défend une forme
d’« autodétermination rationnelle » comme modèle d’autonomie, la
question se pose de savoir pourquoi il identifie l’exercice de la rationalité
pratique à la participation aux institutions de la vie éthique moderne. Sa
position fut sujette à controverses parce que sa réponse consiste en partie à
dire que ces institutions correspondent aux « déterminations logiques de
l’Idée », mais ceci ne constitue que la rationalité objective, et il y a
peu d’accord parmi les interprètes sur ce qu’il identifie comme le côté
subjectif de la rationalité pratique : des raisons « pour moi ».
L’argument développé dans cet article est que ce que Hegel veut dire sur cette
rationalité subjective peut devenir beaucoup plus lumineux lorsqu’on prête
attention au réquisit d’« internalisme » des théories modernes de la
motivation morale, et que de telles considérations sont spécialement
importantes pour comprendre les affirmations de Hegel sur la liberté
« actuelle » ou « effective » (wirklich). Peu étudiée pour
elle-même, la théorie hégélienne du contrat est une pièce décisive de
l’architecture de l’esprit objectif. C’est le contrat qui établit, en y
introduisant la dimension fructueuse de la reconnaissance, la fonction positive
qui revient au « droit abstrait » non pas malgré, mais en raison de
son abstraction. Grâce au rapport contractuel, le droit peut apparaître comme
la véritable infrastructure de la « société civile », dont il
conditionne le bon fonctionnement. Cette fonction proprement sociale du droit
éclaire d’un jour nouveau la critique bien connue adressée par Hegel au
contractualisme, courant dominant de la philosophie politique moderne.
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