Grafik : April Greiman |
Graphics and visual
communication are prone to be influenced by elites and art movements. This
paper suggests that the needs of the elites naturally drive them to maximize
the symbolic effectiveness of ideologically-oriented communication tools. This
leads them to question the ability of avant-garde artists to meet those needs.
Based on the hypothesis of an homology between the political and the artistic
fields, this paper addresses two main questions: can avant-garde artists
function in an elitist fashion? Does being part of the elite drive individuals
to invest in avant-garde artists or, rather, does the fact of investing in
avant-garde artists constitute the elite itself, in what would appear like a
reversal between symbolic attributions?
In most works, graphic production serves an
idea, a message, a concept remaining subjected to external demand. The designer
is being held hostage between a demand which is actually an order and art
practices meant to give an answer, while meeting a personal or collective application.
Graphics in common with fashion is that short-lived products have an expiration
date speed that meets the consecration pretentions and desire of the producer,
too much of a hurry to become notorious. Center stage on this, visible surface
and publicized part of the graphic designed field, one of the driving feature
is the style. This vague term can appoint a signature, identifying marker
that gives the link between design production and its author, or can cover up an
academicism only resulting in interchangeable products with very short life
span that will be used as criteria for the sponsors often more worried about
trends than the relevance of the artistic forms.
Like the artists of
the beginning of this century, Aleksandr
Rodchenko and Piet Zwart maximizing the first available resources of
photo-montage, April Greiman undertook the new domain of creating digital art -
possible through the new generation of computers. The style "April
Greiman" was a groundbreaking work followed by many artists. Neville
Brody, English designer worked in London for the magazine 'The Face' becoming
its producer between 1981 and 1986, his art equally revealing this 'style'
issue. However the real question is the performative character, the imposition
force of the producer when meeting the challenge to impose a practice and
specific forms at a given historical moment and succeeding to build through a
magical act, a mythology of demiurge artist producing unique and essential
forms - these issues align with those linked to contemporary artistic
production in general. Original article from Vivien Philizot
Neville Brody : "The FAce" |
Grafik : Neville Brody |
Les avant-gardes et leur relation avec le pouvoir dans le champ du graphisme
et de la typographie
Le graphisme, à la fois outil de communication et
pratique artistique, est un objet d’étude dont les rapports avec le pouvoir
sont aussi complexes qu’ambigus. Il s’agit donc de présenter certains aspects
éthiques et politiques qui sous-tendent la création graphique
contemporaine ; dans un premier temps d’un point de vue historique, puis
d’un point de vue sociologique à partir de la figure du graphiste-auteur. Si
l’avant-garde historique est marquée par une volonté de démarcation par rapport
à une pratique dite traditionnelle – ce dont témoignent les productions
graphiques et les choix typographiques d’un Jan Tschichold ou d’un Kurt
Schwitters – la naissance du graphisme moderne est surtout liée à
l’avènement de la communication de masse ; c’est-à-dire au renouveau des
modes de communication et de la publicité qui mettent désormais le graphiste ou
le typographe au service d’une idéologie. Pour mettre au jour la question de
l’engagement politique et du rapport au pouvoir du graphiste aujourd’hui, on
analysera les modalités des rapports entre graphiste et commanditaire. Si le
distinguo entre graphiste « producteur» et graphiste-auteur se mesure
justement dans le rapport à la commande et au pouvoir, la question
conjoncturelle du « style » et de l’imposition de formes spécifiques
par une élite rejoint, quant à elle, les problématiques générales de l’art
contemporain.
Dans
la plupart des commandes, la production graphique est au service d’une idée,
d’un message, d’un concept tout en restant subordonnée à une demande extérieure
indépendante. Le graphiste est pris en otage entre la demande, qui est en fait
une commande, et une pratique plastique censée y apporter une réponse, tout en
satisfaisant une exigence personnelle ou collective. Le graphisme a
ceci de commun avec la mode que les produits à durée de vie limitée accusent
une péremption dont la rapidité est à la mesure des prétentions et du désir de
consécration de producteurs trop pressés de passer à la postérité. Sur le
devant de cette scène, partie visible et (relativement) médiatisée du champ du
graphisme, un des facteurs essentiels est ce que l’on appelle le style. Ce terme vague qui
peut désigner une signature, un marqueur identifiant permettant de relier une
production plastique à son producteur, et qui peut aussi dissimuler un
académisme ne débouchant que sur des produits interchangeables à très courte
durée de vie, sert de critère discriminant dans les choix que feront des
commanditaires souvent plus soucieux de la tendance que de la pertinence de
formes choisies.
À l’instar des artistes du début du siècle comme
Aleksandr Rodchenko et Piet Zwart exploitant au maximum les ressources des tout
premiers procédés de photomontage, April Greiman investit dans les années 1980
le domaine naissant de la création numérique – rendue possible par les premiers
ordinateurs. Le « style » d’April Greiman a fait école, au point
d’avoir été suivi très rapidement par un ensemble de graphistes. Le travail de
Neville Brody, graphiste anglais travaillant à Londres, pour le journal The
face dont il fut le directeur artistique de 1981 à 1986 est tout aussi
révélateur de cette question du « style ». Cependant, la vraie
question est celle du caractère performatif, de la force d’imposition du
producteur réussissant à imposer une pratique et des formes spécifiques à un
moment donné de l’histoire et parvenant à construire, par un acte magique, une mythologie de
l’auteur démiurge produisant des formes uniques et indispensables – ces
questions rejoignent celles qui sont liées à la production artistique
contemporaine en général.
Alexandr Rodchenko |
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