Religion and Development : Reconsidering Secularism as the Norm Gilles CARBONNIER
Until recently,
religion as a key concept in the study and practice of development remained
rather marginal in academic and public policy circles. As the notion and early
theories of development were embedded in the Enlightenment and modernisation
traditions, development studies have widely neglected religion. Given that the
origins of development assistance trace back to missionary ventures and
religiously inspired initiatives during the colonial era, this is something of
a surprise. Today, faith-based organisations remain highly prominent actors in
the aid industry. (…) The lack of attention to religion and faith in
development research and policy thus stands in stark contrast to the paramount
role played by religion in the daily lives of individuals and communities,
particularly in the most active field of international development cooperation,
the developing world. Today, faith-based organisations remain highly prominent
actors in the aid industry. The Christian organisation World Vision
International, for instance, has the largest budget among humanitarian and
development aid non-governmental organisations (NGOs).
In the field of
religious studies, notwithstanding the various unresolved controversies
regarding the definition of religion, religions have long been the subject of
rich analysis, be they considered social facts, worldviews, institutions or
intersubjective social structures. But the ensuing lack of conceptual clarity
and corresponding uneasy relationship between secular and faith-based
development organisations have likely contributed to the relative
marginalisation of religion in development studies and international
development cooperation.
We need to carefully avoid
generalisations when dealing with heterogeneous and broad concepts such as
faith-based organisations and religiously inspired actors, and the
corresponding necessity of questioning the secular-religious dichotomy in
development. This is a prerequisite for understanding the potential of religion
in the fight against poverty and environmental degradation.
Religion et
développement : reconsidérer la laïcité comme norme Gilles CARBONNIER
Jusqu’à
récemment, la religion, en tant que concept fondamental pour l’étude et la
pratique du développement, était plutôt marginale dans les sphères
universitaires et politiques. Comme la notion et les premières théories du
développement étaient profondément ancrées dans la tradition des Lumières et de
la modernité, la religion a été largement négligée par les études du
développement. Cette mise à l’écart est cependant assez surprenante si l’on
considère que l’aide au développement trouve son origine dans les entreprises
missionnaires et autres initiatives d’inspiration religieuse de l’ère
coloniale. Aujourd’hui, les organisations confessionnelles demeurent des
acteurs incontournables du système de l’aide. (…) Le désintérêt pour la
religion et la foi dans les études et les politiques du développement contraste
ainsi singulièrement avec le rôle capital de la religion dans la vie
quotidienne des individus et des communautés, tout particulièrement dans le
monde en développement où la coopération internationale au développement
déploie ses activités…Aujourd’hui, les organisations confessionnelles demeurent
des acteurs incontournables du système de l’aide. L’organisation chrétienne
World Vision International dispose par exemple du budget le plus important
parmi toutes les organisations non gouvernementales (ONG) d’aide humanitaire ou
pour le développement.
Dans le domaine des études religieuses, les religions font
bien entendu l’objet d’analyses approfondies de longue date, qu’elles soient
envisagées comme des faits sociaux, des visions du monde, des institutions ou
des structures sociales intersubjectives, nonobstant les controverses
persistantes sur la définition même de la religion. Mais le manque de clarté
conceptuelle qui s’en est suivi et du même coup la relation tendue entre les
organisations laïques et confessionnelles de développement ont
vraisemblablement contribué à la marginalisation relative de la religion dans
les études du développement et la coopération internationale au développement.
Il faut soigneusement éviter les généralisations lorsque l’on
traite de concepts aussi vastes et hétérogènes que les organisations
confessionnelles et les acteurs religieux. Partant, il convient de remettre en
question la dichotomie entre religion et laïcité dans le développement. Il
s’agit d’une condition nécessaire pour saisir le potentiel de la religion dans
la lutte contre la pauvreté et la dégradation de l’environnement, évaluer la
portée et les limites des organisations religieuses en tant que « moteurs
du changement ».
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