6/11/2014

19.- 20. yüzyılın başlarında - Bilimsel militarizm - Darwincilik, hayati rekabet, yaşam mücadelesi, zayıf öldürmek - ilerleme = düşmanın yenilgisi - Melezlik ve armoni yok, adaptasyon yok




A critic of « scientific » militarism - Gabriel Tarde (1843-1904) analyzes the tie that binds the ideologies of his time (social Darwinism, class and race struggles) with bellicose policies. Against this noxious combination he sets the pacifying movement of International Law, which wavers between the constitution of a world federation and the advent of an empire. Militarist speech can only be refuted by the emergence of global political unity. The critique of G. Tarde relates to the dynamic function granted to life in communities as a challenge expressed in terms of 'history', 'progress', 'civilization' and sometimes 'development'.  Indeed class struggle, revolution or competition are all watchwords that set social strife up as condition of progress. The irreducible antagonism of interests is accepted by both parties and this assumption induces a combine reduction: on one hand, socialists and economists consider social life from the standpoint of desires and interests abandoning associated beliefs and convictions; on the other hand, they develop adversarial relationships to the detriment of successful collaborations that occur during work and inventions. The one difference is situated in the featured issue for this struggle; while the first closely link progress to defeating the enemy, the second don't name the conflict. Under the auspices of economists who dominate theoretical debates in the middle of the century, competition as a minimal form of conflict is tasked to civilize Nations. However, two essential events will lead to a polarization of scientific reasoning and bring the war at the center of the debate: Darwinism and the ugly war 1870. The combination of both facts could not be hazardous for, based on the dissemination of Darwinism, a vicious circle is now established that links scientific knowledge to militaristic policy. Darwin's work gives a decisive impulse to this movement providing war an anchorage in the general aspect of life.  'Struggle for life', 'selecting', 'competition' become conflicts through which species self-perpetuate and continue to evolve. As a consequence the danger to human beings does not consist of unnecessary belligerent actions but rather of passivity and neutrality that life does not allow. Indeed Darwin know the fertility of life processes but his reading on evolution neglects the priority of their rightful place: his mistake seems to be an exaggeration and misuse of vital competition, biological form of opposition, to the detriment of cross-breeding and hybridity, biological forms of adaptation and harmony. Species and vital bodies struggle proves to be secondary because the forces that manifest here arise from strategic alliances and developed relationships. Furthermore, the primacy Darwin gives to war and vital competition is not surprising since this idea comes straight from economy. The entire Manchester school inspired him on the magic of vital or industrial competition. The analogy between society and body allows this expansion in the direction of sociology. In that sense social Darwinism legitimately and logically extends its biological side. And the description of the social body, directly inspired by military groups and army, can only ensure nationalism and militarism. By personifying society, sociologists construct a different person than the individuals that constitute it, instead of considering a complex of dynamic relationships.
The laws determine a static order, a space organized with limits and borders, that forbid dynamic antagonism, encroachment. Legal knowledge becomes a privileged instrument for building peace. From  the order of the principles onto the harshness of the deductions, law represents here its superiority inscribed in logic. By rationally constructing agreement and consensus it switches to silence the arms. For jurists any conflict is an illusion because individual rights define enclosed, clearly marked spaces, which coexist but can't confront. The Court does not recognize winners, it refuses the binary logic of confronting. Its decision only means the privilege of an effective right on an illegitimate claim. Thus, war is over by shortage of combatants. Gauthier Autin   


Gabriel Tarde, critique du militarisme « scientifique » - Gabriel Tarde (1843-1904) analyse le lien étroit qui associe les idéologies de son temps (darwinisme social, lutte des classes et des races) à la politique belliciste des États. À cette alliance néfaste, il oppose le mouvement pacificateur du droit international qui oscille entre la constitution d’une fédération mondiale et l’avènement d’un Empire. Le discours militariste ne peut être réfuté que par l’émergence d’une nouvelle unité politique globale. La critique de G. Tarde concerne donc la fonction motrice accordée au phénomène dans la vie des sociétés, enjeu qui se dit en termes « d’histoire », de « progrès », de « civilisation » voire de « développement ». En effet, la lutte des classes, la révolution ou la concurrence sont autant de mots d’ordre qui érigent la guerre sociale en condition du progrès. L’antagonisme irréductible des intérêts est admis par les deux parties à titre de fait et ce postulat induit une double réduction : d’une part, les socialistes et les économistes n’envisagent la vie sociale que sous l’angle étroit des désirs et des intérêts en délaissant les croyances, les convictions qui s’y associent ; d’autre part, ils ne conçoivent que des rapports d’opposition au détriment des collaborations fructueuses qui s’opèrent dans le travail et les inventions. Leur seule différence réside dans l’issue envisagée pour ce combat ; là où les premiers associent le progrès à la défaite de l’ennemi, les seconds n’attribuent pas de terme au conflit. Sous l’égide des économistes qui dominent la scène théorique au milieu du siècle, la concurrence, cette forme minimale du conflit, se voit confier la tâche de civiliser les nations. Toutefois, deux évènements vont conduire à un durcissement du discours scientifique et ramener la guerre au centre des débats : le darwinisme puis l’odieuse guerre de 1870. La conjonction de ces deux faits n’a rien de hasardeux car c’est ici, à partir de la large diffusion du darwinisme, que va s’instaurer véritablement ce cercle vicieux qui lie le savoir scientifique à la politique militariste. L’œuvre de Darwin fournit en effet une impulsion décisive à ce mouvement en donnant à la guerre un ancrage dans la sphère vitale. « La lutte pour la vie », « la sélection », « la concurrence » sont autant de conflits par lesquels l’espèce se perpétue et évolue. Dès lors, le danger encouru par l’individu ne réside pas dans une activité belliqueuse inutile et superflue mais dans une passivité et une neutralité que la vie ne permet pas. Certes, Darwin n’ignore pas la fécondité des processus vitaux mais sa lecture de l’évolution méconnait la priorité qui leur revient de droit : son erreur semble avoir été d’appuyer beaucoup plus sur la concurrence vitale, forme biologique de l’opposition, que sur le croisement et l’hybridité, formes biologiques de l’adaptation et de l’harmonie. La lutte des espèces et des organismes s’avère nécessairement seconde car les forces qui s’y manifestent résultent d’abord d’alliances stratégiques, de sympathies nouées. Pour autant, le primat que Darwin accorde à la guerre et à la concurrence vitale n’a rien d’étonnant puisque cette idée lui vient tout droit de l’économie. Toute l’école de Manchester lui a inspiré la vertu magique attribuée à la concurrence soit vitale, soit industrielle. L’analogie entre société et organisme autorise cette expansion dans la direction de la sociologie. En ce sens le darwinisme social prolonge légitimement et logiquement son versant biologique. Et cette description du corps social, directement inspirée des groupes militaires et de l’armée, ne peut qu’assurer le triomphe du nationalisme et du militarisme. En personnifiant la société, les sociologues en font un être distinct des individus qui la constituent, au lieu de l’envisager comme un complexe de rapports dynamiques.
Les lois définissent en effet un ordre statique, un espace organisé par des limites et des bornes qui interdisent tout antagonisme dynamique, tout empiètement. Le savoir juridique se fait l’instrument privilégié de la paix.  De l’ordre des principes jusqu’à la rigueur des déductions, le droit manifeste ici sa supériorité dans le registre de la logique. C’est en construisant rationnellement l’accord, le consensus qu’il fait taire les armes. Pour le juriste, tout conflit repose sur une illusion car les droits individuels définissent des espaces clos, délimités, qui coexistent mais ne peuvent s’affronter. Le tribunal ne reconnait donc pas de vainqueur, il refuse la logique binaire de la confrontation. Sa décision manifeste simplement le privilège d’un droit réel sur une prétention illégitime. La guerre s’achève ainsi, faute de combattants. Gauthier Autin   http://mots.revues.org/16022#tocto1n3


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire