The transformations undergone by an original myth -
The representation of Chinggis Khan, the great conqueror and founder of a
dynasty is closely related to that of the mythical hero. His life is marked by
many signs, characteristic of an uncommon destiny. In particular, his birth is
presented as a miraculous event though its story has been changed in the course
of time as his descendants and later his epigones drifted away from Shamanist Mongol
origins. The story of Chinggis Khan's birth is first related to the Mongol myth
of origins according to which the Mongols descend from « Blue-Wolf and
" Fawn-Doe ", this story itself being evidently inspired by
the Turkish myth. The Secret History of the Mongols, written some time after
Chinggis Khan's death, suggests that his ancestor, the widow Alan-Qo'a, had
been fertilised by a creature who « crept like a yellow dog ». Such a
part played by an animal is in accordance with the fact that shamanism is based
on a system of interrelations between the animal and human worlds. Some decades
later, Rashid al-din'sJâmi' al-tawârikhtakes
the same legend up again, but mentions only a « fawn creature ».
Later, animal connections completely disappear in a Muslim context totally
detached from shamanist references. In the first half of the 15th century, the inscriptions copied in
the mausoleum of Tamerlane mention a luminous ray manifested under the shape of
an « accomplished mortal being », descendant of 'All. Lastly, in
Moghul India, Chinggis Khan is explicitly related to Jesus when the author of
the Akbar-nämawrites that his ancestor got pregnant in the same
way as Maryam did. The legend on the origin of Mongol people has been under
numerous processings. These are the perfect example of the way in which myths
can be transmiitted : by definition, their stories are fluid and likely to
adapt to different contexts. The flexibility of this myth is exemplified in the
different specific interpretations historiographers gave to it. The anthroponym
animals from the first part of the myth have been humanized as soon as Mongol
people got in contact with Islam. Much later, during the 17th
century, the official religion in Mongolia became Lamaist Budhism, Mongol
stories related Gengis Khan to fictitious Tibetan rulers.
Les
transformations d'un mythe d'origine – Denise Aigle
La figure de Gengis
Khan, grand conquérant et fondateur de dynastie, correspond étroitement à la
figure du héros. Sa vie est jalonnée des signes d'un destin extraordinaire, en
particulier sa naissance présentée comme miraculeuse, dont le récit a été
transformé à mesure que ses descendants puis ses épigones s'éloignaient des
origines mongoles chamaniques du grand ancêtre. Le récit de la naissance de
Gengis Khan se rattache d'abord au mythe d'origine des Mongols qui
descendraient de « Loup-bleu » et de « Biche-Fauve », récit
lui-même visiblement inspiré du mythe des Turcs. Selon L'Histoire
secrète des Mongols, de
peu postérieure à la mort de Gengis Khan, l'ancêtre de celui-ci, Alan-Qo'a,
veuve, aurait été fécondée par un être « qui sortait en rampant tel un
chien jaune ». Ce rôle joué par un animal est conforme au chamanisme, qui
repose sur un système d'échange entre le monde animal et celui des humains. Quelques
décennies plus tard, le Jàmi' al-tawârikh de Rashïd al-dïn reprend la
même légende, mais ne parle que d'un « être de couleur fauve ». Par
la suite, les références animales disparaissent totalement dans un contexte
musulman complètement détaché des repères chamaniques. Dans la première moitié
du XVe siècle, les
inscriptions relevées dans le mausolée de Tamerlan, mentionnent un rayon
lumineux qui se manifeste sous la forme d'un « mortel accompli "
descendant de 'Ali. Dans l'Inde moghole, enfin, Gengis Khan se trouve rapproché
de Jésus puisque l'auteur de l'Akbar-nâma écrit que son ancêtre est
devenue enceinte de la même manière que Maryam. La légende d'origine des
Mongols a subi de multiples transformations. Elles sont un exemple de la façon
dont se transmettent les mythes : leur matière, par définition, est
mouvante et susceptible de s'adapter à divers contextes. La souplesse de ce
mythe est illustrée par les diverses interprétations qu'en ont donné les
historiographes. Les animaux anthroponymes de la première partie du mythe ont
été humanisés dès que les Mongols sont entrés en contact avec l'islam. Bien
plus tard, au XVIIesiècle, lorsque la religion officielle de la
Mongolie devint le bouddhisme lamaïque, les chroniques mongoles rattachèrent
Gengis Khan à des souverains tibétains fictifs.
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