4/04/2013


Religion and Development : Reconsidering Secularism as the Norm Gilles CARBONNIER

Until recently, religion as a key concept in the study and practice of development remained rather marginal in academic and public policy circles. As the notion and early theories of development were embedded in the Enlightenment and modernisation traditions, development studies have widely neglected religion. Given that the origins of development assistance trace back to missionary ventures and religiously inspired initiatives during the colonial era, this is something of a surprise. Today, faith-based organisations remain highly prominent actors in the aid industry. (…) The lack of attention to religion and faith in development research and policy thus stands in stark contrast to the paramount role played by religion in the daily lives of individuals and communities, particularly in the most active field of international development cooperation, the developing world. Today, faith-based organisations remain highly prominent actors in the aid industry. The Christian organisation World Vision International, for instance, has the largest budget among humanitarian and development aid non-governmental organisations (NGOs).
In the field of religious studies, notwithstanding the various unresolved controversies regarding the definition of religion, religions have long been the subject of rich analysis, be they considered social facts, worldviews, institutions or intersubjective social structures. But the ensuing lack of conceptual clarity and corresponding uneasy relationship between secular and faith-based development organisations have likely contributed to the relative marginalisation of religion in development studies and international development cooperation.
We need to carefully avoid generalisations when dealing with heterogeneous and broad concepts such as faith-based organisations and religiously inspired actors, and the corresponding necessity of questioning the secular-religious dichotomy in development. This is a prerequisite for understanding the potential of religion in the fight against poverty and environmental degradation. 

Religion et développement : reconsidérer la laïcité comme norme   Gilles CARBONNIER                                                                                                       Jusqu’à récemment, la religion, en tant que concept fondamental pour l’étude et la pratique du développement, était plutôt marginale dans les sphères universitaires et politiques. Comme la notion et les premières théories du développement étaient profondément ancrées dans la tradition des Lumières et de la modernité, la religion a été largement négligée par les études du développement. Cette mise à l’écart est cependant assez surprenante si l’on considère que l’aide au développement trouve son origine dans les entreprises missionnaires et autres initiatives d’inspiration religieuse de l’ère coloniale. Aujourd’hui, les organisations confessionnelles demeurent des acteurs incontournables du système de l’aide. (…) Le désintérêt pour la religion et la foi dans les études et les politiques du développement contraste ainsi singulièrement avec le rôle capital de la religion dans la vie quotidienne des individus et des communautés, tout particulièrement dans le monde en développement où la coopération internationale au développement déploie ses activités…Aujourd’hui, les organisations confessionnelles demeurent des acteurs incontournables du système de l’aide. L’organisation chrétienne World Vision International dispose par exemple du budget le plus important parmi toutes les organisations non gouvernementales (ONG) d’aide humanitaire ou pour le développement.

Dans le domaine des études religieuses, les religions font bien entendu l’objet d’analyses approfondies de longue date, qu’elles soient envisagées comme des faits sociaux, des visions du monde, des institutions ou des structures sociales intersubjectives, nonobstant les controverses persistantes sur la définition même de la religion. Mais le manque de clarté conceptuelle qui s’en est suivi et du même coup la relation tendue entre les organisations laïques et confessionnelles de développement ont vraisemblablement contribué à la marginalisation relative de la religion dans les études du développement et la coopération internationale au développement. 
Il faut soigneusement éviter les généralisations lorsque l’on traite de concepts aussi vastes et hétérogènes que les organisations confessionnelles et les acteurs religieux. Partant, il convient de remettre en question la dichotomie entre religion et laïcité dans le développement. Il s’agit d’une condition nécessaire pour saisir le potentiel de la religion dans la lutte contre la pauvreté et la dégradation de l’environnement, évaluer la portée et les limites des organisations religieuses en tant que « moteurs du changement ».


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