Üç medeniyet (The Three Civilizations, 1928) and the Defense of
Westernization in Kemalist Turkey.
Kemalist reforms in
Turkey aimed at entering the country into civilization. Intellectual and
political elites were deeply influenced by Ziya Gökalp (died in 1924) who
thought that there was one universal civilization whose material and technical
aspects should be imitated and specific national cultures whose moral and
spiritual values should be kept. He also justified change by referring to
custom (örf), a notion that was used by Muslim jurists in the past. Some
thinkers nevertheless had different ideas, especially Ahmed Ağaoğlu
(1869-1939), a writer and a politician who, in 1928, published a book entitled
Üç medeniyet (The Three Civilizations). This book both criticizes Ziya Gökalp's
thought and political centralization and despotism. Ahmed Ağaoğlu believed that
social Islamic institutions had definitely failed and that Turkish people
should abandon the past and take on Western civilization as a whole. He
advocated the separation of politics and religion and a complete individual
emancipation. Although he was criticized for his polemical tone, he had
original views for his time. He was a liberal supporter of the reforms. This
liberalism has found new echoes in Turkey since the 1980's.
There is this an important
element of divergence between Ahmed Ağaoğlu and Ziya Gökalp : deeply
marked by french sociology particularly by Emile Durkheim, Ziya Gökalp
elaborates further his theory on solidarity wherein he gives pride of place to
the society. He has expressed his vision on the relation between individuals
and society in a sentence he stated in a poem before the war : « there
is no individual, there is a society ; there are no rights, only duties. »
Ahmed Ağaoğlu’s view differs saying that far from leading to selfishness, a
strong individualsim at the contrary strenghtens the solidarity between
individuals. In 1928 one can say Mustafa Kemalv is well holding the power, after
this date not much of contestation arose. We know the evolution of Kemalism did
not follow Ahmed Ağaoğlu’s way of thinking. After 1930, the regime in place
became a one-party regime and management of economy has been moving towards a
greater State interference – two trends totally foreign to Ahmed Ağaoğlu’s
ideas in Üç medeniyet (The Three Civilizations, 1928). François Georgeon
Les grandes réformes
de l'époque kémaliste visaient à faire entrer la Turquie dans la civilisation.
Les élites intellectuelles et politiques turques étaient profondément marquées
par la pensée de Ziya Gökalp (mort en 1924) qui distinguait entre une
civilisation universelle matérielle et technique qu'il fallait emprunter et des
cultures nationales fondées sur des valeurs morales et spirituelles spécifiques
qu'il fallait préserver. Il justifiait le changement en se référant au droit
islamique et à la coutume (örf). Des idées différentes purent néanmoins
s'exprimer, notamment sous la plume de l'écrivain et homme politique Ahmed Ağaoğlu
(1869-1939). Son livre publié en 1928, Les Trois civilisations, est à la fois
une critique de la pensée de Ziya Gökalp et une condamnation du centralisme
étatique. Il fait le constat impitoyable que toutes les institutions sociales
islamiques sont périmées. C'est pourquoi les Turcs doivent faire table rase du
passé et adopter la totalité de la civilisation occidentale. L'auteur plaide
pour la séparation de la religion et de la politique et l'émancipation complète
de l'individu. Critiqué pour son ton polémique et ses analyses sans nuances,
Ahmed Ağaoğlu fut cependant une voix originale de son temps. Partisan des
réformes kémalistes, il en défendit une version libérale qui connaît un regain
d'actualité en Turquie depuis les années 1980.
Il y a ce point
de divergence entre Ahmed Ağaoğlu et Ziya Gökalp : profondément marqué par
la sociologie française, et notamment par Durkheim, Ziya Gökalp développe une
théorie solidariste dans laquelle il accorde la première place à la société. Il
a exprimé la conception qu'il se faisait des rapports entre individus et société
en une formule qui figure dans un poème publié avant la guerre : « Il n'y a pas
d'individu, il y a la société ; il n'y a pas de droits, il y a des devoirs ». Pour
Ahmed Ağaoğlu, loin de l’égoïsme, un individualisme
fort renforce au contraire la solidarité entre les membres de la société. On
peut dire qu'en 1928 Mustafa Kemal tient le pouvoir bien en mains. Après cette
date, il n'y a plus guère de contestation organisée dans le pays. On sait que
l'évolution du kémalisme n'a pas été dans le sens souhaité par Ahmed Ağaoğlu.
Après 1930 le régime est devenu un régime de parti unique, et la gestion de
l'économie s'est orientée vers une intervention grandissante de l'État — deux
tendances tout à fait contraires à l'esprit des idées défendues dans Üç
Medeniyet. François Georgeon
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