This paper
focuses on the development and the dissemination of Ciceronianism in Italy in
the first half of the fifteenth century, not as much as a doctrine than as a
characteristic pratice of writing, evidenced through the many humanists
orationes that are preserved. The empirical study of the emergence of the
so-called « classicist » oratory is a remarkably significant area of
investigation, in order to analyze the expansion of the cultural model of the
studia humanitatis. It was indeed both a trivialized tool of social distinction
and a vector of institutional and ideological penetration. Three main research
tracks are proposed. The first is the creation and the circulation of a common
repertory through the multitude of manuscript compilations, generally referred
to as « humanistic miscellanies », which normalized practice through
practicing. The second is the concrete shaping of an oratorial matrix « in
the manner of Cicero ». It can be generally described (stylistic effects
and argumentative processes), while measuring the gap created between this
matrix and the medieval traditions of Latin rhetoric. The third is the movement
of infiltration of ciceronian practice into a variety of rhetorical spheres
(such as preaching, diplomatic epistolography or academic ritual) by a more or
less successful formal acclimatization. This infiltration also tended to
introduce some topical constructions, that produced « common places »
between socio-political institutions and humanistic culture. Two manuscripts are
inventoried in the annex : the manuscript of Venice, Biblioteca Marciana,
Lat. XI. 101 (3939) and the manuscript of the Vatican City, Biblioteca
Apostolica Vaticana, Ottob. Lat. 3021. We also analyze a precise field
of social life, the dance in the Italian Quattrocento,based on the references that are the first formal dance
treatises (1445-1455). Choreographic art is there defined in its symbolic
autonomy and we discover how the principles of Western dance were laid down. We
present the analysis of the choreographic discourse drawn up in these
treatises so as to set out its internal logic and recurrent principles,
specific to the "techniques of the body" that is formal dancing, by
underscoring how formal analysis is an heuristical approach in anthropology of
art. In addition, we set out the hypothesis that a style of postures and
gestures is a vehicle for meaning and a proof of the acquiring of a corporal
habitus. In focussing on formal analysis and the underlying representations of
social practice, we show precisely how this form of expression, in a given
culture, in a given period, defines a science of know-how of the Quattrocento man,
where what is at stake in society is reflected.
Through an
analysis of the countless publications and exhibitions, both in Italy and
elsewhere, dedicated to the Fra Angelico, this essay offers a survey of recent
studies on the Dominican artist. The art of Fra Angelo, who was a pivotal
figure in the shift from medieval to Renaissance, a Thomistic theologian who
was at the same time an early interpreter of Albertian humanism, offers fertile
ground for a plethora of research topics : questions of iconology and
exegesis, related, for example to the complex scriptural and figurative structure
of the Armadio degli Argenti ; studies on the visual sources of the artist’s
synthesis of late-gothic refinement, the innovations of the Renaissance and
emulation of the Giottesque model ; enquiries into his stylistic
characteristics in order to update his catalogue of works and their chronology
(as during the exhibitions in New York in 2005 and Rome in 2009), including the
use of diagnostic technology such as infrared reflectography (for example,
during restorations, most recently of the Tabernacle of the Linen
Drapers) ; research on his production of drawings
and miniatures ; and investigations into the resources provided by
archival and other documents that throw light onto his activities in both
Florence and Rome. Future studies on Fra Angelico will have to avoid the
pitfalls of hyper-specialization by bringing together historical, formal, and
iconographic elements in a well-informed, holistic approach, perfectly in
harmony with the “density” of Fra Angelico’s painting.
Quattrocento :
légitimité de l'expression de la culture chrétienne dans les formes de la
rhétorique païenne
La présente
contribution s’intéresse à l’élaboration et à la diffusion du cicéronianisme
dans l’Italie de la première moitié du XVe siècle, entendu non sous ses aspects
doctrinaux mais en tant que pratique d’écriture caractéristique, matérialisée à
travers les très nombreuses orationes humanistes conservées. L’étude
empirique de l’émergence d’un art oratoire dit « classicisant »
constitue un espace d’enquête remarquablement significatif pour analyser
l’expansion du modèle culturel des studia humanitatis, en tant qu’il fut à la fois un outil de distinction sociale
banalisé et un vecteur de pénétration idéologique et institutionnelle. Trois
perspectives principales de recherche sont proposées : d’abord, la
constitution et la circulation d’un répertoire commun à travers la multitude
des compilations manuscrites généralement désignées comme des « mélanges
humanistes », qui normalisèrent la pratique par la pratique ; ensuite,
la formalisation concrète d’une matrice oratoire « à la manière de
Cicéron » dont on peut dégager la physionomie d’ensemble (effets
stylistiques et procédés argumentatifs) tout en mesurant l’écart créé vis-à-vis
des traditions alors dominantes de la rhétorique latine ; enfin, les
dynamiques d’infiltration de cette pratique dans diverses sphères d’exercice de
la parole publique (telles que la prédication, l’épistolographie diplomatique
ou la ritualité universitaire) par le biais d’acclimatations formelles plus ou
moins abouties et de constructions topiques productrices de « lieux
communs » entre institutions socio-politiques et culture humaniste. Deux
manuscrits sont inventoriés en annexe : le manuscrit de Venise, Biblioteca
Marciana, Lat. XI. 101 (3939) et le manuscrit de la Cité du Vatican, Biblioteca
Apostolica Vaticana, Ottob. Lat. 3021. Nous analysons également
un domaine précis de la vie sociale, la danse au Quattrocentoitalien, à partir des références que constituent les premiers
traités de danse savante (1445-1455). L’art chorégraphique y est défini dans
son autonomie symbolique et nous découvrons l’élaboration des principes de la
danse occidentale. Nous présentons l’analyse du discours chorégraphique élaboré
dans ces traités afin d’en dégager la logique interne et les principes
récurrents, spécifiques de la « technique du corps » que représente
la danse savante, en soulignant en quoi l’analyse formelle constitue une voie
heuristique en anthropologie de l’art. Par ailleurs, nous posons l’hypothèse
qu’un style posturo-gestuel véhicule un sens et témoigne de l’acquisition d’un
habitus corporel. En mettant en perspective l’analyse formelle et les
représentations sous-jacentes à la pratique sociale, nous précisons en quoi
cette forme d’expression, d’une culture donnée, à une période donnée, définit
une science du savoir-faire de l’homme duQuattrocento où
viennent se réfracter les enjeux sociaux.
Cet essai
dresse un bilan des études récentes sur Fra Angelico, à travers l’analyse de la
remarquable floraison de publications et d’expositions consacrées à l’artiste
dominicain, en Italie et ailleurs. La peinture de Fra Angelico, figure
charnière de la transition entre le Moyen Âge et la Renaissance, théologien
thomiste mais aussi interprète précoce de l’humanisme albertien, offre en effet
un terrain fécond à une multiplicité de recherches : recherches
iconologiques et exégétiques, par exemple sur la structure scripturale et figurative
complexe de l’Armoire des
ex-voto d’argent ; recherches sur les sources visuelles de sa
synthèse entre la préciosité du gothique tardif, les nouveautés de la
Renaissance et l’émulation programmatique du modèle défini par Giotto ;
recherches sur ses caractéristiques stylistiques, afin de mettre à jour son
catalogue et sa chronologie (comme lors des expositions organisées en 2005 à
New York et en 2009 à Rome), en s’appuyant aussi sur des technologies
diagnostiques telles que la réflectographie aux rayons infrarouges (par exemple
à l’occasion de restaurations, dont la dernière en date est celle du Tabernacle des Tisseurs de lin) ; recherches sur sa production de dessins et
d’enluminures ; recherches sur les ressources fournies par les archives et
les documents qui éclairent son activité, tant à Florence qu’à Rome. Il est
souhaitable, pour l’avenir, que ces investigations échappent à
l’hyperspécialisation, et qu’elles se montrent capables de rassembler les
éléments historiques, formels et iconographiques, en une vision très informée,
bien en accord avec la « densité » de la peinture de Fra Angelico. in Techniques et culture 22, 1993 : 145-173
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire