“Reality
is that which, when you stop believing in it, doesn’t go away.”
In a
1978 speech titled “How To Build A Universe That Doesn’t
Fall Apart Two Days Later,”
Dick turns his exegesis-driven inquiry to the nature of reality, the mechanisms
of media manipulation, and the most steadfast — the only — defense we have
against the indignities of manufactured pseudo-reality. "It was always my hope, in writing novels and
stories which asked the question “What is reality?”, to someday get an answer.
This was the hope of most of my readers, too. Years passed. I wrote over thirty
novels and over a hundred stories, and still I could not figure out what was
real. One day a girl college student in Canada asked me to define reality for
her, for a paper she was writing for her philosophy class. She wanted a
one-sentence answer. I thought about it and finally said, “Reality is that
which, when you stop believing in it, doesn’t go away.” That’s all I could come
up with. Since then I haven’t been able to define reality any more lucidly. But
the problem is a real one, not a mere intellectual game. Because today we live
in a society in which spurious realities are manufactured by the media, by
governments, by big corporations, by religious groups, political groups. . . .
So I ask, in my writing, What is real? Because unceasingly we are bombarded
with pseudo-realities manufactured by very sophisticated people using very
sophisticated electronic mechanisms. I do not distrust their motives; I
distrust their power. They have a lot of it. And it is an astonishing power:
that of creating whole universes, universes of the mind. I ought to know. I do
the same thing. It is my job to create universes, as the basis of one novel
after another. And I have to build them in such a way that they do not fall
apart two days later. This, however, is where things get particularly
interesting: Dick argues that reality becomes less real the moment we begin
discussing it, for the discussion itself precipitates a dynamic manufacturing
of what we perceive to be real, rather than a static
contemplation of what is, producing a series of
“pseudo-realities” that in turn produce pseudo-humans. As soon as you begin to ask what is ultimately real, you right away
begin talk nonsense. But
I consider that the matter of defining what is real — that is a serious topic,
even a vital topic. And in there somewhere is the other topic, the definition
of the authentic human. Because the bombardment of pseudo-realities begins to
produce inauthentic humans very quickly, spurious humans — as fake as the data
pressing at them from all sides. Fake realities will create fake humans. Or,
fake humans will generate fake realities and then sell them to other humans,
turning them, eventually, into forgeries of themselves. So we wind up with fake
humans inventing fake realities and then peddling them to other fake humans. It
is just a very large version of Disneyland. In a statement with which Mark Twain would
enthusiastically nod in agreement and George Orwell would
second, Dick admonishes against the way media manipulators deliberately create pseudo-realities by engineering words. The basic tool for the manipulation of reality is
the manipulation of words. If you can control the meaning of words, you can
control the people who must use the words.
Ultimately, the only antidote to
reality-manipulation is good old-fashioned human heroism, that timeless vaccine
of courage and resistance, of freedom from fear, of tirelessly enacting “the quiet, precise, judicious exercise of probity and care — with no
one there to see or cheer” — in other words, of moral wisdom. The authentic human being is one of us who
instinctively knows what he should not do, and, in addition, he will balk at
doing it. He will refuse to do it, even if this brings down dread consequences
to him and to those whom he loves. This, to me, is the ultimately heroic trait
of ordinary people; they say no to the tyrant and they calmly take
the consequences of this resistance. Their deeds may be small, and almost always
unnoticed, unmarked by history. Their names are not remembered, nor did these
authentic humans expect their names to be remembered. Their authenticity is not
in their willingness to perform great heroic deeds but in their quiet refusals.
In essence, they cannot be compelled to be what they are not. by Maria
Popova
http://www.brainpickings.org/index.php/2013/09/06/how-to-build-a-universe-philip-k-dick/
Bâtir l'Univers : Philip K. Dick à propos de la réalité, les manipulations
des médias et l'héroïsme des hommes.
"La réalité c'est ce qui reste lorsque vous avez
cessé d'y croire."
En 1978, dans son discours intitulé "Comment
construire un univers qui ne va pas se désintégrer deux après sa création"
Dick poursuit son investigation sur la nature de la réalité, les mécanismes des
manipulations des médias en abordant dans son exégèse l'unique défense que nous
pourrions avoir face aux conséquences de la fabrication d'une pseudo-réalité. "J'ai
toujours espéré dans mes romans ou mes nouvelles répondre à la question :
'qu'est-ce que la réalité ?' C'était aussi l'espoir de la plupart de mes
lecteurs. Des années ont passé. J'ai écrit plus de trente romans et une
centaine de nouvelles, et je n'arrivais pas à cerner ce qui était réel. Un jour
au Canada une étudiante de définir la réalité pour un papier qu'elle devait
soumettre pour un cour de philosophie. Elle voulait une réponse dans une seule
phrase. Je réfléchissais puis je lui dis : "La réalité c'est ce qui reste
lorsque vous avez cessé d'y croire." C'est tout ce que je pouvais trouver.
Depuis ce moment je n'ai pas découvert de définition de la réalité plus sagace
que celle-ci. En fait c'est plus qu'un jeu de mots, c'est un réel problème. Car
aujourd'hui nous vivons dans une société au sein de laquelle des fausses
réalités sont fabriquées par les médias, les gouvernements, les grandes
entreprises, les groupes politiques et les groupes religieux. Alors dans mes
écrits, je me demande .... Qu'est-ce que la réalité ? Parce que nous sommes
constamment bombardés de pseudo-réalités fabriquées par des gens rusés qui
utilisent des mécanismes électroniques sophistiqués. Je ne suis pas méfiant
quant à leur motivation, je crains leur pouvoir. Et ils en ont énormément. Et
c'est une puissance prodigieuse : celle de créer des univers entiers, des
univers de l'esprit. Je suis bien placé pour le savoir. Je fais la même chose. Mon
boulot c'est de créer des univers, qui doivent être la base de tous mes romans.
Et je dois les construire de telle sorte qu'il ne peuvent pas se désintégrer
deux jours plus tard. Et c'est bien à partir de là que les choses se corsent et
deviennent si intéressantes. Dick défend l'idée que la réalité perd son aspect
réel au moment même où on initie un débat : ce questionnement initie une
dynamique de fabrication de ce que nous pouvons percevoir comme réel, plutôt
qu'une contemplation statique de ce qui existe réellement, en produisant une
série de pseudo-réalités qui à leur tour vont produire des pseudo-humains. Dés
que vous vous posez la question sur la réalité, vous vous engagez dans une
discussion maladroite. Je
pense cependant que définir ce qui est réel est une question très sérieuse,
voire vitale. Et cette interrogation comporte une autre énigme, celle de la
définition d'un être humain réel, authentique. Parce que la tempête des
pseudo-réalités entraîne la production de faux humains aux identités
imaginaires - tout aussi faux que les données qui nous enlisent. Les fausses
réalités créent de faux humains. Ou bien, les faux humains créeront des fausses
réalités qu'ils vendront à d'autres humains devenant ainsi leur propres
contrefaçons. En conclusion, nous vivons comme de faux humains qui construisent
de fausses réalités qui vont être données à nouveau à d'autres faux humains.
C'est une immense version de Disneyland. Au moyen d'une affirmation sans doute
approuvée de manière enthousiaste tout d'abord par Mark Twain puis par George
Orwell, Dick avertit contre les manipulateurs des media qui créent délibérément
des pseudo-réalités à l'aide de termes hautement techniques. L'outil de base
pour la manipulation de la réalité, c'est la manipulation des mots. Quand vous
contrôlez la signification des mots, vous contrôlez les personnes obligées
d'utiliser ces mots.
Finalement, le seul
antidote aux manipulations de la réalité, c'est le bon vieil héroïsme , ce
vaccin intemporel du courage et de la résistance, qui consiste à se libérer des
peurs, à adopter la pratique rigoureuse, judicieuse de la responsabilité et de
l'intégrité - discrète et invisible, en d'autres termes la sagesse morale.
L'être humain authentique, c'est lorsque nous savons ce que nous ne devrions
pas faire, sans nous y opposer malgré les conséquences que cela entraîne pour
nous ou notre entourage. Pour moi, ça c'est la caractéristique des gens
ordinaires ; dire non aux tyrans et
calmement accepter toutes les conséquences de cette résistance. Leurs actions
peuvent paraître futiles et presque toujours imperceptibles et invisibles. On
ne se souvient pas de leur noms, et ces êtres authentiques ne s'attendent pas à
voir leurs noms inscrits dans l'histoire. Leur authenticité ne se trouve pas
dans leur volonté d'accomplir de grandes choses pais plutôt dans leur
tranquille refus. En substance, on ne peut pas les contraindre à être ce qu'ils
ne sont pas. Propos de Dick recueillis
par Maria Popova
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