ALTAIAN TRIBES: FROM SOCIO-COSMIC CANVAS TO ELECTIONS - ANDREI ZNAMENSKI /Summary by Marie Aupourrain. Until the 1860s, the Turkic-speaking nomads
who populated the mountain (southern) Altai were relatively isolated from
contacts with the Russian empire and its population. For a long time this area
served as a buffer zone between the Russian empire and the Western
Mongol/Chinese domains.
When Russia integrated the southern Altaian tribes as new subjects, it admitted
them along with the remnants of their “Oirot” administrative system, which included
tribal units named duchins and traditional leaders called zaisans.
In early modern times, all Altaians were separated in kinrelated communities
that traced their origin to specific half-mythological ancestors. Natives viewed
shamans as protectors of interests of their specific clans, due to their
spiritual power in clan-based deities, who helped them to travel over the
universe to converse with other spirits to resolve various problems experienced
by their kin relations. In addition to having their own guardian spirits and
hosts of auxiliary spirits, all shamans were free in choosing or composing
their chants, prayers and rituals. In 1880, with the general modernization
drive in the empire and at the insistence of missionaries, officials issued a
circulation that prescribed Altaian natives to switch from the system of
hereditary leadership to the election of their chiefs. In the mountain Altai
populated by the nomadic pastoralists this general state of anxiety under the
pressure of the Russian authorities stirred the awareness of their territorial
unity.
Consequently, Altaian folklore was populated by deities and
semi-mythological heroes that were familiar to all people irrespective of their
former kin affiliation. Altaian epic tales and songs mostly deal with the deeds
of mighty legendary heroes (Oirot-Khan, Amyr-Sana, and Shunu), gods
(Uch-Kurbustan, Tengere, Erlik, Burkhan) or warriors known under different
names. Special storytellers, called kaichi, recited many epic tales in
the form of guttural songs. The eelu kaichi, which means
storytellers who were close to the spirits, the tradition of
storytelling and its carriers endowed with kaichi skills were propelled
to the center of spiritual life. From incantations intended to guardian spirits
of kinship groups, the chant of kaichi
became an “epic wisdom” as a dominant element of the developing ethnic ideology
of the Altaians.
TRIBUS ALTAİENNES : CANEVAS SOCIO-COSMIC ET ELECTIONS - ANDREI ZNAMENSKI
/Résumé et traduction de Marie Aupourrain. Jusqu’en 1860, les nomades
turcophones des Monts Altaï demeuraient relativement éloignés de l’empire russe
et de sa population. Très longtemps cette aire géographique servait de zone
tampon entre l’empire russe et les territoires occidentaux de Chine et de
Mongolie.
La Russie prenait le
pouvoir sur les populations des Monts Altaï désormais soumises à l’empire, tout
en acceptant leur ancien système administratif « Oirot » fondé sur la
répartition en unités tribales appelées duchins
et leur chefs traditionnel zaisans. Au début de l’époque moderne, les
altaïens se distinguaient en groupes familiaux relativement étendus grâce à
leur filiation avec des ancêtres plus ou moins mythiques. Les shamans (chefs
religieux) étaient perçus comme les protecteurs des intérêts de chaque clan en
raison du pouvoir spirituel qui leur permettait de communiquer avec les esprits
afin de résoudre les divers problèmes survenus dans le groupe familial ou
parentèle. En plus de détenir un lien privilégié avec les esprits tutélaires et
auxiliaires, tous les shamans étaient libres de choisir ou de composer leurs
propres chants, prières et rituels. En 1880, le virage de la modernisation
effectué par l’empire et par les missionnaires, obligeait les fonctionnaires à
instaurer un nouveau système socio-politique contraignant les altaïens à faire
disparaître la chefferie héréditaire au profit de l’élection. Les populations
pastorales et nomades des Monts Altaï sous la pression des autorités russes ont
ressenti un état de profond désarroi bouleversé dans leur conscience collective
de leur unité territoriale.
C’est ainsi que la
tradition populaire altaïenne se retrouve accompagnée de divinités et
héros à demi mythiques qui appartiennent
à tous, indépendamment de la filiation à l’ancienne unité familiale. Les contes
et chants épiques altaïens parlent des actions chevaleresques de puissants
héros légendaires ou autres guerriers (Oirot-Khan, Amyr-Sana, and Shunu), des
divinités (Uch-Kurbustan, Tengere, Erlik, Burkhan). Les conteurs appelés kaichi récitent de nombreuses histoires
épiques dans leurs chants gutturaux. Les eelu kaichi – qui signifie conteurs très proches des
esprits – et la coutume de transmission orale confèrent aux kaichi une virtuosité au centre de la
vie spirituelle. D’incantations destinées aux esprits tutélaires d’un groupe
familial, le chant des kaichi va se
« moderniser », se « transformer » en « sagesse
épique » qui devient alors l’élément dominant de l’idéologie des Altaïens.
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