3/14/2013


ALTAIAN TRIBES: FROM SOCIO-COSMIC CANVAS TO ELECTIONS - ANDREI ZNAMENSKI  /Summary by Marie Aupourrain.  Until the 1860s, the Turkic-speaking nomads who populated the mountain (southern) Altai were relatively isolated from contacts with the Russian empire and its population. For a long time this area served as a buffer zone between the Russian empire and the Western Mongol/Chinese domains.
When Russia integrated the southern Altaian tribes as new subjects, it admitted them along with the remnants of their “Oirot” administrative system, which included tribal units named duchins and traditional leaders called zaisans. In early modern times, all Altaians were separated in kinrelated communities that traced their origin to specific half-mythological ancestors. Natives viewed shamans as protectors of interests of their specific clans, due to their spiritual power in clan-based deities, who helped them to travel over the universe to converse with other spirits to resolve various problems experienced by their kin relations. In addition to having their own guardian spirits and hosts of auxiliary spirits, all shamans were free in choosing or composing their chants, prayers and rituals. In 1880, with the general modernization drive in the empire and at the insistence of missionaries, officials issued a circulation that prescribed Altaian natives to switch from the system of hereditary leadership to the election of their chiefs. In the mountain Altai populated by the nomadic pastoralists this general state of anxiety under the pressure of the Russian authorities stirred the awareness of their territorial unity.
Consequently, Altaian folklore was populated by deities and semi-mythological heroes that were familiar to all people irrespective of their former kin affiliation. Altaian epic tales and songs mostly deal with the deeds of mighty legendary heroes (Oirot-Khan, Amyr-Sana, and Shunu), gods (Uch-Kurbustan, Tengere, Erlik, Burkhan) or warriors known under different names. Special storytellers, called kaichi, recited many epic tales in the form of guttural songs. The eelu kaichi, which means storytellers who were close to the spirits, the tradition of storytelling and its carriers endowed with kaichi skills were propelled to the center of spiritual life. From incantations intended to guardian spirits of kinship groups, the chant of kaichi became an “epic wisdom” as a dominant element of the developing ethnic ideology of the Altaians.

TRIBUS ALTAİENNES : CANEVAS SOCIO-COSMIC ET ELECTIONS - ANDREI ZNAMENSKI /Résumé et traduction de Marie Aupourrain.   Jusqu’en 1860, les nomades turcophones des Monts Altaï demeuraient relativement éloignés de l’empire russe et de sa population. Très longtemps cette aire géographique servait de zone tampon entre l’empire russe et les territoires occidentaux de Chine et de Mongolie.
La Russie prenait le pouvoir sur les populations des Monts Altaï désormais soumises à l’empire, tout en acceptant leur ancien système administratif « Oirot » fondé sur la répartition en unités tribales appelées duchins et leur chefs traditionnel zaisans. Au début de l’époque moderne, les altaïens se distinguaient en groupes familiaux relativement étendus grâce à leur filiation avec des ancêtres plus ou moins mythiques. Les shamans (chefs religieux) étaient perçus comme les protecteurs des intérêts de chaque clan en raison du pouvoir spirituel qui leur permettait de communiquer avec les esprits afin de résoudre les divers problèmes survenus dans le groupe familial ou parentèle. En plus de détenir un lien privilégié avec les esprits tutélaires et auxiliaires, tous les shamans étaient libres de choisir ou de composer leurs propres chants, prières et rituels. En 1880, le virage de la modernisation effectué par l’empire et par les missionnaires, obligeait les fonctionnaires à instaurer un nouveau système socio-politique contraignant les altaïens à faire disparaître la chefferie héréditaire au profit de l’élection. Les populations pastorales et nomades des Monts Altaï sous la pression des autorités russes ont ressenti un état de profond désarroi bouleversé dans leur conscience collective de leur unité territoriale.
C’est ainsi que la tradition populaire altaïenne se retrouve accompagnée de divinités et héros  à demi mythiques qui appartiennent à tous, indépendamment de la filiation à l’ancienne unité familiale. Les contes et chants épiques altaïens parlent des actions chevaleresques de puissants héros légendaires ou autres guerriers (Oirot-Khan, Amyr-Sana, and Shunu), des divinités (Uch-Kurbustan, Tengere, Erlik, Burkhan). Les conteurs appelés kaichi récitent de nombreuses histoires épiques dans leurs chants gutturaux. Les eelu kaichi – qui signifie conteurs très proches des esprits – et la coutume de transmission orale confèrent aux kaichi une virtuosité au centre de la vie spirituelle. D’incantations destinées aux esprits tutélaires d’un groupe familial, le chant des kaichi va se « moderniser », se « transformer » en « sagesse épique » qui devient alors l’élément dominant de l’idéologie des Altaïens.

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